Anton Prinner

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Anton Prinner
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Biographie
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Décès
Nom de naissance
Prinner AnnaVoir et modifier les données sur Wikidata
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Autres informations
Mouvement
Maîtres
Gyula Rudnay (d), János VaszaryVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique

Anton Prinner, pseudonyme d'Anna Prinner[1], né le à Budapest et mort le dans le 12e arrondissement de Paris[2] est un peintre, graveur et sculpteur français d'origine hongroise.

Prinner s'installe en France en 1928. C'est à son arrivée qu'il prend un pseudonyme masculin et utilise le pronom « il ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Anton Prinner naît à Budapest[3] d'un père chef comptable. Il grandit aux côtés de trois frères[4]. En 1920, il s'inscrit à l'École des beaux-arts de Budapest et a pour professeur Gyula Rudnay et János Vaszary. Son surnom à l'époque est « l'Étrange ». En 1926, deux de ses toiles sont accrochées par erreur dans l'exposition « Les grands maîtres contemporains » au musée des Beaux-Arts de Budapest et obtiennent un beau succès[4].

Arrivée en France[modifier | modifier le code]

Prinner arrive en France en 1928 et fait différents métiers pour survivre : peintre d'objets de style sulpicien, caricaturiste dans les cabarets et boites de nuit aux côtés de l'artiste hongrois Árpád Szenes qu'il rencontre à l'académie de la Grande Chaumière et avec lequel il voyage à Marseille à la même époque[4].

Période dite « constructiviste » (1932-1937)[modifier | modifier le code]

Anton Prinner entame sa période dite « constructiviste » en 1932 et entre dans l'atelier de Stanley William Hayter pour y apprendre la gravure, le burin et l'eau-forte. Il fréquente le milieu des Montparnos, artistes vivant à Montparnasse. Il a d'abord un atelier au 4, rue Bellini, puis au 9, rue Campagne-Première et à partir de 1942 au 10, rue Pernety). Il est proche des artistes d'Europe de l'Est (Mária et Gábor Peterdi (en), puis par la suite Étienne Béothy), des artistes sud-américains (Gonzalo Moré, Helba Huara) ainsi que de Camille Bryen, Raoul Ubac et Vieira da Silva[4].

Période figurative[modifier | modifier le code]

Sa période figurative commence en 1937 avec La Femme taureau en granit. Il réalise sa première sculpture en bois en 1940 (La Femme à la natte).

Le peintre et photographe Émile Savitry fait un reportage sur lui dans son atelier au 10, de la rue Pernety, en 1946[5]. En 1947, il réalise pour l'éditeur Robert J.Godet l'illustration du Livre des Morts des anciens Égyptiens. Son intérêt pour l'Égypte le pousse à inventer en 1934-35 la « papyrogravure », procédé à l'aide duquel il tire lui-même ses Gravures de l'Apocalypse. Il s'agit au début d'un procédé économique avec des matrices en carton.

En 1949, Robert J. Godet publie son livre Signes Pour Madame et Monsieur Batigne.[6].

En 1950, il s'installe aux ateliers du Tapis vert, créés par René Batigne et sa femme Claire Voight[7] à Vallauris où il retrouve Pablo Picasso. Il y réalise des céramiques, des assiettes, un jeu d'échecs. De cette époque datent aussi L'Homme, statue monumentale en bois de 4,40 m et les plâtres Le Mendiant et Vieillesse. Il retourne à Paris en 1964 où son travail commence à être exposé en galerie.

Identité de genre[modifier | modifier le code]

Anton Prinner est né Anna Prinner mais se fait connaître en tant qu’artiste sous le prénom d’Anton. Son ambiguïté de genre était connue ; par exemple Pablo Picasso l'appelait souvent « Monsieur Madame », cependant il est difficile de savoir si cette identité était utilisée principalement dans le but d'échapper au machisme ambiant ou s'il s'identifiait réellement en tant qu'homme[8].

C'est peu après son arrivée à Paris que Prinner change de nom et troque ses longues nattes pour un béret et une pipe[9]. Selon Benoit Decron, « s’habiller en homme était un choix personnel, social, artistique. À qui l’interrogeait sur ce point, Prinner affirmait que “sculpteur” n’avait pas de féminin[4]. »

Dans un carnet daté de 1948-1959, Prinner écrit : « On dit que l’artiste doit chercher à se connaître. Je fais tout pour pouvoir chercher à ne pas me connaître. C’est beaucoup plus riche et beaucoup plus difficile. Je suis inexistantialiste [sic]. Je ne suis pas moi-même : je suis tout le monde[4]. »

Œuvres[modifier | modifier le code]

Dessin[modifier | modifier le code]

Peinture[modifier | modifier le code]

  • La Petite Aveugle, 1919[4].
  • Les Mille triangles, 1940, peinture sur bois.
  • Mille poutres abandonnées, 1940.
  • Drame dans l'usine, 1940, huile sur bois.
  • Autoportrait, 1964, huile sur toile.
  • Fenêtres no 2, 1964.

Gravure[modifier | modifier le code]

Sculpture[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • La Forêt vierge au quatrième étage, autobiographie, 1934-1935[4].
  • La Femme tondue, publié à compte d'auteur, 1946. Recommandé par Antonin Artaud dans le numéro d'été de Vogue[4].
  • Livre des morts des anciens égyptiens, Robert J. Godet, 1948[4].

Expositions[modifier | modifier le code]

  • Galerie de Pierre Loeb, Paris, 1930.
  • Galerie Jeanne Bucher, Paris, 1942[4].
  • Exposition des surindépendants, initiée par René Mendès-France, 1944[4].
  • Galerie Pierre, Paris, 1945[4].
  • Galerie Drouin, Paris, 1945.
  • Galerie Pierre, Paris, 1948.
  • Galerie Katia Granoff, Paris, 1962.
  • Exposition de son œuvre constructiviste à la galerie Yvon Lambert, Paris, 1965.
  • Galerie Armand Zerbib, Paris, 1968.
  • Galerie Charley Chevalier, Paris, 1971.
  • Librairie Pluriel du Centre commercial Montparnasse, Paris, 1974.
  • Rétrospective Anton Prinner au musée Sainte-Croix des Sables-d'Olonne, 2006.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice d'autorité personne de la Bibliothèque nationale de France, consultée le .
  2. Archives en ligne de Paris 12e, année 1983, acte de décès no 721, cote 12D 560, vue 13/31
  3. « Prinner, Anton (Anna ou Antonina Prinner, dite) », sur ledelarge.fr (consulté le ).
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Benoit Decron (dir.), Anton Prinner : exposition présentée au musée de l'abbaye Sainte-Croix des Sables-d'Olonne du au et à l'Institut hongrois de Paris en 2007, Panama, , 160 p. (ISBN 978-2-7557-0190-6).
  5. Sophie Malexis, Émile Savitry, un photographe de Montparnasse, Éditions 5 Continents , 2011, pp. 9-69.
  6. « Auction Prinner (Anton) Signes. Texte et planches. Paris… », sur www.gazette-drouot.com (consulté le ).
  7. « Batigne René - Atelier du Tapis vert », sur Céramique Magazine (consulté le ).
  8. Gilles Kraemer, « Anton Prinner. Mystérieux sculpteur », sur L'agora des arts (consulté le ).
  9. Florence La Bruyère, « Anton Prinner, entre mystère et ésotérisme », sur Libération.fr, (consulté le ).
  10. Voir sur mam.paris.fr.
  11. Voir sur mam.paris.fr.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Anton Prinner, 1902-1983, Paris, Binoche et Godeau, (ISBN 978-2-86475-169-4).
  • Fabrice Flahutez, Emmanuel Pernoud et Benoit Decron, Anton Prinner : exposition présentée au Musée de l'abbaye Sainte-Croix des Sables d'Olonne du au et à l'Institut hongrois de Paris en 2007, Paris Les Sables d'Olonne, Panama Musée de l'abbaye Sainte-Croix, , 160 p. (ISBN 978-2-7557-0190-6, BNF 40245913).
  • Nieszawer et Princ, Histoires des artistes Juifs de l'École de Paris, 1905-1939, (Denoël, 2000 - Somogy, 2015) Les étoiles éditions, 2020, p. 342-343.

Liens externes[modifier | modifier le code]