Charles de Jurquet de la Salle

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Charles Jean Marie Joseph d'Anfreville de Jurquet de La Salle[1], usuellement Charles de la Salle, né le à Soulac-sur-Mer en Gironde et mort le au Kremlin-Bicêtre[2], est un résistant et pilote de chasse français [3],[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière dans l'armée de l'Air et Résistance[modifier | modifier le code]

Entré à Saint-Cyr en 1936, il en sort diplômé en 1938 et il est affecté au 121e Régiment d'infanterie le 19 septembre 1938 avec le grade de sous-lieutenant. Il admis dans l'Armée de l'air et affecté à l'école de Versailles le 17 août 1939[5]. Lieutenant dans l'Armée de l'air le 15 septembre 1940 et affecté au Groupe de Chasse I/8 dans l'armée de l'Air de Vichy. En , il est démobilisé et placé en congé d'armistice. Il intègre en mai 1943 un réseau de résistance intérieure dans la région de Toulouse et Montauban se spécialisant dans le renseignement sur les forces aériennes. Avec l'accord de son chef de réseau il décide en de quitter la France occupée et de gagner l'Afrique du Nord où l'armée de l'Air française a repris la lutte. Capturé et interné en Espagne, il s'évade et rejoint Casablanca.

Pilote du Normandie-Niémen[modifier | modifier le code]

Il se porte volontaire pour servir en URSS dans groupe de chasse Normandie-Niémen et rejoint Toula et le front de l'Est en . Il est affecté à la 4e, puis à la 2e escadrille[5].

Après avoir participé à plusieurs offensives sur les fronts russe, biélorusse, polonais et allemand, il totalise 5 victoires aériennes en 110 missions de guerre (2 individuelles, 2 en collaboration et 1 probable), il termine la guerre au grade de capitaine, chef de la troisième escadrille « Cherbourg ». Il participe au retour en triomphe sur la base du Bourget de l'ensemble des pilotes du « Normandie-Niémen »aux commandes de leurs Yak donnés par Staline[6].

Guerres de décolonisation et Guerre froide[modifier | modifier le code]

Nommé commandant le 24 mai 1946, il est affecté à la 3e escadre de Chasse et envoyé en Indochine où il reste deux ans, puis il est affecté au deuxième bureau de l'état-major de l'Armée de l'air en tant que chargé de mission auprès des autorités égyptiennes, avant de prendre le commandement de la base aérienne 157 d'El Aouina (Tunis) en 1955[5].

Il est ensuite affecté au Commandement de la Défense aérienne du Territoire, puis au Centre Interallié d'approche commune de Metz en 1956 avant d'intégrer le commandement OTAN de Ramstein où il travaille dans le cadre du Defensive Plan Branch. Il est promu colonel le 1er mars 1961, mais est victime d'un accident d'avion le 7 mars et ne réintègre ses fonctions qu'en octobre 1961. Il rejoint ensuite l'état-major des forces aériennes alliées Centre-Europe à Fontainebleau le 6 octobre 1963. Il est placé en congé définitif du personnel navigant le 21 août 1965[5].

Agent secret[modifier | modifier le code]

Charles de Jurquet de la Salle est mentionné parmi les « morts au service secret de la France » dans l'ouvrage de Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer Histoire politique des services secrets français[7] publié en 2012. Il y est fait mention de la « cause du décès : « Suicidé » par la Securitate ».

D'autres sources font état de circonstances différentes. En novembre 1969, le journaliste Jacques Derogy écrit : « le 8 août (...) le colonel Charles de Jurquet de La Salle d'Anfreville, 55 ans, (...) est tombé du 10e étage de la cité Truillot, à Ivry-sur-Seine. C'était pendant une perquisition. Il était depuis deux jours entendu par la D.S.T., en position de garde à vue. Pour voyages suspects en Roumanie et rapports, soupçonnés d'être devenus intelligences, avec des agents secrets de la Securitate de Bucarest[8] ». Les détails de cette affaire sont relatés dans les mémoires de Jean Rochet, directeur de la DST de 1967 à 1972, qui évoque Charles de La Salle sous le nom de colonel X[9]. En 1985, Roger Faligot et Pascal Krop écrivent que Charles de La Salle se suicide le 8 août 1969 « alors que la DST vient l'arrêter pour appartenance à un réseau d'espionnage roumain[10] ». En 1996, Nathaniel Herzberg et Eric Inciyan évoquent, dans un article du quotidien Le Monde consacré au réseau d'espionnage de Mihai Caraman, le chef des services secrets roumains en France de 1958 à 1969, « un colonel à la retraite, ancien de l'escadrille Normandie-Niemen pendant la seconde guerre mondiale, particulièrement bien introduit dans les milieux de l'industrie d'armement » qui « se suicidera en sautant par la fenêtre de son domicile[11] ». Cette version est reprise dans un ouvrage de David Wise, qui cite un entretien avec Marcel Chalet l’ancien chef de la DST : « le colonel Charles de Jurquet d’Anfreville de La Salle était un agent des services secrets roumains et du GRU, […] arrêté en août 1969, il demanda à retourner dans son appartement pour chercher un dossier et deux officiers de la DST l’accompagnaient. […] Il demanda à boire un verre d’eau et quitta la pièce une minute et sauta par la fenêtre de la cuisine, atterrissant sur la voiture de la DST. La mort du commandant de La Salle fut considérée comme un suicide[4] ».

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est marié à Ghislaine, née de Bardies-Montfa, chevalier de la Légion d'honneur en tant que résistante[12].

Distinction[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Collectif, « Charles d'Anfreville de Jurquet de La Salle », sur Roglo (consulté le )
  2. Base Léonore
  3. « Un pilote du Normandie-Niémen enterré à Engomer », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  4. a et b (en) David Wise, Molehunt : The Secret Search for Traitors That Shattered the CIA, Random House Inc, , 325 p. (ISBN 978-0394585147), p. 109-111
  5. a b c et d Yves Donjon, Ceux du Normandie-Niémen. De septembre 1942 à juin 1945 ed. Astore, 2002, 223 p., p 92-93 2 84583 056 4, Les Andelys, Musée Normandie-Niémen, Astore, , 223 p. (ISBN 2 84583 056 4), p. 92-93
  6. « d ANFREVILLE DE JURQUET de la SALLE - Normandie Niemen », sur www.cieldegloire.com (consulté le )
  7. Roger Faligot Jean Guisnel Rémi Kauffer, histoire politique des services secrets français, La Découverte, (ISBN 9782707177711)
  8. Jacques Derogy, « Espionnage : l'engrenage roumain », L'Express,‎ (lire en ligne)
  9. Jean Rochet, Cinq ans à la tête de la DST 1967-1972 : La mission impossible, Paris, Plon, , 340 p. (ISBN 2-259-01271-X), Le réseau roumain
  10. Roger Faligot et Pascal Krop, La piscine : les services secrets français 1944-1984, Éditions du Seuil, coll. « L'Épreuve des faits », , 431 p. (ISBN 2-02-008743-X), p. 103
  11. Nathaniel Herzberg et Eric Inciyan, « Charles Hernu a été dénoncé par un responsable des « services » roumains », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Union des Gaullistes de France (UGF), « Promotion de la Légion d'Honneur 2010: Ancien Combattants et Déportés », sur Union des Gaullistes de France (UGF) (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]