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Pedro Álvares Cabral

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Pedro Álvares Cabral
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Igreja da Graça (Santarém) (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Pedro Álvares de GouveiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Explorateur, navigateurVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Fernão Cabral (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Isabel de Gouveia de Queirós (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Isabel de Castro (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Fernão Álvares Cabral (d)
António Cabral (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
His Most Faithful Majesty's Council (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Chevalier de l'ordre militaire du Christ (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Pedro Álvares Cabral
Signature
Vue de la sépulture.
Pedro A. Cabral.

Pedro Álvares Cabral, né à Belmonte en 1467 ou 1468 et mort à Santarém vers 1520 ou 1526, est un navigateur portugais, commandant de flotte, chargé par le roi du Portugal Manuel Ier d'aller aux Indes orientales et de poursuivre l'œuvre de Vasco de Gama.

Pedro Álvares Cabral est considéré comme « le découvreur du Brésil ». Le , les bateaux portugais ont débarqué sur la côte nord-est du Brésil. Cabral est aujourd'hui considéré comme un personnage essentiel de l'âge des Grandes découvertes.

Naissance et formation

A half-length monochrome portrait showing a bearded man wearing a cloth cap and smock and holding a megaphone with a border of colorful heraldic devices
Une miniature – portrait de Cabral avec son blason familial figurant au-dessus.

On sait peu de choses sur la vie de Pedro Álvares Cabral avant son voyage qui conduisit à la découverte du Brésil. Il est né en 1467 ou 1468 – la dernière date étant la plus souvent citée[1],[2] – à Belmonte, qui se trouve à environ 30 km de la ville moderne de Covilhã dans le Nord du Portugal[3],[1],[4],[5]. Il était le fils de Fernão Álvares Cabral et Isabel Gouveia – l'un des cinq garçons et six filles de la famille[1],[4],[6]. Cabral fut baptisé Pedro Álvares de Gouveia et plus tard seulement, sans doute à la mort de son frère aîné en 1503[4],[7],[8], commença-t-il à utiliser le nom de son frère[6],[9].

Le blason familial fut dessiné avec deux chèvres violettes sur un champ d'argent. Le pourpre représentait la fidélité, et les chèvres provenaient du nom de la famille (cabral se traduit par chèvre en français)[1]. Bien entendu, seul son frère aîné était habilité à utiliser du nom de la famille[10].

Les traditions familiales disaient que les Cabrais étaient les descendants de Karanus, le premier roi légendaire de la Macédoine. Karanus était lui-même, un descendant à la septième génération du demi-dieu Héraclès[D]. Mettant les mythes de côté, l'historien James McClymont pense qu'une autre légende familiale pourrait receler des preuves de l'origine des Cabral. D'après cette histoire, les Cabraes dérivent d'un clan castillan nommé Cabreiras qui avait le même blason[E]. La famille Cabral vient au premier plan pendant le XIVe siècle. Álvaro Gil Cabral (l'arrière-arrière-grand-père de Cabral, un commandant de la frontière) fut l'un des quelques nobles portugais à rester loyal à Dom João Ier, roi de Portugal pendant la crise portugaise de 1383-1385 et la lutte contre le roi de Castille. À titre de récompense, João Ier conféra à Álvaro Gil le fief héréditaire de Belmonte[3],[1],[11]

Éduqué selon les usages de la petite noblesse[12],[13], Cabral fut envoyé à la cour du roi Alphonse V en 1479, vers l'âge de 12 ans. Il avait sans doute 17 ou 18 ans lorsqu'en juin 1484, il fut nommé moço fidalgo (« noble page », un titre mineur habituellement décerné aux jeunes nobles) par le roi dom João II[4]. Les traces de ses engagements avant 1500 sont extrêmement fragmentaires, mais Cabral a pu aller combattre en Afrique du Nord, comme l'avaient fait ses ancêtres et comme le faisaient souvent les jeunes nobles de son temps[3],[6],[14]. Le roi dom Manuel Ier, qui avait accédé au trône deux ans auparavant, lui avait accordé une rente annuelle de 30 000 reais le [15],[16]. Il reçut aussi en même temps le titre de fidalgo (« noble ») en conseil du roi et fut nommé chevalier de l'ordre du Christ[16]. On ne possède aucun portrait de lui ou détail physique de Cabral à cette époque. Il est connu pour avoir une forte constitution[17] et était aussi grand que son père, 1,90 m[18],[19],[20]. Son caractère a été décrit comme bien élevé, courtois[20], prudent[5], généreux, tolérant avec ses ennemis[9], humble[17], mais aussi orgueilleux[20] et trop attaché au respect qu'il pensait que son honneur et sa position commandaient[21].

Découverte du Brésil

Commandant en chef de la flotte

A map showing the southern Atlantic and western Indian Ocean with two routes traced which go around the southern tip of Africa
En rouge, la route suivie par Cabral du Portugal vers l'Inde en 1500, et la route retour en bleu.

Le , Cabral fut nommé Capitão-mor (littéralement « major-capitaine », ou « commandant en chef ») de la seconde flotte voguant vers les Indes[9],[22],[23], succédant à celle commandée par Vasco de Gama. La Couronne portugaise nommait traditionnellement des nobles aux commandements militaires et maritimes, sans égard pour leur compétence ou leur expérience professionnelles[24]. C'était le cas pour les capitaines des navires placés sous le commandement de Cabral[25]. Cette pratique avait d'évidents inconvénients, car l'autorité pouvait aussi bien être conférée à des personnes hautement incompétentes et mal préparées que conférée à des chefs remarquables tels que Afonso de Albuquerque ou dom João de Castro[26].

Peu de détails nous sont parvenus sur les critères utilisés par la cour quant à la sélection de Cabral en tant que chef de l'expédition aux Indes. Dans le décret royal le nommant commandant-en-chef, la seule raison donnée était « ses mérites et ses services ». Rien de plus sur ses qualifications ne nous est connu[27]. L'historien William Greenlee pense que le roi Manuel Ier « l'avait certainement bien connu à la Cour ». Cela, ainsi que « la situation de la famille Cabral, leur loyauté inconditionnelle à la Couronne, l'apparence personnelle de Cabral, et l'habileté qu'il a montré à la cour et au conseil furent des facteurs importants »[28]. A sans doute aussi joué en sa faveur l'influence de deux de ses frères qui siégeaient au conseil du roi[28]. Étant donné les intrigues politiques permanentes à la cour, Cabral a pu aussi appartenir à une faction qui favorisa sa nomination[28]. L'historien Malyn Newitt soutint l'hypothèse d'un choix résultant « d'une tentative délibérée d'équilibrer les intérêts de factions rivales de familles nobles, qui n'avaient pas de raison de le recommander et parce qu'il n'avait pas d'expérience connue de commandement d'expédition majeure. »[29]

Cabral devint le commandant, cependant des navigateurs bien plus expérimentés furent adjoints à l'expédition pour l'aider sur les questions navales[30]. Les plus fameux étaient Bartolomeu Dias, Diogo Dias et Nicolau Coelho[29],[31],[32]. Ils devaient, avec les autres capitaines, commander 13 navires[6],[29],[33] et 1 500 hommes[6],[34],[35],[36]. Sur ce contingent, 700 étaient des soldats, mais la plupart étaient de simples roturiers sans formation ni expérience au combat[37].

La flotte avait deux divisions. La première était composée de neuf naus (caraques) et deux rondes caravelles, et mirent le cap sur Calicut (aujourd'hui connu sous le nom de Kozhikode) en Inde dans le but de mettre en place des relations commerciales et une factorerie. La deuxième division, consistant en une nau et une caravelle, mit les voiles avec comme destination le port de la province de Sofala au Mozambique[38]. En échange de la direction de la flotte, Cabral reçut 10 000 cruzados (une vieille monnaie portugaise équivalente à environ 35 kg d'or) et le droit de négocier l'achat de 30 tonnes de poivre sur son propre compte et de les rapporter en Europe. Le poivre pouvait alors être revendu, hors-taxes, à la couronne portugaise[39]. Il fut aussi autorisé à importer 10 ballots de n'importe quel autres épices, en franchise de droits[39]. Bien que le voyage fût extrêmement dangereux, Cabral avait la perspective de devenir un homme très riche s'il parvenait à revenir au Portugal avec la cargaison. Les épices était alors très rares en Europe et très recherchées[39].

A painting depicting the deck of a wooden sailing ship on which stands a group of men pointing toward the horizon and with the sails of several other ships visible in the background
Cabral (au centre-gauche, levant le bras) observe la côte brésilienne pour la première fois le 22 avril 1500.

La flotte l'ayant précédé avait été la première à atteindre les Indes en contournant l'Afrique. Cette expédition, commandée par Vasco de Gama, était retournée au Portugal en 1499[40]. Pendant des décennies, le Portugal avait cherché une route alternative vers l'est, afin d'éviter la Méditerranée qui était sous le contrôle des Républiques maritimes italiennes et de l'Empire ottoman. L'expansionnisme du Portugal le conduisit d'abord en Inde, et plus tard à la colonisation d'une bonne partie du monde. La volonté de diffuser la foi catholique sur des terres impies était un autre facteur de motivation. Enfin, venait la longue tradition de refouler les musulmans qui provenait des combats pour la reconquête de leur nation contre les Maures. Cette lutte s'engagea d'abord en Afrique du Nord et finalement sur le sous-continent indien. Une dernière ambition qui galvanisait les explorateurs était la recherche du mythique prêtre Jean — un roi chrétien avec qui une alliance contre les forces de l'islam pourrait être forgée. Enfin, la Couronne portugaise voulait accaparer une part du très lucratif commerce ouest-africain des esclaves, de l'or, et du commerce des épices indiennes[41].

L'arrivée sur des terres inconnues

50 escudos célébrant le 500e anniversaire de la naissance de Pedro Alvares Cabral (1968).

La flotte sous le commandement de Cabral, âgé de 32 à 33 ans, prit la mer à Lisbonne le à midi. Le jour précédent avaient eu lieu les adieux publics avec une messe et des célébrations suivies par le roi, la Cour et une foule nombreuse[35],[42],[43],[44],[45],[46]. Au matin du 14 mars, la flottille contourna la Grande Canarie, la plus importante des îles Canaries[44],[47]. Elle cingla vers Cap-Vert, une colonie portugaise située sur la côte de l'Afrique de l'Ouest qu'elle toucha le 22 mars[44],[48]. Le lendemain, une nau commandée par Vasco de Ataíde avec 150 hommes disparut sans laisser de traces[42],[44],[48]. La flotte franchit l'Équateur le 9 avril et mit le cap à l'ouest aussi loin du continent africain qu'il semblait possible vers ce qui était alors nommé la technique de navigation dite de la volta do mar (littéralement le « tour de la mer »)[42],[49].

A painting depicting a boat containing armored men being rowed from ships on the horizon onto a shoreline crowded with people in loincloths, while in the background a native kneels before a small group of European men with a large white banner bearing a black cross
Peinture romantique du premier débarquement de Cabral sur l'Ilha de Vera Cruz (en). On l'aperçoit sur le rivage, au centre, debout devant le soldat qui déploie une bannière de l'ordre du Christ.

Des algues furent aperçues le 21 avril, ce qui laissait penser aux marins qu'ils approchaient d'une côte. Cela s'avéra exact le lendemain après-midi, mercredi , quand la flotte mouilla près de ce que Cabral baptisa le monte Pascoal (« mont de Pâques », car c'était la semaine de Pâques). Cet emplacement est situé au nord-est de ce qui est aujourd'hui le Brésil[44],[49],[50],[51].

Les Portugais détectèrent la présence d'habitants sur le rivage et tous les capitaines se rassemblèrent sur le navire amiral de Cabral le 23 avril[52]. Cabral ordonna à Nicolau Coelho, un capitaine qui avait l'expérience des voyages en Inde avec Vasco de Gama, de débarquer et de nouer des contacts. Il mit pied à terre et échangea des cadeaux avec les indigènes[53]. Après que Coelho fut revenu, Cabral emmena la flotte vers le nord, où après 65 km de navigation, il mouilla le 24 avril dans ce que le commandant en chef nomma Porto Seguro (« port sûr »)[54]. La place était un port naturel et Afonso Lopes (pilote du navire amiral) embarqua deux indigènes à bord pour rencontrer Cabral[55].

Lettre de Pero Vaz de Caminha à Manuel Ier de Portugal.

Comme la fois précédente, la rencontre fut amicale et Cabral leur offrit des cadeaux[56]. Les habitants étaient des chasseurs cueilleurs, que les Européens appelèrent du nom générique d'« Indiens ». Les hommes cherchaient la nourriture en traquant le gibier, pêchant et cueillant des végétaux, alors que les femmes cultivaient des lopins de terre. Ils étaient divisés en innombrables tribus rivales. Les tribus que Cabral rencontra étaient des Tupiniquim[57]. Certains de ces groupes étaient nomades et d'autres sédentaires — connaissant le feu mais pas la métallurgie. Quelques tribus de ces régions pratiquaient le cannibalisme[58]. Le 26 avril, comme de plus en plus d'indigènes curieux apparaissaient, Cabral ordonna à ses hommes de construire un autel où une messe serait célébrée[59].

Les jours suivants furent utilisés pour faire les réserves d'eau, de nourriture, de bois et d'autres provisions. Les Portugais édifièrent aussi une croix de bois – peut-être haute de sept mètres. Cabral détermina que ces nouvelles terres étaient bien à l'est de la ligne de démarcation entre le Portugal et l'Espagne qui avait été définie par le traité de Tordesillas. Le territoire était bien dans la partie du monde allouée au Portugal. Pour solenniser la revendication du Portugal sur cette contrée, la croix fut érigée et un second service religieux organisé le 1er mai[54],[60]. Cabral nomma cette terre découverte Ilha de Vera Cruz (en)[61]. Le lendemain, un navire de ravitaillement sous le commandement de Gaspar de Lemos[62],[63] ou d'André Gonçalves[64] (les sources divergent)[65] retourna au Portugal pour apprendre la nouvelle de la découverte au roi Manuel Ier et lui apporter la fameuse lettre de Pero Vaz de Caminha, le secrétaire de Cabral.

Voyage vers l'Inde

Tragédie au large du Sud de l'Afrique

Pen and ink sketch depicting various sailing ships, some of which are in the process of foundering
12 des 13 navires de la flotte de Cabral sont reproduits. La plupart furent perdus, comme on peut le voir sur ce dessin extrait de Memória das Armadas, vers 1568.

La flotte reprit la mer soit le 2[66] ou le 3[64] et navigua le long des côtes est de l'Amérique du Sud. Cabral fut convaincu qu'il avait découvert un continent entier, plutôt qu'une île[67]. Autour du 5 mai, la flotte vira de bord vers l'Afrique[67]. Le 23[67] ou 24[63] mai, ils traversèrent une tempête dans la zone de haute pression de l'Atlantique Sud, provoquant la perte de quatre bateaux. L'emplacement exact du désastre n'est pas connu – les conjectures vont du cap de Bonne-Espérance à la pointe sud du continent africain[67] à en vue de la côte sud-américaine[68]. Trois naus et une caravelle commandée par Bartolomeu Dias – le premier Européen à atteindre la cap de Bonne-Espérance en 1488 – disparurent, et 380 hommes furent perdus[69].

Les vaisseaux restants, mis à mal par les conditions climatiques très difficiles et leur gréements endommagés furent séparés. Un navire commandé par Diogo Dias, erra isolé[70], les six autres ayant pu se regrouper. Ils se rassemblèrent en deux formations consistant en trois navires chacune, puis naviguèrent vers l'est, doublant le cap. Suivant la côte, ils remontèrent vers le nord et accostèrent quelque part dans le Primeiras e Segundas Archipelago (en), sur les côtes du Mozambique et au nord de la province de Sofala[70],[71]. La flotte resta dix jours pour des réparations[70],[72]. Puis, l'expédition repartit vers le nord, et le 26 mai atteint Quiloa (Kilwa Kisiwani), où Cabral s'efforça en vain de négocier un traité[73].

De Kilwa Kisiwani, la flotte partit pour Malindi, qu'elle rejoignit le 2 août. Cabral rencontra le roi, avec qui il noua des relations amicales et échangea des présents. Des pilotes furent recrutés à Malindi pour la dernière partie du voyage vers l'Inde. La terre fut atteinte à Anjadip, une île fréquentée par les navires en quête de ravitaillement sur leur route vers Calicut. Les bateaux furent mis au sec, calfatés et repeints. Des arrangements furent mis en place en vue de la rencontre avec le dirigeant de Calicut[74],[75],[76].

Massacre à Calicut

La flotte arriva à Calicut le 13 septembre[66],[74],[76]. Cabral réussit à négocier avec le Zamorin (titre en portugais du raja de Calicut) et obtint la permission d'établir un comptoir et un entrepôt[75]. Dans l'espoir d'une amélioration continue des relations, Cabral répartit ses hommes dans plusieurs missions militaires à la demande du Zamorin[F]. Cependant, le 16[77] ou 17[78] décembre, le comptoir fut attaqué par surprise par des centaines[77] (ou d'après d'autres récits, des milliers)[75] d'Arabes musulmans et d'hindous. En dépit de la défense désespérée des arbalétriers, plus de 50 Portugais furent tués[G][77],[79]. Les derniers survivants se replièrent sur les navires. Pensant que l'attaque résultait de la jalousie de marchands arabes, Cabral attendit 24 heures une explication du dirigeant de Calicut, mais aucune excuse ne lui parvint[78],[79],[80].

Les Portugais rendus furieux par l'attaque du comptoir et la mort de leurs camarades saisirent dix navires marchands arabes à l'ancre dans le port. Environ 600 des membres d'équipage[79] furent tués et leur cargaison confisquée puis les marchands furent brûlés vifs[78],[80]. Cabral ordonna à ses navires de bombarder Calicut pendant une journée entière en représailles de la violation des accords[78],[80].

Le massacre fut mis sur le compte de l'animosité envers les musulmans, que les Portugais avaient développée pendant des siècles de lutte contre les Maures dans la péninsule Ibérique et en Afrique du Nord[81]. Plus encore, les Portugais étaient déterminés à dominer le négoce des épices et n'avaient pas l'intention de permettre à la compétition de se renforcer. Les Arabes, à l'inverse, n'avaient aucun désir de permettre aux Portugais de briser leur monopole de l'accès aux épices. Les Portugais avaient commencé par demander à recevoir un traitement préférentiel dans chaque aspect de ce commerce. La lettre du roi Manuel Ier apporté par Cabral au roi de Calicut, qui fut traduite par les interprètes arabes du dirigeant, demandait l'exclusion des commerçants arabes. Les marchands musulmans crurent qu'ils allaient perdre leur possibilité de négoce et leur fortune[82], et tentèrent de soulever le roi hindou contre les Portugais[83].

An illustration from an old map which shows a wooden sailing vessel with a square-rigged foresail, a square-rigged main mast with main and topsail, and a lateen sail aft over a very high stern
La nau (caraque) était un type de vaisseau qui était plus large qu'une caravelle mais plus étroit que le galion, plus tardif.

L'historien William Greenlee expliqua que les Portugais avaient compris qu'« ils étaient moins nombreux et que ceux qui viendraient en Inde sur les flottes futures auraient toujours un désavantage numérique ; et donc que la traîtrise devait être punie de telle façon qu'ils seraient craints et respectés. C'était leur artillerie supérieure qui leur permettrait d'atteindre ce but. » De ce fait, ils créèrent un précédent pour la diplomatie de la canonnière pratiquée dans les siècles suivants[84].

Retour au Portugal

Des indications dans les relations de voyages de Vasco da Gama avaient décidé le roi Manuel Ier à informer Cabral de l'existence d'un autre port au sud de Calicut où il pourrait aussi commercer. Cette ville était Cochin (Kochi) que la flotte atteint le 24 décembre[85]. Cochin était formellement vassale de Calicut, et aussi sous la domination d'autres cités indiennes. Cochin souhaitait obtenir son indépendance, et les Portugais étaient prêts à exploiter les mésententes indiennes – comme les Britanniques le feront trois siècles plus tard. Cette tactique finalement permit d'établir l'hégémonie des Portugais sur la région[85]. Cabral négocia une alliance avec les dirigeants de Kochi, comme avec les dirigeants d'autres villes, et fut en mesure d'établir un autre comptoir. Enfin, chargée de précieuses épices, la flotte mit le cap sur Kannur pour des derniers achats avant d'entreprendre le retour vers le Portugal le [77],[78],[85].

L'expédition se dirigea vers la côte orientale de l'Afrique. Un des navires se drossa sur un banc de sable et le vaisseau commença à couler. Comme il n'y avait pas de place disponible sur les autres vaisseaux, la cargaison fut perdue et Cabral ordonna que la caraque soit incendiée[86],[87],[88]. La flotte s'en vint ensuite sur l'île de Mozambique (nord-est de Sofala), pour faire des provisions et préparer les bateaux pour le difficile passage du cap de Bonne-Espérance[89]. Une caravelle fut envoyée vers Sofala — un des buts de l'expédition. Une seconde caravelle, considérée comme la plus rapide de la flotte et commandée par Nicolau Coelho, fut expédiée en avant pour informer le roi du succès du voyage. Un troisième vaisseau, commandé par Pedro de Ataíde (en), resta séparé du reste de la flotte après avoir quitté le Mozambique[89].

Le 22 mai, la flotte réduite à seulement deux navires doubla le cap de Bonne-Espérance[90]. Elle toucha Beseguiche (aujourd'hui Dakar, situé près du Cap-Vert) le 2 juin. Ils y retrouvèrent non seulement la caravelle de Nicolau Coelho mais aussi la nau commandée par Diogo Dias — qui avait été perdue de vue depuis près d'un an à la suite du désastre dans l'Atlantique Sud. La nau avait vécu de nombreuses aventures[H] et était maintenant en mauvais état avec seulement sept hommes en mauvaise condition[87] . Une autre flotte portugaise était aussi à l'ancre à Beseguiche. Lorsque Manuel Ier fut informé de la découverte du Brésil, il envoya une autre flotte plus réduite pour l'explorer. L'un de ses navigateurs était Amerigo Vespucci (qui donna son nom à l'Amérique, qui prévint Cabral de son exploration, confirmant qu'il avait mis le pied sur un nouveau continent et pas simplement sur une île[91].

La caravelle de Nicolau Coelho partit en premier de Beseguiche et arriva au Portugal le [92]. Cabral resta derrière, attendant le vaisseau manquant de Pedro de Ataíde et celui envoyé à Sofala. Les deux arrivèrent finalement et Cabral arriva au Portugal le [93]. Au total, deux navires rentrèrent vides, cinq étaient pleins et six perdus.

Les marchandises transportées rapportèrent 800 % de profit à la Couronne portugaise[94]. Une fois la cargaison vendue, les capitaux reçus firent plus que couvrir les coûts d'équipement de la flotte, le coût des vaisseaux qui avaient été perdus[95].

Fin de carrière et mort

Anciennement à Santarém, une partie de ses ossements se trouve aujourd'hui dans la chapelle de l'église romane aux côtés de ses parents et de ses grands-parents.

Postérité

« Non impressionné par les pertes incroyables qu'il avait subies précédemment », dit l'historien James Mc Clymont, quand Cabral « au large des côtes africaines, poussa ses hommes à aller de l'avant pour accomplir la tâche qui lui avait été assignée et fut capable d'inspirer aux officiers survivants un grand courage »[90]. « Peu de voyages vers le Brésil et l'Inde furent si bien exécutés que ceux de Cabral », affirma l'historien Bailey Diffie[51], qui ouvrit la route qui conduirait à l'établissement d'un empire colonial portugais allant de l'Afrique à l'Extrême-Orient, et finalement à l'empire du Brésil[66].

Divers

En 1994, il fut représenté avec sa caravelle, sur les billets de banque portugais de 1 000 escudos (environ 5 euros).

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pedro Álvares Cabral » (voir la liste des auteurs).
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Annexes

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Article connexe

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