Cryo Interactive

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Cryo Interactive
logo de Cryo Interactive

Création [1]
Dates clés 2002 : Faillite et rachat par DreamCatcher Interactive
Disparition 2002[2]
Personnages clés Philippe Ulrich
Rémi Herbulot
Jean-Martial Lefranc
Forme juridique Société anonymeVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Activité Création et édition de jeux vidéo
Produits Dune
Commander Blood
Atlantis
Site web www.microids.comVoir et modifier les données sur Wikidata

Cryo Interactive était une société française de développement et d'édition de jeux vidéo créée en 1990 et disparue en 2002. Elle a conçu des jeux appartenant à des genres variés : jeux d'aventure, de réflexion (Extase), de stratégie (Le 3e Millénaire, Chroniques de la Lune noire , etc.), d'action (Aliens: A Comic Book Adventure), de course (MegaRace et ses suites). Ses jeux les plus connus appartiennent au genre du jeu d'aventure graphique en pointer-et-cliquer, dans des univers de fantasy comme Dragon Lore (1994) ou Atlantis : Secrets d'un monde oublié (1997) et leurs suites, ou bien dans des univers de science-fiction (Dune en 1992). Plusieurs de ses jeux contribuent au genre du jeu vidéo historique : Égypte : 1156 av. J.-C. - L'Énigme de la tombe royale (1997), Versailles 1685 : Complot à la Cour du Roi Soleil (1997), Aztec : Malédiction au cœur de la cité d'or (1999), Chine : Intrigue dans la Cité interdite (1999), Pompéi (2000). D'autres sont des adaptations plus ou moins libres d'œuvres classiques : Faust (1998), Ring : L'Anneau des Nibelungen (1999), La Machine à voyager dans le temps (2000), Salammbô (2003), etc. La société Cryo est victime des conséquences de l'éclatement de la bulle spéculative du monde d'Internet en 2002.

Histoire[modifier | modifier le code]

Lancement et succès[modifier | modifier le code]

En 1990, ERE Informatique et son label Exxos deviennent Cryo Interactive. La divinité guerrière que représentait Exxos laisse place à une entité apaisante, symbole pour la jeune société de son entrée dans une nouvelle ère.

Cryo est à cette époque symbolisée jusque dans les premiers logos de la société par l'image d'un visage de jeune femme endormie dans un container de cryogénisation. On découvre cette personnification dans leur premier jeu, Extase, dans lequel le joueur doit donner vie à un androïde dont les traits sont justement ceux de la mystérieuse entité endormie.

En 1997, la société lance une filiale, Cryo Networks, destinée à travailler sur le multijoueur et sur le SCOL (langage de développement de sites internet)[3]. En 1999, Cryo entre en bourse avec succès en étant cotée sur le nouveau marché dédié aux PME française : le cours de ses actions est multiplié par vingt en quelques mois[4]. Fort de ce succès, la société introduit également en sa filiale Cryo Networks sur le nouveau marché : l'opération permet à l'entreprise de lever plus de 30 millions d'euros[3]. Toujours en 2000, Cryo devient actionnaire majoritaire de Dreamcatcher Games et publie un bénéfice net annuel de 10,6 millions d'euros[5].

Difficultés et disparition[modifier | modifier le code]

À partir de l'année 2000, la bulle Internet éclate et le cours de bourse de Cryo s'effondre brutalement, passant de 60 à 4 euros en l'espace de deux ans[4],[5]. En , Cryo Interactive publie ses résultats 2001, faisant état d'une perte nette annuelle de 16,5 millions d'euros[5]. La société n'est plus en mesure de supporter ses 40 millions d'euros de dettes[4] et se déclare en cessation de paiement en juillet 2002[5]. Elle manque d'être liquidée mais est rachetée de justesse par Dreamcatcher Games, sa filiale nord-américaine. À la suite du licenciement de plus de 80 % des effectifs (la société comptait près de 230 salariés en 2002[5]), la société ne compte plus qu'une douzaine de personnes[réf. nécessaire]. La branche Cryo Networks est fermée, ses 87 salariés sont licenciés et les actions « Cryo Networks » sont radiées du nouveau marché d'Euronext[6].

Après ces plans de licenciements successifs, privant l'ancienne structure de Cryo de toute sa substance, Cryo dépose le bilan en octobre 2002[2]. DreamCatcher Europe continue de commercialiser certaines franchises de feu Cryo. Début 2007, avec le rachat de DreamCatcher par Jowood, les derniers salariés de DreamCatcher Europe, anciennement Cryo, sont licenciés, mettant définitivement fin à ce qui restait de l'aventure.

Postérité[modifier | modifier le code]

Jean-Martial Lefranc est depuis la fin de Cryo devenu réalisateur de films et propriétaire des éditions Fleurus presse ; il dirige également la revue L'Écran fantastique, tandis que Philippe Ulrich continue d'explorer de nombreux univers créatifs, avec notamment la sortie d'un livre en  : Un Délicieux Carnage racontant les aventures d'Albert le Dingue. Philippe Ulrich lance plus tard un nouveau format de musique interactive, le MXP4, qu'il crée avec Sylvain Huet et Gilles Babinet. La société Mxp4 Interactive Music, créée en 2006, lève 6,5 millions de dollars en 2007 et embauche en 2008 une vingtaine de personnes[7],[8].

Le , Microïds annonce l'acquisition des droits de propriété intellectuelle du catalogue de Cryo ainsi que toutes les marques Cryo[9].

Moteurs de jeu[modifier | modifier le code]

Omni3D est un moteur de jeu créé par Cryo, utilisé principalement pour des jeux d'aventures, similaire au QuickTime VR d'Apple. Il est complété par OmniSync, qui permet de simuler le mouvement des lèvres.

Ce moteur permet de simuler une vue panoramique à 360 degrés en vue interne, en utilisant six images placées en forme de cube autour du joueur et modifiées par un algorithme pour paraître courbes. Il a été créé pour Atlantis : Secrets d'un monde oublié, mais c'est finalement Versailles qui l'utilisera le premier, en 1997.

Le moteur Cryogen a ensuite été créé pour remplacer l'Omni3D, avant d'être lui-même remplacé par le Cryogen 2.

Liste de jeux[modifier | modifier le code]

Logo de Cryo avant 1999[10].
1990
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2006

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Page de Cryo sur le site societe.com. Page consultée le 13 septembre 2010.
  2. a et b Pierre Jocelyn, « Les éditeurs multimédia français. 1997-2000 », décembre 2002, page 20, document de travail du Département des études et de la prospective du Ministère de la Culture. Document consulté le 9 septembre 2010.
  3. a et b Vincent Collen, « Cryo Networks lèvera jusqu'à 38 millions d'euros sur le nouveau marché », sur Les Echos,
  4. a b et c Jérôme Bouteiller, « L'éditeur de jeux Cryo en liquidation judiciaire », sur Clubic,
  5. a b c d et e Laurence Girard, « L'éditeur de jeux vidéo Cryo est en cessation de paiement », sur Le Monde,
  6. Christophe Guillemin, « Cryo Networks en liquidation judiciaire », sur ZDNet,
  7. Olivier Dumons, « Le MXP4 veut réinventer la musique », sur Le Monde,
  8. Philippe Astor, « MxP4 propose une nouvelle dimension interactive dans l'écoute de la musique », sur ZDNet,
  9. Microïds annonce l'acquisition du catalogue des jeux Cryo et de la marque Cryo Interactive Entertainment.
  10. Ce logo est utilisé pour Atlantis : Secrets d'un monde oublié, mais au moment où sort Atlantis II en 1999 le logo est déjà différent (représentant le nom Cryo entouré de bandeaux bleu et jaune). Le changement de logo a donc lieu avant 1999.
  11. La rédaction, Gagnez un million de dollars !, 29 décembre 2000, Jeuxvideo.com.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Interview d'Angel, designer de Cryo Interactive » (p81-85), Ekllipse, SEMIC, no 1,‎ , p. 99.
  • Serge Dupuy-Fromy, Les jeux vidéo dans la société française : des années 1970 au début des années 2000, thèse de doctorat à l'université Paris Est Créteil sous la direction d'André Encrevé, soutenue le 17 décembre 2012.
  • Daniel Ichbiah, La Saga des jeux vidéo, Pix'n Love, 2010.
  • François Rouet, "La création dans l’industrie du jeu vidéo", dans La création dans l’industrie du jeu vidéo, Paris, Département des études, de la prospective et des statistiques, 2009. [lire en ligne] (ISBN 9782111398887)
  • Retrogaming. Made in France, série de documentaires, Arte (en ligne), 28 octobre 2019.

Liens externes[modifier | modifier le code]

  1. Rest In Play sur Cryo Interactive (chronique revenant sur l'histoire du studio + interview du fondateur)