Cheminée du Front de Seine

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Cheminée du Front de Seine
Vue de la cheminée du Front de Seine.
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Architecture
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130 mVoir et modifier les données sur Wikidata
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Architecte

La cheminée du Front de Seine ou cheminée de Grenelle est une cheminée construite au début des années 1970 dans le quartier de Grenelle, dans le 15e arrondissement de Paris, pour évacuer les fumées d'une chaufferie de la CPCU. Cette installation alimente le réseau de chaleur qui dessert notamment les immeubles environnants du Front de Seine.

Haute de 130 mètres, la cheminée est l'une des plus hautes structures de la ville. Elle détonne par sa recherche esthétique, ayant été dessinée par François Stahly, un sculpteur et non un architecte.

Un nichoir pour les faucons est installé à son sommet.

Localisation[modifier | modifier le code]

La cheminée est située sur la dalle de Beaugrenelle, en bordure de la place de Brazzaville et du square Béla-Bartók. Elle prend place au cœur des immeubles de grande hauteur du Front de Seine, dans le quartier de Grenelle, dans le 15e arrondissement de Paris.

Usage[modifier | modifier le code]

La cheminée sert à évacuer les fumées de combustion rejetées par les brûleurs de la chaufferie attenante. Cette installation, exploitée par la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), produit de la vapeur distribuée dans des canalisations souterraines vers les immeubles du quartier, pour le chauffage central et l'eau chaude sanitaire.

Elle brûle du fioul à très très basse teneur en soufre (TTBTS). Sa capacité de production est de 590 tonnes de vapeur par heure. En temps normal, quatre chaudières sont exploitées sur les six disponibles. Les deux supplémentaires ne sont utilisées que par grand froid ou en cas d'indisponibilité d'autres sites de production de la CPCU (le site de production est intégralement connecté au réseau de distribution de la CPCU à Paris et en région parisienne).

En 2016, la chaufferie a subi des transformations afin de pouvoir fonctionner avec un biocombustible (le diester) qui remplace le fioul. La chaufferie a gagné entre 5 % et 8 % de rendement et les polluants ont baissé d'un facteur 10[1].

Hauteur[modifier | modifier le code]

Avec une hauteur de 130 mètres, la cheminée est la plus haute structure du quartier, dépassant de plus de 30 mètres les autres bâtiments. C'est la cinquième plus haute structure sur le territoire de la commune de Paris, après la tour Eiffel, la tour Montparnasse, le tribunal de Paris et l'hôtel Hyatt Regency Paris Étoile. Elle est plus haute que le deuxième étage de la tour Eiffel.

Cette hauteur est la hauteur minimale pour éviter que le vent ne rabatte les fumées sur les immeubles voisins, et ainsi limiter la pollution de l'air. Elle a été déterminée par des essais en soufflerie sur une maquette reproduisant les bâtiments voisins, en faisant varier la vitesse (en) et la direction du vent (en), ainsi que la vitesse de sortie des fumées[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

La cheminée fut conçue par le sculpteur François Stahly et construite entre 1970 et 1971.

Le choix, pour concevoir cette cheminée, d'un sculpteur plutôt qu'un architecte, est dû à la ferme opposition des autorités municipales à tout ce qui aurait pu ressembler à de l'architecture industrielle, au lancement du projet de construction de la chaufferie. Or la cheminée était impossible à dissimuler dans un immeuble et devait constituer un ouvrage isolé, si bien que l'architecte Bernard Zehrfuss a recommandé un sculpteur, Stahly, pour sa conception[3],[4]. Le but était qu'elle soit dessinée comme une œuvre d'art, pour en faire « un signal qui a sa place dans le paysage » plutôt qu'« une verrue »[5].

Initialement, la cheminée comportait à son sommet un convergent pour augmenter la vitesse de sortie des fumées, mais il a été jugé inesthétique. Pour le dissimuler, Stahly a dessiné un cache-convergent qui a été testé en soufflerie pour éviter les rabattements sur le fût de la cheminée[2].

La construction de la cheminée seule a coûté 4 millions de francs[5].

Une maquette de la cheminée a été présentée aux halles Baltard du au lors d'une exposition organisée par le Centre de création industrielle (CCI)[6],[7].

Description et critique[modifier | modifier le code]

Détail du sommet de la structure.
Détail du sommet de la structure.

La forme de la cheminée est épurée et elle est intégralement blanche, à l'exception d'évents purement esthétiques situés en haut de la structure. Son fût est en béton armé[8].

Le journaliste Christian Taillandier qualifie son profil de « nerveux et racé »[5]. D'autres lui trouvent une « esthétique générale qui rappelle vaguement celle de la colonne Vendôme »[9]. Dans son roman Les Patriarches, Anne Berest la décrit comme « épurée et blanche » et en fait une métaphore d'« un phare du front de Seine ».

Jardin aquatique[modifier | modifier le code]

La cheminée depuis le Novotel Tour Eiffel, avec le jardin aquatique à ses pieds.

La cheminée est accompagnée, sur le toit-terrasse de la chaufferie, d'un jardin aquatique conçu par Catherine Stahly-Mougin, la fille du sculpteur[3],[5].

Des infiltrations d'eaux stagnantes, dues à l'absence d'évacuation des eaux pluviales et à des défauts d'étanchéité des bassins, ont conduit à les vider en 1995, puis à rénover complètement les jardins[10].

Ornithologie[modifier | modifier le code]

Depuis l'automne 2011, un couple de faucons pèlerins s'est installé dans un nichoir situé au sommet de la cheminée. Ce nichoir avait été installé une quinzaine d'années auparavant, en [11], pour un couple de faucons crécerelles qui l'avait ensuite déserté.

C'est le premier couple de faucons pèlerins signalé à Paris depuis la fin du XIXe siècle, et depuis 1947 en région parisienne[12] (les dernières reproductions étant observées en boucle de Moisson, dans les Yvelines[13], et dans les rochers de Chantemesle, dans le Val-d'Oise[14]).

Le nid est sous surveillance constante d'une caméra[15] et trois petits sont nés d'une couvée au printemps 2013[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Plusieurs chaufferies parisiennes optent pour la biomasse pour polluer moins », France Inter, (consulté le ).
  2. a et b Aimé Visseq, « Utilisation des chaleurs perdues pour le chauffage urbain », dans Robert R. Ferber (dir.) et Richard A. Roxas (dir.), 9e Conférence mondiale de l'énergie, - : Compte-rendu, vol. 9 : Discussions des séances techniques, Détroit, Comité national des États-Unis de la conférence mondiale de l'énergie, , p. 478–481.
  3. a et b Christine Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical : Entre utopies et réalités, Antony, Le Moniteur, , 197 p. (ISBN 978-2-281-14209-9), p. 78 [lire en ligne].
  4. Mougin 2019.
  5. a b c et d Christian Taillandier, « La sculpture qui fume », L'Express, no 993,‎ , p. 57.
  6. « Série E : Extension d'activités culturelles », Répertoire des archives institutionnelles, Paris, Bibliothèque des Arts décoratifs, p. 32, « Annexe de la sous-série E3 : Liste chronologique des expositions organisées par le CCI entre 1969 et 1977 ».
  7. « Informations diverses », La Revue du Louvre et des musées de France, vol. 20, no 3,‎ , p. 194.
  8. Michel Douce, « La construction du fût en béton armé de la cheminée de Grenelle, à Paris », Expomat Actualités, no 23,‎ , p. 77–93.
  9. Pierre-Alain Brossault, Francois Breteau, Jean-Luc Dumesnil, Laure Schnieter et Isabelle Lopez, L'écologie à Paris, Paris, Abacus, , 286 p. (ISBN 2-910869-00-8), p. 11, citant Carrefour de France, .
  10. « La rénovation seventies du toit terrasse de Grenelle », CPCU.
  11. « Le Faucon pèlerin (enfin) nicheur à Paris », La Gazette d'ATENA 78, Association Terroir et Nature en Yvelines - ATENA 78, no 27,‎ , p. 22–23 (lire en ligne).
  12. Julie Lacaze (intervieweuse) et Emmanuel du Chérimont (interviewé), « Les faucons pèlerins font un retour sous haute surveillance à Paris », National Geographic.
  13. Grégoire LoÏs, Ce que les oiseaux ont à nous dire, Paris, Fayard, , 213 p. (ISBN 978-2-213-71190-4), rééd. le Livre de poche (no 35767), 2020, 153 p. (ISBN 978-2-253-10128-4), citant René-Jean Monneret, Le Faucon pèlerin, Maisons-Alfort, Point vétérinaire, , 124 p. (ISBN 2-86326-052-9).
  14. « Le retour du Faucon pèlerin en Île-de-France », Ligue pour la protection des oiseaux Île-de-France, citant Pierre Le Maréchal et Guilhem Lesaffre, Centre ornithologique d'Île-de-France (CORIF) (ill. Jean Chevallier), Les oiseaux d'Île-de-France : L'avifaune de Paris et de sa région, Lausanne et Paris, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 343 p. (ISBN 2-603-01177-4).
  15. « Suivi par caméra : Le Faucon pèlerin dans la capitale », Ligue pour la protection des oiseaux.
  16. Catherine Vincent, « Pigeons, aux abris ! Le faucon pèlerin revient à Paris », Le Monde, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]