Abbaye Notre-Dame de Beaumont-lès-Tours

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Abbaye de Beaumont
Le logis abbatial, dit « pavillon Condé » (1786).
Présentation
Destination initiale
abbaye
Construction
1002 à 1785
Usage
Monastère de Bénédictines (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Logo monument historique Inscrit MH (1946, logis abbatial)[1]
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
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L'abbaye Notre-Dame de Beaumont-lès-Tours, usuellement dénommée abbaye de Beaumont, est un ancien établissement de moniales bénédictines, situé à Tours (département français d'Indre-et-Loire), au sud de la rue du Plat-d'Étain, sur l'ancienne commune de Beaumont-lès-Tours.

L'abbaye est fondée en l'an 1002 par Hervé de Buzançais, trésorier de Saint-Martin, sur un site déjà occupé depuis peu-être un siècle par une communauté religieuse ou laïque qui y a construit une chapelle. Elle constitue la plus grande et la plus durable communauté de moniales de la Touraine. Aux XVIe et XVIIe siècles, en pleine Contre-Réforme, alors que les religieuses ont adopté la règle bénédictine de Chezal-Benoît, plus conforme à l'esprit bénédictin d'origine, l'abbaye fait l'objet d'agrandissements et d'embellissements. À la Révolution française, les 46 religieuses sont expulsées, l'abbaye est désaffectée et vendue par lots, ses bâtiments sont presque totalement détruits. Le site accueille des jardins potagers de l'hospice de Tours à partir de 1866 puis des casernes occupées par différentes unités de 1913 à 2009. La réhabilitation du site en écoquartier est précédée de diagnostic (2017) et de fouilles archéologiques (2019) permettant de mieux connaître son histoire.

Le logis abbatial ou « pavillon Condé », construit trois ans seulement avant la Révolution et l'un des seuls vestiges préservés, fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 1946. La grille en fer forgé qui était installée à l'entrée du chœur de l'abbatiale et qui ferme depuis le début du XIXe siècle la cour de la préfecture d'Indre-et-Loire est classée comme monument historique.

Localisation

Plan d'une ville au XVIIe siècle sur lequel une zone est matérialisée en couleurs.
Localisation de l'abbaye de Beaumont sur la carte de Siette (1619).

L'abbaye est située dans la varenne, plaine alluviale entre la Loire au nord et le Cher au sud et dans une zone qui n'est densément urbanisée qu'à partir du XIXe siècle. Elle est construite sur une montille, butte naturelle sédimentaire insubmersible[2] la mettant à l'abri des inondations (Belmons ou « Beau Mont »). Au Moyen Âge, le ruisseau de l'Archevêque coule d'est en ouest au nord du site (le long de la rue François-Richer) et le ruau saint-Anne, à l'ouest (le jardin botanique de Tours occupe son emplacement), relie la Loire au Cher[3]. Sur le plan administratif, l'abbaye se situe sur le territoire de la paroisse puis de la commune de Beaumont-lès-Tours. Cette dernière est rattachée en 1823 à Saint-Étienne-Extra, elle-même rattachée à Tours en 1845.

Dans la voirie moderne, le site de Beaumont se trouve au sud de la rue du Plat-d'Étain, dans le quartier Giraudeau ; il est circonscrit par cette rue au nord, les rues Walwein et Hélène-Boucher à l'ouest, du capitaine-Pougnon au sud et peut-être la rue Giraudeau à l'est[4].

Historique

Fondation

Les premières moniales à Tours

Photographie en couleurs de la façade d'un bâtiment montrant des vestiges de baies en plein cintre.
Dépendance de Notre-Dame de l'Écrignole.

À Tours, l'église Notre-Dame de l'Écrignole est, au VIe siècle et selon la tradition, une petite chapelle bâtie à l'initiative d'Ingeltrude, petite-fille de Clovis avec autour quelques bâtiments pour recevoir, au nord-est de la basilique construite sur le tombeau de saint Martin, une petite communauté de femmes observant le règle bénédictine qui prend rapidement de l'importance[5]. Deux autres établissements de moniales sont peut-être fondés dans la région vers la même époque ou un peu plus tard : le monastère de Saint-Pierre-le-Puellier dont la tradition attribue la fondation à la reine Clotilde — dédié aux jeunes femmes, il est situé au nord de la basilique Saint-Martin —[6] et l'abbaye de Saint-Loup sur le territoire de l'actuelle commune de Saint-Pierre-des-Corps[7].

En 994, un immense incendie ravage la collégiale Saint-Martin et ses alentours, dont l'église Notre-Dame de l'Écrignole et sans doute ses dépendances[8]. Grâce à de nombreux dons d'origine diverse, la reconstruction ou la restauration des édifices détruits ou endommagés est entreprise par Hervé de Buzançais, trésorier de Saint-Martin, qui se rend alors compte que les bâtiments de Notre-Dame de l'Écrignole sont trop exigus pour abriter la communauté des moniales[9].

Le site de Beaumont avant l'abbaye

L'occupation du site avant l'installation de l'abbaye est mal connue. Des indices mobiliers suggèrent une présence humaine à une époque comprise entre le Mésolithique et la Protohistoire, sans plus de précisions possibles au regard des données disponibles. Quelques fragments de terres cuites architecturales antiques sont retrouvés au nord de la rue du Plat-d'Étain dans un contexte stratigraphique différent puisqu'il n'y a aucun indice d'une occupation antérieure[10].

Le terrain est mis en valeur peu avant ou peu après la fondation de l'abbaye ; des vestiges d'un parcellaire en témoignent[11]. Une chapelle Notre-Dame-des-Miracles est mentionnée dans les sources aux IXe et Xe siècles. Y sont peut-être rattachées au moins 90 sépultures mises au jour dans la partie occidentale du site à la faveur de fouilles archéologiques réalisées en 2019. Il pourrait s'agir du cimetière d'une communauté (paroisse ou communauté religieuse) installée avant la fondation de l'abbaye ; il se situe partiellement sous l'emprise de l'église abbatiale[12],[13].

La nouvelle abbaye d'Hervé de Buzançais

Armes de l'abbaye.

Hervé de Buzançais, en raison du manque de place autour de la basilique Saint-Martin, décide en 1002 de déplacer la communauté de moniales de Notre-Dame de l'Écrignole sur un nouveau site. Il finance cette opération sur ses fonds propres (financement direct et donation de possessions et rentes), à condition que les religieuses payent un cens annuel de 20 sous au chapitre de Saint-Martin[14]. Ayant obtenu l'accord du roi Robert le Pieux, il choisit pour cela un terrain acquis au terme d'un échange avec un de ses vassaux et qui se situe à 1,5 km au sud-ouest de l'ancienne implantation ; les religieuses ne s'installent pas avant 1007[15]. Cette abbaye de bénédictines relève directement de la collégiale Saint-Martin jusqu'en 1238, puis à partir de cette date conjointement avec l'archevêque de Tours[4]. Le roi Robert II le Pieux confirme les donations par diplôme en 1007 et met l'abbaye sous protection royale[16] ; un second diplôme confirme le précédent à la faveur de nouvelles donations. Ce dernier document indique que les religieuses dépendent du chapitre de Saint-Martin et qu'elles doivent entretenir gracieusement les chapes et les ornements de l'église Saint-Martin[17].

Aucune source écrite ne permet de préciser l'ordonnancement et la nature des constructions de cette époque[18] au sein d'un site dont la superficie totale, au plus fort de son extension, avoisine sans doute les 9 hectares[19].

Du XIIe au XVIe siècle

Dessin au crayon d'un visage féminin coiffé d'une guimpe.
Marie de Beauvilliers.

Une chapelle Saint-Jean-l'Évangéliste est mentionnée sur le site dès le XIIe siècle, érigée en église paroissiale sous le nom d'église Saint-Jean de Beaumont un siècle plus tard[20]. Quatre autres chapelles sont citées, soit dans l'abbatiale elle-même, soit dans l'enclos monastique[21].

Dès sa fondation, l'abbaye prend rapidement de l'ampleur, s'inscrivant dès lors comme la plus importante communauté de moniales de toute la Touraine, statut qu'elle conserve jusqu'à la Révolution. Très vite, grâce aux revenus issus de ses domaines, elle peut devenir financièrement autonome[15] ; elle possède en effet de nombreux prieurés, en Touraine principalement, mais aussi dans d'autres provinces françaises (Anjou, Normandie, Orléanais, Poitou)[22]. Les relations entre le chapitre de Saint-Martin et l'archevêché de Tours, toujours difficiles, notamment à partir du XIIe siècle, se traduisent par des luttes d'influence au cours desquelles chacune des deux parties tente d'élargir son influence spirituelle, mais surtout temporelle, aux dépens de l'autre. C'est ainsi qu'au début du XIIIe siècle, l'archevêque de Tours tente de contrebalancer la puissance de l'abbaye de Saint-Martin (dont relève l'abbaye de Beaumont) en prenant le contrôle de la paroisse de Beaumont-lès-Tours[23]. Ce conflit est également marqué par l'excommunication temporaire de deux abbesses, Haremburge de Marnes en 1208 par l'archevêque de Tours Jean de Faye, Anne Babou de La Bourdaisière à la fin du XVIe siècle par les chanoines de Saint-Martin[24].

Pourtant, au XIVe siècle, dans un contexte général peu favorable au monachisme, Beaumont décline, la paroisse se réduisant à l'abbaye elle-même[25]. À cette époque, l'abbaye est entourée de très hauts murs localement pourvus de contreforts[26]. Contre la clôture, des fouilles de 2019 mettent en évidence des fosses dépotoirs ; creusées pour en extraire le sable jaune vraisemblablement destiné à la construction, elles sont remblayées avec les déchets des activités de l'abbaye.

Au XVIe siècle, la communauté de Beaumont compte peut-être 20 moniales[27]. Parmi elles, en 1586, Marie de Beauvilliers (1574-1657) prend l'habit monastique sous l'abbatiat d'une de ses tantes avant de devenir en 1598 abbesse de Montmartre[28] ; en 1614, elle cumule même, pendant quelques mois, cette charge avec celle d'abbesse de Beaumont[29]. De septembre à , en raison de l'insécurité lié à la nomination d'Henri de Navarre comme héritier du trône de France, de nombreuses religieuses quittent l'abbaye pour se réfugier à Tours, bientôt rejointes par l'abbesse Anne Babou de La Bourdaisière[30].

XVIIe et XVIIIe siècles

Dessin figuratif en couleurs d'un paysage et d'une abbaye.
Abbaye de Beaumont-lès-Tours (collection Gaignières)[N 1].

En 1584, sous l'abbatiat d'Anne Babou de La Bourdaisière et au terme d'un processus engagé dès le début du XVIe siècle, les moniales de Beaumont adoptent la règle des bénédictins réformés de Chezal-Benoît. Ce renouveau spirituel s'accompagne probablement d'un renouveau temporel, avec notamment une profonde réfection ou même reconstruction des bâtiments de l'abbaye dès le début du XVIIe siècle. C'est ainsi que l'église abbatiale semble faire l'objet de travaux d'embellissement et d'agrandissement à sept reprises entre 1587 et 1636 sans pour autant être reconstruite[18]. Le style architectural, tel qu'il est représenté sur la vue de la collection Gaignières, est compatible avec des édifices bâtis ou remaniés au XVIIe siècle[32].

Peinture en couleurs d'une religieuse en prière.
Marie de l'Incarnation.

La marquise de Verneuil, pour avoir comploté contre Henri IV, est enfermée à vie dans l'abbaye de 1605 à sa mort en 1633[33]. Vers 1614, Marie de l'Incarnation (1599-1672) fait un court séjour à Beaumont avant d'être mariée de force par ses parents[34].

C'est en 1653 qu'est lancée la construction de quatre pavillons encadrant la demi-lune de l'entrée nord de l'abbaye. Les deux bâtiments occidentaux font office de hangar et de remise à carrosses pour l'un, de grange pour l'autre[32]. En 1680, un incendie détruit une partie de l'abbaye et entraîne la disparition d'une partie des archives, ce qui explique des lacunes dans l'historique de l'établissement. Un peu moins d'un siècle plus tard, sous l'abbatiat d'Henriette-Louise de Bourbon-Condé, petite-fille de Louis XIV, une terrasse est construite qui rehausse le niveau du sol et protège encore mieux l'abbaye des inondations[35].

En , l'abbaye est de nouveau victime d'un grave incendie, obligeant à rebâtir une partie des bâtiments. C'est de cette phase de reconstruction, à partir de 1785, que date le « pavillon Condé », logis abbatial édifié au nord-ouest du site[26] ainsi que cinq autres bâtiments disparus depuis. Le coût de ces travaux de reconstruction s'établit à 74 000 livres[36], équivalant à environ 1,1 million d'euros, une aide financière du roi Louis XVI de 54 000 livres participant à leur financement[37].

Révolution française

Les 46 religieuses (35 dames de chœur et 11 sœurs converses[38]), dont l'abbesse Marie-Agnès de Virieu Beauvoir, sont chassées de l'abbaye aux termes du décret des , et ordonnant la confiscation des biens du clergé. Elles trouvent refuge dans la maison des Cordelières dite de Tristan l'Hermite à Tours — en 1804, cinq d'entre elles et l'ancienne abbesse y séjournent toujours et cette dernière y meurt en 1831. Le , l'inventaire des biens de l'abbaye est dressé ; la plus grande partie d'entre eux est vendue du au . Parmi les œuvres d'art recensées figurent onze portraits des membres de la famille de mademoiselle de Vermandois ; trois de ces portraits, attribués à Pierre Gobert, entrent dans les collections du musée des Beaux-Arts de Tours : le portrait de la duchesse de Bourbon-Condé peinte en veuve, celui de la duchesse avec l'une de ses filles et celui de mademoiselle de Charolais[N 2].

L'abbaye elle-même ne trouve pas preneur tout de suite et pendant trois ans, de 1793 à 1796, elle sert d'hôpital[39] au cours de la guerre de Vendée. Le 24 ventôse an VI (), l'abbaye est divisée en sept lots pour être vendue plus facilement. Le lot no 3 revient à la famille Texier d'Azay-le-Rideau, tous les autres étant attribués à Joseph-Philippe Dutortois de Paris ; les acquéreurs entreprennent très rapidement la démolition de la plupart des bâtiments dont les décombres sont vendus comme matériaux de remploi ou de remblaiement[40]. La terrasse au nord du terrain du Petit-Beaumont construite sous l'abbatiat de mademoiselle de Vermandois est déjà délabrée.

Au moment de la destruction de l'abbatiale, au début des années 1800, le préfet d'Indre-et-Loire Pommereul s'adjuge, au détriment de l'archevêque de Tours Mgr de Boisgelin qui souhaite la récupérer, la grille en fer forgé du chœur des religieuses qui ferme depuis lors l'entrée de la cour d'honneur de la préfecture[40]. Une demande de Louis-Mathias de Barral, successeur de Mgr de Boisgelin à l'archevêché de Tours, pour qu'elle soit installée dans la cathédrale de Tours reste sans suite[41]. Cette grille est classée au titre des monuments historiques depuis [42]. Une couronne en fonte et cuivre, aux armes de l'abbesse Jeanne-Baptiste-Nicole de La Guiche (de sinople au sautoir d'or), ornait la partie supérieure de la grille[43] ; elle fait désormais partie des collections de la Société archéologique de Touraine[44].

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Du XIXe au XXIe siècle

Extrait d'un plan ancien avec la voirie et les constructions.
Extrait d'un plan de Tours (1898).

Dans la première moitié du XIXe siècle, la création d'un cimetière sur le site de l'abbaye est envisagée, mais le projet ne se concrétise pas[39]. En 1866, l'hospice de Tours, situé à quelques centaines de mètres au nord-ouest, acquiert l'enclos de l'abbaye ; il en nivelle le sol pour en faire un potager destiné à l'approvisionnement de l'hôpital. C'est peut-être de cette époque que date un cimetière situé dans la partie orientale du site, que des fouilles commencent à mettre au jour en 2019. La plupart des 48 tombes identifiées contiennent des corps entiers ou mutilés (tête ou autres ossements manquants ou découpés), inhumés dans des cercueils individuels ou collectifs. Il peut s'agir, selon l'hypothèse la plus vraisemblable au regard des données disponibles, de corps autopsiés ou ayant fait l'objet d'exercices d'anatomie de la part des élèves de l'école de médecine qui fonctionne au sein de l'hôpital. L'une des questions posées est de savoir pour quelle raison il aurait été jugé bon de créer un cimetière spécialement dédié à ces inhumations[12].

Photographie en couleurs de l'alignement des anciens hangars d'une caserne.
Quartier Beaumont.

En 1913 ce terrain est revendu à l'armée qui y construit une caserne hébergeant à partir de 1917 diverses unités de cavalerie, de dragons et d'artillerie à cheval. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande utilise la caserne comme dépôt de munitions[12]. En 1945 c'est l'école d'application du Train qui investit le quartier Beaumont[45] jusqu'en 2009 et son départ pour Bourges[46]. Le logis abbatial est dans cette période aménagé en « musée des équipages militaires et du train »[47] après avoir été restauré à partir de 1956[37].

Au départ de l'armée, le terrain fait l'objet d'un projet d'aménagement de la Ville de Tours en écoquartier. Préalablement à cette opération, un diagnostic puis des fouilles archéologiques préventives y sont réalisées à partir de 2017[48].

Description

Plan en noir et blanc dont certains sont coloriés en rouge.
Plan des bâtiments en 1790 (en gris) et au XXIe siècle (en rouge).

L'abbaye, telle qu'elle se présente en 1790, n'a sans doute plus beaucoup de points communs avec l'établissement médiéval. Elle s'ouvre au nord par une grande cour dont l'entrée est encadrée de pavillons. Cette cour est limitée au sud par la principal bâtiment monastique, à l'ouest par une basse-cour et à l'est par une autre basse-cour et une orangerie. À l'ouest du grand bâtiment se trouve l'église paroissiale Saint-Jean, ancienne chapelle dépendant de l'abbaye. Encore plus au sud se trouve l'église abbatiale au midi de laquelle se développe le cloître fermé sur les trois autres côtés par des constructions. Cette disposition est traditionnelle pour les abbayes bénédictines, dont le plan-type est celui de l'abbaye de Saint-Gall. Le cimetière se trouve au chevet de l'abbatiale.

Tours ces bâtiments sont regroupés dans la partie occidentale de l'enclos monastique, la partie orientale étant sans doute réservée aux jardins et vergers.

Bâtiments préservés

Logis de l'abbesse

Après l'incendie de 1784, le logis de l'abbesse est entièrement reconstruit sur des plans élaborés dès l'année suivante par les architectes Laurent Bourgeois et Étienne Prudent[49]. Connu sous le nom de « pavillon Condé » en souvenir de Henriette-Louise de Bourbon-Condé[37], abbesse de Beaumont de 1733 à 1772, il est situé au nord-ouest du site, proche de l'entrée. Ce bâtiment ouvre sur la cour d'honneur de l'abbaye[26].

Il est de plan carré, construit en pierre de taille calcaire et couvert d'ardoises. Il possède un sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage et des combles aménagés ; chaque niveau est éclairé par trois baies sur chacune des faces orientale et occidentale[50]. La porte d'entrée, sur la façade orientale, possède un linteau surmonté d'un entablement sculpté soutenu par deux consoles et supportant les armoiries d'une abbesse bûchées à la Révolution. Ses fenêtres possèdent des linteaux ornés en leur centre de volutes ou de mascarons féminins[26].

Il est précédé, au nord, d'un avant-corps abritant différentes servitudes dont un escalier[26]. Sa superficie totale est de 649 m2[réf. nécessaire]. Il comporte de nombreuses cheminées et l'intérieur a conservé une partie des décors d'origine (boiseries, escalier)[51].

Il est inscrit comme monument historique depuis 1946[1] et bénéficie d'une restauration de 1956 à 1961 avant d'être aménagé en musée pendant quelques années[37]

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Église Saint-Jean de Beaumont

Photographie en couleurs d'une ancienne église prolongée par un bâtiment moderne.
Église Saint-Jean de Beaumont.

D'abord simple chapelle dépendante de l'abbaye elle est citée au début du XIIe siècle. Cet édifice situé au nord de l'église abbatiale est érigé en église pour la paroisse Saint-Jean de Beaumont créée au XIIIe siècle. L'église est reconstruite vers le milieu du XVe siècle mais elle conserve sans doute des éléments d'un édifice plus ancien (XIe ou XIIe siècle). Vendue comme bien national à la Révolution, son clocher puis sont chœur sont détruits avant qu'elle ne soit intégrée à une habitation plus récente[52].

Elle est inscrite comme monument historique en 1983[52].

Granges et remises

Deux bâtiments, au nord du logis abbatial, sont préservés. Le premier, le long de la rue du Plat-d'Étain, s'ouvre vers le sud et la cour d'honneur par une porte ; mesurant environ 14,50 × 6,30 m, il est utilisé comme grange. Le second, perpendiculaire au premier dans l'axe du logis abbatial, est de la même taille ; ouvert sur la cour par deux larges portes, il faisait office de remise à carrosses. Deux autres bâtiments symétriques, de l'autre côté de la cour, détruits après la Révolution, avaient les mêmes fonctions[32].

Au coin des rues Hélène-Boucher et du capitaine-Pougnon, une autre grange, occupant l'angle sud-ouest de l'enclos monastique, est préservée bien que ses percements aient été très largement modifiés[53].

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Bâtiments disparus

Église abbatiale

L'église abbatiale, orientée est-ouest, ferme au nord le cloître de l'abbaye. Le cimetière abbatial se développe à son chevet. Elle mesure environ 58 × 15 m. Comprenant une nef éclairée par quatre baies, un transept et un chœur, elle comporte une flèche en charpente sur la croisée du transept[26]. Le diagnostic archéologique réalisé en 2017 ne permet pas de dater ni de caractériser les nombreuses modifications subies par l'édifice entre sa construction au début du XIe siècle et sa démolition au XIXe siècle ; il est toutefois possible que vers le XIIe siècle un narthex ait été plaqué contre l'extrémité occidentale de la nef[54].

Bâtiments et aménagements conventuels

Photographie en couleurs d'une mur d'enceinte avec des contreforts et couvert de graffiti modernes.
Enceinte monastique.

La description du corps de logis principal de l'abbaye qui ferme au sud la cour d'honneur repose principalement sur la lecture de la gravure de l'abbaye publiée dans la collection Gaignières et le procès-verbal d'inventaire établi à la Révolution. Le bâtiment comporte sept fenêtre au rez-de-chaussée, surmontées de sept lucarnes dans les combles ; il est flanqué aux extrémités de deux pavillons faisant saillie.

La clôture monastique a largement disparu. Il en subsiste toutefois des vestiges dans sa partie sud, mais elle a été très remaniée lors de la construction des bâtiments de la caserne auxquels elle était intégrée. Certains des contreforts qui la renforcent sont toujours en place. Au milieu du XXe siècle, des traces de la canalisation qui à partir de 1685 amenait l'eau à l'abbaye depuis une fontaine de Joué-lès-Tours[55]. étaient encore visibles, de même que l'emplacement de deux portes et d'une poterne murée[26].

Abbesses de Notre-Dame de Beaumont-lès-Tours

Jean-Louis Chalmel indique que Beaumont a connu 37 abbesses[56] alors que Jacques-Xavier Carré de Busserolle fournit une suite détaillée de 43 noms[57] et qu'un catalogue d'exposition paru en 1995 réduit ce nombre à 42. La chronologie du XIe au XIIIe siècle est incertaine, les sources utilisées par les auteurs étant lacunaires, parfois erronées voire contradictoires[58]. Depuis la mort de la première d'entre elles, une tradition perdure : la crosse de l'abbesse défunte est déposée sur le tombeau de saint Martin, en signe de reconnaissance envers la collégiale, où l'abbesse qui suit vient la récupérer[59].

La première abbesse régulière est Hersande, en 1002, à la fondation de l'abbaye, et la dernière est Élisabeth de Villeblanche, morte le . La première abbesse commendataire est Catherine de Commiers, nommée en 1470, et la dernière est Marie-Agnès de Virieu Beauvoir, qui quitte l'abbaye en 1790 lors de sa fermeture et meurt à Tours le .

Possessions, revenus et rentes

Possessions de l'abbaye (prieurés et chapelles, fiefs et rentes).
Localisation sur la carte de France.
Prieuré de Mennetou-sur-Cher
Prieuré Saint-Denis de Miré
Prieuré de la Bourdillière
Prieuré de Saché
Prieuré de Theneuil
Prieuré de Lièze
Chapelle de Saint-Laurent-des-Bois
Prieuré d'Avon
Prieuré du Liège
Prieuré Saint-Martin de Tavers
Prieuré de La Caine
Chapelle de Précigné
Fief de Quinçay
Fief de la Bruère
Fief de la Chaise-Charcenay
Fief d'Évreuil
Fief de Sèvennières
Prieuré de Saint-Amand (localisation incertaine)

L'abbaye possède une douzaine de prieurés, ceux de la Bourdillière à Genillé et de Mennetou-sur-Cher étant sans doute les plus importants ; quatre d'entre eux se situent hors de la province de Touraine. Elle détient plusieurs chapelles, dont l'une dans la nef de la basilique Saint-Martin de Tours. Une vingtaine de fiefs, de fermes et de moulins dépendent de son autorité et lui versent rentes ou revenus de baux à ferme. Elle a le pouvoir de nommer les prêtres d'une douzaine de paroisses, dont celles de Notre-Dame de l'Écrignole et de Saint-Jean de Beaumont[60].

En 1685, les revenus de l'abbaye sont évalués à 13 916 livres ; ils se montent à 18 664 livres en 1730 et à 20 000 livres en 1746. Les comptes sont relevés de façon minutieuse par une commission du district de Tours en 1791, au moment de la saisie des biens du clergé ; ils s'établissent à 42 637 livres de revenus pour 10 764 livres de dettes[40].

Études historiques et archéologiques

En 1877, Charles de Grandmaison publie dans les Mémoires de la Société archéologique de Touraine une chronique de l'abbaye d'après un manuscrit couvrant les années 1519 à 1657 ; ce document est manifestement construit à partir de renseignements fournis par au moins deux religieuses de l'abbaye[61]. Cette chronique est précédée d'un historique de l'abbaye rédigé vers le début du XVIIe siècle par Jean Goulu ; elle est suivie de plusieurs documents d'archives, dont l'inventaire des revenus de l'abbaye et une description succincte des bâtiments, établis à la Révolution [62].

En 2017, l'INRAP réalise un diagnostic archéologique sur l'ensemble du site, opération préalable à son réaménagement. Cette opération aboutit à la prescription de trois prescriptions de fouilles de la part du Service régional d'archéologie Centre-Val de Loire, trois emplacements dont la richesse archéologique nécessite des investigations plus approfondies[12].

En 2019, l'INRAP et le Service départemental d'archéologie du Conseil départemental, sous la direction de Philippe Blanchard (INRAP), engagent des fouilles sur le site suivant les conclusions du diagnostic réalisé deux ans plus tôt ; ces fouilles aboutissent à la mise au jour de trois activités distinctes : cimetière médiéval, dépotoir médiéval, cimetière contemporain[12].

Notes et références

Notes

  1. Le cours d'eau appelé « Cher » sur la gravure est en réalité le ruisseau de l'Archevêque, coulant au nord de l'abbaye. Le Cher coulait au sud[31].
  2. L'inventaire de 1800 indique que le portrait de la veuve est celui de mademoiselle de Vermandois en robe d'abbesse, indication qui perdure jusqu'en 1962.

Références

  1. a et b Notice no PA00098128, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Eymeric Morin, Xavier Rodier, Amélie Laurent-Dehecq et Jean-Jacques Macaire, « Évolution morphologique et sédimentaire de la plaine alluviale d’un espace urbanisé (Tours, Indre-et-Loire, France) », Revue archéologique du Centre de la France, t. LII « Varia »,‎ , p. 370 (lire en ligne).
  3. Pierre Audin, « La varenne de Tours et ses ruisseaux », Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Touraine, t. XXVI,‎ , p. 5 et 21.
  4. a et b Ranjard 1949, p. 113.
  5. Ranjard 1949, p. 75.
  6. Élisabeth Lorans, « Les édifices chrétiens d'après Grégoire de Tours », dans Henri Galinié (dir.), Tours antique et médiéval. Lieux de vie, temps de la ville. 40 ans d'archéologie urbaine, 30e supplément à la Revue archéologique du centre de la France (RACF), numéro spécial de la collection Recherches sur Tours, Tours, FERACF, , 440 p. (ISBN 978-2-9132-7215-6), p. 287.
  7. André Salmon, « Notice historique sur l'abbaye de Saint-Loup près de Tours », Bibliothèque de l'École des Chartes, t. 6,‎ , p. 439 (lire en ligne).
  8. Charles Lelong, La Basilique Saint-Martin de Tours, Chambray-lès-Tours, CLD, , 233 p. (ISBN 2-8544-3122-7), p. 32.
  9. Chevalier 1985, p. 77.
  10. Fouillet 2021, al. 4.
  11. Fouillet 2021, al. 5.
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Annexes

Bibliographie

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