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=== Production par le corps humain ===
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Certaines recherches tendent à montrer que la DMT est produite naturellement en très petites quantités par la [[glande pinéale]], connue également sous le nom d'épiphyse. Habituellemment, cette glande produit de la [[mélatonine]], molécule de l'horloge biologique, mais avec un fort stress hormonal, elle stoppe cette synthèse pour produire de la DMT endocrine<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Rick |nom1=Strassman |titre=DMT |sous-titre=La Molécule de l'esprit |éditeur=Éditions Exergue |volume= |année=2001 |pages totales= |passage= |isbn=2-911525-61-2 |lire en ligne=}}</ref>.
Certaines recherches tendent à montrer que la DMT est produite naturellement en très petites quantités par la [[glande pinéale]], connue également sous le nom d'épiphyse. Habituellemment, cette glande produit de la [[mélatonine]], molécule de l'horloge biologique, mais avec un fort stress hormonal, elle stoppe cette synthèse pour produire de la DMT endocrine<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Rick |nom1=Strassman |titre=DMT |sous-titre=La Molécule de l'esprit |éditeur=Éditions Exergue |volume= |année=2001 |pages totales= |passage= |isbn=2-911525-61-2 |lire en ligne=}}</ref><ref>{{Article|langue=en|prénom1=Jimo|nom1=Borjigin|prénom2=Michael M.|nom2=Wang|prénom3=Rick J.|nom3=Strassman|nom4=Steven A. Barker|titre=Biosynthesis and Extracellular Concentrations of N,N-dimethyltryptamine (DMT) in Mammalian Brain|périodique=Scientific Reports|volume=9|numéro=1|date=2019-06-27|issn=2045-2322|doi=10.1038/s41598-019-45812-w|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41598-019-45812-w|consulté le=2019-07-03|pages=9333}}</ref>.


== Usage traditionnel ==
== Usage traditionnel ==

Version du 3 juillet 2019 à 23:48

Diméthyltryptamine
Image illustrative de l’article Diméthyltryptamine
Image illustrative de l’article Diméthyltryptamine
Structure de la diméthyltryptamine
Identification
Nom UICPA 2-(1H-indol-3-yl)-N,N-diméthyléthanamine
Synonymes

N,N-diméthyltryptamine

No CAS 61-50-7
No ECHA 100.000.463
No CE 200-508-4
SMILES
InChI
Apparence poudre cristalline blanche
Propriétés chimiques
Formule C12H16N2  [Isomères]
Masse molaire[1] 188,268 8 ± 0,011 1 g/mol
C 76,55 %, H 8,57 %, N 14,88 %,
Propriétés physiques
fusion 49 °C et 74 °C
(deux sortes de structure de cristaux)
ébullition 160 °C à 0,8 hPa
(réduction de la pression)
Masse volumique 1,099 solide
Caractère psychotrope
Catégorie Hallucinogène psychédélique
Mode de consommation
  • Inhalation : fumé
  • Insufflation : prisé (sniffé)
  • Ingestion combinée
    avec un IMAO
Autres dénominations
  • DMT
  • Dimitri
Risque de dépendance Non
Composés apparentés
Autres composés

psilocine, psilocybine, 5-MeO-DMT


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La diméthyltryptamine (N,N-diméthyltryptamine) ou DMT est une substance psychotrope puissante (souvent synthétique mais aussi présente de façon naturelle dans plusieurs plantes dont les psychotria ou Anadenanthera). Elle est considérée comme un stupéfiant dans certains pays. Se présentant pure sous forme cristalline et généralement fumée, elle procure un effet hallucinogène quasi-immédiat et de courte durée ainsi qu'une expérience de mort imminente dans certains cas (en sens inverse, certaines études lient cette expérience de mort imminente à une possible production de diméthyltryptamine par la glande pinéale).

Historique

Elle fut synthétisée pour la première fois en 1931 par le chimiste Richard Helmuth Frederick Manske (né à Berlin, Allemagne) qui l'appelle alors nigerine[2] et c'est sous cette forme qu'elle est consommée comme drogue dans les pays occidentaux.

Chimie

La DMT est un dérivé de la tryptamine (composé aromatique) dans lequel les atomes d'hydrogène de l'atome d'azote situé à l'extrémité de la chaîne carbonée sont remplacés par des groupements méthyle.

Elle a pour formule semi-développée C8H6N-(CH2)2-N(CH3)2.

Sa structure chimique est proche de la psilocine ou la sérotonine[2].

Synthèse

La diméthyltryptamine peut être produite à partir de l'indole. La synthèse comprend l'utilisation successive d'iodure de méthylmagnésium et de 2-(diméthylamino)chloroéthane dans le benzène[3].

Autrement, il est aussi possible de l'obtenir à partir du tryptophol, de chlorure de méthanesulfonyle, de diméthylamine et de N, N-diisopropyléthylamine[4].

Production par le corps humain

Certaines recherches tendent à montrer que la DMT est produite naturellement en très petites quantités par la glande pinéale, connue également sous le nom d'épiphyse. Habituellemment, cette glande produit de la mélatonine, molécule de l'horloge biologique, mais avec un fort stress hormonal, elle stoppe cette synthèse pour produire de la DMT endocrine[5][6].

Usage traditionnel

Récipient contenant de l'ayahuasca, une boisson à base de DMT et d'IMAOs.

Son usage pour ses propriétés psychotropes remonte à plusieurs millénaires[7],[8],[9].

En effet, elle est présente à l'état naturel dans de nombreuses plantes, dont certaines entrent dans la composition de préparations hallucinogènes artisanales comme le breuvage ayahuasca ou la poudre à priser yopo qui sont utilisés lors de cérémonies rituelles chamaniques.

Usage détourné et récréatif

Sachet de DMT sous forme poudreuse.

Habitudes de consommation

La diméthyltryptamine se prend généralement par doses de 10 à 60 milligrammes, fumée dans une pipe en verre avec une paille de fer. Le produit est chauffé à travers le verre (de manière à ne pas le brûler) et le liquide obtenu (une fois fondue la DMT est huileuse) coule dans la paille de fer. La paille de fer est alors chauffée et la DMT est fumée. Les effets seraient plus intenses quand la fumée est prise en une seule fois. C'est le même principe que pour fumer de la cocaïne au stade de base libre dite free base et tous les psychotropes sous cette forme car en général elles ne sont pas solubles dans l'eau, donc ni dans les muqueuses nasales (insufflation ou sniff) ni dans le sang (injection), ce qui laisse le choix soit de la fumer ainsi, soit de l'ingérer en la mélangeant avec une source d'IMAO (harmine en général). Cette préparation est appelée « ayahuasca » ou « yagé ».

Une autre méthode pour la fumer consiste à la diluer dans du méthanol et à laisser tremper des feuilles d'une plante quelconque dans la solution DMT + méthanol. Une fois le méthanol totalement séché, la plante "enrichie" à la DMT peut être fumée en joint, mélangée à du tabac par exemple, ou dans une pipe, pipe à eau, ou bong. Cette technique de préparation est appelée "changa"[2].

Elle peut aussi être vaporisée à l'aide d'un vaporisateur.

La prise par ingestion est inefficace car une enzyme de l'estomac, la monoamine oxydase, la transforme en métabolites inactives. Il est donc nécessaire d'utiliser un IMAO, qui bloque cette enzyme, pour ressentir les effets de la DMT par ingestion. Cette combinaison caractérise l'ayahuasca, breuvage rituel sud-américain, les scientifiques s'interrogeant sur la façon dont elle a pu être repérée par les autochtones.

La diméthyltryptamine peut être consommée par injection intraveineuse[2], pour cela il faut la mélanger à de l'acide fumarique pour avoir un sel de DMT soluble dans l'eau, le fumarate de DMT (prise en insufflation ou sniff possible).

Les utilisateurs de la diméthyltryptamine relatent être attirés par l'effet immédiat, bref et intense que procure la drogue, son absence d'effets secondaires notables après la prise, ainsi que par l'attrait d'expériences sensorielles hors normes, en particulier, l'expérience de mort imminente.

Effets et conséquences

Fumée, la diméthyltryptamine procure un effet hallucinogène quasiment immédiat, parfois même avant d'avoir terminé le joint ou la pipe. Les deux phases sont :

  • une « montée » de dix à quinze minutes ;
  • une « descente » d'une demi-heure à une heure, au cours desquelles le consommateur retrouve progressivement sa vision et ses sens.

Les effets seraient très visuels, avec une altération de la vision (déformation des images) et des hallucinations faisant intervenir des couleurs et des éclairs. Des sensations tactiles sont également rapportées. Certains consommateurs évoquent une expérience de mort imminente durant quelques minutes, ainsi que la fréquente rencontre avec des anges ou entités extraterrestres.

Les effets physiques comprennent l'hypertension artérielle, la tachycardie et une mydriase[2].

Les recherches n'ont pas décelé d'effets secondaires de la diméthyltryptamine que ce soit après la prise ou en cas de consommation chronique. Le déclenchement d'une schizophrénie ou d'une paranoïa chez les sujets prédisposés est imputé à la substance (selon l'avis du Centre d'accueil et d'aide aux toxicomanes et à leurs familles, association française à but non lucratif) mais aucune étude n'a permis de confirmer cette hypothèse.

Sa tolérance est faible pour un hallucinogène et n'est pas croisée avec celles des autres hallucinogènes[2].

Production et trafic

Elle reste peu répandue et difficile à trouver. Les revendeurs de drogues comme la cocaïne ou l'ecstasy n'en disposent que rarement.

DMT et société

Certains écrivains ont relaté leurs expériences supposées avec la diméthyltryptamine, en particulier Terence McKenna et Jeremy Narby. Le premier auteur décrit la rencontre avec des « elfes mécaniques en mutation » (« self-transforming machine elves ») ; d'autres font état de communication avec des intelligences non humaines.

D'un point de vue plus scientifique, le docteur Rick Strassman (en), psychiatre et pharmacologue américain, a écrit La molécule de l'esprit (The Spirit Molecule).

Bernard Werber, dans son livre L'Ultime Secret, émet l'hypothèse qu'à l'instant précis de la mort, la glande pinéale décharge une plus grande dose de diméthyltryptamine dans le cerveau, rendant le passage de vie à trépas moins pénible. Cette hypothèse expliquerait cette sensation de mort imminente relatée par certains utilisateurs de la DMT.

Dans le film Enter the Void de Gaspar Noé, une très longue séquence tente de reproduire les effets de la DMT sur la conscience. Par ailleurs, Gaspar Noé aurait déjà bu une boisson contenant de la DMT[10].

Hunter S. Thompson y fait référence dans Las Vegas Parano, où il déclare être nostalgique de l'époque où la DMT courait les rues de San Francisco.

Limitless (série télévisée) 2015 fait référence sous le nom de "NZT", en plus l’expérience de MK Ultra voir livre Champs de ténèbres d'Alan Glynn.

Sense8, une série TV de Lana et Lilly Wachowski, y fait également référence dans son premier épisode.

Législation

La DMT est répertoriée dans la Convention sur les substances psychotropes de 1971 ce qui rend son usage règlementé et surveillé ; dans certains pays, sa possession, sa consommation ou son trafic peuvent être interdits. Les peines encourues par les contrevenants peuvent inclure la prison ferme.

Au Canada

La diméthyltryptamine est régie au Canada par la Loi sur les aliments et drogues et est classée comme une Schedule III Drug. Sa possession et son trafic y sont passibles d'une peine d'amende ou de prison, allant jusqu'à dix ans de prison ferme pour son trafic.

Aux États-Unis

Elle est régie par la Loi sur les substances contrôlées (Controlled Substances Act) et fait partie des Schedule I Drugs au même titre que l'héroïne ou l'ecstasy. Sa possession et son trafic sont passibles de prison.

En France

La DMT est inscrite au registre des stupéfiants.

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a b c d e et f Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 2-13-052059-6)
  3. (en) « Synthesis of Dimethyltryptamine, Chemistry and Industry 1388-89 (1964) »
  4. (en) « Synthesis of Tryptophol from Dihydrofuran and Phenylhydrazine »
  5. Rick Strassman, DMT : La Molécule de l'esprit, Éditions Exergue, (ISBN 2-911525-61-2)
  6. (en) Jimo Borjigin, Michael M. Wang, Rick J. Strassman et Steven A. Barker, « Biosynthesis and Extracellular Concentrations of N,N-dimethyltryptamine (DMT) in Mammalian Brain », Scientific Reports, vol. 9, no 1,‎ , p. 9333 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-019-45812-w, lire en ligne, consulté le )
  7. M. L. Pochettino, A. R. Cortella et M. Ruiz, « Hallucinogenic Snuff from Northwestern Argentina: Microscopical Identification of Anadenanthera colubrina var. cebil (Fabaceae) in Powdered Archaeological Material », Economic Botany, vol. 53, no 2,‎ , p. 127–132 (ISSN 0013-0001, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) José M. Capriles, Christine Moore, Juan Albarracin-Jordan et Melanie J. Miller, « Chemical evidence for the use of multiple psychotropic plants in a 1,000-year-old ritual bundle from South America », Proceedings of the National Academy of Sciences,‎ , p. 201902174 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 31061128, DOI 10.1073/pnas.1902174116, lire en ligne, consulté le )
  9. (en-US) Yasmin Anwar et Media Relations| May 6, « Ayahuasca fixings found in 1,000-year-old Andean sacred bundle », sur Berkeley News, (consulté le )
  10. (en) Ryan Lambie, « Gaspar Noé Interview: Enter The Void, illegal substances and life after death »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie