Maison de Richelieu (Bagneux)

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Maison de Richelieu
Présentation
Type
Maison de campagne
Construction
ca1630 - 2006
Patrimonialité
Logo monument historique Inscrit MH (1938, statue)
Logo monument historique Classé MH (1975, 2006, cadran solaire, plafonds façades et toitures de la maison)
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
Carte

La Maison de Richelieu est un bâtiment sis aux numéros 4 & 6 rue Étienne Dolet, construit vers 1630 pour Pierre Bignicourt, ou Bénicourt entrepreneur des Armes et armées de France, homme du cardinal Richelieu (1585-1642). Transformé en école maternelle en 1946 désaffectée en septembre 2001, la bâtisse est aménagée en 2006 pour y recevoir la Maison de la Musique et de la Danse de la ville de Bagneux. Classé aux Monuments historiques le [1]

Description

Cette maison subit de grosses transformations au cours des XIXe, XXe et XXIe siècles.

Elle comportait un corps central cantonné de deux ailes entourant une cour carrée. L'ensemble fut endommagé en 1870 ne laissant subsister que l'aile Nord, qui conserve un escalier central à deux volées, avec la rampe d'origine jusqu'à la première volée.

À l'occasion des travaux de sondage effectués en 2004, en vue de l'aménagement de ce bâtiment, furent découvert dans une salle du premier plafond et des poutres peintes à la française [2]. datant du XVIIe siècle, ce qui est assez rare en région parisienne et conduisit l'État à classer les plafonds, façades et toitures à l'inventaire des Monuments historiques le après les inscriptions de la statue dans le parc le et le cadran solaire le .

Le décor présente une alternance de fruits et de fleurs disposés dans des cartouches accompagnés de motifs de rinceaux et « semble dérivé directement des cahiers de modèles d'ornement diffusé auprès des artisans à partir du milieu du XVIe siècle. Ils furent datés d' entre 1620 et 1640. Ce décor fait penser à celui découvert en 1978 à l'Hôtel Cornuel, rue Charlot ou encore à l'Hôtel Sully ou à ceux du 4 rue Chapon »[3]. La restauration fut effectuée après les travaux de transformation. Quelques boiseries du XVIIe siècle sont encore visibles dans les appartements.

À l'origine, le bâtiment comportait un pavillon au fond du jardin, donnant sur la rue Saint-Étienne[4] qui fut démolie pendant la Révolution. En partie reconstruit, cette résidence ornée d'un fronton percé d'un oculus fut modifiée par les travaux d'agrandissement de 2006, avec l'adjonction d'un nouveau bâtiment reliant les deux ailes et masquant la façade du bâtiment central.

Historique

Les documents d'archives, attestent que cette bâtisse fut édifiée vers 1630, pour le compte d'un homme du Cardinal de Richelieu: Pierre Bénicourt, ou Bignicourt époux de Marie Desgroux est qualifié de quicaillier ordinaire du Roi et tient son commerce à l'enseigne de La Chasse Royale rue de la Pelleterie. À cette époque, le quincaillier vend également des armes, poudre et plomb et fait donc office d'armurier.

Elle aurait été construite, avec les deniers de son Eminence, pour y servir à ses conférences secrètes[5], et aurait été le lieu où le cardinal éliminait les témoins génants.

Durant la Fronde (1648-1652), Pierre Bénicourt ou Bignicourt est fournisseur de l'armée royale et fera l'objet d'une mazarinade le . Il contribue onze jours plus tard à sauver la vie de Michel Particelli d'Emery (1596-1650) surintendant des Finances, (1648-1650 créateur des taxes à l'origine de la Fronde: l'impôt du Toisé, la Taxe des Aisés, ainsi que l' Édit du tarif. Bénicourt, aidé par un avocat du Châtelet réussirent à le soustraire aux manifestant voulant le jeter dans la Seine, en le faisant entrer dans sa boutique où une fois déguisé, il prit la fuite par une porte dérobée.

Pierre Benicourt conserva cette demeure jusqu'aux environs de 1660, date probable de sa mort. Il avait agrandit son domaine en rachetant les parcelles alentours, terre et vignes dont celles du Clos Lapaume. En 1643, il fait l'acquisition d'une pièce de vigne de François Dériot garde-vaisselle du Roi et un peu plus tard, ses héritiers lui cèdent un grand bâtiment et le jardin de l'autre côté de la rue d'Arnault[6] s'étendant, à proximité de l'Hôtel de Chevreuse, propriété s'étendant jusqu'à la rue du Monceau. La description de ce bâtiment est donnée dans l'acte de vente conservé aux Archives Nationales.

En 1665 sa propriété est vendue en deux lots. La Maison dite de Richelieu est acquise par Jean Goupil, Conseiller, secrétaire de la maison et couronne de France et ses finances) pour 27100 livres[7]. La partie Sud du Domaine est vendue à François de Lantage, secrétaire du Roi depuis le [8].

C'est avec Barthélémy Thoynard de Jouy qui fait l'acquisition de la propriété en 1733 que va se forger l'histoire des conférences secrètes de Richelieu. Bouffonidor qui dans son ouvrage cité en bibliographie nous dit que :
«  Ce Cardinal avait à Bagneux une maison qui a retenu le nom des Oubliettes et qui a été achetée, il y vingt ans par le fermier général Thoinard dans l'espoir qu'en la fouillant, il y trouverait de quoi se dédommager du prix. Nous dirons en forme de parenthèse, qu'il n'y a personne au monde, que sa femme, qui puisse disputer avec Thoinard, d'avarice. Ce Plutus est avec ses trésors, suffisant, fat, en un mot, c'est la chiasse des hommes. Thinard ne fut pas trompé dans ses spéculations; il trouva, en effet, un puits dont l'ouverture était bouchée, dans lequel étaient les ossements de plus de quarante cadavres, avec les débris de leurs vêtements, montres, bijoux, argent... Le Cardinal avait pour habitude de tout sacrifier à son ambition, se défaisait des gens qu'il n'osait ou ne pouvait attaquer publiquement, en les comblant de caresses et de marques d'amitié. La dernière preuve était de les faire sortir par un escalier dérobé, au milieu duquel était une bascule, que ce ministre avait l'humanité de lâcher lui-même. L'on tombait alors dans un puits qui avait, au moins, cent pieds de profondeur. Les premiers qui l'essayèrent furent ceux qui l'avaient creusé  »

Les squelettes de la Maison des Oubliettes étaient-ils réellement ceux des victimes de Richelieu? Ce mystère ne sera sûrement jamais élucidé.

En avril 1946, la Municipalité fait l'acquisition de cette maison

Le Parc

Partie rachetée par la Municipalité en 1946. Jardin ouvert au public, sur une surface de 18 000 mètres carrés. On y trouve des arbres très anciens, répertoriés à l'inventaire du Conseil Général des Hauts de Seine

Sculptures

Dans le parc se trouvaient des statues en grand nombre et aujourd'hui disparues et quelques bas-reliefs ainsi que deux socles de pierre décorés de mascarons, de grenades, de prunes. Les 4 grottes de rocaille disparurent à la Révolution[9] . Il reste néanmoins:

  • Mars sous les traits de Richelieu, détruite à la Révolution
  • Vulcain sous les traits de Pierre Bénicourt, détruite à la Révolution[10]
  • Vénus et Cupidon , ou Vénus surprise attribuée à Coysevox, ou à son école, très abîmée par les intempéries et mutilée en 1870, lors de la guerre[11], inscrit monument historique en 1938[1]
  • Deux pilastres au début de l'allée principale surmontés d'un cadran solaire et d'un groupe de deux enfants nus se tenant la main
  • Gnomon de Bagneux[12] ou Cadran solaire classé monument historique en 1975[1]. Antérieur à 1718, il se compose de deux anneaux, taillés dans un bloc de calcaire provenant des Carrières de Bagneux. Étudié en 1972 par Henri Janin, membre de la Société astronomique de France qui le déclara : unique au monde. Restauré par le sculpteur, peintre restaurateur, ingénieur au CNRS: Michel Bourbon, il est conservé aujourd'hui dans le hall de la Médiathèque de Bagneux 2 avenue Gabriel Péri. Une copie à l'identique est exposée dans le jardin de la Maison des Arts.

Propriétaires

(liste non exhaustive)

Bibliographie

  • Abbé Jean Lebeuf, Histoire de la Ville et de tout le diocèse de Paris, Première édition 1754-1757, Nouvelle édition, Paris 1883-1893, 7.vol in-8°.
  • Jean-Aimar Piganiol de La Force, Description de la Ville de Paris et de ses environs, Paris, Livbraires associés, 1765. 10.vol.
  • Bouffonidor (pseudonyme), L'Ombre de Louis XV devant Minos, les fastes de Louis XV et de ses ministres, maîtresses et généraux et nobles personnages de son règne; édition originale, Ville-Franche, chez la Veuve Liberté, 1782, 2.vol, in-12°, LXXXIX, 310p; 359 et 21 pages, Imprimé à Berlin. Une seconde édition expurgée datant de 1783 même fausse adresse, imprimé dans un autre lieu. Le pseudonyme de Bouffonidor serait un proche du Chevalier de Zenon ambassadeur de Venise en France hypothèse hasardeuse, on parle aussi de Ange Goudar, auteur entre autres ouvrages de Le Procès des Rois en 1780.
  • Pierre Joseph Spiridion Dufey, Dictionnaire historique des environs de Paris , Paris, 1825; éd. Charles Perrotin, 384.p.
  • Jacques-Antoine Dulaure, Histoire physique et morale des environs de Paris..., Guillaume, 1825-1828, 7. vol, in-octavo.
  • Georges Poisson, Évocation du grand Paris , éd. Les Éditions de Minuit, Paris, 1956, t.I, p. 402-409.
  • Marie-Charlotte Delmas, Conservatrice en chef de la Médiathèque de Bagneux, La Maison dite de Richelieu, Bagneux 2007,

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. a b et c « Maison dite de Richelieu », notice no PA00088068, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Cadastre AB 40.
  3. Claire Vigne-Dumas, Bulletin monumental de la Société française d'archéologie dossier de classement pour les Monuments historiques.
  4. Aujourd'hui rue Étienne Dolet
  5. Abbé Lebeuf (1687-1760), Histoire de la Ville et de tout le diocèse de Paris (1754-1758), cité par la Ville de Bagneux, Marie-Charlotte Delmas, conservateur en chef de la Médiathèque municipale TDR, 2007.Réalisation Décalog.
  6. Actuelle rue Albert Petit
  7. Une maison avec jardin coûte à l'époque entre 1000 et 1500 livres
  8. P. Louis Lainé, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, Paris, 1839, t.VI,
  9. Georges Poisson, op.cit. p.408.
  10. Georges Poisson, op.cit, p.408.
  11. DépliantVille de Bagneux, suivez le guide, éd de l'Association des Amis de Bagneux.
  12. Gnomon de Bagneux
  13. Genaanet généalogie Pierfit Barthélémy Thoynard de Jouy