Grimes (musicienne)
Nom de naissance | Claire Boucher |
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Naissance |
Vancouver |
Activité principale |
Chanteuse Direction de vidéo-clip |
Genre musical | Musique électronique, musique expérimentale, dark wave, dream pop |
Instruments | Chant, synthétiseur, autres |
Années actives | Depuis 2010 |
Labels |
Arbutus Record 4AD |
Site officiel | Site officiel |
Claire Boucher (née le 17 mars 1988), mieux connue sous son nom de scène Grimes, est une artiste et musicienne canadienne. Elle a aussi dirigé un certain nombre de clips musicaux comme celui de son ami d’Eon : « Transparency ». Bien que native de Vancouver, c’est à Montréal où elle a déménagé pour suivre ses études, qu’elle découvre la musique underground électronique et commence à enregistrer des morceaux expérimentaux.
En 2010, elle réalise son premier album Geidi Primes avec le label Arbutus Record. Concernant cet album, Claire s’attendait à ce que « personne ne l’entende jamais ». Elle le considère rétrospectivement comme « naïf ». S’ensuit Halfaxa (2011) qui lui apporte un certain nombre d’éloges. Fin 2011, elle annonce sa signature avec 4AD Records. Ce label réalise en 2012 son troisième album Visions, qu’elle considère comme son « vrai premier album ». Visions est acclamé par les critiques. Le New York Times le décrit comme « un des albums les plus impressionnants de l’année à ce jour ».
La musique de Grimes est remarquée par les critiques pour sa combinaison atypique d’éléments vocaux et d’un large éventail d’influences musicales allant de l’électronique à la pop ou au R&B en passant par le noise rock, le hip-hop ainsi que la musique japonaise ou médiévale.
Biographie
Les débuts
Claire Boucher a grandi à Vancouver dans une famille nombreuse catholique plutôt stricte[1]. Anglophone quasi-unilingue, sa mère est mi-française, mi-italienne, son père est ukrainien et métis, avec de lointaines origines québécoises[2]. Enfant, Claire souffrait de tics nerveux : « j’essayais constamment de frapper des choses avec mon pied ». D’après elle, la musique qu’elle produit aujourd’hui est liée à cela. Durant son enfance, elle est passionnée par le Moyen Âge et le surnaturel. Elle raconte : « j’étais une enfant turbulente et je suis devenue une païenne à l’âge de 12 ans. Je me suis persuadée que j’étais une sorcière : j’essayais de jeter des sorts à ma mère »[1]. Elle pratique la danse classique pendant 11 ans[3], et est diplômée de la Lord Byng Secondary School, une école catholique. À 13 ans, la jeune Claire Boucher découvre Marilyn Manson qui se situe à l’extrême opposé de ce qu’elle connaissait jusqu’à présent, elle commence alors à agir et à penser à contre-courant des idées de sa famille et de son école ; elle se rase la tête et porte de maquillage noir et blanc. Dans une interview, celle qui deviendra Grimes décrit cette période comme un moment durant lequel elle a vécu « complètement ostracisée ». Elle déclare : « À l’école, à peu près tout le monde me détestait et pensait «Claire est un monstre». ». D’après elle, bien que cette période ait accentué les différends que la jeune femme avait avec ses parents, elle lui a aussi a donné confiance en ce qu’elle faisait et lui a appris à accepter sa différence[4].
À 18 ans, elle déménage à Montréal pour y étudier la littérature russe et plus tard la neuroscience à l'université McGill[3]. C’est durant cette période qu’elle commence à fréquenter le monde de la nuit. Elle dessine, et côtoie des musiciens montréalais. Elle se frotte à la musique DIY dans les squats de la ville[1], et enregistre ses premières musiques en tant que Grimes. Pourquoi ce nom de scène : « Je voulais quelque chose d'agressif, de masculin, qui signale que ceci est un projet électro »[5]. La jeune fille compose son premier morceau un soir chez un ami, sous influence : « On avait pris pas mal de speed. Il m’avait demandé de chanter sur un de ses projets. On enregistre ma voix, lui bosse sur son ordinateur et je l’observe de près, en me disant que, finalement, ça n’a pas l’air si compliqué. Lui est parti se coucher mais j’étais tellement perchée que je me sentais incapable de dormir, je devais faire quelque chose : j’ai pris l’ordinateur, je suis allée dans ma chambre et j’ai passé la nuit à enregistrer des tonnes de trucs. »[1]. Lorsque le projet Grimes est devenu plus sérieux, Claire a commencé à manquer un grand nombre de cours puis à ne venir à l’université que pour ses examens, ses absences trop fréquentes lui ont finalement valu l’exclusion de McGill. Elle se consacre donc entièrement à Grimes et à sa musique et découvre le Lab synthèse un espace de concert installé illégalement dans une usine abandonnée, où se produisent des musiciens expérimentaux.
En 2009, Claire Boucher et son petit ami entreprennent un voyage sur le Mississippi, ils comptent descendre ce dernier de Minneapolis jusqu’à New Orléans. Ils construisent donc eux-mêmes une péniche d’environ 6 m qu’ils baptisent the Velvet Glove Cast in Iron. Le couple aurait emporté avec eux des poulets vivants, des pommes de terre ainsi qu’une machine à écrire et le livre de Mark Twain Les Aventures de Huckleberry Finn. Malheureusement pour eux, leur embarcation aurait eu rapidement des problèmes de moteur, et la police du Minnesota les aurait empêchés de continuer leur voyage[6]. Cependant, Claire Boucher elle-même dément une partie de ces informations dans une interview récente. En effet, elle affirme que, contrairement à certaines rumeurs, elle avait une licence et un moteur en état de marche, la police aurait alors attaqué le couple au milieu de la nuit alors que tout ceci était entièrement légal. D'après elle, la version courante des faits servirait à camoufler une arrestation violente basée sur l'apparence du couple [7].
Carrière
Le premier album de Grimes, Geidi Primes est enregistré sur cassette en 2010 avec Arbutus Records. Celui-ci est placé en téléchargement libre. Concernant cet album, Claire s’attendait à ce que « personne ne l’entende jamais » et le considère rétrospectivement comme « naïf ». Le label Arbutus Records a été créé après la fermeture du Lab Synthèse afin d’effectuer la promotion des groupes et musiciens associés à cet endroit. C’est donc naturellement avec cette maison que collabore Grimes pour ses deux premiers albums. Halfaxa, album très expérimental, est lui-aussi promu par ce label et lui vaut des éloges[8]. En 2011, Claire Boucher enregistre un album avec son ami D’Eon intitulé Darkbloom[9]. Elle dirige également un clip d’Eon : Transparency[10]. En mai 2011, elle fait la première partie de Lykke Li pendant sa tournée en Amérique du Nord[9] et en août de la même année, son premier album est réédité en CD et vinyle par le biais de No Pain dans Pop Records. Toujours en 2011, Grimes apparait dans le single Dream World de Majical Cloudz[11], collabore avec le DJ/producteur Blood Diamonds (signature du label 4AD) et fait une apparition dans le court métrage de Matthew Rankin Tabula Rasa récompensé par le Prix AQCC du meilleur court métrage 2011[12],[13].
En janvier 2012, Claire Boucher annonce sa signature avec le label 4AD. Celui-ci sort son troisième album, Visions, en février 2012 (mars 2012 hors États-Unis). Elle le voit comme son « vrai premier album » puisqu’il suit un axe et une idée mieux définis que les deux autres.Cet opus est encensé par les critiques (Pitchfork Media[8], Les Inrocks[1], le New York Times[14], The New Republic[15]…). Il sélectionne d’ailleurs Grimes pour le Polaris Music Prize 2012 qui récompense le meilleur album canadien chaque année[16]. D’après Claire, cet album a été écrit après avoir passé neuf jours isolée sans manger, sans dormir et sans lumière : « Je me rappelle ce moment-là comme un bon souvenir, même si je me souviens avoir beaucoup pleuré et avoir pensé « je déteste absolument tout » (rires) »[17] ». Lorsqu’on lui demande pourquoi elle s’est imposé cette souffrance, elle répond : « J’avais beaucoup lu sur les cloîtres médiévaux, sur Hildegarde de Bingen, sur le jeûne qu’elle s’imposait, les visions qu’elle avait ; ça a eu l’air de bien fonctionner pour elle, donc j’ai essayé. Je l’avais déjà fait, et ça a toujours bien marché sur un plan créatif et physique : tu te sens dans l’obligation de nourrir le monde, plutôt que d’attendre que le monde te nourrisse »[1].
À côté de cette carrière musicale, Grimes a annoncé en avril 2012 qu’elle sort une ligne de bagues en forme de crânes ainsi que les pussy rings avec Morgan Black, un ami artiste, joaillier et sculpteur montréalais. En juin de la même année, L$D (Lesbian $atanic Druglords, groupe constitué avec Grimes, la rappeuse américaine Kreayshawn et une autre artiste, Lady Tragik)[18], enregistre Don’t smoke my blunt bitch, avec à nouveau la participation de Blood Diamonds. Ce titre a été fait en 10 minutes et le clip qui l’accompagne en moins d’une heure. Cependant cette vidéo a fait un buzz auquel les trois amies ne s’attendaient pas. En effet, celles-ci se sont juste retrouvées un après-midi et, pour « passer le temps », on enregistré ce morceau. Pour Claire : « L$D était juste une blague. Je pensais que seulement 200 personnes verraient ça et que ce serais drôle. Mais ça a explosé par accident. »[19]. Toujours avec Blood Diamonds, elle sort également un morceau Phone Sex[20], « mêlant Steel-drum et refrain acidulé, façon Madonna première époque »[5].
En juillet 2012, Grimes, part en tournée : le Full Flex Express Tour organisé par Skrillex avec Diplo, Tokimonsta, Pretty Lights et Koan Sound. Elle considère cette tournée comme « une des choses les plus drôles que j’ai jamais faites »[21]. Le 14 août de la même année, la jeune canadienne fait sa première apparition à la télévision dans l'émission Late Night with Jimmy Fallon, elle y interprète son titre Genesis[22].
En avril 2013, elle se voit octroyer une récompense aux 17e Webby Awards pour sa capacité à « exploiter la puissance du web afin d'engager et d'inspirer des millions de fans en ligne »[23]. Elle publie également une déclaration sur son expérience en tant que musicienne dans un secteur en proie au sexisme[24].
Influences
Claire Boucher puise son inspiration dans énormément de groupes, chanteurs et musiciens différents et dans tous les styles. Son enfance lui a fait découvrir la musique médiévale comme celle d'Hildegarde von Bingen tandis que durant son adolescence, elle a connu une musique plus punk et électronique. Elle cite donc dans ses influences Aphex Twin, Skinny Puppy, Nine Inch Nails [25] ainsi que Cocteau Twins, How to Dress Well[26] , Dandi Wind ou son idole d'adolescente Marilyn Manson qu'elle admire en particulier pour son esthétique musicale et ses performances scéniques[4]. Pour le clip sur Genesis, elle s'est dite inspirée de Hieronymus Bosch[27]. Cependant elle avoue aussi sa fascination pour des stars pop commerciales comme Beyonce, Mariah Carey ou Justin Bieber[28].
Dans un autre genre, Claire, s’intéresse aussi à des artistes comme Beth Gibbons, la chanteuse et guitariste de Portishead[29], ou Enya . Leur musique présente d’ailleurs certaines similitudes souvent mises en avant par les critiques musicales. Enfin, d’après Grimes, ses inspirations sont très diverses puisqu’elles viennent aussi de la scène canadienne et des musiciens qu’elle fréquente comme d’Eon[30], Blood Diamonds ou Purity Ring, ainsi que de n’importe quelle musique qui lui a plu (même entendue une fois seulement). Elle explique : « Mes influences sont plutôt abstraites (…) C'est de la musique que j'ai entendue, peu importe ce que c'est. Je crois que je peux vivre cette situation, vous savez, entendre quelque chose dans une voiture et penser « wouah ». [...] Mes influences ne ressemblent pas à ma musique... »[31].
Discographie
Albums
- Geidi Primes (Arbutus Records, 2010/No Pain in Pop, 2011) : Geidi Primes fait référence à la planète du même nom, dans le roman de Frank Herbert, Dune.
- Halfaxa (Arbutus Records, 2010/Lo Recordings, 2011)
- Visions (Arbutus Records Canada/4AD, 2012)
Collaborations
- Darkbloom, avec d'Eon (Arbutus Records/Hippos in Tanks, 2011)
Notes et références
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Grimes (musician) » (voir la liste des auteurs).
Références
- Burgel 2012
- Brunet 2012
- Chew-Bose 2012
- EB Team 2012, p. 30
- Franck-Dumas 2012, p. 55
- Pabst 2009
- Triplej Team 2012
- Zoladz 2012
- Farmery 2011
- « D'Eon - Transparency », Vimeo
- « Video: Majical Cloudz (featuring Grimes) – “Dream World” », sur http://www.gorillavsbear.net,
- « Tabula Rasa de Matthew Rankin primé par l’AQCC »,
- « Tabula Rasa »
- Caramanica 2012
- Hajdu 2012
- « The 2012 Short List Is Here »,
- « Grimes, interview », sur http://www.7digital.com/
- « DimePiece Get's a dose of L$D feat. Grimes, Kreayshawn, & Tragik »
- Maimann 2012
- Zistor, « Blood Diamonds (feat. Grimes) : Phone Sex »,
- « Skrillex Diplo Grimes Tokomonsta Pretty Lights Koan Sound »
- « Grimes - Genesis »,
- Magazine Rolling Stone 30 avril 2013
- Magazine Rolling Stone 24 avril 2013
- Taylor Williams 2012
- Fallon 2012
- NME Team 2012
- « Happy Birthday, Grimes at SXSW 2012 (Weird Vibes Ep. 8 Clip) », MTV,
- http://actuallygrimes.tumblr.com/post/53815135969/portishead-roads-by-notyethendrix-beth
- Emily Campbell, « Grimes and D'eon release Darkbloom », CUTV
- Bobby McHugh, « GRAMMYs On The Road With Grimes », Vimeo
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Lora Pabst, « This boat don't float », le magazine américain Star Tribune, (lire en ligne).
- (en) Henry Farmery, « Montreal's Claire Boucher on the cusp of hitting paydirt », le magazine anglais The Stool Pigeon, (lire en ligne).
- (en) Patric Fallon, « High Five: Grimes », le magazine américain XLR8R, (lire en ligne).
- (en) Lindsay Zoladz, « Grimes : Visions », le site américain Pitchfork Media, (lire en ligne).
- (en) Jon Caramanica, « Grimes : Visions », le journal américain The New York Times, (lire en ligne).
- (en) Alex Taylor Williams, « Catching Up With Grimes' Claire Boucher », le magazine américain Out, (lire en ligne).
- Alain Brunet, « Grimes: au-delà de l'impact souterrain », le quotidien québecois La Presse, (lire en ligne).
- (en) Alice Inggs, « Grimes: Visions », le magazine musical américain Rolling Stone, (lire en ligne).
- (en) David Hajdu, « Bob Dylan, Grimes, and Girl Groups Reconsidered », le magazine américain The New Republic, (lire en ligne).
- (en) Nick Krewen, « Grimes dances out of Montreal », le quotidien canadien Toronto Star, (lire en ligne).
- Yves Schaëffner, « Grimes à New York: opération charme réussie », le quotidien québecois La Presse, (lire en ligne).
- (en) EB Team, « Mr. Style Icon: Grimes, on the importance of Marilyn Manson », le magazine allemand de langue anglaise Electronic Beats, , p. 30-31 (lire en ligne).
- (en) Kevin Maimann, « Grimes pushes the envelope », le quotidien canadien Edmonton Sun, (lire en ligne).
- (en) Marsha Lederman, « Claire Boucher as Grimes: the coolest girl in Canada », le quotidien canadien The Globe and Mail, (lire en ligne).
- (en) NME Team, « Grimes unveils Hieronymus Bosch inspired 'Genesis' video – watch », l'hebdomadaire musical anglais NME, (lire en ligne).
- (en) Durga Chew-Bose, « Grimes of the heart », le magazine américain Interview, (lire en ligne).
- Thomas Burgel, « Grimes : princesse des ténèbres », le magazine français les Inrocks, no 888, (lire en ligne).
- (en) Triplej Team, « Grimes (Interview radio) », la radio australienne Triple J, (lire en ligne).
- Elisabeth Franck-Dumas, « Grimes, le hold-up de l'année », Next, le magazine mensuel français du journal Libération, no 49, , p. 48-57.
- (en) Rj Cubarrubia, « Grimes Rails Against Sexism: 'I'm Done With Being Passive' », le magazine musical américain Rolling Stone, (lire en ligne).
- (en) « Frank Ocean, Grimes Lead Webby Awards Winners », le magazine musical américain Rolling Stone, (lire en ligne).