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Fondation Karolyi

Le Comte Mihaly Karolyi

Fondation à but culturel et d’aide aux artistes créée en 1959 à Vence par Madame la Comtesse Michael Karolyi.

Historique

La famille Karolyi était venue, de la lointaine Hongrie, s’installer en terre vençoise dans les années 1950. Le père, le Comte Michael KAROLYI , était un homme d’état hongrois qui avait présidé aux destinées de son pays de 1918 à 1919. Il avait exercé les fonctions de Premier Président de la République démocratique hongroise du 16 novembre 1918 au 11 janvier 1919.

A la suite de son exil pour des raisons politiques, il s’installera avec son épouse sur la Côte d’Azur, où il décèdera cinq années plus tard.

C’est en hommage à son mari, grand amateur d'art, que la Comtesse décidera de créer un lieu d’accueil ouvert aux artistes de tous horizons. Son objectif était d’encourager l’amitié entre les peuples par le biais de la création. Ainsi est née la Fondation Michael Karolyi en 1959, dans le quartier de l’Ara, à Vence.

Trois hectares dédiés à l'art

Répartie sur trois hectares de terrains vallonnés parsemés d’oliviers, cette fondation comprenait : « Le Vieux Mas », une ancienne bastide du XVIIe siècle, sept petits bungalows individuels ainsi qu’un atelier collectif où les résidents pouvaient donner libre cours à leur imagination. C'était un lieu reposant, empreint d'une grande beauté, et un cadre idéal propice à l'inspiration créatrice.

Après le décès de la Comtesse Catherine Karolyi en 1985, sa fille Judith devait reprendre les rênes de la Fondation. « Son dévouement et son goût pour l’art sous toutes ses formes ont permis à ce temple de la création de poursuivre sa mission historique » confie aujourd’hui une amie de Judith, Tanya Leslie . « A la Fondation Karolyi, le maître mot était éclectisme ».

Quelques résidents

Parmi les résidents qui ont jalonné la vie de la Fondation, on peut citer, parmi tant d’autres :

• Le peintre irlandais Edward Plunkett et ses abstractions géométriques,
• L’américain Jeffrey Hessing et ses huiles aux teintes bleutées,
• Frank Beanland , membre fondateur de l’académie multimédia « The Cut », basée à Halesworth au Royaume-Uni,
• Le Californien Theo Radic , coloriste avant tout, et ses collages hétéroclites,
• Olaf Hanel , peintre et graveur né à Prague, l'un des fondateurs du Groupe Darcheu,
• Le graveur australien Martin King , qui a voyagé aux quatre coins du monde pour enseigner son art.

Côté sculpture, on y croisait :

• Ron Boise dont les immenses nus en cuivre ont souvent défrayé la chronique,
• le Serbe Nikola Jancovic, connu pour ses nombreux bustes d'hommes politiques,
• Fiona Orr diplômée du Victorian College of the Arts de Melbourne, devenue mentor pour la jeune génération,
• le Tchèque Jan Koblasa , un plasticien versatile aux multiples facettes,
• L'Américain Fred X Brownstein , souvent primé pour ses personnages en marbre, qui avait étudié l'art statuaire en Italie pendant sa jeunesse,
• Le Tchèque Vladimir Preclik , également écrivain, dont les œuvres sont exposées dans de nombreux musées et galeries d'art de par le monde.

Quant à l’écriture, elle sera incarnée entre autres par :

• Suzanne Gardinier , essayiste et poétesse originaire du Massachusetts, membre du PEN Club International,
• La narratrice américaine Carole Maso , dont plusieurs romans ont vu le jour à ||Vence]],
• Deirdre Madden , lauréate du Prix Rooney 1987 pour son premier livre Hidden Symptoms,
• Stephen Tapscott , poète et critique littéraire passionné par l’Amérique latine, traducteur des sonnets de Pablo Neruda,
• La poétesse et historienne de l'art Věra Linhartová, traductrice de Raymond Queneau et ancienne conservatrice du Musée Guimet à Paris.
• Marilyn Hacker, poétesse new-yorkaise d'origine juive, a effectué plusieurs séjours à la Fondation entre 1979 et 1985. Ses œuvres revisitent les formats traditionnels de la versification tels que les sonnets, les sextines et les villanelles. Son écriture engagée aborde le féminisme et la politique tout en gardant un caractère intimiste.
• Lawrence Joseph , écrivain et journaliste américain ayant collaboré à de nombreuses revues internationales. Ses deux séjours à la Fondation pendant l'été 1987 et l'été 1988 lui ont permis de peaufiner un ouvrage scientifique dans lequel il explorait la théorie Gaïa.

L’inspiration allait souvent de pair avec l’engagement :

• Politique dans le cas de Ralph Hotere et ses « Peintures Noires »,
• Social avec l’Allemand Ulli Lindow et son combat pour égayer les écoles,
• Conceptuel pour Susan Hiller , dont les recherches minutieuses explorent l’image, la parole et l’anthropologie.

Car qu’elle soit d’ordre plasticien, dans la recherche d’écriture, de conception musicale, la création :

• Favorise l’échange entre les peuples,
• Elle rapproche,
• Elle précise les attaques de l’identité individuelle et collective,
• Elle résout certains paradoxes,
• Elle lénifie,
• Elle amène la paix.

En 1965, Ron Boise enfante un masque de cuivre et de laiton, tandis qu’en 1973, Josefina Hahete exulte dans des figures totémisées. Plus près des années 80, Mango Smith donne dans le lavis jean délavé et Flore, sans le moindre complexe, n’a pas le moindre, n’a pas peur de se brûler les ailes avec sa série d’Icare.

Fulgurance des rencontres, décisions, du non-retour… « On se casse la figure, dit-elle, mais recommence ». Oui, un éternel recommencement, un éternel retour qui fait de la Fondation Karolyi un château presque magique où le sourire de la Comtesse est plus que jamais gravé sur les feuilles et les pétales.

Commémoration des 27 ans

La fondation Karolyi fête ses 27 ans, bel âge qui a donné lieu à une sympathique et chaleureuse réception d’honneur, présidée par La Comtesse Judith Karolyi, directrice des lieux et ses collaboratrices, Olivia Baschkoff, Zenka Barteek , Flore. Quatre femmes, Quatre muses, Quatre amazones dont le talent, le travail et surtout l’amour de l’art ont redonné un souffle à la Fondation Karolyi.

Les résidents présents lors de cette réception signifiaient l’art d’aujourd’hui et de demain. Mais cet art, trouve aussi sa force et sa raison d’être dans l’art d’hier. Art qui, durant vingt-sept années, a fleuri à la fondation et n’a pas quitté les mémoires.

L’objectif de cette réception était double :

• Rencontrer les nouveaux résidents.
• Présenter un échantillon d’œuvres réalisées au fil des années à la fondation.

Lors du décès de sa fondatrice, La Comtesse Catherine Karolyi, on a eu des craintes, des appréhensions quant au devenir de ce temple artistique. Et puis rien de tout cela, terminées les angoisses, tout repart comme avant et on peut désormais espérer en un avenir solide et rose pour la création contemporaine au niveau international.

L’année de cet anniversaire est raccourcie en deux sessions. A partir du moi de mai (1), les rencontres culturelles vont bon train, en effet douze artistes originaires d’Australie, du Canada, de Chine, des Etats-Unis, d’Italie résident à la Fondation, cogitent, rêvent, cherchent, font galoper leur imagination. Imagination tour à tour peinte, dessinée, sculptée, écrite, le seul dénominateur commun est la création.

(1) A cette session de mai participaient :

• Carol Rubenstein
• Nancy Kricorian
• Suzanne Gardinier
• Gabrielle Mandola
• Carolyn Parker
• Clifton Snider
• Deirdre Madden
• Fiona Orr
• Malcolm Tompson
• Li Tian Wei
• Olah Hanel
• Gianni Gangai

Près de cinq cent artistes

En tout, un peu moins de cinq cent résidents venant des cinq continents se seront succédé à la Fondation Karolyi, qui a fermée ses portes en juillet 1991.

Depuis, la propriété a été acquise par le peintre américain Nall , qui l’a rebaptisée N.A.L.L. Art Association .

Tristesse

Après son départ de Vence, Judith Karolyi vint habiter avec son associée et compagne Zenka Bartek à Tourrettes-sur-Loup, un village voisin.

Elle y avait ouvert un atelier et un magasin de poterie avant d’aller vivre à Londres à partir de 1995.

« C’était une femme au grand cœur dont la gentillesse et la générosité étaient fort appréciées », raconte Tanya Leslie. « C’était aussi un personnage discret qui savait se montrer modeste. Sa disparition laissera un grand vide et elle nous manquera à tous.  »

Mercredi 21 novembre 2012. Nous venons d’apprendre le décès, à Londres, de Judith Karolyi, fille de Monsieur le Comte Michael Karolyi et Madame la Comtesse, à l’âge de 93 ans. Sa disparition clôt une importante page de la vie culturelle vençoise du XX° siècle.

Judith Karolyi laisse derrière elle son fils Christopher, artiste potier, qui vit dans la région de Londres.