Jean Baptiste Royet

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Jean Baptiste Royet
Naissance
Paray-le-Monial
Décès (à 74 ans)
Épernay
Origine Française
Allégeance Second Empire

Troisième République

Grade colonel
Années de service 1853 – 1893
Conflits Bataille de la Tchernaïa
Siège de Puebla
Guerre franco-allemande de 1870
Distinctions Médaille de Crimée
Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur
Officier de l'Ordre national de la Légion d’honneur
Commandeur de l’Ordre national de la Légion d’honneur

Jean Baptiste Royet, communément appelé le Colonel Royet, né le à Paray-le-Monial, en Saône-et Loire, et mort le à Épernay, département de la Marne[1], est un militaire français qui participe à huit campagnes militaires sous le Second Empire et demeure toujours actif sous la Troisième République, en présidant notamment un conseil de guerre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Jean Baptiste Royet naît le à Paray-le-Monial de l'union de Bénigne Royet, cordonnier et cafetier et d'Anne Joséphine Faure[2]. En 1849, le ministère de l'instruction publique lui octroie une demi-bourse d'études nationale, obtenue à l'issue du concours du département de Saône-et-Loire[3]. En 1853 il termine son instruction à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en étant classé 148e sur les 228 élèves que compte la « promotion de l'Aigle »[4].

Guerre de Crimée[modifier | modifier le code]

La bataille de la Tchernaïa par Gerolamo Induno.

Le , Royet est nommé sous-lieutenant au 62e régiment d’infanterie[5]. À son arrivée, le régiment est choisi pour rejoindre le corps de réserve en Crimée. Le , il embarque à Toulon sur le Napoléon pour rejoindre le camp de Maslack, à dix kilomètres au nord de Constantinople où il parvient le . Durant un mois, le régiment demeure au camp où aux conditions climatiques défavorables, s'ajoute la maladie. Royet contracte le choléra au camp où plusieurs de ses compagnons d'armes trouvent la mort en raison de l'épidémie[6].

En , le 62e participe à la Bataille de la Tchernaïa où il essuie quelques pertes, mais n’a pas d’autres engagements par la suite de la campagne. La bataille de la Tchernaïa réduit l'armée russe de secours à l'impuissance et condamne Sébastopol à tomber aux mains des assiégeants[7]. Royet reçoit à l'issue de la bataille la médaille de Crimée comme tout son régiment. Royet demeure en Orient jusqu'au [1].

Occupation française de Rome[modifier | modifier le code]

Le , Jean Baptiste Royet est promu lieutenant au 62e[8]. Au mois d', le 62e, le 7e de ligne et le 3e bataillon de chasseurs forment une brigade destinée à renforcer le corps français d'occupation de Rome et placée sous les ordres du général Théodore Ridouel. Ces trois bataillons de guerre sont mis en route par les voies ferrées, pour se rendre à Toulon et y embarquer pour l'Italie[9]. Entre le et le , Royet sert donc au corps d’occupation de Rome[1]. À partir d', il est nommé officier d'ordonnance du général Théodore Ridouel, commandant alors la 1re brigade de la 1re division d'infanterie du corps d'armée d'occupation de Rome[10]. Cependant, le , le régiment, dans lequel sert Royet, est rappelé en France et rentre à Lyon le suivant[11].

Expédition du Mexique[modifier | modifier le code]

Marche sur Puebla : le général Forey au bivouac de San Agostino del Palmar.

Revenu en France, le 62e reçoit l’ordre de renforcer les premières troupes françaises envoyées au Mexique. Sous les ordres du général Élie-Frédéric Forey qui commande également deux divisions d'infanterie et une brigade de cavalerie comprenant au total 28 000 hommes, les renforts français quittent Cherbourg en direction du Mexique[12]. Le , Royet embarque vers le Mexique où il débarque le de la même année à Veracruz[13].

Pour la première fois, le , le 62e combat lors d'un engagement à Cerro-Gordo où 2 000 guérilleros ont coupé la route en élevant une sorte de retranchement afin d'y attendre les troupes françaises. Ces dernières se déploient sur les hauteurs, mettant en fuite l'armée juáriste. Le 62e s'installe, sept jours plus tard, sans résistance à Jalapa[14], avant de faire marche sur Puebla. De janvier à , Royet et les hommes du 62e, désormais commandés par Bazaine, participent au Siège de Puebla[6]. Le , Royet est nommé capitaine. Après la prise de Puebla, le 62e est le premier à entrer, le , à Mexico puis fait campagne autour de la ville[15]. En , Royet est stationné avec une garnison de plus de mille hommes à Orizaba, dans l'État de Veracruz, avant leur retour en France[16]. En , Royet quitte le Mexique pour rejoindre le 74e régiment d’infanterie.

Guerre franco-allemande[modifier | modifier le code]

Capitaine de 1re classe depuis 1869[17], Jean Baptiste Royet est promu le , adjudant-major. Lors du déclenchement de la Guerre franco-allemande de 1870, il contribue à organiser un 4e bataillon composé de réservistes à la compagnie de dépôt de Neuf-Brisach. Le , Royet se signale à la tête d’un détachement de 70 à 100 hommes, lors d’une reconnaissance ayant pour but d’enlever à l’ennemi le poste de Muntzenheim, il rentre à quatre heures du matin avec 19 prisonniers, 18 chevaux et trois voitures de bagages[18],[19]. Deux mois plus tard, la place tenue par les Français, capitule en [20]. Royet est retenu prisonnier de guerre le [1].

« Un fort poste ennemi est signalé au village de Muntzenheim, à deux lieues de la ville. Vers minuit, 70 hommes du 74e, sous le commandement du capitaine Royet, quittent la place, montés dans des voitures couvertes, et s'arrêtent à 150 m du village. Descendre de voiture, surprendre les sentinelles et enlever le village fut l'affaire d'un instant. L'ennemi laissa entre nos mains une douzaine de prisonniers, des chevaux et une grande quantité d'armes »

— Action du [18].

Fin de carrière[modifier | modifier le code]

Rentré de captivité en France depuis le [1], le capitaine adjudant-major Jean Baptiste Royet est fait chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur le [21]. Il compte alors 16 ans de services et huit campagnes militaires. Il est ensuite affecté au 129e régiment d'infanterie le [1]. Promu chef de bataillon le dans son régiment, il fait le choix au même jour de rejoindre le 24e régiment d’infanterie en remplacement du chef de bataillon Victor-Charles Hervé promu lieutenant-colonel[22], puis la même année retourne au 74e régiment d’infanterie. Le , il est nommé lieutenant colonel au 72e régiment d’infanterie et présidera notamment le conseil de guerre de juillet 1885[23].

En , une loi créée 18 nouveaux régiments d'infanterie dont le 146e régiment d’infanterie[24]. Ce nouveau régiment est formé par l'amalgame d'un bataillon du 51e, d'un du 67e et de celui du 72e commandé par Royet[25]. Sept des nouveaux régiments sont commandés par des colonels, les onze autres sont confiés au commandement d'un lieutenant-colonel dont le 146e aux ordres de Royet[26],[27].

Le , le froid avait gelé les fossés des fortifications de Toul et la bonne société de la ville venait faire du patinage sur la glace au son de la musique militaire prêtée pour l'occasion. Soudainement, la glace rompt sous mademoiselle Lanty, fille du général gouverneur de Toul et avec elle deux autres personnes sombrent. Sans hésiter, le colonel Royet (âgé de 54 ans), le lieutenant Lalouette et les sous-lieutenants Brongniart, Pierron et Clanché s'élancent à leurs secours, se retrouvent aussi dans ces eaux glacées et avec le concours d'autres militaires parviennent à sauver les « naufragés »[28],[29]. Quatre mois plus tard, le , il est nommé colonel au 146e régiment d’infanterie qui reste cantonné à Toul[30]. Le , il est fait commandeur de l’ordre national de la Légion d’honneur. Il rejoint la réserve en 1893 puis se voit décerner une pension de retraite de 6 000 francs par décret pour ses 52 années, 6 mois et 26 jours de services[31]. En juillet 1897, alors qu'il est en activité hors cadre, il est désigné comme chef du 4e bureau de l'état-major de l'armée[32].

Sur le plan privé, il avait épousé en 1865 à Saint-Malo Marie Blanche Peral (1844-1903)[2]. Son fils Maximin-Léonce Royet (1866-1947), également officier dans l'armée française, est l'auteur de plusieurs publications exaltant le patriotisme[33].

Jean Baptiste Royet meurt, à 74 ans, le chez son gendre Georges Wachter, à Épernay[34],[30]. Ses obsèques se déroulent à l'église Notre-Dame d'Épernay, les cordons du poêle sont tenus par le général Nussard (commandant la 7e brigade de dragons), M. Lalo, M. Lortat-Jacob et M. Charles Dubois, et avec les honneurs militaires rendus par le 31e régiment de dragons aux ordres du colonel Dezaunay[35],[34].

Honneurs[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Base Léonore
  2. a et b « Jean Baptiste Royet », sur Geneanet.org, (consulté le ).
  3. Ministère de l'instruction publique, Journal général de l'instruction publique et des cultes : Arrêté du 30 septembre 1849, vol. 18, Paris, , 623 p. (lire en ligne), p. 451.
  4. voir : Historique de la 35e promotion de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr
  5. Armée Française, Annuaire militaire de l'Empire français, Strasbourg, Librairie militaire de Berger-Levrault, , 1182 p. (lire en ligne), p. 299.
  6. a et b Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 212.
  7. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 216.
  8. Ministère de la Guerre, Annuaire officiel des officiers de l'Empire français : Sur les documents communiqués par le Ministère de la Guerre, , 1208 p. (lire en ligne), p. 311.
  9. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 220.
  10. Ministère de la Guerre, « Mutations dans les états-majors », Le moniteur de l'armée, no 23,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 221.
  12. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 222-223.
  13. Faucher de Saint-Maurice 1880, p. 40.
  14. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 224-225.
  15. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 226-260.
  16. Faucher de Saint-Maurice 1880, p. 32-33.
  17. Ministère de la guerre, « Bulletin des nominations et promotions », Journal militaire officiel, no 3,‎ , p. 44 (lire en ligne, consulté le ).
  18. a et b Émile Coste 1890, p. 161.
  19. « Le coup de main de Montzelheim », Le Petit Journal, vol. Cinquième année, no 185,‎ , p. 5
  20. Émile Coste 1890, p. 162.
  21. « Au grade de Chevalier », Journal officiel de la République française, Paris, vol. 3e année, no 209,‎ , p. 2
  22. « Actes et documents officiels », Le Soleil, Paris, vol. 2e année, no 524,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Conseil de guerre », Le Progrès de la Somme, Amiens, vol. 18e année, no 4528,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  24. Simond 1889, p. 13.
  25. « Les nouveaux régiments », Le Petit Caporal, Paris, vol. 12e année, no 3897,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le )
  26. « Bulletin Maritime et militaire », Le XIXe siècle, Paris, A.-E. Portalis, vol. 18e année, no 5719,‎ , p. 3
  27. « Nos Régiments - 146e », La Patrie, Paris, vol. 47e année,‎ , p. 2
  28. « Toul », La Petite République, Paris, vol. 3e année, no 4344,‎ , p. 3.
  29. « Le danger du patinage », Le Progrès de la Côte-d'Or, Dijon, vol. 20e année, no 60,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  30. a et b « Nouvelles militaires », Le Gaulois, Paris, vol. 42e année, no 10961,‎ , p. 3.
  31. « Pensions », La France Militaire, vol. Quatorzième année, no 2809,‎ , p. 2
  32. « La vie militaire », Gil Blas, Paris, vol. 19e année, no 6453,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. « Maximin-Léonce Royet », sur Gallica.fr, (consulté le ).
  34. a et b « Nécrologie », Le Soleil, Paris, vol. 34e année, no 292,‎ , p. 3.
  35. a b c d e et f « Nécrologie », La France Militaire, Paris, Lavauzelle, vol. 28e année, no 7153,‎ , p. 2.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot, Historique du 62e Régiment d'Infanterie, Paris, Berger-Levrault, , 340 p. (lire en ligne).
  • Faucher de Saint-Maurice, Deux ans au Mexique, Québec, C. Darveau, , 222 p., p. 40.
  • Émile Coste, Historique du 74e régiment d'infanterie, Paris, Librairie militaire de L. Baudoin, , 211 p. (lire en ligne).
  • Emile Simond, Historique des nouveaux régiments créés par la loi du 25 juillet 1887, Paris, Librairie Militaire de L. Baudoin et C, , 291 p. (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]