Joseph Bail
(avant 1896).
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Joseph Bail, né le à Limonest et mort le [1] à Neuilly-sur-Seine, est un peintre naturaliste français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Frère cadet du peintre Franck Bail (1858-1924), Joseph Bail reçoit sa première formation auprès de son père, Antoine Jean Bail (1830-1919), praticien de la tradition réaliste des sujets de genre, avant de passer par l'atelier de Jean-Léon Gérôme et par celui de Carolus-Duran[2]. Adolescent, il réalise ses premières natures mortes en 1878 (Poissons de mer et Huîtres). Un an plus tard, il présente des œuvres au Salon des artistes français[3].
Quelques années après, il en devient l'un des plus jeunes médaillés d'honneur pour son tableau Bibelots du musée de Cluny au Salon de 1886, puis pour son célèbre Le Marmiton (1887). Passionné par le monde de la gastronomie, il peint tout autant la nourriture que ceux qui ont contribué à la préparer. Il décline les marmitons de différentes manières dans La Cigarette ou Le Repos (1892), ainsi que dans La Besogne faite où le jeune commis, affalé sur une chaise, fume négligemment une cigarette (1893). Il poursuit dans la même veine avec Les Cuisiniers (1894), Reflets de soleil (1895) ou encore Bataille de chiens (1896).
Il reçoit la médaille d'or de l'Exposition universelle de 1900 pour trois œuvres majeures : Le Goûter, Bulles de savon et La Servante[4].
Exécutant des œuvres dans le goût hollandais ou flamand, il s'attache à reproduire des scènes d'intérieur. Il se révèle particulièrement habile à rendre l'éclat d'un cuivre, à jouer avec la lumière d'un rayon de soleil qui entre furtivement dans la pièce, offrant à Gérald Schurr de percevoir en lui un « émule lointain du Caravage », pratiquant « des contre-jours savants à la Zurbarán »[5]. Il se distingue par la suite avec des compositions mettant en scène des servantes — variation féminine du thème des marmitons. À la suite d'une visite aux hospices de Beaune effectuée en 1902, il va peu à peu s'intéresser à la vie des religieuses hospitalières. De cette visite vont naître Le Bénédicité (1903), Un coin de lingerie (1907) ou encore La Cuisine (1910).
Travaillant dans ses ateliers parisiens de la rue Legendre et de Bois-le-Roi, rue de la Mairie, il présente l'une de ses dernières œuvres en 1921, La Citronnade, et meurt quelques semaines plus tard à Neuilly-sur-Seine, le .
Son œuvre caractéristique reflète moins l'influence de ses maîtres académiques que l'étude des peintures de Chardin qu'il avait vues au musée du Louvre, et les travaux de contemporains réalistes tels qu'Antoine Vollon et Théodule Ribot. Peintre intimiste, il apporte soin et réflexion à la disposition des éléments du décor et il fait preuve de beaucoup de raffinement et d'exactitude dans le choix des couleurs.
Expositions
[modifier | modifier le code]Réception critique
[modifier | modifier le code]« Une peinture de réalisation heureuse est bien celle de Joseph Bail. Nul effort apparent. D'un angle du tableau à l'angle opposé, la sûreté est égale. Bien faire semble la formule du peintre. Il l'applique avec certitude et succès. »
« Sa virtuosité s'est élevée des caves et des cuisines aux lingeries paisibles et aux discrets réfectoires, et s'amuse à y suivre, d'objet en objet, la caresse des rayons furtifs. »
« Original en diable, ce producteur de chatons malins signait ses toiles Bail, Joseph, comme à l'école primaire. Ce qui est bien caractéristique de l'esprit des pompiers… »
« Joseph Bail complique à plaisir les jeux d'éclairage dans ses intérieurs, mais sa technique de virtuose, sa délicatesse de touche, rendent l'artifice séduisant. »
« While other artists were changing the shape of art through modernist distortions of form, the Bails looked backward, creating a painting style that showed a devotion to the past and reflected the values of former times »
« Il s'est adonné à la peinture de genre et a fait quelques toiles représentant des animaux, mais il doit surtout sa réputation à ses tableaux d'intérieurs. Son talent s'est appliqué à rendre des éclairages heureux et parfois un peu factices. Il excelle à créer dans ses toiles une lumière très vive due à l'éclat rayonnant de quelques points brillants ou à la projection directe du jour extérieur. On ne saurait dire que ce soit du grand art, mais c'est assurément l'expression d'un art original et assez harmonieux. Sa facture est très délicate et son coloris fort juste. »
« Joseph Bail est l'un des meilleurs peintres de cette veine traditionaliste qui se poursuit au milieu des débats sur les couleurs, la peinture de la vie moderne et, bientôt, la déformation de la perspective et l'abandon du sujet. Il poursuit, si l'on peut dire, comme Monet les effets changeants de la lumière, mais sur les chaudrons de cuivre dont la surface polie la réfléchit, dans les offices et les cuisines, dans des natures mortes. Sa peinture renvoie aux scènes intimes de l'École hollandaise… Une peinture pour une société qui, comme elle, va être totalement bouleversée[12]. »
— Anne Foster, L'œuvre de Bail, reflet d'un monde déjà perdu
Collections publiques
[modifier | modifier le code]Brésil
[modifier | modifier le code]- Porto Alegre, musée d'Art Rio Grande do Sul Ado Malagoli : Jeune fille, 1896.
- Rio de Janeiro, musée national des Beaux-Arts : Le Cuisinier.
Canada
[modifier | modifier le code]États-Unis
[modifier | modifier le code]- Boston, musée des Beaux-Arts : À la fontaine.
France
[modifier | modifier le code]- Beaune, Hospices de Beaune : Cinq sœurs hospitalières de l'Hôtel-Dieu devant leur ouvroir[13].
- Bois-le-Roi, mairie :
- Denain, musée d'Archéologie et d'Histoire locale : Orfèvrerie religieuse, 1886[14].
- Digne-les-Bains, musée Gassendi : La Servante, gravure d'Henri Émile Lefort d'après Joseph Bail.
- Doullens, musée Lombart : Le Marmiton, Salon de 1887, médaille de deuxième classe[13].
- Évreux, musée d'Évreux : Le Petit mitron[15].
- Lille, palais des Beaux-Arts : Chez les sœurs hospitalières de Beaune, un coin de lingerie[13].
- Lyon, musée des Beaux-Arts :
- Mulhouse, musée des Beaux-Arts : Farniente.
- Nancy, musée des Beaux-Arts.
- Paris :
- musée d'Orsay :
- Petit Palais :
- Les Joueurs de cartes ;
- Cendrillon, 1900[19].
- Saintes, musée de l'Échevinage : Marmiton portant des rougets, 1887.
Luxembourg
[modifier | modifier le code]- Luxembourg, ambassade de Grande-Bretagne : Garçon au pichet d'eau et au chat, dépôt de la Government Art Collection (en)[20].
Royaume-Uni
[modifier | modifier le code]- Édimbourg, Scottish National Gallery of Modern Art : La Sœur de Joseph Bail dans son jardin[21].
Russie
[modifier | modifier le code]- Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage : Le Marmiton[22].
-
Le Marmiton (1893), Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
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Les Joueurs de cartes (1897), Paris, Petit Palais.
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Le Petit mitron, musée d'Évreux.
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Le Cuisinier, Rio de Janeiro, musée national des Beaux-Arts.
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À la fontaine, musée des Beaux-Arts de Boston.
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Le Marmiton, Beverly Hills, collection particulière.
Élèves
[modifier | modifier le code]Récompenses, distinctions et hommages
[modifier | modifier le code]- Récompenses au Salon des artistes français : mention honorable en 1885, médaille de troisième classe en 1886, de deuxième classe en 1887, médaille d'argent en 1889, médaille d'honneur pour Les Dentellières en 1902[23].
- Médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900.
- Officier de la Légion d'honneur en 1910[1],[24].
- Le nom de Joseph Bail a été donné à une rue de Bois-le-Roi.
Iconographie
[modifier | modifier le code]- Engel-Garry, Portrait de Joseph Bail, dessin, Paris, musée Carnavalet[25].
- Paul Chabas, Portrait du peintre Joseph Bail et de sa femme, huile sur toile, non localisée[13].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Base Léonore, légion d'honneur, pièce du dossier en vue 1/19
- Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol. 13, pp. 639-640.
- Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique, tome 1, p. 670.
- Paris, musée d'Orsay.
- Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p. 46.
- F.M., « Le Salon des artistes français », L'Art et les Artistes, tome IX, avril-, p. 188 : « [Joseph Bail] peint des Communiantes avec cette perfection un peu froide qui lui est habituelle. »
- Edmond Aman-Jean, « La peinture au Salon », Art & Décoration, tome XII, juillet-, pp. 49-57.
- Henry Marcel, La peinture française au XIXe siècle, Alcide Picard et Kaan, 1906, p. 309.
- Jean-Paul Crespelle, Les maîtres de la Belle Époque, Hachette, 1966, p. 144.
- Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, vol. 1, 1975, p. 65.
- Gabriel P. Weisberg, « Painters from Lyon: The Bails and the continuation of a popular realist tradition », Arts Magazine, no 55, , p. 6.
- Anne Foster, « L'œuvre de Bail, reflet d'un monde déjà perdu », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 16, , p. 6.
- Ville de Bois-le-Roi, Jean-Antoine Bail et ses fils Franck Antoine Bail et Joseph Bail.
- Musée d'archéologie et d'histoire locale de Denain, Joseph Bail dans les collections.
- Notice sur la base Joconde.
- Notice sur le site du musée d'Orsay.
- Musée d'Orsay, Bibelots du musée de Cluny par Joseph Bail dans les collections.
- Musée d'Orsay, 'La Ménagère par Joseph Bail dans les collections.
- Petit Palais, Cendrillon par Joseph Bail dans les collections.
- Ambassade de Grande-Bretagne à Luxembourg, Joseph Bail dans les œuvres déposées.
- Scottish National Gallery of Scotland, Joseph Bail dans les collections.
- Musée de l'Ermitage, Joseph Bail dans les collections.
- Galerie Ary Jan, Joseph Bail.
- Victorian Art History, Joseph Claude Bail.
- Musée Carnavalet, Portrait de Joseph Bail par Engel-Garry dans les collections.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- L'Art, 1894, t. II, pp. 124-127.
- Jules Martin, « Joseph Bail », in Nos peintres et sculpteurs, dessinateurs, graveurs - Portraits et biographies, Flammarion, 1897.
- C.-E. Curinier (dir.), Dictionnaire national des contemporains, vol. 5, Office général d'éditions, 1905.
- Henry Marcel, La peinture française au XIXe siècle, Alcide Picard et Kaan, 1906.
- Jean Valmy-Baysse, Joseph Bail : sa vie, son œuvre, collection « Peintres d'aujourd'hui », Paris, Librairie Félix Juven/Société d'édition et de publications, 1910.
- Jean-Paul Crespelle, Les maîtres de la Belle Époque, Hachette, 1966.
- (en) Gabriel P. Weisberg, « Painters from Lyon : the Bails and the continuation of a popular realist tradition », Arts Magazine, no 55, , p. 6.
- Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
- Gérald Schurr et Pierre Cabanne, Les Petits Maîtres de la peinture, valeur de demain - 1820-1920, Les Éditions de l'Amateur, 2008.
- Monique Riccardi-Cubitt, La vie de Bohème à Bois-le-Roi. Art, politique et naturalisme, Éditions du Puits Fleuri, , 160 p. (ISBN 978-2867397219)
- Françoise Parize, « Joseph Bail, Jean-Antoine Bail (son père), Franck Bail (son frère), peintres de la vie bourgeoise et de la domesticité », Artistes parisiens à la campagne, « Les beaux jours de Bois-le-Roi », coordination, Pierrette Marne, Association Bois-le-Roi Audiovisuel et Patrimoine, , p. 94-103 (ISBN 978-2-9561593-3-9)
- Françoise Parize, « Joseph Bail, artiste de Bois-le-Roi », Fontainebleau, la revue d'histoire de la ville et de sa région, Société d'histoire de Fontainebleau et de sa région, no 26,
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Peintre français du XIXe siècle
- Peintre français du XXe siècle
- Peintre naturaliste français
- Peintre de genre français
- Officier de la Légion d'honneur promu en 1910
- Naissance en janvier 1862
- Naissance dans le département du Rhône
- Décès en novembre 1921
- Décès à Neuilly-sur-Seine
- Décès dans le département de la Seine
- Décès à 59 ans
- Personnalité inhumée au cimetière du Montparnasse (division 6)