Chartreuse Notre-Dame-des-Prés de Neuville-sous-Montreuil

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Chartreuse de Neuville)

Chartreuse Notre-Dame-des-Prés

Cartusia Sancta Mariæ De Pratis Monstrolli
Image illustrative de l’article Chartreuse Notre-Dame-des-Prés de Neuville-sous-Montreuil
Présentation
Culte Catholique romain
Type Chartreuse
Début de la construction 1325
Architecte Clovis Normand (1872-1875)
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1993)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Province Picardie Picardie
Région Hauts-de-France
Département Pas-de-Calais
Commune Neuville-sous-Montreuil
Coordonnées 50° 28′ 15,54″ nord, 1° 47′ 25,31″ est

Carte

La chartreuse Notre-Dame-des-Prés est un monastère fondé en 1325 pour l'ordre des Chartreux par le comte de Boulogne et fermé en 1901 du fait de la loi Waldeck-Rousseau. Elle est située en France à Neuville-sous-Montreuil, dans le département du Pas-de-Calais.

Sous la Belle Époque, elle est devenue un sanatorium et une résidence d'artistes.

L'ensemble est inscrit au titre des monuments historiques en 1993.

Localisation[modifier | modifier le code]

La chartreuse Notre-Dame-des-Prés est sise au 1, allée de La Chartreuse à Neuville-sous-Montreuil.

Histoire[modifier | modifier le code]

La chartreuse Notre-Dame-des-Prés est fondée en 1325, soit par Robert III, comte de Boulogne[1], soit par Robert VI[2] — les sources restent incertaines. De 1539 à 1571, la chartreuse subit les attaques des Impériaux. En 1584, les huguenots envahissent et dévastent la chartreuse[3]. Elle se trouve en plein tourment des guerres de Religion.

Le , Benoît-Joseph Labre est refusé après quelques semaines de postulat dans la communauté de la Chartreuse de Notre-Dame-des-Prés de Neuville-sous-Montreuil[4]. Il a été béatifié en 1860 et canonisé le par le pape Léon XIII.

Le à la suite de la Révolution, les biens de l'Église sont nationalisés et mis en adjudication. La ferme nommée La Parthe, à Bazinghen, appartenant aux chartreux et estimée à 70 800 francs est adjugée à ce prix[5]. Après une nouvelle destruction causée par la guerre franco-allemande de 1870, l'architecte hesdinois Clovis Normand entreprend la reconstruction en s'appuyant sur la structure initiale du site : les travaux s'étalent de 1872 à 1875.

Les chartreux, durant cette période faste, ont une activité intense d'imprimerie et un fonds important de bibliothèque est constitué. En 1901, à cause de la loi sur les associations du , plus connue sous le nom de loi Waldeck-Rousseau qui entraîne la fermeture de monastères en France, les chartreux sont expulsés. Ils s'exilent en Angleterre à la chartreuse de Parkminster (placée sous le vocable de saint Hugues de Lincoln et fondée en 1873), située dans le Sussex. Ils emportent leur bibliothèque et ils s'y trouvent toujours. L'imprimerie est entreposée chez les camilliens de Tournai[6],[7].

Vers 1905, Victor Morel, député-maire de Campagne-lès-Hesdin transforme la chartreuse en un hospice, un sanatorium puis un hôpital avec un phalanstère, ouvert aux artistes et destiné aux ouvriers et employés[8]. Son ami Jules Rais fonde avec quelques amis écrivains le comité de la Clairière qui se réunit la première fois le sous la présidence de Jules Renard. Les activités artistiques cessent en 1912.

Lors de la Première Guerre mondiale, environ 5 000 civils belges fuyant leur pays à cause des combats, se réfugient à la chartreuse de Neuville où ils séjournent de à . À cette époque, le typhus et la grippe espagnole sévissent, la chartreuse devient un hôpital civil belge avec près de 700 lits, et 599 personnes (587 civils et 12 soldats) y meurent. Elles sont inhumées dans une pâture privée. Même si, au début, les tombes étaient matérialisées et l'entrée du lieu marquée d'une croix, les traces de la nécropole disparaissent et ce lieu de mémoire tombe dans l'oubli dans les années 1950 et 1960. Ce n'est que début 2013, que l'histoire se réveille, et, en 2014, Annick Lefranc, ancienne guide à la chartreuse ; Daniel Bourdelle, maire de Neuville et Roger Benauwt, guide originaire de Roesbrugge en Belgique, déposent des fleurs devant la nécropole à l’abandon et commencent leurs recherches. En 2015, un panneau, indiquant la direction de la nécropole, est posé à l’entrée de la rue de Vide-Champ. En 2019, une plaque commémorative est posée reprenant les 599 noms et le , se déroule l'inauguration du lieu, transformé en jardin du souvenir, et une nouvelle plaque est posée en présence de Francois de Kerchove d’Exærde, ambassadeur de Belgique en France[9],[10],[11].

La chartreuse fonctionne en tant qu'hôpital jusqu'en 1997.

En 2000, les sœurs de Bethléem l'achètent pour 3,5 millions de francs. La vente est annulée à cause du mérule qui attaque la charpente.

Une société civile immobilière (SCI), formée par l'architecte François Pin et l'entrepreneur Maxime Rinaldi avec sept autres investisseurs privés, en fait l'acquisition. L'association de la Chartreuse de Neuville est créée en 2008.

Le , dans le cadre des Rencontres Musicales, la chartreuse de Neuville accueille l'Atelier Così fan tutte. Les plus belles pages de l’opéra de Mozart sont mises en scène par Sir Jonathan Miller (en). Parrainés par la Fondation Royaumont, les deux actes du célèbre « dramma giocoso » sont chantés par un ensemble de six jeunes interprètes, sélectionnés parmi quatre-vingts candidats issus des quatre coins de l’Europe.

Architecture[modifier | modifier le code]

L'ancienne chartreuse est inscrite au titre des monuments historiques en 1993[12].

Le , un chantier de rénovation de la chartreuse est lancé pour un coût de près de 25 millions d'euros, faisant de celui-ci le plus grand chantier des monuments historiques de France[13].

A proximité du portail d'entrée, un panneau d'information décrit le tympan photographié ci-dessus, en voici le texte (non signé) qui y figure :

« Ce tympan représente l'histoire de la construction des deux Chartreuses.
Au centre, la Vierge à qui est dédié le monastère - Cartusia Sancta Mariae De Pratis - tenant sur ses genoux l'enfant Jésus.
A gauche, le Comte Robert III de Boulogne, qui finança la première construction de 1324.
A droite, le Révérend Dom Charles-Marie Saisson, Prieur général de l'ordre des Chartreux, présente en offrande le deuxième monastère reconstruit en 1870 après les dégâts de la révolution… »

Présidence[modifier | modifier le code]

Jean-Paul Delevoye, depuis 2017, assure la présidence du conseil d’administration de l’association de la chartreuse composé de 22 membres issus des secteurs privés, publics et de la société civile. Il a succédé à Hervé Knecht[14],[15].

Cimetière des indigents[modifier | modifier le code]

Dès années 1950 jusqu’en 1995, c’est dans un cimetière proche de l’édifice religieux que sont inhumés les pensionnaires de l’hospice. Ce cimetière est à l’abandon depuis 1995. En 2023, des bénévoles et la municipalité de Neuville-sous-Montreuil entreprennent la restauration de ce cimetière et se mettent en quête de l’identité des personnes inhumées sachant qu’elles n’ont pas été pas enregistrées à l’état civil de la mairie[16].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 281.
  • (la) Le Couteulx, Carolo, Annales ordinis Cartusiensis, vol. V, Montreuil-sur-Mer, 1887/91, p. 183-192.
  • Devaux, Augustin et Van Dijck, Gabriel, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, 2005, Maisons de l'Ordre, , 785 p..

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. M. Harbaville,Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, tome Ier, imprimé à Arras, chez Topino, libraire Rue saint-Aubert en 1862, p. 161 - archives de bibliotheca Bodelana -numérisé par Google Books
  2. Gazette du Nord Pas-de-Calais du 26 janvier 2010 page 17
  3. Mathieu, Franck Mulliez, Le Nord-Pas-de-Calais: Vu du ciel, 2006, page 96 - numérisé par Google Books
  4. Marie-Thérèse Avon-Soletti, Des vagabonds aux S.D.F, Publication de l'université de Saint-Étienne - Numérisé par Google Books
  5. P.-J.-B. Bertrand, Précis de l'Histoire physique, civile et politique, de la ville de Boulogne-sur-Mer depuis les Morins jusqu'en 1814, imprimé à Boulogne en 1828, tome premier, page 201 - archives de Bibliotheca Bodliana - numérisé par Google Books
  6. Patrick Cabanel et Jean-Dominique Durand, Le Grand Exil des congrégations religieuses françaises, 1901-1914
  7. J. Thirion, En exil. Les congrégations françaises hors de France, 1903.
  8. « Le phalanstère de Neuville-sous-Montreuil. Une résidence d’artistes à la Belle Époque », dans les Archives départementales du Pas-de-Calais, cote 1 J 544/01.
  9. Cécile Legrand-Steeland, « Neuville-sous-Montreuil : de l’anonymat à la reconnaissance, le destin torturé du cimetière belge », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Cécile Legrand-Steeland, « À Neuville, une nouvelle étape franchie pour la mémoire des Belges morts pendant la Grande Guerre », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Philippe Lambert, « À la Chartreuse de Neuville, les six cents réfugiés belges ne seront jamais oubliés », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Ancienne chartreuse Notre-Dame-des-Prés », notice no PA00125638, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. (fr)Culturebox (avec AFP), « Lancement d'un grand chantier à la chartreuse de Neuville, dans le Pas-de-Calais », sur culturebox.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  14. « Réforme des retraites : Jean-Paul Delevoye n'a pas déclaré sa fonction d'administrateur dans un institut de formation de l'assurance », sur francetvinfo.fr.
  15. Romain Douchin, « La Chartreuse de Neuville défend son président Jean-Paul Delevoye », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Fabrice Leviel, « On s’occupe enfin du cimetière des indigents à Neuville-sous-Montreuil », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).