Philippe Pottier (fonctionnaire)

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Philippe Pottier
Philippe Pottier en janvier 2016 lors de son départ de l'Énap.
Fonctions
Directeur de l'École nationale d'administration pénitentiaire
-
Directeur fonctionnel des services pénitentiaires d'insertion et de probation
Nouvelle-Calédonie
-
Vice-président
Association française de criminologie (d)
depuis
Directeur fonctionnel des services pénitentiaires d'insertion et de probation
Essonne
-
Président
Association française de criminologie (d)
-
Pierre-Victor Tournier (d)
Alain Blanc (d)
Directeur fonctionnel des services pénitentiaires d'insertion et de probation
Charente
-
Secrétaire général
Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (d)
-
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Membre de
Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (d) ()
Association française de criminologie (d) ()
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuplesVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Philippe Pottier, né le à Paris (17e), est un directeur pénitentiaire d'insertion et de probation français. Plusieurs fois directeur de services pénitentiaires d'insertion et de probation et directeur de l'École nationale d'administration pénitentiaire de 2013 à 2016, il est désormais expert-consultant en administration pénitentiaire et en politiques de probation dans des programmes de coopération auprès d'institutions internationales.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Après avoir obtenu un diplôme d'études juridiques générales à l'université de Lille en 1972, Philippe Pottier y passe un diplôme de criminologie en 1974. Vingt ans plus tard, il obtient une maîtrise en sciences sociales à l'université Paris XIII en 1994 puis, lors de son expérience en Polynésie française, un diplôme d'études approfondies en anthropologie culturelle intitulé « Loi, prison et inceste : choc des cultures et justice pénale en Polynésie française » à l'université française du Pacifique en 1997[1].

Carrière dans l'administration pénitentiaire[modifier | modifier le code]

Après avoir arrêté prématurément ses études, Philippe Pottier intègre l'administration pénitentiaire en 1974 comme éducateur à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis[1]. En 1986, il devient chef de service au centre national d'orientation du centre pénitentiaire de Fresnes puis prend la tête du service socio-éducatif de l'établissement en 1987. Après avoir été rédacteur au bureau de la réinsertion à la direction de l'Administration pénitentiaire de 1989 à 1990, il est nommé inspecteur des services pénitentiaires en 1990. En 1994, il devient directeur du service d’insertion et de probation de Polynésie française, le premier service de ce genre à exister, en préfiguration des SPIP[1].

Il rejoint l'École nationale d'administration pénitentiaire (Énap) comme enseignant-chercheur et responsable du département « recherche » entre 2000 et 2002[2], puis devient successivement directeur fonctionnel des services pénitentiaires d'insertion et de probation (DFSPIP) de Charente en 2002 et de l'Essonne en 2005. En 2006, il revient à la Chancellerie comme sous-directeur adjoint des personnes placées sous main de justice et est notamment chargé de l'élaboration du projet de loi pénitentiaire[3]. En cette qualité, il est nommé au Conseil supérieur du travail social en 2007[4]. En 2010, il est nommé DFSPIP de Nouvelle-Calédonie.

L'École nationale d'administration pénitentiaire.
L'Énap, que Philippe Pottier a dirigée entre 2013 et 2016.

Le , Philippe Pottier est nommé directeur de l'Énap, succédant à Philippe Astruc[5],[6]. Il est alors le premier directeur pénitentiaire d'insertion et de probation à occuper cet emploi, ce qui revêt une valeur symbolique au moment où la garde des Sceaux Christiane Taubira avait décidé de réunir une conférence de consensus sur « l'efficacité des réponses pénales afin de mieux prévenir la récidive », où les thématiques liées à la probation occupaient une place centrale[7]. Christiane Taubira vient d'ailleurs elle-même à Agen, le , pour l'installer dans ses nouvelles fonctions[8]. À la tête de l'école, il milite pour donner une plus grande place à la probation dans la formation des personnels pénitentiaires[9] et rénove profondément la formation des conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation[1],[10]. Peu après les attentats de Paris, il met en place une formation sur la radicalisation religieuse à destination de l'ensemble des élèves de l'Énap[11]. Il signe également un partenariat avec la ville d'Agen afin de monter des projets culturels à destination des élèves de l'école[12]. En 2014, il fait l'objet de critiques de la part de syndicats et est confronté à un mouvement de protestation à la suite de décisions prises en réponse à un rapport de la Cour des comptes, notamment quant à la gestion financière de l'école et au recrutement et à la carrière des formateurs[13],[14].

Après qu'il a fait valoir ses droits à la retraite, Sophie Bleuet lui succède en 2016[15]. Il est depuis 2018 membre du jury du prix Vendôme, qui distingue chaque année une thèse de droit pénal, de procédure pénale ou de sciences criminelles, portant sur un sujet intéressant particulièrement le ministère de la Justice[16].

Expert dans des programmes de coopération internationale[modifier | modifier le code]

Depuis 2016, il se consacre à l'expertise dans le domaine pénitentiaire et de la probation. À l'international, il est expert-consultant auprès du Conseil de l'Europe depuis 2018[17],[18] et travaille pour le groupement d'intérêt public Justice Coopération Internationale, intégré depuis le à Expertise France, en tant qu'expert international auprès des administrations étrangères sur des questions d'institutions pénitentiaires, de formation des personnels et travailleurs sociaux pénitentiaires, d'amélioration des conditions de détention et de développement de dispositifs de probation en Mauritanie, en Algérie et en Tunisie[1],[19],[20].

Engagements[modifier | modifier le code]

Philippe Pottier intègre le Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (SNEPAP) en 1976 et en est le secrétaire général de 1978 à 1988[1],[21]. Il est également membre de l'Association française de criminologie (AFC), dont il est d'abord trésorier en 2002, puis président de 2004 à 2007 et vice-président depuis lors[22].

Prises de position[modifier | modifier le code]

Dans sa jeunesse, Philippe Pottier militait au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et était bénévole au sein d'associations lilloises d'éducation populaire[1].

Avec Jean-Michel le Boulaire, secrétaire général adjoint à ses côtés au SNEPAP, il crée en 1979 la COSYPE - coordination syndicale pénale - rassemblant plusieurs organisations syndicales et associatives militant dans le champ de la prison (SNEPAP, CFDT Justice, SM, SAF, SNPES, GMP, syndicat des médecins pénitentiaires)[23]. Principalement animée pendant plusieurs années par Philippe Pottier, jean-Michel le Boulaire et Alain Blanc (magistrat représentant le SM), la COSYPE sera à l'origine de nombreuses idées de réformes pénitentiaires, telles celles concernant la vie quotidienne en prison initiées à partir de 1983 par Robert Badinter, et du décloisonnement de cette institution. Ces idées seront développées particulièrement lors d'un colloque réunissant plus de 300 personnes en novembre 1982, présenté ainsi dans le journal Le Monde[24] :

« Un colloque de la Cosype (Coordination syndicale pénale) sur le thème, " Prisons : quel changement ? ", réuni récemment à Paris, est apparu à la fois comme un prélude aux mesures pour améliorer la vie quotidienne des détenus que doit prochainement annoncer le garde des sceaux - après avoir examiné le rapport de la commission de la chancellerie qui étudiait ces questions - et comme un rappel de l'urgence et de la nécessité de réformes que le gouvernement ne semble pas très pressé de mettre en œuvre.La richesse des débats, qui donneront lieu à la publication d'un document, était due non seulement à la qualité des travaux préparatoires de la Cosype mais à l'extrême diversité des participants.Aux côtés d'anciens détenus, de familles de détenus, de travailleurs sociaux, d'avocats et de magistrats, des représentants des syndicats, des partis politiques et de plusieurs ministères - justice, santé, intérieur, éducation, plan, affaires sociales - sont intervenus dans ce colloque ainsi que des personnalités, parmi lesquelles M. Pierre Arpaillange, procureur général, et M. Maurice Grimaud, directeur du cabinet du ministre de l'intérieur, qui, a-t-il précisé, était présent " à titre personnel. »


Critique de la vision « classique » du travail social, Philippe Pottier s'inspire de recherches criminologiques anglo-saxonnes sur la désistance[25] et d'approches culturelles davantage centrées sur la restauration du lien dans la communauté découvertes lors de ses expériences en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie[1],[26]. Il met en œuvre les premiers groupes de paroles de prévention de la récidive au SPIP de Charente en 2002[27]. Il est également l'initiateur de programmes controversés d'évaluation des risques de récidive des personnes condamnées par la justice[10] ainsi que de l'introduction de la technique de l'entretien motivationnel dans les pratiques professionnelles des SPIP[1].

Il a publié de nombreux articles sur des thèmes criminologiques et anthropologiques[28],[29], ainsi à propos de la loi pénitentiaire de 2009[30] et de l'application des peines en Océanie[31].

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Yasmine Bouagga (chargée de recherche au CNRS), « Philippe Pottier, de Fresnes à Nouméa : l’insertion dans tous ses états », Politika,‎ (lire en ligne)
  2. Philippe Poisson, « Philippe Pottier nommé à la tête de l'École de l'administration pénitentiaire. », sur philippepoisson-hotmail.com, (consulté le )
  3. Gwenn Liguet, Université Rennes-II, « Cours : Aménagements de peine et alternatives à l'incarcération », conférence, sur lairedu.fr, (consulté le )
  4. Arrêté du 27 avril 2007 portant nomination des membres du Conseil supérieur du travail social
  5. Décret du 7 janvier 2013 portant nomination du directeur de l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire - M. POTTIER (Philippe)
  6. « Agen : Philippe Pottier, nouveau directeur de l’Enap », Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
  7. « Note de présentation de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive. »
  8. « Discours de madame Taubira installant monsieur Pottier directeur de l'Enap. »
  9. Franck Johannes, « Philippe Pottier : le débat sur la probation est « un moment historique » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. a et b Franck Johannes, « Philippe Pottier : le débat sur la probation est « un moment historique » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. Sofia Bouderbala, « Un "dernier rempart" face à la radicalisation: les leçons de la pénitentiaire », Le Point,‎ (lire en ligne)
  12. K.P., « Le milieu pénitentiaire s'ouvre à la culture », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne)
  13. CB, « ENAP : la crise se poursuit dans l'école des agents pénitentiaires », France 3 Nouvelle-Aquitaine,‎ (lire en ligne)
  14. Valérie Deymes, « Agen : après les critiques, le directeur de l’Enap s’explique », Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
  15. Décret du 11 février 2016 portant nomination de la directrice de l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire - Mme BLEUET (Sophie)
  16. (en) « Mission de recherche Droit et Justice  » Jury du prix Vendôme 2018 et 2019 », sur gip-recherche-justice.fr (consulté le ).
  17. Université Panthéon-Sorbonne, « Programme - Journée de lancement du MOOC « Des prisons en Afrique » » [PDF], sur hypotheses.org, (consulté le )
  18. « Programme - 26 février 2020 », sur forumsantejustice.com, (consulté le )
  19. « Maghreb, Proche et Moyen Orient », sur GIP JCI (consulté le )
  20. (en) « Tunisia: Renforcement des institutions de l'administration pénitentiaire », sur irz.de, (consulté le )
  21. « Un éducateur de prison sanctionné », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  22. Association française de criminologie, « Membres du bureau », sur afc-asso.fr (consulté le ).
  23. Eric Farges, « L'influence d'une « communauté épistémique réformatrice » sur la politique carcérale : la Coordination syndicale pénale (COSYPE) in Dynamique professionnelle et transformations de l'action publique. Réformer l'organisation des soins dans les prisons françaises. Les tentatives de spécialisation de la médecine pénitentiaire » (1970-1994). »
  24. Josyane Savigneau, « UN COLLOQUE DE LA COSYPE Prisons : le " changement " tarde », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  25. Philippe Pottier, « Insertion et probation : évolutions et questionnements contemporains », in Senon (J.L.), Lopez (G.), Cario (R.) et al., Psycho-criminologie, Dunod, 2008, pp. 235-241
  26. Philippe Pottier, « Choc des cultures et justice pénale. Loi, prison et inceste à Tahiti », Mémoire de DEA, Université Française du Pacifique, Tahiti, 1997
  27. Philippe Pottier, « Prévenir la récidive des délinquants sexuels – La pratique du SPIP de Charente », Actualités Juridiques Pénales, Dalloz,‎ , p. 62-64
  28. « Biographie de Philippe Pottier », sur whoswho.fr (consulté le )
  29. « Bibliographie Philippe Pottier »
  30. Philippe Pottier, « Repenser la peine de prison après la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 », Pouvoirs,‎ (lire en ligne)
  31. Philippe Pottier, « Le sens de la peine vu des antipodes », Actualités Juridiques Pénales, Dalloz,‎
  32. Décret du 31 décembre 2015 portant promotion et nomination
  33. Décret du 2 mai 2012 portant promotion et nomination

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]