Irrintzi

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(eu) Irrintzi
Cri
Idéologie Nationalisme basque
Objectifs Référendum sur la question du Pays basque français, lutte contre la spéculation immobilière
Statut Inactif
Fondation
Date de formation 2006
Pays d'origine Drapeau de la France France
Fondé par Stéphane Callou et Lionel Labeyrie
Actions
Mode opératoire Attentats à la bombe, mitraillages, etc.
Nombres d'attaques imputées 30~40
Zone d'opération Pays basque français
Période d'activité 2006-2009
Organisation
Chefs principaux Stéphane Callou et Lionel Labeyrie
Membres Deux[1]
Financement Autofinancement
Groupe relié Aucun
Répression
Nombre de prisonniers 2
Conflit basque

Irrintzi (Cri en Basque) est une organisation nationaliste basque qui agit en Iparralde (nom basque pour le Pays basque du nord ou le Pays basque français), apparue en 2006 et active jusqu'en 2009. Elle cible notamment la spéculation immobilière en attaquant des chemins de fer, des sites touristiques, des sièges de partis politiques, des maisons secondaires, des agences immobilières ou des terrains de golf, principalement avec des bombes artisanales. Le groupe revendique au total une trentaine d'actions[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte politique[modifier | modifier le code]

La lutte contre la spéculation immobilière et la spécialisation de l'économie locale autour du tourisme est un combat historique du mouvement abertzale[3]. Au milieu des années 2000, cette problématique est avivée par la hausse du nombre de résidences secondaires (plus de 40% à Biarritz et Saint-Jean-de-Luz notamment[4]) et la multiplication des opérations foncières, alors qu'un nombre important de logements reste vacant. Le groupement foncier agricole mutuel Lurra (devenu Lurzaindia en 2013[5]) et des partis politiques (notamment Batasuna[6]) accusent ainsi les promoteurs immobiliers de provoquer une augmentation artificielle des prix des logements en bénéficiant de l'attractivité touristique de la région, rendant difficile le maintien d'une activité économique diversifiée, notamment agricole, et la possibilité d'obtenir un logement décent pour les populations les plus modestes[7].

Des manifestations réunissant plusieurs centaines de personnes ont lieu notamment à l'occasion de la tenue du Salon de l'immobilier à Biarritz le [8] (qui se termine en affrontements avec la police[9]) et le [10], avec pour slogan "Euskal Herria ez da salgai" ("Le Pays basque n'est pas à vendre")[11]. Des agences immobilières sont également régulièrement caillassées[12], actions qui ne sont pas revendiquées[13].

Radicalisation de la lutte contre la spéculation immobilière[modifier | modifier le code]

C'est dans ce contexte de "recrudescence des actions violentes dirigées contre le développement de l'immobilier"[14] qu'Irrintzi revendique ses premiers sabotages en 2006 autour de Bayonne.

En , à travers un communiqué de presse, l'organisation annonce un durcissement de ses actions en s'adressant non seulement à l'État français, mais également à l’Organisation des Nations unies et affirme qu'« à défaut de pouvoir négocier la ou les solutions au conflit basque des deux côtés de la frontière nous menaçons la totalité du territoire français et espagnol d’actions armées ». Irrintzi revendique par la même occasion trente attentats depuis 2006[15].

Ses déclarations sont habituellement annoncées par le slogan Euskal Herria ez da salgai (« le Pays basque n'est pas à vendre »)[16].

Le chef célèbre Alain Ducasse, accusé par Irrintzi d'être un spéculateur et de « folkloriser » le Pays basque, a été forcé de quitter le Pays basque à cause des attaques constantes dont a souffert son restaurant[17].

En , la police arrête Stéphane Callou, son cousin Sébastien et Lionel Labeyrie[18]. Seuls Stéphane Callou et Lionel Labeyrie sont inculpés, Sébastien Callou étant finalement libéré sans charge[19]. Au cours de l'investigation plusieurs armes sont saisies à Soustons[20],[21]. Stéphane Callou est condamné à 5 ans de prison, dont 30 mois avec sursis[22].

Plusieurs autres personnes sont arrêtées en 2010 et 2011 dans le cadre d'enquêtes sur des attentats menés contre des agences immobilières, sans que le lien avec Irrintzi soit prouvé[23],[24]. Des actions aux modes opératoires similaires, notamment contre des résidences secondaires, ont été observées depuis le démantèlement de l'organisation, sans avoir été revendiquées[25].

Irrintzi est parfois considéré comme lié à l'ETA dont elle serait le bras armé en France à la demande de Batasuna[26],[27], bien que cette position soit souvent contestée car sans preuve[28]. L'organisation est également comparée à Iparretarrak[29],[30], dont la dernière action revendiquée date de 2003, qui ciblait également des acteurs de la spéculation immobilière. Dans une interview à l'hebdomadaire Argia en , Philippe Bidart estime qu'Irrintzi "ne suit pas le chemin le plus adéquat" pour atteindre ses objectifs[31].

Liste des attentats[modifier | modifier le code]

  •  : tirs contre un bâtiment de chantier à Angresse[32].
  •  : tirs contre deux agences immobilières à Seignosse dans les Landes[33].
  •  : tentative d'attentat à la bombe contre une agence immobilière à Bassussarry, dont Irrintzi est l'auteur présumé[34].
  • Août : tirs contre deux voitures de vacanciers, attribué à Irrintzi[35].
  •  : saccage des terrains de golf de La Nivelle et de Chantaco à Saint-Jean-de-Luz[36].
  •  : tentative d'attentat contre le restaurant d'un golf à Saint-Jean-de-Luz, attribuée à Irrintzi[37].
  •  : saccage de onze greens de golf de Chiberta à Anglet[38].
  •  : double attentat réussi contre une résidence secondaire et tentatives contre l'office de tourisme et le quartier de Chiberta à Anglet[39].
  •  : pose de plaques de béton contre le train reliant Paris à Hendaye[40].
  •  : attentat à la bombe contre une agence immobilière Guy Hoquet à Anglet et contre le Centre européen de rééducation du sportif à Capbreton[41].
  •  : fausse alerte à la bombe contre l'hôtel du Palais à Biarritz, le VVF d’Anglet, l’auberge Ostape de Bidarray et le domicile de Michèle Alliot-Marie à Ciboure, tirs contre des bâtiments en construction à Boucau et tentative d'attentat contre la ligne TGV entre Ondres et Boucau[42].
  •  : tentative d'attentat contre un village Pierre et Vacances à Arcangues, contre une voie du TGV entre Boucau et Ondres ainsi que devant l'office de tourisme d'Arcangues[43].
  •  : attentat contre un office de tourisme et une agence immobilière Century 21[44].
  •  : double attentat contre une résidence secondaire à Anglet[15].
  •  : pose de plaque de béton sur une voie de TGV à Ondres[15].
  •  : attentat contre le poste de police à Boucau et tentatives d’attentat à Bidache[44].
  •  : tentative d'attentat au golf de Chiberta à Anglet, à proximité de l'hôtel Argia et à la villa Prinkipo à Anglet.
  •  : pose d'un engin explosif le long d'une ligne TGV à Ondres et contre un centre Pierre et Vacances et office de tourisme d'Arcangues.
  •  : tentative d'attentat contre le siège du Parti socialiste à Bayonne et tirs contre une horloge de la gare SNCF de Boucau[45].
  • Avril 2007 : série d'attentats sur la côte basque, dont à Saint-Jean-de-Luz contre des agences immobilières, avec comme slogan : Le Pays basque n'est pas à vendre[46].
  • Août 2006 : pose d'explosifs contre le domicile secondaire de Michèle Alliot-Marie[47].
  •  : tentative d'attentat contre la sous-préfecture et l'office de tourisme de Bayonne et l’aéroport de Biarritz[48].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « eitb.com/infos/politique/detai… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  2. « Plus de trente attentats et sabotages », Sud Ouest,‎
  3. « FONCIER », sur EHLG (consulté le )
  4. Christophe Berliocchi, « La manifestation finit mal », Sud Ouest,‎
  5. Marcel Bedaxagar, « Épargne populaire contre spéculation foncière », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  6. « Batasuna répond au président de la FNAIM », Sud Ouest,‎
  7. Peio Etcheverry-Ainchart, Maite Goyhenetche et Pierre Vissler, Habiter son pays : question immobilière et foncière en Pays basque Nord, Gatuzain, , 224 p. (ISBN 2-913842-37-2)
  8. Batiactu, « Manifestation à Biarritz pour dénoncer la spéculation immobilière », sur Batiactu, (consulté le )
  9. Christian Berliocchi, « Pierres contre lacrymogène », Sud Ouest,‎
  10. Camille Boulongne, « Agences immobilières et banques dans le collimateur », Sud Ouest,‎
  11. « Manifestation à Biarritz: le pays Basque "n'est pas à vendre" », AFP,‎
  12. Olivier Bonnefon, « Des encouragements à la lutte anti terroriste », Sud Ouest,‎
  13. « Actes de vandalisme contre quatre agences immobilières », Sud Ouest,‎
  14. « Les vitrines de 4 agences immobilières caillassées au Pays basque français », AFP,‎
  15. a b et c « Site privé », sur futurrouge.wordpress.com (consulté le ).
  16. http://www.eitb.com/multimedia/images/2008/12/29/45337/45337_Iparralde-cambo_dest_2.jpg
  17. (en) Bombs force French chef out of Basque area | Special reports | Guardian Unlimited
  18. Véronique Fourcade, « Coup de filet sur Irrintzi », Sud Ouest,‎
  19. Véronique Fourcade, « Dix-huit attentats ou tentatives reconnus », Sud Ouest,‎
  20. « Des armes à Soustons », Sud Ouest,‎
  21. « Démantèlement du groupe Irrintzi », sur bayonnebiarritzinfo.fr via Internet Archive (consulté le ).
  22. « Un militant de la cause basque condamné à 5 ans de prison », sur LEFIGARO (consulté le )
  23. « Pays basque: l'interpellé remis en liberté », Le Figaro,‎
  24. « Deux Basques jugés pour des tentatives d'attentats contre des agences immobilières », AFP,‎
  25. Pantxika Delobel et Emmanuelle Fère, « Ces maisons ciblées », Sud Ouest,‎
  26. « Detenidos ocho miembros de Irrintzi-ETA, embrión de un nuevo Iparretarrak », sur Libertad Digital, (consulté le ).
  27. Samuel Vuelta Simon et Patrice Ollivier-Maurel, La justice française contre ETA, Paris, Presses universitaires de France, , pp. 181-190
  28. « paysbasqueinfo.com/fr/componen… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  29. Michel Garicoïx, « Les intérêts touristiques, cible des nationalistes basques », Le Monde,‎
  30. Jean-Manuel Escarnot, « Alertes à la bombe au Pays basque », Libération,‎
  31. « Ph. Bidart prend ses distances avec la lutte armée », Sud Ouest,‎
  32. AFP, « Landes: un bâtiment visé par des tirs », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  33. http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090902/154663/fr/Irrintzi-tire-a-mitraillette-contre-deux-agences-immobilieres
  34. « http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/20090819.FAP9263/societe/ »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  35. http://www.lejpb.com/paperezkoa/20091218/172834/fr/Trois-arrestations-dans-le-cadre-dune-operation-contre-Irrintzi
  36. « Sud Ouest : actualités en direct et infos du journal Sudouest.fr », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  37. « http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20090723.FAP5537/une_bombe_artisanale_decouverte_pres_du_golf_de_chantac.html »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  38. http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090515/137183/fr/Les-greens-du-golf-Chiberta-endommages
  39. http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090226/124083/fr/Nouvel-attentat-dIrrintzi-a-Anglet
  40. http://www.eitb.com/infos/politique/detail/132874/irrintzi-revendique-trois-attentats-perpetres-pays-basque-nord/
  41. http://www.rap-conscient.com/?p=518
  42. http://jb.virginradioblog.fr/jb/2008/08/bombe-basque-du.html
  43. http://www.eitb.com/infos/politique/detail/57606/pays-basque-nord--irrintzi-persiste-et-signe/
  44. a et b http://www.lejpb.com/idatzia/20080429/art208791.php
  45. http://www.berria.info/blogak/media/irrintzi2.jpg
  46. THIBAUT DANANCHER, « Guerre des nerfs au Pays basque français », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  47. http://www.berria.info/blogak/media/irrintzi1.jpg
  48. (es) « Nuevo terrorismo vasco-francés : de Iparretarrak a Irrintzi », sur Una temporada en el infierno, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]