Klaus von Baudissin

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Klaus von Baudissin
Naissance
Metz, Alsace-Lorraine
Décès (à 78 ans)
Itzehoe, Schleswig-Holstein
Origine Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Allégeance Empire allemand (jusqu'en 1918),
République de Weimar (jusqu'en 1933),
Troisième Reich
Grade SS-Oberführer
Années de service 1914 – 1945
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale

Le comte Klaus von Baudissin ( à Metz - à Itzehoe) est un historien de l'art allemand[1]. Directeur du musée Folkwang d'Essen de 1933 à 1938, il a été l'un des commissaires de l'exposition sur l'Art dégénéré en 1937. Il a ensuite été officier dans la Waffen-SS de 1939 à 1945.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu de la famille von Baudissin, de vieille noblesse allemande [2], Klaus Wulf Sigesmund von Baudissin naît le à Metz, alors la première place forte d'Alsace-Lorraine [3] et de l'Empire allemand [4], et pépinière de futurs officiers généraux [N 1]. Il devient orphelin de père à l'âge de deux ans et est élevé par sa mère. Après sa scolarité, Klaus von Baudissin étudie l'histoire de l'art à l'université de Munich à partir de 1912.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, Klaus von Baudissin interrompt ses études universitaires, pour s'engager dans la Deutsches Heer[5]. Il sert comme officier subalterne, puis comme officier supérieur ; il revient à la vie civile en 1919, avec le grade d’Oberstleutnant, autrement dit « lieutenant-colonel », de réserve.

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Après guerre, Baudissin poursuit ses études à l'institut d'histoire de l'art de l'université de Heidelberg. Après une thèse sur le peintre anglais George August Wallis (1770-1847), il obtient son doctorat en 1923[6]. En 1924, il travaille pour l'institut d'histoire de l'art de l'université de Kiel, ainsi qu'au Kunsthalle de Kiel. En 1925, Baudissin est recruté par la Staatsgalerie de Stuttgart, d'abord comme assistant, puis comme conservateur et conservateur en chef. En 1929, il adhère au Parti populaire allemand, un parti nationaliste. Il prend la direction du musée en 1930. À cette époque, pour le compte du musée, il se porte acquéreur d’œuvres de Conrad Felixmüller, Erich Heckel, Emil Nolde, Adolf Hölzel, Franz Marc ou encore de Oskar Schlemmer[5].

En , toujours à Stuttgart, Baudissin adhère au parti nazi[7]. En 1933, pour contrer l'exposition pacifiste du Kunstmuseum Stuttgart consacrée aux artistes du Novembergruppe, en particulier à George Grosz et Otto Dix, Baudissin monte une exposition belliciste, intitulée « Von Krieg zu Krieg » : traduit par « De la guerre à la guerre ». Sa conception de l'art se radicalise, se rapprochant ainsi peu à peu des idéaux artistiques du national-socialisme[5].

Succédant à l'historien de l'art Ernst Gosebruch en , Baudissin est nommé à la direction du musée Folkwang de Essen. Il devient membre de la SS[7] en 1935, avec le grade de SS-Obersturmführer[N 2]. Comme directeur du musée, il n'hésite pas à vendre des œuvres d'art contemporain, notamment de Kandinsky, qu'il juge comme étant de l'« Art dégénéré »[8]. Avec le peintre Adolf Ziegler, président de la Chambre des beaux-arts du Reich et peintre favori de Hitler, il organise l’exposition itinérante sur l'« Art dégénéré » en 1937. Dans ce cadre, en , il expose à la Kunsthalle de Hambourg des œuvres d'Emil Nolde, Oskar Kokoschka et Ernst Ludwig Kirchner[7]. Le , à la suite de dissensions politiques avec Just Dillgardt (de), le maire de Essen, Baudissin est contraint de démissionner[5].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Intégré dans la SS-Verfügungstruppe[N 3] en 1939, le vétéran de la Première Guerre Mondiale redevient combattant durant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, Klaus von Baudissin sert en Norvège comme SS-Hauptsturmführer, autrement dit « capitaine », dans la Totenkopf-Standarte 7. Promu SS-Sturmbannführer, soit « commandant », en 1941, Baudissin commande alors le 3e bataillon du 7e régiment d'infanterie[9]. De à , il est affecté en tant que SS-Obersturmbannführer, soit « lieutenant-colonel », à la SS-Truppenübungsplatz Böhmen, une zone d'entrainement militaire située en Bohême, dans l'ex-Tchécoslovaquie[10]. En 1943, il est finalement promu SS-Oberführer[5], un grade spécifique à la SS, intermédiaire entre « colonel » et « général de brigade »[5]. Il est ensuite affecté dans la zone d'entrainement militaire Heidelager, en 1944.

À la fin du conflit, l'officier SS est capturé et interné par les Britanniques à Neuengamme, un ancien camp de concentration nazi situé près de Hambourg[7], transformé en camp de prisonniers de guerre par les Alliés.

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Klaus von Baudissin est libéré en 1948. Il assume pleinement ses errements et ses erreurs passés, tout en regrettant d’être ostracisé à son tour, comme l’avaient été les artistes contemporains sous le régime nazi[11]. En 1949-1950, il gagne un procès contre la ville de Essen concernant sa démission de 1938, qui apparaît être un licenciement masqué.

Le comte Klaus von Baudissin décéda le à Itzehoe, dans le Schleswig-Holstein.

Ascendance et postérité[modifier | modifier le code]

Fils du comte Rudolf Adolf Julius von Baudissin (1855-1893) et d’Élisabeth von Kraewel (de) (1867-1933), Klaus von Baudissin a épousé Elisabeth Wolff (1897–1948) en premières noces. Par ce mariage, il est devenu le beau-frère de Karl Wolff[7], ultérieurement SS-Obergruppenführer[N 4]. De cette union, sont nés six enfants : Nora Elisabeth Magdalena (née en 1917), Renate Else Dora Margarethe (née en 1919), Brigitte Else Tila Erika Barbara (née en 1921), Heilwig Friederike Eva Irmgard (1923–1957), Klaus-Heinrich Karl Wolff Albert Friedrich Peter (1928–1945), Erdmuthe (né en 1936)[2].

Ses publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages
  • Georg August Wallis, Maler aus Schottland 1768-1847, Carl Winter, Heidelberg, 1924
  • Georg August Wallis, Landschaftsmaler aus Schottland, ein Entdecker des romantischen Heidelberg 1812-1817, Heidelberg, 1921.
Catalogues
  • Katalog der Staatsgalerie zu Stuttgart, Staatsgalerie, Stuttgart, 1931.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Uwe Fleckner : Angriff auf die Avantgarde : Kunst und Kunstpolitik im Nationalsozialismus, Akad.-Verl., Berlin, 2007.
  • (de) Laura Lauzemis : Die nationalsozialistische Ideologie und der "neue Mensch"– Oskar Schlemmers Folkwang-Zyklus und sein Briefwechsel mit Klaus Graf von Baudissin aus dem Jahr 1934, In: Uwe Fleckner (Hrsg.): Angriff auf die Avantgarde. Kunst und Kunstpolitik im Nationalsozialismus., Akademie-Verlag, Berlin, 2007.
  • (de) Ernst Klee : Das Kulturlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945?. S. Fischer, Frankfurt am Main, 2007.
  • (de) Andrea Schmidt : Klaus Graf von Baudissin - Kunsthistoriker zwischen Weimarer Republik und Drittem Reich. Magisterarbeit am Kunsthistorischen Institut der Ruprecht-Karls-Universität, Heidelberg, 1991.
  • (de) Joseph Wulf : Die Bildenden Künste im Dritten Reich. Eine Dokumentation., Sigbert Mohn Verlag, Gütersloh, 1963.
  • (de) Christoph Zuschlag : Entartete Kunst. Ausstellungsstrategien im Nazi-Deutschland. Werner, Worms, 1995.
  • (de) Andreas Schulz/Dieter Zinke : "Die Generale der Waffen-SS und der Polizei Band 6" page 424 Biblio Verlag Bissendorf 2012

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Plus d'une trentaine de généraux et des dizaines d'officiers supérieurs allemands, pour la plupart actifs durant la Seconde Guerre mondiale, sont nés dans la Metz allemande.
  2. Équivalent de lieutenant en français.
  3. Ensemble d’unités militaires de la SS qui devient la Waffen-SS en 1940.
  4. Équivalent de général de corps d'armée en français.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Notice d'autorité sur Katalog der Deutschen Nationalbibliothek.
  2. a et b « Klaus Wulf Sigesmund, Graf von Baudissin », sur Généanet
  3. « Metz en 1900 », L'Express, no 2937,‎ 18 au
  4. François Roth : Metz annexée à l’Empire allemand, in François-Yves Le Moigne, Histoire de Metz, Privat, Toulouse, 1986, (p. 350).
  5. a b c d e et f Laura Lauzemis: Die nationalsozialistische Ideologie und der "neue Mensch", In : Uwe Fleckner (dir.): Angriff auf die Avantgarde. Kunst und Kunstpolitik im Nationalsozialismus, Berlin, 2007 (p. 34 et suiv.).
  6. Joseph Wulf: Die Bildenden Künste im Dritten Reich, Eine Dokumentation, Gütersloh, 1963, p. 305.
  7. a b c d et e Ernst Klee: Das Kulturlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945?, S. Fischer, Frankfurt am Main, 2007.
  8. Dossier zur NS-Kunstpolitik und ihren Auswirkungen auf private Sammlungen moderner Kunst sur geschkult.fu-berlin.de
  9. Totenkopf-Standarte 7 sur lexikon-der-wehrmacht.de.
  10. Truppenübungsplatz der Waffen-SS "Böhmen" sur lexikon-der-wehrmacht.
  11. Mario-Andreas von Lüttichau : Das Wahre aber ist das Ganze... (G.W.F.Hegel) - Klaus Graf von Baudissin. Direktor am Museum Folkwang 1934 bis 1937, Conférence du 8 avril 2010, Historischen Verein Essen PDF.

Liens externes[modifier | modifier le code]