Charles Mangold

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Charles Mangold, né le à Ostwald (Basse-Alsace annexée, Bas-Rhin), fonctionnaire et résistant français, est fusillé le (à 52 ans) à Périgueux (Dordogne).

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille d'artisans du cuir, Charles Louis Mangold effectue la plus grande partie de sa scolarité sous régime allemand au collège catholique Saint-Joseph de Matzenheim (Bas-Rhin). En 1914, âgé de vingt-trois ans, fidèle à la France et profondément patriote, il ne répond pas à l'ordre de mobilisation des autorités militaires impériales allemandes et, réfugié à Nancy, se porte volontaire dans les rangs de l'armée française.

Soldat de l’armée française (1914-1918)[modifier | modifier le code]

Admis à la Légion étrangère, l'armée française n'intégrant pas les sujets allemands, il rejoint le régiment de marche d'Algérie (RMA). Envoyé dans les Dardanelles dès 1915, il prend part à la bataille de Gallipoli. Il est versé en 1917 au 3e régiment de marche de zouaves en Algérie, à Constantine, puis à Sidi Bel Abbès. Transféré ensuite à Verdun, il y reste jusqu'à la fin de la guerre. Il est blessé à cinq reprises sur les champs de bataille.

Vie professionnelle et vie privée entre les deux guerres (1919-1940)[modifier | modifier le code]

Après le retour de l'Alsace à la France, il épouse dès son retour à Strasbourg en 1919, Anne Schweitzer.

Entré la même année au ministère des Affaires étrangères, il est détaché à l'Office de vérification et de compensation (plus tard Office des biens et intérêts privés]), organisme dépendant de la commission des réparations mise en place par le traité de Versailles et en devient le chef de section de Strasbourg.

Il rencontre en 1923 Yvonne Seret, secrétaire aux pétroles de Pechelbronn, qui devient sa compagne et lui donne un fils en 1924, Jean-Paul Seret-Mangold. Il ne divorce pas d'Anne Schweitzer.

Membre actif de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), il milite à la section de Strasbourg. Il est un proche de Marcel-Edmond Naegelen[1]. Excellent connaisseur de l'Allemagne, conscient, tout au long des années 1930, de l'extrême danger nazi, il fait partie au sein de la SFIO des adversaires de la ligne pacifiste.

Lors de la déclaration de guerre en , son administration quitte Strasbourg et s'installe en Dordogne, à Périgueux. Resté pendant cette même période en poste à Colmar, il rejoint définitivement Périgueux en dès la défaite de la France consommée.

Le résistant. Vie et mort (1941-1944)[modifier | modifier le code]

Charles Mangold est en 1941 l'un des fondateurs à Périgueux du Groupement d'entraide des réfugiés d'Alsace et de Lorraine (GERAL).

Il est vite intimement convaincu de la nécessité d'organiser la résistance à l'envahisseur nazi. En lien avec l'implantation du mouvement Combat en Dordogne en , juste un mois avant l'invasion par les troupes allemandes de la Zone sud en novembre, il entre officiellement dans la Résistance sous le pseudonyme de « Vernois », en rejoignant le groupe Roland, dépendant de l'Armée secrète (AS). Il devient le chef de l'AS de Périgueux (janvier à ), puis chef de l'AS de Dordogne-Centre (un très vaste territoire) de à . Repéré par les services nazis, il entre avec son fils en clandestinité, dans le corps franc Roland, bras armé du groupe du même nom, dont il est l'inspirateur et le principal responsable.

Résistant au grand charisme, dont l'autorité et la compétence sont unanimement reconnues, tombe une semaine avant la libération de Périgueux. Il est arrêté sur une dénonciation aujourd'hui encore anonyme, le , alors qu'il circule à vélo sur la route entre Bordeaux et Périgueux. Il est identifié malgré ses faux papiers au nom de Brossard. Interrogé, longuement torturé, il tente de se suicider dans sa cellule afin d'être sûr de ne pas parler.

Charles Mangold est finalement fusillé le en compagnie de vingt-deux autres résistants dans l'enceinte de la caserne du 3e régiment d'artillerie à Périgueux. Son corps est ensuite jeté dans une fosse commune, et récupéré par la famille quelques jours après le départ définitif des Allemands de Périgueux le suivant. Il avait été promu au grade de commandant des Forces françaises de l'intérieur (FFI) le précédent.

Mémoire de Charles Mangold[modifier | modifier le code]

Le cercueil de Charles Mangold reste pendant dix ans au cimetière Saint-Georges de Périgueux. Il est transféré en au cimetière Saint-Urbain de Strasbourg.

Entre 1944 et 1954, plusieurs articles d'importance traitant des années de la Résistance en Périgord évoquent l'action de Charles Mangold dans la presse régionale (Sud-Ouest, L'Écho du Centre).

En Dordogne, la ville de Périgueux et la commune de Vergt ont donné le nom de Charles Mangold à une rue et à une place.

En Alsace, à Ostwald, une place porte son nom ainsi qu'une station Vernois-Mangold de la ligne de bus n° 2 Pont du Rhin-Campus d'Illkirch dans la traversée de la commune.

Le , un concert est donné à la mémoire de Charles Mangold à la Maison Française à Washington, sous l'égide de l'ambassade de France. La lecture d'un émouvant texte poétique et l'interprétation du Quatuor pour la fin du Temps d'Olivier Messiaen rendent hommage à Charles Mangold, Héros de la Résistance française 1891-1944.

Par délibération du , le conseil municipal de Strasbourg a décidé de faire de la tombe de Charles Mangold, une tombe d'honneur de la Ville pour ses hauts faits de guerre en tant que chef de l'Armée secrète en Dordogne[2].

Enfin, le Souvenir français de Strasbourg-Ville a pris la décision en 2014, à l'occasion du 70e anniversaire de son assassinat par les nazis, d'honorer sa mémoire chaque année le par un dépôt de gerbe sur sa tombe au cimetière Saint-Urbain.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sur Marcel-Edmond Naegelen, important dirigeant de la SFIO, résistant au mouvement Combat, député, ministre, gouverneur général de l'Algérie, voir « Marcel-Edmond Naegelen », ainsi que l'article très détaillé rédigé par Léon Strauss dans le Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 28, pp. 2796-2798, sous les lettres Na/Or, édité en 1996 à Strasbourg par la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace.
  2. Délibération au Conseil Municipal du lundi 24 octobre 2011.
  3. Charles Mangold est décoré de la médaille militaire le 14 juillet 1937 place de la République à Strasbourg des mains mêmes du général Frère, gouverneur militaire de la ville. Ce dernier est l'un des fondateurs de l'Organisation de résistance de l'armée (ORA). Déporté, celui-ci meurt le 13 juin 1944 en Alsace, au camp de concentration de Natzweiler-Struthof.
  4. « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )


Voir Aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article ouvrage ayant servi à la rédaction de cet article

  • Archives privées des familles Jean-Paul Seret-Mangold, Claudette Hauswirth. ONAC de Dordogne à Périgueux
  • La Voix socialiste, Périgueux,
  • La Presse libre, Strasbourg, 3 et
  • Sylvain Le Bail, Mojzesz Goldman dit « Mireille », Premier chef départemental du maquis A.S. Dordogne 1943. Éditions le Chêne Vert, 2001, Bergerac
  • Jacques Lagrange, Dictionnaire de la Résistance. Dordogne, Périgueux, 2007, pp. 134–135
  • Richard Seiler, Charles Mangold, Chef de l'Armée secrète en Périgord, L'Harmattan, Paris, 2014. (ISBN 978-2-343-03951-0) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • « Charles Mangold au nom d'un certain idéal », Dernières Nouvelles d'Alsace,‎ , p. 33
  • Richard Seiler, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Charles Mangold », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pédagogique
  • Catherine Schunck et François Schunck (préf. Catherine Trautmann), « Charles Mangold », dans Strasbourg, Périgueux: villes sœurs, Éditions Secrets de pays, coll. « Collection Histoire & mémoires », , 255 p. (ISBN 978-2-9560781-3-5), p. 142-144

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]