Ministère de la Plume

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Le ministère de la Plume est une administration tunisienne du régime beylical qui existe entre 1860 et la fin du régime monarchique en 1957.

Successeur du premier secrétaire[modifier | modifier le code]

Il remplace la fonction précédemment occupée par le premier secrétaire du bey de Tunis (bach kateb), dont les titulaires sont[1] :

À la mort de Mohamed Lasram IV, la fonction tenue pendant plusieurs décennies par les membres de la famille Lasram reste vacante, avant que Sadok Bey nomme Mohammed Aziz Bouattour[1], jeune scribe bien en vue à la cour et surtout auprès de l'homme fort du régime, le grand vizir Mustapha Khaznadar, en 1864. Quelques mois plus tard, lors de la constitution du premier gouvernement tunisien moderne, le ministère de la Plume est créé dont Bouattour devient le premier titulaire.

Rôle et attributions[modifier | modifier le code]

Ayant à sa tête le ministre de la Plume, ses services comprennent le diwan el incha, composé de plusieurs secrétaires et scribes en arabe mais aussi en turc (car le territoire est alors officiellement province de l'Empire ottoman) ainsi qu'en diverses langues consulaires comme le français et l'italien. Cette chancellerie est établie en permanence au Dar El Bey, palais des beys dans la médina de Tunis et parfois siège du gouvernement. Son titulaire est chargé de rédiger et de présenter les actes et décrets (amr) à la signature du souverain ou de son garde des sceaux (saheb ettabaâ). De plus, il est chargé de tenir la correspondance du souverain avec l'administration et les institutions de l'État, comme les conseils charaïques ou le diwan de Tunis, l'état-major ottoman, etc. Il est aussi tenu de faire parvenir les ordres beylicaux dans les diverses provinces de la régence de Tunis.

Sous le protectorat français, le ministère est réorganisé pour abriter à la fois la chancellerie et l'administration centrale des caïdats et de l'intérieur : il devient progressivement une sorte de ministère de l'Intérieur. Son appellation est d'ailleurs remplacée par celle de ministère de l'Intérieur dans le deuxième gouvernement de M'hamed Chenik en 1950, sous le règne de Lamine Bey.

Titulaires[modifier | modifier le code]

Image Nom Grand vizir Gouvernement Début du mandat Fin du mandat
Mohammed Aziz Bouattour[2] Mustapha Khaznadar
Kheireddine Pacha
Mohammed Khaznadar (premier mandat)
Mustapha Ben Ismaïl
Mohammed Khaznadar (deuxième mandat)
1864 1882
M'hammed Djellouli[2] Mohammed Aziz Bouattour 1882 1907
Youssef Djaït[2] M'hammed Djellouli 1907 1908
Taïeb Djellouli[2] Youssef Djaït 1908 1914
Mustapha Dinguizli[2] Youssef Djaït
Taïeb Djellouli
1914 1922
Khelil Bouhageb[2] Mustapha Dinguizli 1922 1926
Hédi Lakhoua[2] Khelil Bouhageb Bouhageb 1926 1932
Younès Hadjouj[2] Hédi Lakhoua Lakhoua 1932 1935
Ali Sakkat[2] Hédi Lakhoua Lakhoua 1935 1935
Abdeljelil Zaouche[2] Hédi Lakhoua Lakhoua 1935 1936
Ahmed Ben Raïes[2] Hédi Lakhoua Lakhoua 1936 1941
Habib Djellouli[3] Hédi Lakhoua Lakhoua 1941
Mahmoud El Materi (ministre de l'Intérieur) M'hamed Chenik Chenik (1)
Hassan Hosni Abdelwaheb[4] Slaheddine Baccouche Baccouche (1) 1947
Mahmoud El Materi (ministre de l'Intérieur) M'hamed Chenik Chenik (2)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (ar) Mohamed Belkhoja, Hamadi Sahli (ar) et Jilani Bel Haj Yahia, Safahât min Târikh Tûnes, Beyrouth, Dar al-Gharb al-Islami,‎ , p. 121.
  2. a b c d e f g h i j et k Belkhoja, Sahli et Bel Haj Yahia 1986, p. 130.
  3. Abdelkader Maâlej, Le makhzen en Tunisie : les Djellouli, Tunis, Dar Tounès, , 186 p. (ISBN 978-9-973-70106-0), p. 146.
  4. Mohamed Salah Mzali, Au fil de ma vie : souvenirs d'un Tunisien, Tunis, Hassan Mzali, , 380 p., p. 215.