Jules Lecomte

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Jules Lecomte
Portrait photographique de Lecomte par Nadar.
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Van Engelgom, Jules Du CampVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jules Lecomte, né le à Boulogne-sur-Mer et mort le à Paris 9e[1], est un romancier, journaliste, dramaturge et pamphlétaire français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Homme de lettres très actif, doué d’esprit et de facilité, Lecomte était à la fois dramaturge, romancier, et surtout journaliste. Ses chroniques étaient fort recherchées, et il s’était fait une réputation avec ses « courriers de Paris publiés dans L'Indépendance belge[2]. Sa première chronique pour le Monde illustré date du , sept ans presque jour pour jour avant sa mort. Depuis ce moment, jamais une seule fois il n’a failli à sa tâche ; sa santé l’obligeait, de temps en temps, à des voyages dans les différentes villes d’eau de France et d’Allemagne, il retrouvait là une partie de la société qui avait déserté Paris et il y recueillait une anecdote moderne qui donnait à son courrier son cachet actuel. Jamais les lecteurs n’ont soupçonné son absence et l’administration du journal avait une telle confiance dans la régularité de son chroniqueur qu’elle n’a jamais conçu la moindre inquiétude, si éloigné qu’il fût de la capitale. Pour lui, toute la vie se résumait dans ce courrier, auquel il s’était entièrement voué, et dont il avait fait une chose considérable : un mot dit à propos ne manquait jamais son adresse, et comme il avait un pied dans les salons les plus éminents, il savait à quoi s’en tenir sur tous les bruits, sur tous les scandales, il pesait sur de graves résolutions et il a fait collaborer involontairement à son œuvre les personnes les plus considérables de son époque[3].

Sa correspondance également était énorme, consulté sur les points les plus délicats, il répondait personnellement à tout ce qui lui semblait mériter un pareil intérêt, et employait la voie du journal pour ce qui lui paraissait d’une attention moins immédiate. À mesure que la direction du journal redoublait d’efforts pour parvenir à donner à sa publication un plus grand attrait, multipliant les correspondants, s’attachant de nouveaux dessinateurs, hommes de mérite, il redoublait aussi d’attention[3].

Lecomte est mort presque la plume à la main. Le jour même de sa mort, le courrier paraissait encore signé de son nom, complété par son collègue du Monde illustré, sa main se refusant à tenir la plume. Pendant sa douloureuse maladie, son devoir de chroniqueur fut sa préoccupation constante, il décachetait son courrier, et traçait d’une main tremblante les réponses nécessaires. Quatre heures avant de rendre le dernier soupir, il a demandé à son compagnon Albéric Second[4], qui n’avait pas quitté son chevet, si l’on était venu chercher sa chronique, et celui-ci a dû inventer un pieux stratagème pour le tranquilliser. Un peu plus tard, préoccupé des intérêts du Grand Journal, il a conseillé in extremis à son rédacteur en chef de varier le caractère uniforme de cette publication qu’il trouvait un peu monotone d’aspect. Quelques heures après, il rendait le dernier soupir[3].

En littérature, il a débuté en 1835 avec la Dictionnaire pittoresque de marine[5], suivi des romans maritimes, l’Abordage (1836), l’Ile de la tortue (1837), le capitaine Sabord (1839) ou le Mort vivant (1847). Son ouvrage intitulé la Charité à Paris, a reçu le prix Montyon 1861 de l’Académie française[6]. Au théâtre, sa pièce la plus importante est une comédie en quatre actes, intitulée : le Luxe, représentée au Théâtre-Français, le [7].

Très prolifique, il a également écrit sous le nom de plume de « Van Engelgom » des pamphlets, comme Lettres sur les écrivains français (1837), et sous celui de « Jules Du Camp », des ouvrages historiques, comme Histoire de la Révolution de Février, jusques et y compris le siège de Rome (1850) et Les Pontons anglais (1852). On lui doit également des Chroniques de la marine française, 1789 à 1830 (1836-1837), avec Fulgence Girard. On lui doit également la série Des cantatrices françaises en Italie (1841-1842), sur Sophie Maquillé, Desiderata Dérancourt, Emilia Hallez, Ida Bertrand, Elisa Vernhet, Jenny Olivier. Il a préfacé Comment aiment les hommes d’Olympe Audouard[8].

Il était membre de la Société des auteurs dramatiques, ainsi que de la Société des gens de lettres, dans le comité de laquelle il avait siégé par droit d’élection[2]. D’un tempérament souffreteux, il a succombé à une maladie de poitrine compliquée d’une maladie de foie après une période aiguë de maladie relativement courte[3]. Ses obsèques ont eu lieu, le , à l’église de la Trinité, au milieu d’un grand concours de gens de lettres et de théâtre et de la haute administration[9],[10], qui l’ont ensuite accompagné au cimetière Montmartre, où plusieurs discours ont été prononcés[7].

Jugements[modifier | modifier le code]

« Il s’est montré jusqu’au dernier jour un travailleur courageux, opiniâtre, consciencieux, désireux de bien faire[2]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès à Paris 9e, n° 645, vue 23/31.
  2. a b et c Hippolyte de Villemessant, « J’ai assisté… », Figaro : journal non politique,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c et d « Jules Lecomte », Le Monde illustré, 8e série, vol. 14, no 368,‎ , p. 274 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Pierre Larousse, « L’École normale vient de perdre… », L’École normale : journal de l'enseignement pratique, Paris, Larousse et Boyer, 11e série, vol. 6, no 27,‎ , p. 17 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Jules Lecomte, Dictionnaire pittoresque de marine, Paris, (OCLC 457820196, lire en ligne)
  6. Abel-François Villemain, « Rapport sur les concours de l’année 1861 », Programme des prix décernés,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a et b « Nécrologie », Le Ménestrel : journal de musique, Paris, Heugel, vol. 31, no 22,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Paris, Édouard Dentu, 1862.
  9. Parmi lesquels Sainte-Beuve, Feuillet de Conches, général Changarnier, Michel Masson, Arsène Houssaye, Édouard Thierry, Léon Guillard, Régnier, Achille Jubinal, Edmond About, Edmond Texier, Henri Berthoud, Albéric Second, Maurice Desvignes, Fulgence Girard, Alexandre de Lavergne, Paul et Jules Lacroix, Dantan, Lachaud, Étienne Énault, Frédéric Gaillardet, Henry de Pène, Jules Noriac, Me Carraby, Hippolyte de Villemessant, Bourdin, Alphonse Duchesne, Jules Claretie, Raymond Deslandes, Offenbach, Achille Bourdilliat, Millaud, Plon père et fils, Paul Siraudin, Henri Delaage, Adolphe Dupeuty, Louis Ratisbonne, Auguste Joltrois, Frédéric Thomas, l’éditeur Hippolyte Souverain, Coquelin, Paul Foucher, Ernest Baroche, Martial Bataille, Alexandre de Saint-Albin, Pradines, Georges Petit, Adolphe Sax, Alphonse Brot, Théodore de Grave, Daniel Iffla Osiris, Damas-Hanard, Victor Koning, Mlles Édile Riquer, Élise Devoyod et Céline Montaland.
  10. Hippolyte de Villemessant fustige, en revanche, dans sa nécrologie dans le Figaro, l’absence de la Société des auteurs dramatiques et de la Société des gens de lettres, dont il avait été si longtemps un membre actif et utile, et juge leur silence « coupable et honteux ».

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