Histoire de Laval au XVe siècle

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L'histoire de Laval au XVe siècle

Collège de Laval[modifier | modifier le code]

En 1425, Laval possède un collège, où on enseigne les humanités[1]. Dans un concordat du relatif à la fixation de la juridiction des curés de la Trinité et de Saint-Tugal, il est désigné comme étant de cette dernière paroisse.

La guerre de Cent Ans[modifier | modifier le code]

Pendant la guerre de Cent Ans, Laval est prise par les Anglais en 1428 puis par les Français l'année suivante. En 1428, l'archidiacre de Laval est l'humaniste et religieux Guillaume Fillastre. La ville est prise tour à tour par chacun des belligérants.

Pendant la guerre de Cent Ans, la ville fut prise tour à tour par chacun des belligérants.

La guerre occasionne d'importants dégâts, et toute la ville est reconstruite après le retour de la paix. Les maisons à colombages encore visibles dans le centre-ville ne sont donc pas antérieures au XVe siècle. Vers 1450, Guy XIV de Laval fait remanier le logis du château et des travées à lucarnes sont ajoutées aux façades au début du XVIe siècle.

Au sortir des affres de la guerre de Cent Ans qui désola la région de 1417 à 1449, la cité se releva rapidement de ses ruines. Le développement fut tel qu'elle dut bientôt, pour sa sécurité, s'enfermer dans une enceinte fortifiée. À partir de cette époque, les maisons à pans de bois sont en partie reconstruites et embellies. L'architecture vernaculaire recense des maisons à colombage dont les murs sont constitués d'une charpente de solives en bois, verticales ou obliques, le remplissage étant fait de briques ou de matériaux légers. Les étages s'avancent sur la façade, formant un encorbellement en marches d'escalier.

On joue à la Quintaine[2], et à la Soule[3].

Comté de Laval[modifier | modifier le code]

Pour l'Art de vérifier les dates[4], le jour même de la cérémonie de son sacre ()[5], Charles VII, dans un conseil nombreux qu'il tint, érigea la baronnie de Laval en comté, relevant nument du roi, par lettres qui furent vérifiées au parlement le . Ces lettres sont fondées sur les motifs les plus honorables qu'elles énoncent, la grandeur et l'ancienneté de la maison de Laval, son immuable fidélité envers la couronne, les services importants qu'elle lui a rendus, les armées levées à ses dépens pour le besoin de l'État, les pertes qu'elle a essuyées de ses villes et de ses châteaux, etc.[6]. Pour plus grande distinction, le roi, dans ces mêmes lettres, donna le titre de cousin au comte de Laval, et lui accorda le même rang et les mêmes honneurs dont jouissaient alors les comtes d'Armagnac, de Foix et de Soissons, auxquels il n'était guère inférieur en puissance, ayant dans la dépendance de son comté cent cinquante hommages, parmi lesquels se trouvaient quatre terres titrées, trente-six châtellenies, et en tout cent douze paroisses. Enfin, le roi, dans le même temps, fit chevaliers le nouveau comte et André de Lohéac, son frère Youen. À partir de cette époque, les comtes de Laval prirent place parmi les anciens pairs du royaume.

Charles d'Anjou, comte du Maine, pour conserver l'hommage et la supériorité sur la seigneurie de Laval, s'opposa à cette érection, disant que le roi n'avait pu faire de son vassal un comte en pareille dignité que lui. Un arrêt du parlement séant à Poitiers, porte que la dame de Laval et son fils aîné Guy XIV, jouiraient des titres et honneurs qui lui avaient été accordés, sauf des droits du comte du Maine. Louis XI, par lettres expresses du , confirma au comte et à ses successeurs les prérogatives accordées par le roi, son père. En 1467, par lettres du , pour l'égaler aux princes du sang, il accorda au comte de Laval le privilège de précéder le chancelier et les prélats du royaume, comme il l'avait accordé aux comtes d'Armagnac, de Foix et de Vendôme[7].

Chambre des Comptes[modifier | modifier le code]

Le roi Louis XI établit une Chambre des Comptes[8] à Laval en 1463[9]. C'est donc vraisemblablement sous Guy XIV que fut établie la chambre des comptes de Laval ; du moins on ne voit pas de comptes rendus à cette chambre par les fermiers et les trésoriers de ce comté avant lui. Elle était composée d'un président, qui est à présent le juge ordinaire, de quatre auditeurs et d'un greffier. Ce privilège est une preuve de la grandeur de la maison de Laval[10]. Tous les receveurs, procureurs ou fermiers du comté y rendaient leurs comptes. Cette juridiction seigneuriale siégeait au chef-lieu du comté.

Louis XI[modifier | modifier le code]

Extrait de Guillaume Le Doyen

« En l'an susdit mil quatre cents Second jour du moys de juillet, Ou tout celuy jour ne fist sec, Partirent plusieurs mesnaigers De Laval et bons estaigers Pour audict Arras demourer, Mais ce ne fut mye sans plourer. Par le commandement du Roy Qui estoit corrompre la loy Dont les aucuns la demourerent Et les autres s'en retournerent. Plusieurs moururent de despit D'avoir laissé leur bon crédit, Leurs parents et leur nation D'aller en autre region. Pouvres gens furent moult chargéz De tailles et bien revaillez De gendarmes de tous langaiges Qui ressemblaient hommes saulvaiges. Ce pais en estoit si couvert Que la nuit n'avoit feu couvert.. ».

Avec son armée puissante, Louis XI en conflit avec Jean II de Valois, passa par Montsûrs[11]; mais il ne s'y arrêta pas. Le roi, en quittant Laval, se réfugia par l'Abbaye de la Roë au mois de pendant que son armée était devant la Guerche[12]. À la suite de la mort de Charles le Téméraire, l'armée royale occupa Arras en , après plusieurs mois de batailles. Posée 43 000 écus d'indemnité, la ville se vida rapidement. Louis XI voulut la repeupler de gens mecquaniques de tous estats, mestiers et vacations empruntés aux principales villes de France. Laval dut fournir son contingent qui part le . Ils arrivèrent dans la ville désolée, et bien peu y demeurèrent malgré les privilèges étendus qui leur y étaient offerts. Très peu néanmoins revinrent dans leur ville natale[13].

Grande charte de distraction[modifier | modifier le code]

À la mort de Charles IV d'Anjou, comte du Maine, dernier de la maison d'Anjou, ces provinces retournèrent à la couronne par la loi d'apanage. Louis XI ajouta dans la suite, par lettres de janvier 1482 données à Thouars[14], celle de distraire le comté de Laval du comté du Maine pour être dans la mouvance immédiate de la couronne, avec pouvoir de nommer à tous les offices royaux qui se trouvaient dans son district. Il y fut ajouté l'attribution de la connaissance des appellations du sénéchal de Laval au parlement de Paris.

Par cette charte appelée la Grande Charte de distraction, le comté de Laval fut à l'avenir, et perpétuellement, tenu et mouvant nuement à foi et hommage lige du roi, à cause de sa couronne, et non à cause de son comté du Maine. La ville chef-lieu eut un bailliage distinct, rapporté ainsi sur les rôles du parlement, Anjou, Maine, Laval, Perche, etc. Le juge de ce siège pouvait se qualifier de bailli et sénéchal de Laval.

En avril 1482, afin qu'il ne restât plus aucune juridiction aux juges du Maine, Louis XI établit à Laval une élection, un grenier à sel, et un juge des exempts et des cas royaux ; ce prince donna aux seigneurs comtes de Laval la nomination aux offices royaux[15].

Le roi Charles VIII, fils et successeur de Louis XI, ne se contenta pas de confirmer, par lettres données à Blois, au mois de novembre 1483, toutes les grâces que la maison de Laval avait obtenues de son père, il y en ajouta de nouvelles.

Guerre franco-bretonne[modifier | modifier le code]

Calamités et épidémies[modifier | modifier le code]

Extrait de Guillaume Le Doyen

« En mil quatre cent quatre vingts[16] Gelerent sitres[17] et tous vins. II fit un yver si terrible, Que d'eschauffer n'estoit possible. Et commença les longs feriers[18] De Nouel qui fust moult divers. Lequel, juc à la Chandeleur, Dura sans aucune challeur.  ».

Les années 1473, 1482, 1484, 1501, furent néanmoins excessivement difficiles. Des maladies contagieuses emportent rapidement un grand nombre d'habitants de Laval.

  • L'hiver de 1480 est particulièrement difficile
  • En 1482, la mortalité fut générale en France[19]. Elle se fait sentir à Laval et frappe surtout sur le couvent des Cordeliers qui perdit trente religieux. De nombreux pèlerins allant à Saint-Méen en Bretagne passent à Laval; et sont atteints de la maladie régnante[20]. Beaucoup d'autres saisis par une crise subite expiraient le long des grands chemins. Pendant la durée de la contagion, les élèves du collège furent congédiés et les classes demeurèrent interrompues[a 1].
  • En 1484, la contagion liée à une épidémie de peste[21] dura de la Pentecôte à Noël; pendant ces six mois elle fit de nombreuses victimes, n'épargnant personne. 500 personnes moururent dans la seule paroisse de Sainte-Melaine.
  • En 1501, une plus grande contagion qu'en 1484 liée à une épidémie de peste[22] En 1501 la peste à Laval fait plus de 3000 victimes.
  • En 1510, une épidémie de coqueluche[a 2] touche Laval et l'ensemble de la France[23].

Le XVe siècle est marquée par la construction de l'Hôpital et chapelle Saint-Julien de Laval.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le mot collège ou collegium ne s'appliquait pas alors aux établissements d'instruction publique, mais à certains corps ecclésiastiques, et surtout aux chapitres, qu'on nomme encore collégiales quand ils ne sont point attachés à une cathédrale. Il existe un décret d'Adam Châtelain, évêque du Mans, de l'an 1319, qui décide que les prêtres habitués de la Trinité ne forment point un collège.
  2. L'obligation de courir la Quintaine était attachée comme redevance féodale à plusieurs maisons de la rue Saint-Jean qui dépendaient du prieuré de Saint-Martin. Elle devait être acquittée par les nouveaux mariés dans l'année de leurs noces. (Extrait d'une des remembrances du prieuré de Saint-Martin).
  3. Les jeunes mariées, de leur côté, devaient « donner des plotes » destinées à la Soule et chanter des chansons sous les fenêtres de ce prieuré. (Extrait d'une des remembrances du prieuré de Saint-Martin).
  4. Chronologie historique des sires, puis comtes de Laval, 1784, t. II, p. 864-875.
  5. Également d'après A. Du Chesne, Histoire généalogique de la maison de Montmorency et de Laval (Paris, 1624), p. 575 (Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome IX, p. 152, note no 2, Librairie Renouard, Paris 1905)
  6. Les comtes étaient rares à cette époque ; et leurs prérogatives étaient telles, suivant du Tillet, qu'ils précédaient le connétable.
  7. Ces lettres portent : « Considérant la proximité de lignage en qoi il nous atteint, iceluinostre neveu et cousin, avons attroyé et ottroyons par ces présentes et par privilège spécial et à ses hoirs comtes de Laval, que doresnavant ils soient en tels honneurs, lieu de prééminence, soit en nostre grand conseil et en nostre parlement, en ambassades, et en tous autres lieux où il se trouvera, qu'il précède nostre chancelier et tous les prélats de nostre royaume, tout ainsi qu'ont fait et font nos très-chers et âmes cousins les comtes d'Armagnac, de Foix et de Vendosme. Donné au Mans, le . » (Du Tillet)
  8. Legeay, Au lecteur de bonne volonté, folio 1. P. Contamine, O. Mattei, La France des principautés. La chambre des comptes, XIVe siècle et XVe siècle, Paris, 1996.
  9. Créée par lettres patentes du
  10. Chopin, de Daman, 1. 2, c. 15, ne comptait que sept maisons de son temps qui jouissaient d'une semblable prérogative, savoir : celles des ducs de Bourbon, de Vendôme, de Penthièvre, de Nevers, de Bar, et celles des comtes de Dunois et de Laval.
  11. Louis XI passe à Laval. On a plusieurs lettres de lui datées des villes de Montsûrs et de Laval, et des châteaux de Montjean et de la Guerche.
  12. Prise de La Guerche. Le roi avait pendant le siège son quartier général à l'abbaye de La Roë (Dom Lobineau).
  13. De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, XII, 67. Guillaume Le Doyen, Chronique en vers. Bibliothèque de l'École des Chartes, IIIe série, III, 367.
  14. « De par le roy. Noz amez et feaulx, nous avons par noz lettres patentes, faictes et seellees en forme de chartre (En date de Thouars, janvier 1482 - Archives nationales, JJ209, no 3) et pour les causes contenues en icelles, ratiffie et conferme l'erection ja pieca faicte par feu nostre tres chier seigneur et pere, que Dieu absoille, de la baronnie de Laval en conte, et voulu et ordonne que ladicte conte soit doresenavant tenue et mouvant de nous et de noz successeurs roys a cause de la couronne de France, et non pas de nostre conte du Maine, dont elle a este tenue par ci devant. Et avec ce avons uny et adjoinct a ladicte conte la chastellenie de Saint Ouain et de Jevigne et leurs appartenances, et octroye que doresenavant les subgetz de ladicte conte et des membres qui en deppendent et qui en tiennent et tiendront en nuesse et par moien, ne puissent estre convenuz ne mis en proces, en premiere instance, ailleurs que par devant le seneschal dudit lieu de Laval ou son lieutenant audit lieu, ou les juges subalternes d'icellui seneschal, et que les appellations, qui de lui seront interjetees, soient relevees sans moien en nostre court de parlement a Paris, comme toutes ces choses et autres sont plus applain contenues et declairees en nosdictes lettres patentes, desquelles nostre tres chier et ame neveu Francois de Laval, seigneur d'Agaure, conte de Montfort, a entention de vous requerir l'expedition et enternement. Et pour ce que nostre plaisir est, pour lesdictes causes contenues en nosdictes lettres, que le contenu en icelles sortisse son plain et entier effect, nous vous mandons, commandons et enjoignons que nosdictes lettres vous faites lire, publier et enregistrer, et icelles expediez et enterinez en nostre court de parlement, afin que de tout le contenu en icelles nostre chier et ame cousin le conte de Laval, nostredit neveu, et leurs successeurs contes de Laval puissent joir et user licitement, paisiblement et perpetuellement. Donne a Thouars, le XXIIIe jour de janvier. LOYS. BERBISEY. A noz amez et feaulx conseilliers les gens de nostre court de parlement a Paris. Recepte iiijta (le 4e) februarii M° CCCC° octuagesimo primo (1481 avant Pâques = 1482).» Archives nationales, X1A 9318, fol.122 (publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome IX, p. 152-154, Librairie Renouard, Paris 1905).
  15. Lettres patentes de Louis XI, Belleville-sur-Saône, avril 1482 (Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome XIX, p. 1) (lire en ligne).
  16. Le jour du mois où se trouvait la fête de Pâques qui commençait l'année jusqu'à l'introduction du Calendrier grégorien en 1582, est ici indiqué d'après la concordance chronologique insérée dans l'Annuaire historique pour l'année 1842, publié par la Société de l'Histoire de France, page 105. (Paris, Jules Renouard).
  17. Sitres pour cidres.
  18. Fêtes de Noël.
  19. Elle avait été précédée par un hiver rigoureux, des débordements de rivières et des gelées tardives qui avaient détruit les récoltes.
  20. Ils étaient recueillis à l'hôpital Saint-Julien et dans une infirmerie établie à la Vallette Saint-Martin. Plus de 200 y périrent.
  21. [1]
  22. Couanier de Launay indique dans Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval (818-1855), Imp. Godbert, , 608 p. [détail des éditions] (lire en ligne) : On trouvait dans des maisons abandonnées, des agonisants ou des cadavres que leurs parents avaient laissés sans soins et sans sépulture. Mais ceux qui croyaient échapper au mal en quittant leurs demeures et en délaissant leurs proches, semblaient poursuivis par la mort, en quelque endroit qu'ils se retirassent. A. Rennes, à Vitré, au Mans, ils la rencontraient en la fuyant. La peste en même temps sévissait autour de la ville. Nulle paroisse n'en était épargnée. En beaucoup de lieux des maisons demeuraient vides; maîtres, enfants, serviteurs avaient été emportés à la fois. Il y eut des alternatives d'apaisement et de recrudescence; mais la durée du mal fut longue..
  23. Dans les premiers jours de l’année 1510, court presque par toute la France certaine maladie épidémique, a laquelle peu de gens échappèrent, et dont beaucoup furent victimes. On la nomma Coqueluche, dit Mézeray, par ce qu’elle affublit la teste d’une douleur fort pesante, et que les premiers qui en furent atteints, parurent avec des coqueluchons..... Elle causait aussi une grande douleur à l'estomac, aux reins et aux jambes, avec une fièvre chaude accompagnée de fâcheux délires, et d'un dégoût de toutes les viandes ainsi que du vin.
  • Citations de Guillaume Le Doyen, (° ~ 1460 Laval - † ~ 1540 Laval), notaire, chroniqueur, poète mayennais du XVe siècle :
  1. :
    Papellions si firent grant ahan
    Aux fruitz, et lyinatz et chanilles
    Qui leur furent beaucoup nuisibles
    Dont plusieurs gens empouësonnez
    Eu furent à la mort livrez.
  2. :
    Mais durant le jeu, sans que huche,
    Descendit une Coqueluche