Vache laitière
Une vache laitière est une vache élevée pour produire du lait destiné à la consommation humaine. Les vaches laitières produisent des veaux, des génisses pour le renouvellement des troupeaux et de la viande (vaches de réforme).
Élevage
Quelques chiffres
Les vaches laitières représentent 3,7 millions d'individus parmi 18,7 millions de vaches en France en 2011[1].
35 % du cheptel (toutes vaches confondues, y compris non-laitières) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et la Basse-Normandie.
La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.
De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 à 4 108 000 individus (soit +23 % en 26 ans). (référence voir discussion)
Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 à 3 678 000 d'individus (soit -44 %).
C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.
Répartition des laitières et allaitantes par ancienne région : fort nombre de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Auvergne, Midi-Pyrénées et fort nombre de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne+Pays-de-Loire+Basse-Normandie).
L'élevage français (tout animal confondu) représente en valeur près de 35 % de la production agricole nationale, et plus de 16 % de l'économie de l'élevage européen[réf. nécessaire].
Exploitant environ 50 % des 28,8 millions d'hectares de surface agricole (SAU) du territoire français, ces élevages se situent essentiellement dans le Grand-Ouest, le Massif central et ses bordures, ainsi qu'à l'Est du pays et en région Midi-Pyrénées. Ces élevages français ont aussi la particularité d'être très diversifiés. La grande variété des reliefs, des climats et des sols explique pour une part cette diversité. L'autre part relève des cultures et traditions régionales associées aux populations. Tout ceci a eu pour effet l'apparition d'une mosaïque de mini-régions nommées terroirs et la sélection par les éleveurs d'une multitude de races pour valoriser ces milieux.
Alimentation
La vache est un animal polygastrique, c'est-à-dire qu'elle possède plusieurs estomacs (rumen, réseau, feuillet, caillette) ; c'est un Ruminant. Son alimentation se fonde sur ces particularités anatomiques et biologiques.
À l'état naturel, une vache se nourrit principalement d'herbe. Mais aujourd'hui, l'attrait mondial accru pour les produits laitiers a conduit les éleveurs à utiliser des races à haut niveau de production et à modifier l'alimentation de leurs animaux, la production de lait induisant des besoins très importants[2].
Dans la majeure partie des élevages, l'alimentation change en fonction de la saison. L'herbe, qui ne pousse que faiblement en hiver, ne suffit plus à nourrir les bêtes et pousse les éleveurs à recourir à des aliments conservés, des fourrages comme le foin, l'ensilage de maïs ou d'herbe ou la paille. L'alimentation de la vache (la ration) repose donc sur un ou plusieurs fourrages fermentés en partie par les micro-organismes présents dans son rumen. Ils rendent en particulier la cellulose assimilable[3].
Mais ces fourrages dits grossiers ne suffisent pas : pour avoir une ration équilibrée et donc répondre le mieux possible aux besoins de la vache en lactation, il est généralement nécessaire d'apporter un supplément énergétique (grains) et un supplément protéique, comme les tourteaux qui sont des co-produits d'huiles alimentaires : tourteaux de colza, de tournesol, de soja. D'autres sources de protéines existent comme la luzerne déshydratée. Pour finir, il reste la complémentation en minéraux et en vitamines. La vache a principalement des besoins en minéraux en calcium, le magnésium et phosphore mais aussi en oligo-éléments comme le zinc, l'iode, le manganèse, le cuivre, le soufre, le sélénium. Il est également recommandé d'apporter des vitamines.
En résumé, l'alimentation de base de la vache laitière peut reposer sur l'herbe à la belle saison et le reste de l'année sur une ration composée de fourrages conservés. Tout au long de l'année l'alimentation doit être ajustée en énergie, matières azotées et minéraux.
Bâtiments d'élevage
Ils comprennent une étable entravée ou en stabulation libre équipée d'une fumière ou d'une fosse à lisier.
Gestation
Voir Bos taurus#Femelle
Le vêlage est nécessaire à la sécrétion de lait par la vache. La phase de gestation et la phase de lactation se chevauchent, idéalement sur une période d'un an.
La durée de gestation des vaches laitières, varie en fonction de la race de la vache. Voici les durées de gestation des principales races[4] :
Française Frisonne | 277 jours |
---|---|
Jersiaise, Pie rouge des plaines | 279 jours |
Prim'holstein, Rouge flamande | 281 jours |
Normande, Salers | 286 jours |
Tarentaise | 288 jours |
Abondance, Brune, Montbéliarde | 289 jours |
Pie rouge de l'est | 290 jours |
Lactation et traite
Dans les élevages professionnels les vaches sont traites à l'étable à l'aide d'une machine à traire ou plus souvent dans une salle de traite disposant d'équipements complexes assurant à la fois la rapidité de la traite, l'hygiène du lait et un confort minimal pour l'animal et le trayeur.
Types de salle de traite en fonction du nombre de vaches à traire :
Nombre de vaches | types de salles de traite | Nombre de vaches/heure |
---|---|---|
troupeau - de 40 VL | tandem 2x2
tandem 2x3 épi 2x3 épi 2x4 Arrière 8 simple quai |
30 à 45
30 à 55 30 à 45 30 à 55 50 à 65 |
Troupeau 40-60 VL | tandem 2x4
épi 2x5 arrière 10 en simple quai arrière 2x5 |
50 à 65
45 à 55 40 à 55 60 à 70 |
Troupeau 60-80 VL | tandem 2x5 avec décro
epi 2x6 décro arrière 2x6 décro |
55 à 75
60 à 70 60 à 80 |
Troupeau + 80 VL | épi 2x8 avec 2 trayeurs
épi 2x10 avec 2 trayeurs épi 2x12 avec 2 trayeurs arrière 2x8 avec 2 trayeurs arrière 2x10 avec 2 trayeurs arrière 2x12 avec 2 trayeurs arrière 2x14 avec 2 trayeurs roto 14 postes roto 16 postes roto 18 postes roto 20 postes roto 22 postes roto 26 postes roto 32 postes 2 trayeurs roto 36 postes 2 trayeurs |
65 à 80
75 à 85 80 à 100 70 à 90 80 à 100 90 à 120 110 à 130 80 90 100 110 120 140 155 à 200 165 à 200 |
Préparation de la mamelle
Les éleveurs suivent généralement un protocole assurant la décontamination et la préparation de la mamelle à la lactation.
Cette préparation, préalable à la pose de la griffe de traite, poursuit 2 objectifs :
Objectif de qualité du lait et de santé animale
- L’extraction des premiers jets de chaque quartier dans un bol à fond noir permet de vérifier l'apparence du lait afin de détecter les signes éventuels de mammites subcliniques (caillots dans le lait ). Il est aussi possible de réaliser un test avec des réactifs. Le lait présent initialement dans le canal de trayons et plus "concentré" en germes pathogènes sera ainsi évacué, donc écarté de la collecte, et ne contaminera pas la machine à traire. Il faut veiller à bien recueillir de lait dans un récipient et non dans les mains ou le jeter par terre.
- L'emploi d'un produit désinfectant ou d'eau chaude pour le lavage de la mamelle permet de diminuer fortement le nombre de germes présents à l’extérieur des trayons et limite leur passage dans les manchons trayeurs.
- grâce au nettoyage, on élimine les souillures organiques, présentes sur les trayons, qui sont support de germes. Cette action permet aussi de se débarrasser des spores butyriques (bactéries du genre clostridium[5]).
- le lavage permet l'élimination des résidus des produits utilisés en post-trempage à la fin de traite précédente.
Objectif physiologique
La stimulation de la mamelle permet d'assouplir la peau du trayon et favorise le réflexe d'éjection du lait.
La traite sera donc complète et plus rapide. Ce geste permet à la vache de stimuler la production d'ocytocine, hormone commandant l'éjection du lait
À l'inverse, tout ce qui est susceptible de perturber les vaches, de les apeurer (cris, bruits anormaux, personnes étrangères à l'exploitation, brutalités) va inhiber le réflexe d'éjection du lait. En effet, dans ces situations de stress, les animaux sécrètent de l’adrénaline, hormone qui contrecarre l'action de l'ocytocine. les quantités de lait produites dans ce contexte seront donc nettement inférieures.
Les différentes techniques de décontamination de la mamelle
- Le lavage avec des lavettes
L'éleveur utilise des lavettes individuelles (une par vache), imbibées d'eau savonneuse, pour laver les trayons en insistant sur leur extrémité.
Pour chaque vache, le lavage est suivi d'un essorage manuel de la lavette permettant ensuite d'essuyer les trayons.
En fin de traite, les lavettes sont nettoyées et désinfectées à l'aide d'eau chaude puis d'un produit type alcalin. Les lavettes seront enfin lavées dans un lave linge.
Atouts :
Procédé le moins onéreux
bonne adaptation des animaux à cette technique
nettoyage des trayons efficace
bonne efficacité sur les mamelles très sales
bonne stimulation des mamelles
Limites :
Passer du temps avant et après la traite
- Le lavage à l'aide de douchettes
Un système de canalisation d'eau et de douchettes, dans la salle de traite, permet l'aspersion des trayons avec de l'eau tiède (40 °C). Le jet doit être ciblée et ne pas asperger l'ensemble de la mamelle. Ce lavage est suivi d'un essuyage minutieux avec une serviette de papier épaisse, à usage unique.
Coût de fonctionnement plus important
risque d'aggravation des problèmes de gerçures
essuyage très important
- Le pré trempage
Double action mécanique et sanitaire. Avant la pose des gobelets, chaque trayon est trempé dans une solution contenant un antiseptique. Après avoir laissé agir quelques secondes, on procède à un essuyage efficace avec un serviette en papier à usage unique pour retirer le produit afin qu'il n'y ait aucune trace de résidu dans le lait.
Atouts :
Effet intéressant sur la décontamination des trayons avant la traite.
Cette technique procure un certain confort grâce au travail au sec et est rapide, donc peu exigeante en main d’œuvre.
Les produits de pré trempage contiennent des agents adoucissants et assouplissants favorables à l'adaptation du trayon à la traite mécanique
Limites :
Procédé coûteux selon les produits utilisés
technique moins efficace contre les butyriques
efficacité moins bonne que celle des autres techniques lorsque les conditions de logement sont mauvaises.
Races laitières
Race | Nombre en France | durée de lactation | Production de lait par lactation, en kg | Taux butyreux en g/kg | Taux protéique en g/kg |
---|---|---|---|---|---|
Prim'Holstein | 1 687 730 | 352 | 9411 | 39,3 | 32 |
Montbéliarde | 415 552 | 310 | 7027 | 38,9 | 32,8 |
Normande | 229 635 | 322 | 6546 | 42,5 | 34,8 |
Abondance | 22 763 | 293 | 5302 | 37,3 | 33,4 |
Brune des Alpes | 17 235 | 339 | 7401 | 41,8 | 34,3 |
Simmental | 16 045 | 305 | 6151 | 40,3 | 33,7 |
Pie rouge des plaines | 10 221 | 328 | 7791 | 42,3 | 33,2 |
Tarentaise | 7 660 | 278 | 4240 | 36,4 | 32,4 |
Jersiaise | 4 075 | 325 | 5222 | 55,5 | 38,3 |
Salers | 1 628 | 227 | 2293 | 33,9 | 32,9 |
Vosgienne | 1 223 | 289 | 4157 | 38 | 31,8 |
Rouge flamande | 777 | 296 | 5369 | 39,9 | 32,7 |
Pathologies
- Mammite
- Boiterie
- Kyste ovarien
- Déplacement de caillette
- Acétonémie
- Métrite
- Fièvre de lait (ou fièvre vitulaire)
- Rétention placentaire
Vache de réforme
Une vache de réforme est une vache qui est écartée d'un troupeau afin d'être abattue. Les causes de réforme d'une vache laitière peuvent varier. Hormis les cas de réformes liées à des accidents, ce sont principalement :
- La baisse du débit de la lactation qui apparaît en général vers l'âge de 5 ou 6 ans,
- Les problèmes de santé à répétition (mammites, maladies diverses),
- Les boiteries,
- Les problèmes de reproduction (mauvaise fertilité, résultats décevant concernant la fécondité).
En France, 35 % de la consommation de viande de bœuf provient des vaches de réforme laitières[6].
Veaux
Les éleveurs gardent en général une femelle sur trois pour le renouvellement du troupeau. Ces femelles sont généralement issues de parents faisant l'objet de plans d'accouplement, la semence paternelle étant le plus souvent fournies par des sociétés de sélection par l'intermédiaire des centres d'insémination dans le but d'améliorer l'élevage laitier. Les autres veaux sont soit destinés à l'élevage comme veaux de boucherie, soit à l'élevage d'animaux jeunes ou adultes pour la viande. Dans ce cas, les vaches de races laitières peuvent être croisées avec un taureau de race bouchère par saillie naturelle ou insémination.
Les veaux mâles de races laitières hyperproductrices comme la Holstein, donnent en race pure des individus de très faible valeur pour l'élevage boucher. Ils sont donc régulièrement abattus à la naissance dans certains pays (Australie, Nouvelle-Zélande, …)[7]. Cette pratique gagnerait l'Europe[8].
Notes et références
- http://agriculture.gouv.fr/lelevage-en-chiffres
- Dominique Soltner, Alimentation des animaux domestiques. Tome 2, La pratique du rationnement des bovins, ovins, porcins, Sciences et Techniques Agricoles, (ISBN 2-907710-13-3 et 978-2-907710-13-8, OCLC 490875268, lire en ligne)
- « L'alimentation des vaches laitières », Les produits laitiers, (lire en ligne, consulté le )
- Guy Charron, les production laitières volume 2 conduite technique et économique du troupeau, 292 p., page 45 et 46
- Institut de l'Élevage, « Accidents de fromagerie » (consulté le )
- Rapport Idele[1]
- (en) « Our dairy industry kills 2 million calves a year but they dont have to », ReNews, (lire en ligne)
- « Les veaux mâles sont de plus en plus abattus dès la naissance », RTS, (lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
- Élevage bovin
- Lait de vache
- Contrôle laitier
- Lactation
- Produit laitier
- Industrie laitière
- Vache sacrée
- Vache de réforme
Bibliographie
- Jean-Marie Perreau, Conduire son troupeau de vaches laitières, France Agricole, , 403 p., page 5-6 page 97
- Guy Charron, Les productions laitières volume 2 conduite technique et économique du troupeau, 292 p., p. 46-47