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Cathédrale Notre-Dame de Fribourg

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Cathédrale
Notre-Dame de Fribourg
Image illustrative de l’article Cathédrale Notre-Dame de Fribourg
Cathédrale de Fribourg-en-Brisgau.
Présentation
Nom local Freiburger Münster
Culte Catholicisme
Début de la construction 1120
Style dominant Architecture gothique
Site web www.freiburgermuenster.info
Géographie
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Région Bade-Wurtemberg
Ville Fribourg-en-Brisgau
Coordonnées 47° 59′ 44″ nord, 7° 51′ 08″ est

Carte

La cathédrale Notre-Dame (en allemand : Freiburger Münster) est la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, dans le Land de Bade-Wurtemberg en Allemagne. Elle a été construite en trois étapes. La première débuta en 1120 sous le règne du duc Conrad de Zähringen, la seconde en 1210, et la troisième en 1230. La célèbre tour, quant à elle, avec sa remarquable flèche ajourée, date du début du XIVe siècle. L'église devint le siège de l'archidiocèse de Fribourg-en-Brisgau en 1827.

Architecture[modifier | modifier le code]

Vue éloignée de la flèche.

L’historien suisse Jacob Burckhardt est souvent cité pour avoir dit que la tour de l’église de 116 m de haut est la plus belle de toutes les tours de l’architecture chrétienne.

La tour est presque carrée à sa base, se prolonge en son centre par une section à douze côtés, par-dessus cette section, la tour devient octogonale et en forme de fuseau, et au-dessus de cela, se prolonge par une flèche.

Elle constitue la seule église gothique allemande dont la tour a été achevée au Moyen Âge (1330), et a miraculeusement été préservée jusqu’alors, survivant aux bombardements de l'Opération Tigerfish de , qui détruisirent beaucoup des maisons environnantes. Au cours du bombardement, la tour devait résister à de lourdes vibrations, sa survie à ces vibrations est attribuée à son ancrage principal qui relie les sections de la flèche. Les vitraux avaient à l’époque été enlevés de la flèche et de ce fait ne subirent aucun dommage.

Avant 1827, la cathédrale était une simple église paroissiale. C'est pourquoi, contrairement aux autres cathédrales gothiques, la cathédrale de Fribourg n'a qu'une seule tour, seules les églises étant siège épiscopal ayant habituellement deux tours en Allemagne.

Depuis peu, on sait que l'architecte auteur du plan de la tour est Erwin von Steinbach, déjà réputé pour être le concepteur de la façade de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.

Le côté arrière de la cathédrale n'a jamais été entièrement fini ; il contient simplement le strict minimum : aucune statue ni gargouille ne sont présentes.

Gargouille à figure humaine montrant ses fesses.

Une des gargouilles du côté sud représente une figure nue, humaine, aux longs cheveux, qui montre ses fesses dénudées, d'où l'eau s'écoule. Elle aurait été sculptée par un artisan mécontent de son salaire et du retard de son paiement[1].

Intérieur[modifier | modifier le code]

L'un des autels de la cathédrale, réalisé par Hans Baldung vers 1512-1516.

La cathédrale comprend deux autels principaux : le grand autel de Hans Baldung, et un autre autel de Hans Holbein le Jeune dans une chapelle latérale.

Les vitraux sont des dons de guildes, et comprennent des symboles les représentant. La couleur profondément rouge de certains des vitraux n'est pas la conséquence d'un colorant, mais plutôt le résultat de la suspension de nano-particules d'or[2]. Ils représentent les différents corps de métier.

En 2003, la tenture de Carême a été restaurée et remise en place avec un nouveau matériel de suspension. Elle pèse désormais plus d'une tonne et doit être déplacée de l'atelier avec de lourds appareillages pour son utilisation pendant le Carême.

Le clocher renferme une horloge monumentale de Jean-Baptiste Schwilgué datant de 1851.

Les cloches[modifier | modifier le code]

Les cloches de la cathédrale en 2007.

Le beffroi de la cathédrale contient un ensemble impressionnant de dix-neuf cloches, c'est l'un des plus grands campanaires d'Allemagne, et également l'un des plus harmonieux. La plus ancienne cloche encore en place est la vénérable « Hosanna » datant de 1258, sonnant en mi bémol 3 et pesant 3 290 kg. Cette cloche peut être entendue le jeudi soir après l’Angélus, le vendredi à 11 heures pour commémorer la Crucifixion (ce qui valut à la cloche le surnom de Spätzleglocke, les Fribourgeoises préparant traditionnellement les pâtes à cette heure-là), le samedi soir, et chaque année le , en souvenir du raid aérien sur la ville.

Les débuts de l'histoire des cloches de la cathédrale sont obscurs. Cependant, grâce à des circonstances historiques favorables, l'évolution des cloches au cours des 750 dernières années peut être retracée presque entièrement.

La cathédrale de Fribourg conserva pendant six siècles, un certain nombre de cloches anciennes, jusque dans les années 1840 où un important travail de refonte du carillon eût été entrepris, en l'honneur de l'élévation du diocèse de Fribourg, en archidiocèse, le 16 août 1827. Le Chapitre métropolitain fribourgeois décida d'enlever sept anciennes cloches pour en doter de huit nouvelles, et grâce à la générosité de donateurs, on pût en ajouter deux supplémentaires. Les dix nouvelles eurent été fondues par Carl Rosenlächer à Constance, entre 1841 et 1843. Elles sonnèrent en si2, ré3, fa3, fa#3, la3, si3, do#4, ré4, fa4 et si4, à partir duquel, conformément au goût de l'époque, seuls des motifs harmonieux partiels étaient entendus. De l'inventaire précédent subsistent la cloche doyenne Hosanna, datant de 1258, la cloche en argent du XIIIe siècle et la petite cloche sonnant les vêpres qui date de 1606. Malheureusement, le campanaire de Rosenlächer ne subsista que peu de temps, dès 1866, la plus petite se fêla et fut refondue par Johann Baptist Koch, à Fribourg. Ensuite la Première Guerre mondiale en réquisitionna cinq (les quatre plus petites et le bourdon) pour les fondre et utiliser leur bronze afin de fabriquer des armes. En 1927, l'entreprise Grüninger de Villingen fit retrouver à Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau, ses quatre petites cordes de sa voix mélodieuse, mais ces dernières ne purent être livrées avant 1942. En 1947, c'est la plus petite cloche de la cathédrale qui revient des entrepôts de Hambourg, celle-ci se fêle l'année suivante et n'a été réparée puis réinstallée qu'en 2008. L'ancien bourdon sonnant en sol 2 fut un don de la Suisse en 1950, certainement à l'occasion de la proclamation du dogme de l'Assomption de la très-sainte Vierge Marie, patronne de la cathédrale, par le pape Pie XII.

En 1959, l'archevêque Hermann Schäufele et le chapitre métropolitain, ralliés aux conseils des experts en cloches Rolli et du professeur Stemmer décident que le carillon soit complètement remplacé, par un nouveau, à l'exception d'Hosanna, de la cloche de vêpres et de la cloche d'argent. Ainsi, le vendredi (vendredi dans la dix-huitième semaine après la Pentecôte), ce sont quinze toutes nouvelles cloches fabriquées en trois moulages puis fondues par le maître-fondeur bavarois réputé Friedrich Wilhelm Schilling à Heidelberg, le nouveau carillon a été béni et consacré par l'archevêque, le jour de la Saint-Luc, le 18 octobre 1959. Élégantes, les nouvelles cloches forment une impressionnante gamme musicale s'étendant sur deux octaves et demi. Celui-ci est l'un des premiers à avoir été fondu dans la technique des profils ultra-lourds : plus la cloche est lourde et épaisse selon la note désirée, plus le son est volumineux, moelleux et agréable à l'oreille. Il forme un groupe mineur qui s'étend sur deux octaves et demie. Les cloches plus petites peuvent également avoir un bon son car elles sont plus lourdes que la cloche de base. Les carillons de la cathédrale furent parmi les premiers en Allemagne à utiliser cette progression des nervures. La plus grande sonne en sol2 et pèse 6 856 kg et la plus petite, sonnant en ré5, pèse 79 kg.

En 2008, deux vieilles cloches jusqu'alors hors d'usage ont été réinstallées dans le beffroi, portant à dix-huit les cloches se trouvant dans la tour. Une dix-neuvième cloche (la4), destinée à sonner les baptêmes, est installée dans le clocheton dressé au-dessus du croisillon sud du transept. Dans le cadre de la rénovation de la flèche, du clocher et de la salle du gardien de la tour, réalisée entre 2012 et 2018, toutes les cloches ont été équipées d'un nouveau jeu de battants fabriqué selon les critères ProBell®. Les carillons sonnent désormais très bien équilibrés et clairement définis. Une attention particulière a été accordée à la meilleure protection possible des cloches historiques et à la coordination minutieuse des interactions dynamiques entre le tintement des cloches et la structure de la tour[3].

Dédicataire Note Diamètre (en centimètres) Poids (en kilos) Fonte
1 Le Sauveur Jésus-Christ sol 2 213,3 6 856 Frédéric-Guillaume Schilling, en 1959
2 Saint-Pierre Apôtre si 2 177,4 3 917
3 Saint-Paul Apôtre do 3 156,6 2 644
4 La Vierge Marie ré 3 149 2 290
5 Saint-Joseph fa 3 124,2 1 354
6 Saint-Nicolas de Flüe sol 3 109,5 958
7 Saint-Jean Apôtre la 3 108,1 913
8 Saint-Jacques Apôtre si 3 102,2 803
9 Saint-Conrad do 4 90,3 560
10 Saint-Bernard de Bade ré 4 79,8 381
11 Lambert et Alexandre fa 4 67 212
12 Saint-Michel Archange sol 4 59,4 150
13 Les Anges gardiens la 4 57,5 149
14 Sainte-Odile do 5 50,5 112
15 Magnificat ré 5 45,6 79

Cloches historiques[modifier | modifier le code]

Nom Note Diamètre (en centimètres) Poids (en kilos) Année et fondeur
1 Hosanna mi bémol 3 entre 160,7 et 161,4 3 290 1258, le fondeur est inconnu
2 Cloche des baptêmes la 4 environ 55 environ 95 XIIIe / XIVe siècle
3 Cloche des Vêpres si 4 51 81 1606, Hans-Ulrich Bintzlin
4 Petite cloche en argent fa 5 35,2 32 XIIIe / XIVe siècle

Les orgues[modifier | modifier le code]

Synagoga aux yeux bandés et à la lance brisée.

La cathédrale possède également un ensemble imposant de quatre orgues, totalisant pas moins de 144 jeux, répartis sur quatre claviers et un pédalier. C'est donc l'un des plus grands orgues d'église du monde.

L'orgue principal, appelé « Marienorgel » ou orgue de la Vierge Marie, se trouve dans le bas-côté nord, date de 1965 et comprend 62 registres. L'orgue de la nef principale, installée en « nid d'hirondelle », date également de 1965 et comprend 21 registres. L'orgue Saint-Michel ou Michaelsorgel, installé sur la tribune, a été reconstruit en 2008 et comporte 36 registres. Enfin, l'orgue de chœur date de 1990 et comprend 25 jeux. Les quatre orgues peuvent être jouées séparément ou toutes ensemble à partir d'une unique console.

L'organiste anglo-américain E. Power Biggs a réalisé dans les années 1960 des enregistrements spectaculaires de grandes œuvres de Bach en utilisant les quatre orgues simultanément.

Situation légale[modifier | modifier le code]

À l'époque de la construction, la cathédrale n'était pas la propriété de l'Église, mais celle des citoyens de Fribourg. Au Moyen Âge, la situation se modifia de sorte que le bâtiment devint son propre propriétaire et il fut administré par un curateur désigné par la population de la ville. Plus récemment, on créa l'association Münsterbauverein qui désormais possède la cathédrale.

Conservation[modifier | modifier le code]

Pour la conservation de la cathédrale, la Freiburger Münsterbauverein (Association fribourgeoise pour la construction de la cathédrale) a été fondée. Chaque année, cette association investit plusieurs millions d'euros dans le soin et la maintenance du bâtiment et de son intérieur. L'architecte actuellement en charge est Yvonne Faller et la présidence de l'association est tenue par Sven von Ungern-Sternberg. Pendant toute l'année, 16 personnes sont payées pour entretenir et maintenir la conservation de la cathédrale.

Représentations picturales[modifier | modifier le code]

L'une de ses rosaces a inspiré le peintre Odilon Redon pour son tableau Le Vitrail, peint vers 1907[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Münsterbauhütte (Atelier de restauration de la cathédrale) », sur visit.freiburg.de/ (consulté le ).
  2. Nanoparticles - Minute Particles with a Huge Effect
  3. (de) « Die Glocken », sur Münsterfabrikfonds (consulté le )
  4. P. Pinchon, Odilon Redon, Le vitrail, L'Objet d'art, Hors série n° 77, avril 2014, p.  48-49

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Heck, « Le portail à l'agneau de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau », dans Cahiers alsaciens d'archéologie, d'art et d'histoire, 1989, tome 32, « Mélanges offerts à Robert Will », p. 165-176 (lire en ligne)
  • Heike Mittmann, La Cathédrale de Fribourg en Brisgau, Lindenberg im Allgäu, Kunstverlag Josef Fink, 3e édition 2016, (ISBN 978-3-89870-951-4).
  • Association de l'Œuvre Notre-Dame (Dir.) : Yvonne Faller, Heike Mittmann, Stephanie Zumbrink, Wolfgang Stopfel, Das Freiburger Münster, Schnell und Steiner, Regensburg, 2011, (ISBN 978-3-7954-1685-0).
  • (de) Peter Kalchthaler, Guido Linke, Mirja Straub (dir.), Baustelle Gotik. Das Freiburger Münster, Catalogue de l'exposition au sein des musées de la ville du au , Michael Imhof éditions, 2014 (ISBN 978-3-86568-880-4).
  • Thomas Flum, « Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. La chute des anges et le Genèse au portail nord du chœur », dans Bulletin monumental, 2019, tome 177, no 2, p. 123-138, (ISBN 978-2-901837-78-7)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]