Utilisateur:Leonard Fibonacci/Concile de Jérusalem

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L'article en cours d'écriture: Concile de Jérusalem

Le « concile de Jérusalem » ou « assemblée de Jérusalem » ou « réunion de Jérusalem » est un nom appliqué rétrospectivement à des discussions décrites dans le livre des Actes des Apôtres, quinzième chapitre[1], tenues sous la direction de Jacques le Juste et qui sanctionnent l'ouverture de la communauté des juifs chrétiens aux païens au milieu du Ier siècle.

La réunion de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Selon Simon Claude Mimouni, au cours de la réunion « la question de la circoncision, notamment est posée par des pharisiens devenus chrétiens. Elle est examinée par les apôtres et les anciens (Presbytres) en présence de la communauté. Elle est résolue par Pierre qui adopte le principe suivant : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il ne faut plus leur imposer le « joug » de la Torah. Jacques accepte la proposition de Pierre[2]. »

Selon Etienne Nodet, dans cette réunion les apôtres sont représentés par Pierre, et les Anciens sont représentés par Jacques le Juste[3]. Il s'agit de répondre plus précisément à la question de savoir si la circoncision est nécessaire au salut ou si la seule foi en Jésus est suffisante. Faut-il être d'abord juif avant d'entrer dans la communauté ? La circoncision et la filiation juive sont-elles secondaires au point d'admettre des non-juifs[3]. La question se déplace sous l'influence des pharisiens chrétiens[4] sur l'observance stricte de la Loi, y compris la circoncision tandis que Pierre expose comment les nations païennes sont devenues croyantes en entendant de sa bouche la parole, de l'Évangile[5].

La question est donc double et le discours de Pierre répond en fonction du salut tandis que celui de Jacques s'articule en fonction de la Loi. C'est, en filigrane, la question du rôle du Christ dans le salut de Dieu et l'organisation des rapports entre juifs et non-juifs dans les premières communautés judéo-chrétiennes.

Selon Simon-Claude Mimouni, Jacques le Juste est toutefois inquiété par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les communautés[2] comportant à la fois des « adeptes de la Voie » (juifs) et ce que l'on pourrait appeler des « adeptes de Chrestos » (Païens ou plutôt Polythéistes[6]), souvent appelées « communautés mixtes » par les spécialistes.

Pour respecter l'obligatoire « pureté » exigée par l'orthopraxie juive, « il ne faut pas que les chrétiens d'origine juive aient à craindre de souillure légale lorsqu'ils fréquentent les chrétiens d'origine Polythéiste[6]. Il propose par conséquent sa décision à l'assemblée de la communauté et enjoint de la notifier aux chrétiens d'origine païenne par lettre : il faut que ces derniers observent un minimum de préceptes en s'abstenant des souillures de l’idolâtrie, de l'immoralité, de la viande étouffée et du sang[2]. »

Le débat[modifier | modifier le code]

Le débat peut être ainsi résumé : la foi en Jésus était-elle suffisante pour être sauvé ou devait-on en plus observer les règles traditionnelles du judaïsme ?

Jacques apportera les éléments de solutions en faveur de Pierre et donnera tort aux pharisiens en écartant la nécessité de la circoncision avant le baptême en agréant le baptême opéré par Pierre du centurion romain non circoncis Corneille. Jacques définit cependant trois interdits à conserver pour qu'un païen puisse être reçu dans la communauté avec les membres issus du judaïsme : interdit de manger les viandes non-saignées[7], interdit de pratiquer l'immoralité sexuelle (la fornication)[8] auxquels Jacques ajoute l'interdit de se rapprocher des idoles[9].

Il faut toutefois mentionner qu'en dehors de Corneille, il n'y a pas trace de païens convertis ni à Jérusalem, ni en Judée à cette époque et que Jacques maintient une séparation entre Juifs et païens[10].

La décision de Jacques, connue ultérieurement sous le nom de Lettre apostolique se trouve dans les Actes 15, 23-29[11] :

« Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut ! Ayant appris que, sans mandat de notre part, certaines gens venus de chez nous ont, par leur propos, jeté le trouble parmi vous et bouleversé vos esprits, nous avons décidé d'un commun accord de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous vous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous transmettent de vive voix le même message. L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu. »

Les multiples problèmes posés[modifier | modifier le code]

Cet épisode pose de multiples problèmes lorsqu'on compare la relation faites dans les Actes des Apôtres avec ce qu'écrit Paul de Tarse dans l'Épître aux Galates[12]. Dans leur rédaction actuelle les Actes des Apôtres depuis 15, 1-3 jusqu'à 15, 30-34 constituent une unité constituée[12].

Deux grandes familles du texte[modifier | modifier le code]

Dans les manuscrits anciens, les Actes des Apôtres existent en deux grandes versions — avec des variantes — auxquelles la critique a donné les noms de « Texte occidental » et « Texte alexandrin »[13]. Ces désignations géographiques n'ont pas de contenu historique, mais reflète simplement les localisations des endroits où ont été découverts les premiers manuscrits de ces deux versions. Le « Texte occidental » est considéré comme une version antérieure au « Texte alexandrin ». Les Actes des Apôtres que l'on trouve dans les Bibles chrétiennes et les Nouveaux Testaments relèvent tous du « Texte alexandrin ». On peut trouver le « Texte occidental » dans le livre I des Actes des deux apôtres de M.-E. Boismard et A.Lamouille[14] ou dans Le texte occidental des Actes des apôtres, 2000, des mêmes auteurs et du même éditeurs.

La composition du texte et les sources des Actes des Apôtres[modifier | modifier le code]

« Les Actes des Apôtres ont fait l'objet d'une critique dévastatrice depuis quelques décennies par certains, au point de se voir dénié par certains, en tout ou partie, toute valeur historique[13]. » Tout usage documentaire impose donc un choix critique préalable sur le texte proprement dit[15]. En effet, un ensemble de problème se posent « et d'abord l'irritante question des sources des Actes[13] ». On s'interroge ensuite sur la nature des liens entre le rédacteur principal et les événements qu'il rapporte : est-il un témoin direct, un simple rédacteur à partir de documents antérieurs, et lesquels[13] ? Si Luc est le rédacteur principal, quelle valeur historique donner à son ouvrage[13] ?

Malgré la part de conjecture que comporte l'hypothèse de Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, François Blanchetière estime à la suite de John Taylor que cette hypothèse permet « de remonter de façon objective aussi haut que possible dans les étapes de la rédaction de ce livre[16]. »

Document pétrinien[modifier | modifier le code]

François Blanchetière rappelle les travaux de Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, qui parviennent à identifier quatre documents qui auraient permis à leur auteur – traditionnellement saint Luc – d'écrire les Actes des Apôtres. Écrivant sur les nazôréens, Blanchetière considère pour sa part comme source directe uniquement la partie tirée du « document pétrinien », appelé « document P »[17],[N 1]. Certainement d'origine palestinienne, ce « document P » pourrait émaner de « cercles fortement influencés par la culture grecque [à savoir] des juifs convertis qui étaient déjà de culture grecque » et qui utilisaient la Septante. « Pour l'auteur du "document P", Jésus est avant tout le serviteur de Dieu annoncé par un lointain disciple d'Isaïe (Isa 53) »[17].

Les faits historiques sous-jacents[modifier | modifier le code]

Problèmes chronologiques[modifier | modifier le code]

Doublets ACT II - ACT III p44

Identité du/des rédacteurs[modifier | modifier le code]

  • Auteur de ACT II p. 41-43
  • Admirateur inconditionnel de Paul
  • « Il s'efforce de réinterpréter les récits reçus de ses sources [...], pour les rendre plus conforme à ce que Paul dit de lui-même dans ses lettres qu'il connaît parfaitement et qu'il utilise abondamment<[18]. » + théologie de Paul
  • Unité de vocabulaire avec l'évangile selon Luc

ACT III plus anti-judaïque que ACT II[modifier | modifier le code]

Selon Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, dans ACT III, une « tendance dure se manifeste à l'égard des Juifs, alors que ACT II (« texte occidental ») voulait au contraire les innocenter ». Les deux auteurs notent que le « texte occidental » des Actes des Apôtres « que « ceux qui habitent Jérusalem et leurs chefs » ne comprenant pas les Écritures, avaient livré Jésus à Pilate après l'avoir jugé. En reprenant ce texte ACT III (« texte alexandrin ») le durcit. Les chefs du peuple ont demandé (souligné par les auteurs) à Pilate de faire mourir Jésus, et ils ont fait cette demande bien que, l'ayant jugé, ils n'eussent trouvé en lui aucun motif méritant la mort. » Selon les deux auteurs, ACT III renchérit sur le texte occidental, avec l'anthitèse suivante qui fait référence à l'épisode Barabbas : « Vous avez demandé qu'un meurtrier vive et vous soit donné en grâce, mais l'auteur de la vie, (vous l'avez tué). » cf. Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 48.

Birkat haMinim[modifier | modifier le code]

Les Témoignages sur la Birkat haMinim
1. Le témoignage de l'Évangile selon Jean

« Quelques passages de l'Évangile selon Jean, texte rédigée vers la fin du Ier siècle, pourraient faire référence à l'introduction de la Birkat haMinim dans la liturgie synagogale. Pour nombre d’exégètes chrétiens, en effet, c'est en tout cas ainsi qu'il conviendrait de comprendre le terme aposunagogos, « exclu de la synagogue », utilisé par trois fois (en Jn 9, 22 ; 12, 42 ; 16, 2), pour désigner une sanction d'exclusion contre ceux qui croient que Jésus est le Messie attendu[19]. »

Datation[modifier | modifier le code]

Selon la version actuelle des Actes des Apôtres, suite au retour de Paul de Tarse et de Barnabé à Antioche, une controverse se pose au sein des adeptes de Jésus de Nazareth sur la possibilité du salut pour ceux venant directement du paganisme, s'ils ne respectent pas les observances prescrites par la Torah[20]. La question est alors portée à Jérusalem[21].

Datation[modifier | modifier le code]

Ces évènements sont généralement datés des environs de l'an 50, une dizaine d'années avant la mort de Jacques le Juste, le frère de Jésus. Les indices littéraires amènent à diviser ce concile de Jérusalem en deux périodes distinctes : l'une vers 49-50, dominée par Pierre, portant sur la question du salut, dans une théologie du Christ et de l'Esprit. L'autre, après 52 et avant 58 dominé par Jacques qui traite de questions pratiques concernant la communauté, dans un esprit de légalisme intelligent et pacifique[22], alors que Paul est en Asie mineure, en Grèce et en Macédoine, et en apprend les résultats à son retour en 58[23].

La réunion de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Au cours de la réunion « la question de la circoncision, notamment est posée par des pharisiens devenus chrétiens. Elle est examinée par les apôtres et les anciens (Presbytres) en présence de la communauté. Elle est résolue par Pierre qui adopte le principe suivant : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il ne faut plus leur imposer le « joug » de la Torah. Jacques accepte la proposition de Pierre[2]. »

Selon Simon-Claude Mimouni, Jacques le Juste est toutefois inquiété par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les communautés[2] comportant à la fois des « adeptes de la Voie » (juifs) et ce que l'on pourrait appeler des « adeptes de Chrestos » (Païens ou plutôt Polythéistes[6]), souvent appelées « communautés mixtes » par les spécialistes.

Pour respecter l'obligatoire « pureté » exigée par l'orthopraxie juive, « il ne faut pas que les chrétiens d'origine juive aient à craindre de souillure légale lorsqu'ils fréquentent les chrétiens d'origine Polythéiste[6]. Il propose par conséquent sa décision à l'assemblée de la communauté et enjoint de la notifier aux chrétiens d'origine païenne par lettre : il faut que ces derniers observent un minimum de préceptes en s'abstenant des souillures de l’idolâtrie, de l'immoralité, de la viande étouffée et du sang[2].


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Pour reconstituer les premières décennies du proto-nazaréisme, nous aurons recours tout particulièrement à ce que Boismard et Lamouille appellent la "geste de Pierre" (Ac 1, 6-12, 25 exception faite de l'inclusion Ac 9. 1-30 qui relève de la geste de Paul) dont la source principale est un document – dit document P – vraisemblablement identique aux "mémoires de Pierre" mentionnées par Origène. » François Blanchetière, op. cit., p. 104.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Ac 15
  2. a b c d e et f Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, pp. 134-135.
  3. a et b Étienne Nodet, Qui sont les premiers chrétiens de Jérusalem, in Aux origines du christianisme, éd; Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 240
  4. Ac 15. 5, cité par P. M. du Buit, op. cit. p. 283
  5. Ac 15. 7
  6. a b c et d Selon François Blanchetière, « Païen est un terme qui n'apparaît dans le sens qui lui est resté aujourd'hui qu'au IVe siècle, il est donc anachronique pour parler des origines du mouvement chrétien ; C'est de plus un terme typiquement chrétien. Il conduit en conséquence et subrepticement à adopter un point de vue christiano-centrique, à la différence du terme plus objectif et neutre polythéiste. » , cf. Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 150.
  7. Cf Lv 17. 210-13
  8. Cf Lv 18. 26
  9. Ac 15. 20,29
  10. Étienne Nodet, Qui sont les premiers chrétiens de Jérusalem, in Aux origines du christianisme, éd; Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 241
  11. Ac 15. 23-29
  12. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 250.
  13. a b c d et e François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 103.
  14. Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 63 à 177.
  15. J. Taylor, 1990, p. 281, repris par François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 103.
  16. J. Taylor, 1990, repris par François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 103.
  17. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 134.
  18. Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 41.
  19. Simon Claude Mimouni, Le Judéo-christianisme dans tous ses états, Cerf, 2001, p. 77
  20. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 134.
  21. P.M. du Buit, Le concile de Jérusalem, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 283-288
  22. P.M. du Buit, Le concile de Jérusalem, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 287
  23. Ac 21. 25, cité par P. M. du Buit, op. cit., p. 287