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Résistancialisme

https://archive.org/details/lesyndromedevich0000rous/page/128/mode/2up?q=vadrouille

Photographie en noir et blanc de Charles de Gaulle
Le président de la République Charles de Gaulle, en 1961.

Dès la Libération de Paris, le 25 août 1944, le général de Gaulle propose une mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale très éloignée de la réalité historique en faisant l'éloge d'une nation française en armes contre l’occupant allemand, alors que la plupart des Français étaient « attentistes », c'est-à-dire qu'ils ne prenaient pas part au conflit, n'étaient ni collaborateurs (partisans de l'Occupation allemande), ni résistants. Dès lors, les gaullistes et les communistes développent un « mythe de la Résistance » pour souder la population française après quatre ans de divisions. En 1958, l'avènement de la Ve République fait triompher cette vision erronée du conflit selon laquelle les Français auraient unanimement et naturellement résisté à l'occupant nazi et qui met sous silence la débâcle de juin 1940, les crimes du régime de Vichy et la collaboration. Le président de la République Charles de Gaulle impose à partir de son arrivée au pouvoir cette lecture unanimiste de la guerre en sacralisant la Résistance. L'appel du 18 Juin est célébré par les gaullistes. Le 18 juin 1960, Charles de Gaulle inaugure le Mémorial de la France combattante, où a été érigée la croix de Lorraine, symbole de la France libre. En décembre 1964, les cendres de Jean Moulin, célèbre résistant, sont transférées au Panthéon, lors d'une cérémonie exceptionnelle et solennelle.

L'héroïsme et l'efficacité de la Résistance sont mis en avant au détriment de l'action des Alliés. Cette mémoire occulte ainsi le rôle du régime de Vichy et de la collaboration. (La mémoire officielle gaullienne, par un travail de déformation, aboutit à la diffusion de l'idée que de Gaulle parle d'une France unanimement résistante, ce qui n'a jamais été le cas.).

Concours national de la résistance et de la déportation


collaboration policière

La Résistance

Plusieurs actions permettent de développer le « résistancialisme ». L'appel du 18 Juin est célébré par les gaullistes.

dans la forteresse du Mont-Valérien (où un millier d’otages et de prisonniers français ont été fusillés par les Allemands)

La Grande Vadrouille rentre dans

« image convenue de la France unie et résistante » (Dominé)


Milice

Paris brûle-t-il ? de R. Clément (1966) (d'après le roman du même nom), La Ligne de démarcation de Claude Chabrol (1966) (d'après le roman du colonel Rémy) et L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville (1969) (d'après le roman de Joseph Kessel)

La France de Vichy


Une France occupée sans collaborateurs, ni déportations

Résistancialisme (terme inventé par l’historien Henry Rousso)

La représentation de la Résistance dans le cinéma français

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2016/07/12/reprise-la-grande-vadrouille-duo-de-pieds-nickeles-dans-une-france-occupee_4968084_3476.html

http://www.telerama.fr/cinema/pourquoi-la-grande-vadrouille-reste-un-monument-du-cinema-francais,145019.php?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1468340283

Mémorial de la France combattante du mont Valérien

Ce n'est que dans les années 1970 que les mentalités évoluent, principalement grâce à la publication France de Vichy par Robert Paxton en 1973, qui provoque un choc dans l'opinion

et la diffusion en 1971 du film Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls contribue à relancer le débat.

cette période de démystification s’achève avec l’iconoclaste Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré (1983)


en affirmant que Paris a été « Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, c’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle » puis



Mais où est donc passée la septième compagnie ?[modifier | modifier le code]

Tournage

« White M3 Halftrack Modified for Movie in Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? », sur imcdb.org, Internet Movie Cars Database, (consulté le ).

Le canon et son bouclier surmontant le véhicule se rapprochent d'un 3,7-cm PaK 36

https://fr.quora.com/La-d%C3%A9panneuse-blind%C3%A9e-allemande-aper%C3%A7ue-dans-La-7e-compagnie-%C3%A9tait-elle-un-v%C3%A9hicule-r%C3%A9ellement-utilis%C3%A9e-durant-le-deuxi%C3%A8me-conflit-mondial

D'autres M3 sont modifiés pour ressembler à des Sd.Kfz. 251 (http://www.imcdb.org/vehicle_314386-White-M3-Halftrack.html).

Analyse

Veine comique[modifier | modifier le code]

https://www.bfmtv.com/people/cinema/pourquoi-la-7eme-compagnie-continue-de-cartonner-a-la-television_AN-202004230037.html

Mais où est donc passée la septième compagnie ? ravive le genre du comique troupier, la comédie militaire typiquement française[1],[2]. Tombé en désuétude, le genre avait d'abord été exhumé à la faveur de la contestation de l'autorité et du pacifisme de mai 68 dans Les Bidasses en folie avec les Charlots, en 1971[1],[2]. Le triomphe commercial de ce film répand sur les écrans une flopée de « films de bidasses » au cours des années 1970[1]. Si la critique l'inscrit dans ce genre peu flatteur, Mais où est donc passée la septième compagnie ? apporte un cadre différent, se déroulant dans une vraie guerre et non durant le service militaire, se distinguant ainsi de ces films[1].

Henri Guybet, incarnant Tassin dans les deux suites, estime qu'« il y avait chez Robert Lamoureux ce petit côté franchouillard… surenchéri d’un « esprit banlieue » : Robert, c’était Champigny, Le Perreux, etc. Soit, une atmosphère des plus singulières »[3]. Le critique Francis Courtade ajoute que le film « fait triompher le mythe de la débrouillardise bien de chez nous »[1]. Il peut être approché des aventures d’Astérix, récit comique où le Gaulois (et au travers de lui le Français) se joue de l'invasion romaine, usant de sa ruse et de son sens de la débrouille[4].

Une comédie sur la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Des soldats français prisonniers de l'armée allemande en .

En faisant rire de soldats en déroute de 1940, Mais où est donc passée la septième compagnie ? constitue un jalon dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, à l'époque du délitement du mythe gaullien, le consensus des gaullistes et communistes selon lequel la France avait unanimement résisté, né de la volonté d'oublier la défaite de 1940 et les compromissions de l'Occupation[5]. Le film est l'un des rares à se focaliser sur le sort des soldats de 1939-1940 et le premier à le traiter sous forme de comédie[5],[6]. L'historien Yves Trotignon considère que Mais où est donc passée la septième compagnie ? prolonge la « revisite burlesque » du conflit amorcée par La Grande Vadrouille (1966), qui mettait en scène des civils à une période plus tardive de la guerre[7]. Ce précédent film livrait une vision insouciante de l'Occupation, où les dangers étaient davantage menaçants que réels et amenaient des situations comiques, dénotant des représentations d'alors, à peine vingt ans après la Libération[7]. Le journaliste François Kahn attribue à ce film mené par Bourvil et Louis de Funès « la levée du verrou sur la Seconde Guerre mondiale comme sujet comique »[8]. Le film de Robert Lamoureux va plus loin en tournant en dérision l'écrasante défaite de la France au début de la Seconde Guerre mondiale, un traumatisme encore tabou jusque dans les années 1970, occulté par la mémoire officielle[7],[5].

Yves Trotignon relève que le choc de la débâcle devient « une agréable partie de campagne entre amis », « la campagne de France tourne à la farce, entre une armée française ridicule, des envahisseurs plus caricaturaux que jamais et une population qui paraît surtout pressée que tout finisse et qui fera du commerce avec qui veut »[7].


[5].

"qu’une hâte : retourner chez eux ; qu’une préoccupation : ce qui se passe chez eux" (surtout Chaudard préoccupé par les comptes de sa quincaillerie sur le front)

"dans le civil – joué par Pierre Mondy – se fait envoyer au front, par sa femme, les comptes du commerce tenus à jour). Les plus courageux n’ont que deux motifs d’action : bien manger tout de même, mais surtout éviter la prison en Allemagne... pour se retrouver chez eux. En dehors de l’armée, la France qui nous"

Le passage de l'épicier servile envers deux soldats allemands mais intraitable envers Chaudard annonce la collaboration, vengée d'avance par le mauvais coup infligé par le quatuor déguisé en ennemis[5].



L'historien Jean-François Soulet établit entre La Grande Vadrouille et Mais où est donc passée la septième compagnie ? des mêmes aspirations pour le public : « une large partie de la population française a cru reconnaître dans cette vision caricaturale le comportement des Français pendant cette période ; des Français dépeints comme des antihéros, survivant plutôt bien à la débâcle de juin, à la désorganisation de l'armée (…) grâce à leur seule débrouillardise »[4]. Le fait qu'il ait pu rire du conflit près de trente ans après, et en particulier de l'épisode de la débâcle, témoigne d'une évolution des mentalités[4]. Le sociologue Paul Yonnet explique que « les raisons du rire à succès de La Septième Compagnie nous en apprennent plus sur la France et les Français des années soixante-dix et même quatre-vingt, sur l'effondrement idéologique en train de se dessiner du cadre gaullo-communiste, que maintes productions didactiques »[5]. Si La Grande Vadrouille tenait plus du mythe résistancialiste des années 1960 en ne montrant aucun collaborateur et des Français facilement versés dans la Résistance, Mais où est donc passée la septième compagnie ? ne se rattache à aucun récit mémoriel, n'étant selon Yonnet « ni communiste, ni pétainiste, ni gaullien », et donc pur produit de la période post-de Gaulle[5]. Le troisième et dernier opus, La Septième Compagnie au clair de lune (1977, ayant lieu en pleine Occupation, va poursuivre cette démythification[5]. L'iconoclaste Les Chinois à Paris (1974) de Jean Yanne raille à son tour la débâcle de 1940 (notamment la lâcheté des dirigeants) de manière indirecte en imaginant une invasion chinoise de la France dans les années 1970[9].


débrouillardise, à la façon d'une transposition d’Astérix[4]


Finalement, Mais où est donc passée la septième compagnie ? et On a retrouvé la septième compagnie demeurent les rares films marquants à traiter de la débâcle de 1940, l'écrasante défaite de la France au début de la Seconde Guerre mondiale[6]. Malgré l'existence de combats et faits héroïques pour l'armée française au cours de ces quelques mois, le poids de la défaite, l'Occupation et la collaboration qui en ont suivi, ôtent tout désir de mettre en scène une intrigue à l'angle épique sur la période, un traumatisme qui dure pendant plusieurs décennies[10]. De manière générale, les soldats de 1940 restent durablement occultés de la mémoire officielle[11]. Par ailleurs, les films qui portent sur le reste de Seconde Guerre mondiale s'attachent surtout aux civils entrés dans la résistance et non aux militaires[10]. Ainsi, à cause de son succès commercial et du peu de films dans ce cadre historique, l'historienne Bénédicte Chéron estime que « pour beaucoup, le militaire français des années 1939 et 1940 revêt les traits de Jean Lefebvre ou Pierre Mondy dans la trilogie de La Septième Compagnie »[6] ; selon elle, la popularité persistance de la trilogie « ancre dans les représentations françaises une image sympathique mais aussi un peu méprisable du soldat défait de 1940, très éloignée des réalités combattantes »[10].

La Vache et le Prisonnier (1959), succès populaire avec Fernandel, avait déjà pour héros un soldat défait de 1940 mais le ton était plus dramatique[8].

L'historien Rémi Dalisson utilise le dessin de l'affiche du film comme illustration de son livre Les soldats de 1940, une génération sacrifiée[12]

L'historien Rémi Dalisson est sévère envers le film

la représentation des soldats allemands, vue et revue <ref name="Dalisson" /> Rémi Dalisson, Les soldats de 40, une génération sacrifiée, Paris, CNRS Éditions, , 270 p. (ISBN 9782271133243, lire en ligne).

Yves Trotignon reconnaît qu'« à défaut d'être réaliste, le film présente une vision presque engagée de la troupe : les officiers sont de jeunes bourgeois éduqués et dynamiques ou de vieux bourgeois dépassés, les sous-officiers des petits commerçants et les simples soldats des hommes du peuple n’ayant aucune véritable compréhension de ce qui se joue – tous, pour autant, accomplissant leur devoir » ; il rapproche cette essai d'ancrage social de celui réussie par Jean Renoir dans La Grande Illusion en 1937, qui montrait le mélange des différentes classes sociales dans un camp de prisonniers en Allemagne durant la Première Guerre mondiale[7].



essentiel ? pour le troisième film en tout cas : les révélations de Paxton amènent à une vague de films à charge appuyant sur la collaboration d'une partie des Français, Le Chagrin et la Pitié, Lacombe Lucien (1974), Les Guichets du Louvre (1974) sur la rafle de juillet 1942, Section spéciale" (1975) (http://www.pascalbauchard.fr/wordpress/?p=35)

pour clair de lune : L'historien Jean-François Soulet établit entre La Grande Vadrouille et Mais où est donc passée la septième compagnie ? des mêmes aspirations pour le public : « une large partie de la population française a cru reconnaître dans cette vision caricaturale le comportement des Français pendant cette période ; des Français dépeints comme des antihéros, survivant plutôt bien à la débâcle de juin, à la désorganisation de l'armée, et au régime de collaboration grâce à leur seule débrouillardise », à la façon d'une transposition d’Astérix[4]. Le fait qu'il ait pu rire du conflit près de trente ans après témoigne d'une évolution des mentalités[4].

Représentation de la débâcle de 1940[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Francis Courtade, « Dix ans de cinéma français », Communication et langages, nos 41-42 « Spécial 10 ans. La bilan lucide de 10 ans de presse, télévision, etc. »,‎ 1er et 2e trimestre 1979, p. 115-127 (lire en ligne)
  2. a et b Odile Roynette-Gland, « Le comique troupier au XIXe siècle : une culture du rire », Romantisme, vol. 161, no 3,‎ , p. 45-59 (lire en ligne).
  3. Gilles Botineau, « Tous groupir avec Henri Guybet ! », sur CineComedies, .
  4. a b c d e et f Jean-François Soulet, L'histoire immédiate : Historiographie, sources et méthodes, Armand Colin, coll. « U », , 256 p. (ISBN 9782200277390, lire en ligne), chap. 7 (« Les sources iconographiques et audiovisuelles »), p. 202-203.
  5. a b c d e f g et h Paul Yonnet, « La planète du rire. Sur la médiatisation du comique », Le Débat, no 59,‎ , p. 159-160 (lire en ligne).
  6. a b et c Bénédicte Chéron, Le soldat méconnu : Les Français et leurs armées, état des lieux, Paris, Armand Colin, , 192 p. (ISBN 9782200622978, lire en ligne), chap. 8 (« Le soldat français, ce héros malheureux de la culture française contemporaine »), p. 134-135.
  7. a b c d et e Yves Trotignon, « L'art français de (filmer) la guerre » », Inflexions, vol. 42, no 3,‎ , p. 25-35 (lire en ligne).
  8. a et b François Kahn, « 1966 via 1942 : l'année de La Grande Vadrouille », 1966, annus mirabilis, sur Acta Fabula, Fabula, (consulté le ).
  9. Henry Rousso, « Papy, c'est fini », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 2,‎ , p. 98-100 (lire en ligne), à propos de Papy fait de la résistance.
  10. a b et c Bénédicte Chéron, « Un pont entre deux mondes », Inflexions, vol. 42, no 3,‎ , p. 13-23 (lire en ligne).
  11. Stéphanie Troullard, « Les soldats français de 1940, ces mal-aimés », sur france24.com, France 24, (consulté le ).
  12. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Dalisson