Article, nom, adjectif qualificatif et adjectif numéral en roumain

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Cet article traite des articles, du nom, de l'adjectif qualificatif et de l'adjectif numéral roumains du point de vue morphologique et, succinctement, des fonctions syntaxiques des formes casuelles des noms.

Du point de vue de la typologie morphologique des langues, le roumain est une langue flexionnelle dans une plus grande mesure que les autres langues romanes, c'est-à-dire qu'il exprime les traits morphologiques par des désinences et par des alternances vocaliques et/ou consonantiques, un seul morphème exprimant souvent plusieurs traits. Comme pour les autres langues romanes, le nom et l'adjectif se caractérisent par des traits tels le nombre et le genre. Quant à ce dernier, le spécifique du roumain parmi les langues romanes est de distinguer, à côté du masculin et du féminin, un genre neutre, dans le sens qu'il y a un grand nombre de noms qui sont masculins au singulier et féminins au pluriel. Une autre de ses spécificités est d'avoir gardé des éléments de déclinaison.

Les articles

Les articles pris en compte par les grammaires du roumain sont l'article indéfini, l'article défini (propres aux autres langues romanes aussi) et deux autres, l'article possessif et l'article démonstratif.

L'article indéfini

Comme dans les autres langues romanes, cet article provient de l'adjectif numéral latin unus, una. Formes :

  • masculin et neutre singulier : un om masc. ’un homme’, un scaun neutre ’une chaise’ ;
  • féminin singulier : o femeie ’une femme’.

Au pluriel, au nominatif et à l'accusatif, l'article indéfini est le mot invariable niște (< latin nescio quid ’je ne sais pas quoi’) pour les trois genres. Son sens est proche de ’quelques’ : Am văzut niște oameni ’J'ai vu des gens’. Son emploi n'est pas obligatoire. En fait, le caractère indéterminé du nom au pluriel est exprimé plutôt par l'absence d'article : Fabrica produce scaune ’L'usine produit des chaises’. Cet article peut être utilisé, toujours de façon facultative, avec des noms au singulier. Dans ce cas il a une fonction semblable à celui de l'article partitif français : Am băut (niște) bere, dar nu multă ’J'ai bu de la bière mais pas beaucoup’.

L'article indéfini se décline (voir plus loin Déclinaison du nom et de l'adjectif).

L'article défini

Le latin n'avait pas d'article défini mais les langues romanes en ont créé un à partir du pronom démonstratif ille, illa. La particularité du roumain est que cet article est le plus souvent enclitique, c'est-à-dire attaché à la fin du nom et écrit en un mot avec celui-ci, comme dans trois autres langues des Balkans, le bulgare, le macédonien et l'albanais (voir Union linguistique balkanique). Les articles définis roumains sont les suivants :

  • -l, précédé de la voyelle de liaison -u-, pour les noms masculins et neutres singuliers terminés en consonne : băiatul masc. ’le garçon’, camionul neutre ’le camion’ ;
  • -le, pour les masculins et les neutres singuliers en voyelle : fratele masc. ’le frère’, numele neutre ’le nom’ ;
  • -a :
    • pour les féminins singuliers en , que l'article remplace : casăcasa ’la maison’ ;
    • pour les féminins singuliers en -a, avec la semi-voyelle de liaison -u /w/ : steaua ’l'étoile’ ;
  • -i, pour les masculins pluriels : frații ’les frères’ ;
  • -le, pour les féminins et les neutres pluriels : stelele fém. ’les étoiles’, lucrurile neutre ’les choses’.

Dans le cas des nominaux munis de l'article défini, c'est en fait celui-ci qui se décline (voir plus loin Déclinaison du nom et de l'adjectif).

L'article possessif

C'est un article qui donne au nom un caractère défini mais il a d'autres fonctions aussi :

  • Utilisé avec un nom au génitif, il se réfère à l'objet possédé, s'accordant avec celui-ci. Exemples :
    • masculin/neutre singulier : Câinele este al domnului ’Le chien est au monsieur’
    • féminin singulier : Mașina este a domnului ’La voiture est au monsieur’
    • masculin pluriel : Pantofii sunt ai domnului ’Les chaussures sont au monsieur’
    • féminin/neutre pluriel : Florile sunt ale domnului ’Les fleurs sont au monsieur’
  • Avec les adjectifs possessifs, il forme les pronoms possessifs : al meu ’le mien’, a ta ’la tienne’, ai săi ’les siens’, ale noastre ’les nôtres’ fém.

L'article démonstratif

Les formes de cet article proviennent des pronoms démonstratifs d'éloignement (voir plus loin) : cel (m./n. sg.), cea (f. sg.), cei (m. pl.), cele (f./n. pl.), au génitif/datif celui (m./n. sg.), celei (f. sg.), celor (pl.).

À côté d'une fonction semblable à celle de l'article défini, ce pronom a d'autres fonctions également :

  • Il participe au syntagme nom + épithète ou complément du nom. Le syntagme peut en général s'en passer, mais avec cet article on insiste sur le deuxième terme : prosopul cel mic ’la petite serviette-éponge’.
  • Il sert à former le superlatif relatif : prietena cea mai bună ou cea mai bună prietenă ’la meilleure amie’, cel mai bine ’le mieux’.
  • Il sert à substantiver l'adjectif : cei leneși ’les paresseux’ (synonyme syntaxique leneșii, avec l'article défini).
  • Il sert à substantiver l'adjectif numéral : Cele trei de acolo sunt surori ’Les trois là-bas sont sœurs’.

Le nom et l'adjectif qualificatif

Genre des noms et des adjectifs

En roumain, les noms peuvent être masculins (m.), féminins (f.) ou neutres (n.). C'est la seule langue romane où le nom peut être neutre, mais non pas sous la forme qui est propre au latin. En fait, les neutres sont masculins au singulier et féminins au pluriel. L'adjectif s'accorde avec le nom seulement au masculin ou au féminin.

Sont en général du genre masculin les noms désignant les personnes de sexe masculin, les animaux mâles, les occupations traditionnellement masculines, les mois, la plupart des montagnes, des arbres, les unités monétaires, les lettres de l'alphabet. Les féminins nomment les personnes de sexe féminin, les occupations « féminines », les jours, les saisons, les fruits, la plupart des fleurs et des pays, ainsi que les continents. Sont en général neutres les noms de choses et de matières.

Malgré de nombreuses exceptions, il y a des terminaisons spécifiques au genres :

  • – en général féminine : mamă ’mère’ ;
  • -e atone – masculine ou féminine : frate m. ’frère’, parte f. ’partie’ ;
  • -i semi-vocalique – le plus souvent masculine ou neutre : tei m. ’tilleul’, croi n. ’coupe’ (de vêtement) ;
  • -o atone – assez rare, dans des emprunts, en général neutre : radio, cacao ;
  • -u vocalique atone – masculine ou neutre : ministru m. ’ministre’, lucru n. ’chose’ ;
  • -u semi-vocalique – masculine ou neutre : leu m. ’lion’, tablou n. ’tableau’ ;
  • consonne – masculine ou neutre : sac m. ’sac’, sat n. ’village’ ;
  • -chi /kʲ/[1], -ghi /gʲ/ – masculine ou neutre : unchi m. ’oncle’, unghi n. ’angle’.

Pluriel des noms et des adjectifs

Le système de l'expression du pluriel des noms et des adjectifs est assez compliqué en roumain. Il y a plusieurs désinences de pluriel, en fonction du genre et de la terminaison au singulier. Tantôt la marque du pluriel est ajoutée à la forme de singulier, tantôt elle remplace la terminaison du mot au singulier :

Genre Marque du pluriel Terminaison du singulier Exemple
Masculin -i semi-vocalique à peine perceptible consonne pompomi ’arbre(s) fruitier(s)’
-e frate marefrați mari ’grand(s) frère(s)’
-u semi-vocalique fiu grijuliufii grijulii ’fils attentionné(s)’
-i semi-vocalique -i semi-vocalique ochi gălbuiochi gălbui ’œil(yeux) jaunâtre(s)’
-i vocalique -u vocalique arbitru ilustruarbitri iluștri ’arbitre(s) illustre(s)’
Féminin -e casă frumoasăcase frumoase ’belle(s) maison(s)’
-i semi-vocalique à peine perceptible poartăporți ’portail(s)’
-e carte vechecărți vechi ’livre(s) ancien(s)’
-le -a tonique steastele ’étoile(s)’
-uri ceartăcerturi ’querelle(s)’
-e mătasemătăsuri ’soie(s)’
-e après i semi-vocalique femeiefemei ’femme(s)’
albăstruiealbăstrui (identique au m. pl.) ’bleuâtre(s)’
Neutre -e consonne ziarziare ’journal(aux)’
-u vocalique termometrutermometre ’termomètre(s)’
-u semi-vocalique liceulicee ’lycée(s)’
-uri consonne loclocuri ’lieu(x)’
-i semi-vocalique à peine perceptible après i vocalique -u vocalique après i semi-vocalique acvariuacvarii ’aquarium(s)’

Le passage au pluriel amène de nombreuses alternances vocaliques et/ou consonantiques.

Alternances vocaliques :

  • aă : gagări ’gare(s)’
  • ăe : mărmeri ’pommier(s)’
  • âi : cuvântcuvinte ’mot(s)’
  • eae : fereastrăferestre ’fenêtre(s)’
  • iaie : piatrăpietre ’pierre(s)’
  • ooa : covorcovoare ’tapis’
  • oao : moalemoi ’mou(s)/molle(s)’

Alternances consonantiques :

  • c /k/ – ce /t͡ʃe/ : acace ’aiguille(s)’
  • c /k/ – ci /t͡ʃʲ/ : micmici ’petit(s)’
  • dz : bradbrazi ’sapin(s)’
  • g /g/ – ge /d͡ʒe/ : colecolege ’collègue(s)’ f.
  • g /g/ –gi /d͡ʒʲ/ : lunglungi ’long(s)’
  • li /j/ : mititelmititei ’tout petit(s)’
  • sș : frumosfrumoși ’beau(x)’
  • scșt : cascăști ’casque(s)’
  • stșt : turistturiști ’touriste(s)’
  • tț : studentstudenți ’étudiant(s)’
  • x : mixtmiti ’mixte(s)’ m.
  • zj : dârzdârji ’acharné(s)’

Alternances vocaliques et consonantiques :

  • aă + c /k/ – ci /t͡ʃʲ/ : barcăbărci ’barque(s)’
  • aă + dz : stradăstrăzi ’rue(s)’
  • eae + dz : cireadăcirezi ’troupeau(x)’ (de bovins)
  • iaie + tț : iatieți ’garçon(s)’
  • oao + tț : soartăsorți ’sort(s)’

Déclinaison des noms et des adjectifs

À la différence des autres langues romanes, le roumain a partiellement gardé la déclinaison des noms et des adjectifs. On distingue, d'un côté, la déclinaison avec article défini et, de l'autre, la déclinaison avec article indéfini ou adjectif préposé (démonstratif, indéfini, parfois qualificatif). Il y a cinq cas, avec des formes spécifiques pour le masculin et le féminin. Les neutres se déclinent comme les masculins au singulier et comme les féminins au pluriel.

Le nominatif est principalement le cas du sujet. Son morphème est ∅, c'est-à-dire qu'il n'est marqué par aucune désinence : casa frumoasă ’la belle maison’.

Le génitif est tout d'abord le cas du complément du nom exprimant le possesseur : ușa casei frumoase ’la porte de la belle maison’, ușa unei case frumoase ’la porte d'une belle maison’. Ce complément est directement précédé ou bien par l'objet possédé, ou bien par l'article possessif qui se réfère à l'objet possédé : Ușa camerei este mai mică decât a casei ’La porte de la chambre est plus petite que celle de la maison’. Le génitif est aussi régi par certaines prépositions et locutions prépositionnelles : împotriva dușmanilor ’contre les ennemis’, în afara casei ’à l'extérieur de la maison’.

Ce cas a deux désinences au singulier : -e et -i semi-vocalique à peine perceptible. La première est utilisée uniquement pour la plupart des mots se terminant en au nominatif singulier (unei case ’d'une maison’), la seconde pour les féminins en -e au nominatif singulier (unei cărți ’d'un livre’) et pour certains en  : unei hărți ’d'une carte’ (géographique). Conformément à la grammaire normative, le génitif singulier de ces mots est identique à leur nominatif pluriel. De plus, le génitif pluriel de ces mots a la même forme : Are niște case. ’Il a des maisons’ → Este proprietarul unor case de pe strada asta ’Il est le propriétaire de (quelques) maisons de cette rue’ ; A scris niște cărți ’Il a écrit des livres’ → Este autorul unor cărți ’Il est l'auteur de quelques livres’.

Quant aux autres noms et adjectifs, seuls les articles utilisés avec eux sont déclinés et les adjectifs préposés aux noms : unui băiat ’d'un garçon’, băiatului ’du garçon’, acelui băiat ’de ce garçon-là’, celuilalt băiat ’de l'autre garçon’.

Les noms propres masculins de personnes sont précédés de l'article défini et c'est celui-ci qui est décliné. C'est d'ailleurs le seul cas où l'article défini est proclitique : cartea lui Radu ’le livre de Radu’.

Le datif est le cas du complément d'objet indirect (COI) d'attribution (exprimant le destinataire de l'action du verbe) : Îi dau telefon mamei ’Je téléphone à maman’. Il est aussi régi par quelques prépositions : datorită fetelor ’grâce aux filles’.

La forme du datif roumain est identique à celle du génitif, c'est pourquoi on parle souvent de génitif/datif.

L'une des caractéristiques syntaxiques de ce cas est que parfois le complément en cause est doublement exprimé, c'est-à-dire que devant le verbe ou après celui-ci (à l'impératif), on place au même cas le pronom personnel se référant au nom remplissant la fonction du complément : Le spun ceva copiilor ’Je dis quelque chose aux enfants’ (littéralement, ’Je leur dis quelque chose aux enfants’).

L'accusatif est le cas de mots qui peuvent remplir plusieurs fonctions :

  • complément d'objet direct (COD) :
    • sans préposition : Îmi place muzica ’J'aime la musique’
    • avec la préposition pe : O văd pe Maria ’Je vois Marie’
  • la plupart des COI et des compléments circonstanciels avec préposition : Vorbesc despre Petre ’Je parle de Petre’ ; Șade pe scaun ’Il/Elle est assis(e) sur la chaise’. Dans ce cas, à la différence du français, bien que l'article défini soit absent, le nom est perçu comme déterminé.
  • la plupart des compléments du nom : casă de piatră ’maison en pierre’

L'accusatif n'a pas de désinence, par conséquent il est identique au nominatif, raison pour laquelle on parle souvent de cas nominatif/accusatif.

La double expression du complément est également présente dans le cas du COD avec la préposition pe : Îl cunosc pe Bogdan ’Je connais Bogdan’ (litt. ’Je le connais Bogdan’).

Le vocatif a quatre désinences possibles (-e ou -ule au masculin singulier, -o au féminin singulier et -lor au pluriel), mais peu de noms et d'adjectifs peuvent se les voir adjoindre. La plupart ont la même forme au vocatif et au nominatif/accusatif. Les désinences -ule et -lor rappellent l'article défini mais n'ont pas ses fonctions.

Il y a des noms qui doivent obligatoirement avoir une désinence au vocatif (par exemple omule ! ’l'homme !’), d'autres qui ne peuvent pas en avoir (femeie ! ’femme !’), d'autres encore qu'on peut mettre au vocatif avec ou sans désinence. C'est le cas, par exemple, du prénom masculin Radu : vocatif Radu ! ou Radule !

D'un autre côté, il y a des noms masculins qui ne peuvent être mis au vocatif qu'avec la désinence -ule (micuțule ! ’petit !’), d'autres qui doivent recevoir la désinence -e (Dane ! – prénom masculin), d'autres encore qui doivent avoir l'une ou l'autre : băiatule ! ou băiete ! ’le garçon !’

Dans le cas des noms féminins singuliers qui peuvent recevoir la désinence -o, celle-ci remplace la terminaison du nominatif : N. fetiță → V. fetițo ! ’fillette !’

Voici deux exemples de paradigmes de déclinaison :

Masculin Féminin
Singulier Pluriel Singulier Pluriel
1 2 1 2 1 2 1 2
N./A un băiat băiatul niște băieți băieții o fată fata niște fete fetele
G./D unui băiat băiatului unor băieți băieților unei fete fetei unor fete fetelor
V
băiete / băiatule !
băieți / băieților !
fată / fato !
fetelor !
Légende :
1 – avec article indéfini ; 2 – avec article défini ; băiat ’garçon’ ; fată ’fille’ ; N. – nominatif ; G. – génitif ; D. – datif ; A. – accusatif ; V. – vocatif

Accord de l'adjectif

La plupart des adjectifs ont quatre formes différentes pour s'accorder en genre et en nombre, mais il y en a qui n'en ont que trois ou deux, voire une seule (des emprunts). Exemples :

  • à quatre formes : bun ’bon’, bună ’bonne’, buni ’bons’, bune ’bonnes’ ;
  • à trois formes : mic ’petit’, mică ’petite’, mici ’petit(e)s’ ;
  • à deux formes : mare ’grand(e)’, mari ’grand(e)s’ ;
  • à une forme : gri ’gris(e)(s)’.

Les adjectifs, comme les noms, subissent des alternances phonétiques entre singulier et pluriel (voir plus haut Pluriel des noms et des adjectifs), mais aussi entre masculin et féminin :

  • eea : dreptdreaptă ’droit(e)’
  • ooa : prețiosprețioa ’précieux(se)’

Degrés de comparaison des adjectifs

En roumain il n'y a pas d'irrégularités dans la formation des degrés de comparaison. Tous les adjectifs les forment sur le modèle ci-dessous.

Positif bun, -ă, -i, -e ’bon(ne)(s)’
Comparatif de supériorité mai bun, -ă, -i, -e (decât / ca) ’meilleur(e)(s) (, que)’
d'égalité la fel de / tot așa de / tot atât de bun, -ă, -i, -e (ca) ’aussi bon(ne)(s) (, que)’
d'infériorité mai puțin bun, -ă, -i, -e decât / ca ’moins bon(ne)(s) (, que)’
Superlatif relatif de supériorité cel mai bun, cea mai bună, cei mai buni, cele mai bune (dintre) ’le/la/les ’meilleur(e)(s) (de)’
d'infériorité cel mai puțin bun, cea mai puțin bună, cei mai puțin buni, cele mai puțin bune (dintre) ’le/la/les moins bon(ne)(s) (de)
absolu foarte bun, -ă, -i, -e ’très bon(ne)(s)

Les numéraux

Numéraux cardinaux

Les numéraux cardinaux peuvent avoir une valeur adjectivale, nominale ou pronominale. En tant que noms, tous peuvent être utilisés avec un article.

  • 1 – Ce numéral a cinq formes, y compris celles avec un article :
– à valeur adjectivale :
un m./n. : Am mâncat numai un măr ’Je n'ai mangé qu'une pomme’
o f. : Are o mașină, nu două ’Il a une voiture, pas deux’
– à valeur nominale ou pronominale :
unu m., utilisé seulement en tant que nom du chiffre : Locuiesc la numărul unu ’J'habite au numéro 1’
unul (avec article défini) m./n. : Tu ai două sandvișuri ; dă-mi și mie unul ’Tu as deux sandwichs ; donne-m'en un’
una (avec article défini) f. : Din zece fete a venit una ’Sur dix filles une seule est venue’
  • 2 – Ce numéral a trois formes : doi (adjectif, nom du chiffre et pronom), doiul (nom masculin à article défini) et două f./n. (adjectif et pronom).

Les autres numéraux cardinaux n'ont que deux formes. L'une peut être le nom du chiffre ou du nombre, l'autre – nom masculin à article défini :

  • 3 – 10 – trei, patru, cinci, șase, șapte, opt, nouă, zece
  • 11 – 19 – La formation de ces numéraux est calquée sur un modèle slave, avec des mots d'origine latine, selon la formule chiffre + la préposition spre ’vers’ + zece ’dix’ : unsprezece, doisprezece m. (f. douăsprezece), treisprezece, paisprezece (patru s'est raccourci) ou patrusprezece (plus rare), cincisprezece, șaisprezece (avec șase raccourci) ou șasesprezece (plus rare), șaptesprezece, optsprezece, nouăsprezece.
  • 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90 – Ces nombres ont la structure chiffre + zeci (pluriel de zece) : douăzeci, treizeci, patruzeci, cincizeci, șaizeci (șase raccourci), șaptezeci, optzeci, nouăzeci.
  • 21, 22, etc. – Leur structure est chiffre + zeci (en un seul mot) + și ’et’ + chiffre : douăzeci și unu, douăzeci și doi m. / douăzeci și două f., douăzeci și trei, etc.
  • 100, 200, 300, etc. – o sută, două sute, trei sute, etc.
  • 101, 102, 103, etc. – o sută unu, o sută doi/două, o sută trei, etc.
  • 1000, 2000, 3000, 10 000, 20 000, 100 000, etc. – o mie, două mii, trei mii, zece mii, douăzeci de mii, o sută de mii, etc.
  • 1 000 000, 2 000 000, etc. – un milion, două milioane, etc.
  • 1 000 000 000, 2 000 000 000, etc. – un miliard, două miliarde, etc.

Numéraux ordinaux

Les numéraux ordinaux se forment à partir des cardinaux comme suit :

  • Au masculin : article possessif al + numéral cardinal + article défini -le + -a[2] : doi > al doilea ’le deuxième’. Là où il y aurait une consonne devant -le, on utilise une voyelle de liaison : opt > al optulea ’le huitième’.
  • Au féminin : article possessif a + numéral cardinal + -a : trei > a treia ’la troisième’, șase > a șasea ’la sixième’, șapte > a șaptea ’la septième’, opt > a opta ’la huitième’. Les autres nombres cardinaux subissent des déformations. Ceux qui finissent en et en -u perdent ces voyelles : două > a doua ’la deuxième’, patru > a patra ’la quatrième’ ; ceux en -i se voient cette semi-voyelle changer en la semi-vouyelle e : cinci > a cincea ’la cinquième’.

Seul le premier numéral ordinal ne se forme pas du correspondant cardinal : primul, prima (synonyme întâiul, întâia) ’le premier, la première’. C'est aussi le seul qui a un pluriel : primii, primele / întâii, întâiele ’les premiers, les premières’.

Devant les ordinaux on emploie l'article démonstratif + la préposition de, facultativement au nominatif/accusatif, mais obligatoirement au génitif/datif : cel de-al treilea / cea de-a treia ’le/la troisième’, celui de-al treilea / celei de-a treia ’du/au troisième / de la/à la troisième’.

Numéraux collectifs

Il n'y a pas en roumain de numéraux collectifs au sens où on l'entend dans la grammaire française (dizaine, quinzaine, etc.), mais des mots tels :

  • amândoi m., amândouă f. ’les deux’. S'il est suivi d'un nom, celui-ci est à employer avec l'article défini : amândouă fetele ’les deux filles’
  • ambii, ambele, emprunt au latin, est synonyme du premier. Il reçoit toujours l'article défini, le nom qu'il détermine en étant dépourvu : ambele fete.
  • Il y a aussi des numéraux collectifs plus rares, des mots formés avec le préfixe tus- (< toți ’tous’) + les cardinaux de 3 à 10, s'accordant seulement au masculin : tustrei, tuspatru, etc. On utilise plus souvent leurs équivalents toți trei ’tous les trois’, toți patru ’tous les quatre’, etc.

Numéraux fractionnaires

Pour ’quart’ et ’moitié, demie’ on a en roumain aussi des mots à part : sfert et jumătate, respectivement. Les autres numéraux fractionnaires sont formés des cardinaux avec le suffixe -ime (pluriel -imi) : treime ’tiers’, optime ’huitième’, două zecimi ’deux dixièmes’.

Les fractions décimales s'écrivent avec une virgule, comme en français, et s'expriment de la même façon : 3,14 – trei virgulă paisprezece ’trois virgule quatorze’.

Le pourcentage : 33% – treizeci și trei la sută (litt. ’trente et trois au cent’) ou treizeci și trei de procente, où procent est un nom.

Le dixième d'un pourcentage : 5‰ – cinci la mie (litt. ’cinq au mille’).

Notes

  1. /ʲ/ représente un /j/ à peine perceptible, appelé aussi « chuchoté », qui n'a pas de graphie différente de celle de la semi-voyelle proprement dite ni de /i/.
  2. Appelé particulă ’particule’ dans les grammaires du roumain.

Référence

  • (ro) Avram, Mioara, Gramatica pentru toți [« Grammaire pour tous »], Humanitas, Bucarest, 2001 (ISBN 973-28-0769-5)