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« Bernadette Soubirous » : différence entre les versions

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À bout de ressources, les parents de Bernadette l'envoient chez sa marraine et tante, Bernarde Castérot ([[1823]]-[[1907]]), qui l'emploie comme servante.
À bout de ressources, les parents de Bernadette l'envoient chez sa marraine et tante, Bernarde Castérot ([[1823]]-[[1907]]), qui l'emploie comme servante.


En [[1857]], François Soubirous est accusé (apparemment à tort) du vol de deux sacs de farine. Il est envoyé en prison. La famille Soubirous est dans une période de détresse noire.
En [[1857]], François Soubirous est accusé (apparemment à tort) du vol de deux sacs de farine. Il est envoyé en prison<ref>René Laurentin, ''Vie de Bernadette'', {{opcit}}, {{p.}}38 et 39.</ref>. La famille Soubirous est dans une période de détresse noire.

Bernadette souhaite faire sa [[communion]] et, pour cela, elle doit apprendre à lire et à écrire en français. Fin janvier [[1858]], quelques jours avant les [[Apparition mariale|apparitions]]<ref>[http://www.sainte-bernadette-nevers.com/frsoeurs.htm « Bernadette et les Sœurs de la Charité de Nevers », sur sainte-bernadette-nevers.com].</ref>, elle est admise comme externe<ref>[http://voyage.viamichelin.fr/web/Destination/France-Midi_Toulousain-Lourdes/Site-Hospice_Sainte_Bernadette-Avenue_Alexandre_Marquis « Hospice Sainte-Bernadette », sur voyage.viamichelin.fr].</ref> dans la classe des indigents, tenue par les [[sœurs de la Charité de Nevers]]. C'est là qu'elle commence à apprendre à lire et à écrire, et à s'initier au métier de couturière.


[[Image:Bernadette soubirous 2 publicdomain.gif|thumb|right|200px|Bernadette, coiffée du [[Capulet (coiffure)|capulet]] caractéristique.]]
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== Le départ pour Nevers ==
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Bernadette souhaitait faire sa [[communion]] et pour cela, elle devait apprendre à lire et à écrire en français. Elle a alors près de 18 ans lorsqu'elle est admise à l'« École des indigents », à l'hospice de Lourdes, tenu par les [[Sœurs de la Charité de Nevers|Sœurs de la Charité]] de [[Nevers]]. Là, elle s'instruit, apprend à lire, le [[catéchisme]] et un métier. Les observateurs de l'époque notent que son recueillement en prière est impressionnant, mais qu'elle est aussi gaie, enjouée, espiègle et plutôt autoritaire avec ses compagnes — qui l'apprécient néanmoins beaucoup.


Le {{date|15|juin|1860}}, les [[Sœurs de la Charité de Nevers|sœurs de la Charité]] admettent Bernadette dans leur hospice en tant que malade indigente. Elle peut ainsi poursuivre son instruction dans leur école, voisine de l'hospice<ref>René Laurentin, ''Vie de Bernadette'', {{opcit}}, {{p.}}153 et 154.</ref>. Les observateurs de l'époque notent que son recueillement en prière est impressionnant, mais qu'elle est aussi gaie, enjouée, espiègle et plutôt autoritaire avec ses compagnes — qui l'apprécient néanmoins beaucoup.
À l'extérieur, on commence à rendre un inquiétant culte à la jeune [[Bigorre|Bigourdane]]. Sa photo s'achète, les journaux parlent d'elle, on veut la voir. Le plus sage est de l'éloigner de Lourdes. Certaines personnes, comme l'essayiste britannique Ruth Harris<ref>Ruth Harris, {{opcit}}</ref>, n'hésitent pas à affirmer que Bernadette devait, en quelque sorte « disparaître » de son vivant afin que l'Église pût maîtriser totalement la capitalisation des miracles lourdais.

À l'extérieur, on commence à rendre un inquiétant culte à la jeune [[Bigorre|Bigourdane]]. Sa photo s'achète, les journaux parlent d'elle, on veut la voir. Le plus sage est de l'éloigner de Lourdes. Certaines personnes, comme l'essayiste britannique Ruth Harris, n'hésitent pas à affirmer que Bernadette devait, en quelque sorte « disparaître » de son vivant afin que l'Église pût maîtriser totalement la capitalisation des miracles lourdais<ref>Ruth Harris, {{opcit}}, {{p.}}195.</ref>.


Pour une jeune fille sans dot, la vie de sœur était difficilement envisageable, mais Bernadette est désormais célèbre et divers couvents sont prêts à l'accueillir. Après réflexion, elle choisit la congrégation des Sœurs de la charité pour vivre son désir de vie religieuse au sein même de la maison mère à Nevers. Le {{Date|7|juillet|1866}}, elle quitte donc les Pyrénées, qu'elle ne reverra jamais, et entre au couvent où elle prend le nom de sœur Marie Bernard. Elle y reste treize années pendant lesquelles elle sera traitée sans égards spéciaux, comme une religieuse ordinaire.
Pour une jeune fille sans dot, la vie de sœur était difficilement envisageable, mais Bernadette est désormais célèbre et divers couvents sont prêts à l'accueillir. Après réflexion, elle choisit la congrégation des Sœurs de la charité pour vivre son désir de vie religieuse au sein même de la maison mère à Nevers. Le {{Date|7|juillet|1866}}, elle quitte donc les Pyrénées, qu'elle ne reverra jamais, et entre au couvent où elle prend le nom de sœur Marie Bernard. Elle y reste treize années pendant lesquelles elle sera traitée sans égards spéciaux, comme une religieuse ordinaire.

Version du 1 mars 2012 à 17:38

Sainte Bernadette Soubirous
Image illustrative de l’article Bernadette Soubirous
Ordre religieux Sœurs de la Charité de Nevers

Bernadette Soubirous (Bernadeta Sobirós en occitan), de son vrai nom Bernarde-Marie Soubirous (Maria Bernada Sobirós), née le à Lourdes, et décédée le à Nevers, est une sainte catholique, célèbre pour prétendre avoir été témoin d'apparitions de la Vierge, à plusieurs reprises, dans une petite grotte non loin de sa ville natale. Ces visions ont été reconnues par l'Église catholique romaine.

Entrée en religion chez les Sœurs de la Charité de Nevers, elle a été béatifiée le , puis canonisée le par le pape Pie XI.

Enfance

Ses parents, François Soubirous (1807-1871) et Louise Castérot (1825-1866) qui avaient, dit-on, fait un mariage d'amour[1], ont eu au total neuf enfants dont Bernadette est l'aînée. Cinq des neuf enfants sont morts en bas-âge[2]. François et Louise exploitent jusqu'en 1854 le moulin de Boly, où Bernadette est née. À cette date, l'entreprise familiale est ruinée[3] (trop artisanale en cette époque d'industrialisation, et sans doute mal gérée).

Bernadette connaît la faim et la maladie, elle sait à peine lire et écrire. De santé fragile, elle paraît moins que son âge. Elle a notamment contracté le choléra lors de l'épidémie de 1855 et, si elle a survécu, elle est devenue asthmatique[4]. Elle est par ailleurs belle fille selon les témoignages de l'époque et comme en attestent les photographies qui ont été prises d'elle. Cependant, de nombreux témoins ont affirmé que son corps charnel était ordinaire, mais qu'elle avait un charme et une grandeur d'âme très particulière, qui attiraient l'attention. Elle semblait « dotée d'une certaine aura qui la rendait déjà spéciale ». Tôt, son sentiment religieux est très fort, même si elle ignore à peu près tout du catéchisme (« C'est parce que j'étais la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m'a choisie[5] », dira-t-elle plus tard). Elle précise cependant : « Pour tout autre que le charbonnier, la Foi du charbonnier, quelle insulte à Dieu[6] ! »

Risquant de se retrouver à la rue, les Soubirous déménagent pour une cellule de l'ancienne prison de la rue Haute, surnommée « le cachot » (que l'on peut visiter actuellement) et où ils logent à six dans 3,72 x 4,40 m[7].

À bout de ressources, les parents de Bernadette l'envoient chez sa marraine et tante, Bernarde Castérot (1823-1907), qui l'emploie comme servante.

En 1857, François Soubirous est accusé (apparemment à tort) du vol de deux sacs de farine. Il est envoyé en prison[8]. La famille Soubirous est dans une période de détresse noire.

Bernadette souhaite faire sa communion et, pour cela, elle doit apprendre à lire et à écrire en français. Fin janvier 1858, quelques jours avant les apparitions[9], elle est admise comme externe[10] dans la classe des indigents, tenue par les sœurs de la Charité de Nevers. C'est là qu'elle commence à apprendre à lire et à écrire, et à s'initier au métier de couturière.

Bernadette, coiffée du capulet caractéristique.

Apparitions

Bernadette témoigne de dix-huit apparitions de la Vierge entre le 11 février et le dans la petite grotte de Massabielle, renfoncement dans une paroi rocheuse le long du Gave de Pau, à proximité immédiate du bourg de Lourdes.

Lors de la neuvième apparition notamment, Bernadette suit ce qu'elle dit être les indications de la Vierge et découvre une source d'eau.

Au départ, la jeune fille déclare qu'elle a vu une lumière. Ce n'est qu'a posteriori qu'elle accepte de livrer des descriptions de plus en plus détaillées de ce dont elle a été témoin :

  1. Jeudi . Avec sa sœur Marie (1846-1892), dite Toinette, et Jeanne Abadie, une amie, Bernadette se rend le long du Gave de Pau pour ramasser des os et du bois mort. Du fait de sa santé précaire, elle hésite à traverser le Gave, glacial, comme sa sœur et son amie. « Fais comme nous ! » lancent les deux filles à Bernadette. Elle est alors surprise par un bruit et un courant d'air, lève la tête vers la grotte de Massabielle : « J'aperçus une dame vêtue de blanc : elle portait une robe blanche, un voile blanc également, une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied ». La dame l'invite à prier. Bernadette récite son chapelet, la dame lui fait signe d'approcher. Elle n'ose pas. La dame disparaît. Elle raconte son aventure aux deux filles, qui insistent pour savoir ce qui s'est passé. Et Toinette, qui avait promis de ne rien dire, raconte tout à sa mère. Les ennuis ne font que commencer pour Bernadette.
  2. Dimanche 14 février 1858. Ses parents interdisent à Bernadette de retourner à la grotte. Elle insiste, ils cèdent. Sur place, elle récite des chapelets et voit apparaître la dame. Elle lui jette de l'eau bénite. La dame sourit, incline la tête et disparaît.
  3. Jeudi 18 février 1858. Bernadette, sous la pression d'une dame de la bourgeoisie lourdaise, demande à la dame de lui écrire son nom. Celle-ci lui répond : « Ce n'est pas nécessaire ». Puis elle ajoute « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l'autre. Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » Les termes choisis et respectueux - y compris le vouvoiement - qu'emploie l'apparition pour parler à une pauvresse, étonnent fortement la dame de la bourgeoisie.
  4. Vendredi 19 février 1858. Bernadette vient à la grotte avec un cierge béni et allumé (ce qui est devenu, depuis, une coutume). La dame apparaît brièvement.
  5. Samedi 20 février 1858. La dame apprend une prière personnelle à Bernadette qui, à la fin de sa vision, est saisie d'une grande tristesse.
  6. Dimanche 21 février 1858. Une centaine de personnes accompagnent Bernadette. La dame se présente (à Bernadette seule) et le commissaire de police Jacomet l'interroge sur ce qu'elle a vu. Bernadette se contente de répéter : « aquerò » (cela)
  7. Mardi 23 février 1858. Accompagnée de cent cinquante personnes, Bernadette se rend à la grotte où l'apparition lui révèle un secret « rien que pour elle ».
  8. Mercredi 24 février 1858. La dame transmet un message à Bernadette : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs ! Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs ! »
  9. Jeudi 25 février 1858. Trois cents personnes sont présentes. Bernadette explique que la dame lui demande de boire à la source : « Allez boire à la fontaine et vous y laver. Vous mangerez de cette herbe qui est là. ». Bernadette racontera plus tard : « Je ne trouvais qu'un peu d'eau vaseuse. Au quatrième essai je pus boire. ». La foule l'accuse d'être folle et elle répond : « C'est pour les pécheurs ».
  10. Samedi 27 février 1858. Huit cents personnes accompagnent Bernadette. L'apparition reste silencieuse, Bernadette boit l'eau.
  11. Dimanche 28 février 1858. Deux mille personnes assistent à l'extase de Bernadette qui prie, baise la terre, rampe sur les genoux. Le juge Ribes la menace de prison.
  12. Lundi 1er mars 1858. Mille cinq cents personnes accompagnent Bernadette, dont, pour la première fois, un prêtre. La même nuit, Catherine Latapie, une amie de Bernadette, se rend à la grotte et trempe son bras paralysé dans l'eau de la source : son bras et sa main retrouvent leur mobilité.
  13. Mardi 2 mars 1858. La foule est très importante. La dame demande à Bernadette : « Allez dire aux prêtres qu'on vienne ici en procession et qu'on y bâtisse une chapelle ». L'abbé Dominique Peyramale, curé de Lourdes veut connaître le nom de la dame et exige en sus une preuve précise : il veut voir fleurir le rosier/églantier de la grotte en plein hiver.
  14. Mercredi 3 mars 1858. Trois mille personnes accompagnent Bernadette. La vision ne vient pas. Plus tard, Bernadette se sent appelée et retourne à la grotte où elle demande son nom à la Dame qui lui répond par un sourire. Le curé Peyramale insiste : « Si la Dame désire vraiment une chapelle, qu'elle dise son nom et qu'elle fasse fleurir le rosier de la grotte »
  15. Jeudi 4 mars 1858. Environ huit mille personnes attendent un miracle à la grotte. La vision est silencieuse. Pendant vingt jours, Bernadette ne ressent plus l'invitation à se rendre à la grotte.
  16. Jeudi 25 mars 1858. L'apparition se montre à Bernadette et dit en gascon — la langue que parlait Bernadette —, levant les yeux au ciel et joignant ses mains : « Que soy era Immaculada councepciou »[11]. Bernadette retient ces mots, qu'elle dit ne pas comprendre, et court les répéter au curé, qui est troublé : quatre ans plus tôt, le pape Pie IX a fait de l'« Immaculée Conception de Marie » un dogme et Bernadette dit ignorer qu'elle désigne la Vierge. Le rosier n'a toujours pas fleuri.
  17. Mercredi 7 avril 1858. Le docteur Douzous constate que la flamme du cierge que tient Bernadette pendant l'apparition lèche sa main sans la brûler.
  18. Jeudi 16 juillet 1858. C'est la dernière apparition. Une palissade interdit l'accès à la grotte. Bernadette franchit le Gave et voit la Vierge exactement comme si l'adolescente se trouvait devant la grotte. Bernadette Soubirous ne mentionne pas la dernière apparition dans le récit qu'elle écrivit plus tard à Nevers.

La reconnaissance des apparitions par l'Église

Sainte Bernadette

Le , soit douze jours seulement après la dernière apparition, Mgr Laurence, évêque de Tarbes, réunit une commission d'enquête destinée à établir le crédit que l'Église doit apporter aux affirmations de Bernadette Soubirous. Cette commission est chargée de vérifier la validité des « miracles » annoncés, en recueillant des témoignages divers et les avis de scientifiques ou de gens d'Église. Elle est aussi chargée d'interroger Bernadette dont la sincérité semblera « incontestable » à l'évêque : « Qui n'admire, en l'approchant, la simplicité, la candeur, la modestie de cette enfant ? Elle ne parle que quand on l'interroge ; alors elle raconte tout sans affectation, avec une ingénuité touchante, et, aux nombreuses questions qu'on lui adresse, elle fait, sans hésiter, des réponses nettes, précises, pleines d'à propos, empreintes d'une forte conviction ». Le fait que la jeune fille répète des mots dits par la Vierge qu'elle ne pouvait pas connaître eu égard à son manque d'instruction, sera un argument décisif.

Entre-temps, la foule des pèlerins venant voir la grotte et y demander de l'aide à Marie ne cesse de croître, il vient des gens de toute l'Europe et de nouveaux témoignages de miracles s'accumulent. «  Si l'on doit juger l'arbre par ses fruits, nous pouvons dire que l'apparition racontée par la jeune fille est surnaturelle et divine ; car elle a produit des effets surnaturels et divins »

Quatre ans plus tard, le , l'évêque rend son avis — favorable : « Nous jugeons que l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, a réellement apparu à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et les jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes ; que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire certaine. Nous soumettons humblement notre jugement au Jugement du Souverain Pontife, qui est chargé de gouverner l'Église universelle ».

C'est ainsi que Lourdes, modeste chef-lieu des Pyrénées, soigneusement évité par le tourisme thermal alors en pleine explosion — son eau n'avait pas les propriétés curatives attribuées à celles de Luchon, Cauterets ou Bagnères-de-Bigorre — est vite devenue la ville « touristique » la plus fréquentée de la région.

Un fait souvent oublié : à Garaison, hameau à proximité de Monléon-Magnoac(65), à 70 km de Lourdes, une jeune fille nommée Anglèze de Sagasan avait affirmé avoir entendu la Vierge lui demander de construire une chapelle près de la source. Cela se passait vers 1520. La chapelle a bien été construite et Garaison a été un lieu de dévotion et de tourisme religieux aux siècles suivants[12].

Statue de Bernadette à Nevers

Le départ pour Nevers

Le , les sœurs de la Charité admettent Bernadette dans leur hospice en tant que malade indigente. Elle peut ainsi poursuivre son instruction dans leur école, voisine de l'hospice[13]. Les observateurs de l'époque notent que son recueillement en prière est impressionnant, mais qu'elle est aussi gaie, enjouée, espiègle et plutôt autoritaire avec ses compagnes — qui l'apprécient néanmoins beaucoup.

À l'extérieur, on commence à rendre un inquiétant culte à la jeune Bigourdane. Sa photo s'achète, les journaux parlent d'elle, on veut la voir. Le plus sage est de l'éloigner de Lourdes. Certaines personnes, comme l'essayiste britannique Ruth Harris, n'hésitent pas à affirmer que Bernadette devait, en quelque sorte « disparaître » de son vivant afin que l'Église pût maîtriser totalement la capitalisation des miracles lourdais[14].

Pour une jeune fille sans dot, la vie de sœur était difficilement envisageable, mais Bernadette est désormais célèbre et divers couvents sont prêts à l'accueillir. Après réflexion, elle choisit la congrégation des Sœurs de la charité pour vivre son désir de vie religieuse au sein même de la maison mère à Nevers. Le , elle quitte donc les Pyrénées, qu'elle ne reverra jamais, et entre au couvent où elle prend le nom de sœur Marie Bernard. Elle y reste treize années pendant lesquelles elle sera traitée sans égards spéciaux, comme une religieuse ordinaire.

Avec ses supérieures, elle est d'une obéissance à toute épreuve, comme en témoigne une anecdote : on avait interdit à sœur Marie-Bernard de retourner à la grotte et on lui demanda: « Si la Vierge t’ordonnait d’y aller, que ferais-tu ? » Bernadette répondit : « Je reviendrais demander la permission à monsieur le curé. »

Elle occupe les postes d'aide-infirmière, de responsable de l'infirmerie et de sacristine mais elle est souvent malade elle-même.

Atteinte d'une tuberculose pulmonaire, et souffrant de son asthme chronique contracté lors de la grande épidémie de choléra dans les Hautes-Pyrénées, elle meurt au couvent Saint-Gildard de Nevers, après avoir fait ôter toutes les images pieuses de sa chambre pour ne conserver qu'un crucifix, le à 15h30, à l'âge de trente-cinq ans.

La châsse de verre et de bronze de Bernadette à Nevers

Pour les besoins du procès en canonisation, son corps doit être reconnu. Son cercueil sera ouvert trois fois et son corps retrouvé intact. Lors des exhumations, son corps fut lavé et le contact avec les « détergents » aurait noirci la peau : le corps de la vénérable Bernadette est intact, le squelette complet, les muscles atrophiés mais bien conservés ; la peau parcheminée paraît seule avoir subi l'humidité du cercueil. Elle a pris une teinte grisâtre et est recouverte de quelques moisissures et d'une certaine quantité de cristaux de sels calcaires (Dr Talon et Dr Comte, chargés de l'examen du corps après 1923, cités par Dominique Lormier dans Bernadette Soubirous, éd. CMD, 1999). Dans le même livre, on apprend que, quelques années plus tard, la peau de Bernadette a noirci. Le visage de Bernadette et ses mains ont donc été recouverts d'un très fin masque de cire pour la présentation publique.

Son corps repose dans une châsse de verre et de bronze dans la chapelle de l'Espace Bernadette à Nevers.

Bernadette a été béatifiée le 14 juin 1925 et canonisée le 8 décembre 1933 non en raison des apparitions dont elle a été témoin, mais eu égard à sa Foi et à sa vie religieuse.

Ses écrits

  • Les écrits de Sainte Bernadette et sa voie spirituelle furent publiés par le Père Ravier, Paris, 1961. P. Lethielleux.
  • Carnet de notes intimes, publiées par Père Ravier, Nevers, Couvent Saint-Gildas, 1991. Ce carnet manuscrit date de 1873-1874.

La famille Soubirous

Ses parents

  • Son père est François Soubirous, né le et décédé le . Étymologiquement, son patronyme signifierait « souverain » (de sobeiran en occitan).
  • Sa mère est Louise Castérot, née le et décédée le . Elle épouse François Soubirous le ).

Les enfants Soubirous

  • Bernarde-Marie, dite Bernadette ( - )
  • Jean ( - )
  • Marie, dite Toinette ( - ), qui aura six enfants, dont seul le dernier, Jean Alexis Sabathé, atteindra l'âge adulte (pour mourir comme conscrit pendant la guerre de 14-18)
  • Jean-Marie ( - )
  • Jean-Marie ( - )
  • Justin ( - 1er février 1865)
  • Bernard Pierre ( - ). Filleul de Bernadette.
  • Jean ( - )
  • Une petite fille, mort-née (janvier 1866)

Bibliographie

  • Zoé Reumont de Poligny L’Histoire complète de Notre-Dame de Lourdes et de la petite Bernadette, éd A. Teillon 1924.
  • Marcelle Auclair, Bernadette, éd. Bloud et Gay, 1957. Livre écrit à l'occasion du Centenaire des Apparitions de Lourdes de 1858.
  • Henri Lasserre,Bernadette, Sœur Marie-Bernard, 1879.
  • Desclée de Brouwer, Vie de Bernadette 1979 et d'autres ouvrages de René Laurentin
  • Anne Bernet, Bernadette Soubirous, Perrin, 1994.
  • Robert Serrou, Bernadette sur la terre comme au ciel, Paris-Match, Hachette.
  • Franz Werfel, Le chant de Bernadette (Das Lied von Bernadette), 1941.
  • Jean-Pierre Harris, Sainte Bernadette, l'âme sœur. Réflexions sur la simplicité, Éd. des Cheminements spirituels, 2003.
  • Alina Reyes, La jeune fille et la Vierge, Bayard, 2008.
  • Guy Thuillier, Bernadette Soubirous et les écrivains, Bibliothèque municipale de Nevers et la Société académique du Nivernais, 2008 : http://mediatheque.ville-nevers.fr/
  • Muriel Roland, Bernadette La Simple vie, édition du Livre Ouvert, 2009.
  • Pierre Claudel, « Mystère de Lourdes », Arthaud, 1958
  • Marie-Thérèse Bordenave (1863-1932), en religion sœur Marie-Thérèse La Confidence de l'Immaculée : Bernadette Soubirous, vénérable sœur Marie-Bernard, 1912.
  • Sœur Marie-Thérèse Bourgeade (1897-1971) et le Père Laurentin reconstituent les paroles de Bernadette ; Logia de Bernadette, étude critique de ses paroles de 1866 à 1879, Paris, P. Lethielleux, 1971. 3 vol.
  • Sœur Marie-Thérèse Bourgeade et le Père Ravier produisent l'édition chronologique des écrits de Bernadette Soubirous
  • Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers, Bernadette et nous, éd. Lethielleux, Desclée De Brouwer, Paris 2008., 291 p. (ISBN 978-2-283-61036-7)

Films

  • Le Chant de Bernadette (The Song of Bernadette, 1943), film américain de Henry King avec Jennifer Jones, d'après le roman de Franz Werfel. Recompensé par trois Golden Globes et quatre Oscars en 1944. Vision spectaculaire mais très hollywoodienne de la vie de Bernadette Soubirous.
  • Il suffit d'aimer, film de Robert Darenne (1960) avec Daniele Ajoret, film avant tout mystique mais dont la dernière partie parle de la vie au couvent de Saint-Gildard alors que le film américain s'arrêtait au départ vers Nevers.
  • Bernadette, (1988), et La Passion de Bernadette, (1989), films de Jean Delannoy, racontant la vie de Bernadette de Lourdes à Nevers (le deuxième racontant en détail la vie de Bernadette à Saint-Gildard), en utilisant les techniques du téléfilm : simplicité des dialogues, pas d'effets artistiques ou religieux. Des scènes simples et rien d'autre. Fidèle aux événements, d'une grande intériorité.
  • Je m'appelle Bernadette, film de Jean Sagols (2011) avec Kitia Miran, Michel Aumont, Francis Huster, Francis Perrin...

Sources

Une grande partie de cette notice a été rédigée avec des informations issues du site officiel du sanctuaire de Lourdes et de celui du sanctuaire Sainte-Bernadette, à Nevers (cf.section liens). Ces deux sites ne s'autorisent aucune remise en question critique des « miracles » de Lourdes, mais n'en proposent pas moins une synthèse relativement complète des faits.[réf. nécessaire]

Divers

Émile Zola a mené une enquête sur le sujet en 1892, visitant Lourdes lors du pèlerinage national. Il exprime son scepticisme, et sa conviction que Bernadette Soubirous était une simple d'esprit, dans un écrit intitulé Mon Voyage à Lourdes ainsi qu'un roman, Lourdes, publié en août 1894[15]. En se rendant à Lourdes, il avait rencontré une certaine Marie Lebranchu, tuberculeuse au dernier degré. C'est elle qu'il prit comme modèle pour son héroïne surnommée La Grivotte ; seulement, alors que le personnage réel guérit et ne mourut que vingt-huit ans plus tard à l'âge de soixante-trois ans, l'écrivain dans son roman n'hésite pas à la faire mourir après une rémission passagère. Lorsque le Docteur Boissarie, président du bureau des constatations médicales de Lourdes, lui reprocha cette distorsion avec la réalité : « Vous savez, comme tout le monde, qu'elle est guérie et qu'elle vit », Zola lui répondit : « Est-ce que par hasard je n'aurais pas le droit de faire agir et mourir mes personnages comme il me plaît ? Un romancier, Monsieur, est le maître de ses héros »[16]

Notes et références

  1. René Laurentin, Vie de Bernadette, Desclée de Brouwer, 1978, p. 25.
  2. Ruth Harris, Lourdes : la grande histoire des apparitions, des pèlerinages et des guérisons, Lattès, 2001, p. 221.
  3. Ruth Harris, op. cit., p. 75.
  4. René Laurentin, Lourdes : récit authentique des apparitions, Paris, Lethielleux, 2002, p. 15.
  5. « Qui es-tu Bernadette ? » sur sainte-bernadette-nevers.com.
  6. Cité par Père Guillaume de Menthière, Famille Chrétienne, n° 1200, 13-19 janvier 2001.
  7. René Laurentin, Vie de Bernadette, op. cit., p. 36 et 37.
  8. René Laurentin, Vie de Bernadette, op. cit., p. 38 et 39.
  9. « Bernadette et les Sœurs de la Charité de Nevers », sur sainte-bernadette-nevers.com.
  10. « Hospice Sainte-Bernadette », sur voyage.viamichelin.fr.
  11. En graphie classique occitane : « Que soi era Immaculada concepcion »
  12. Sur le site du diocèse Tarbes-Lourdes Bigorre, vieille terre mariale
  13. René Laurentin, Vie de Bernadette, op. cit., p. 153 et 154.
  14. Ruth Harris, op. cit., p. 195.
  15. Lourdes, c’est du Zola
  16. Voir: Le fait religieux, notamment le miracle chez Zola : foi et raison de Pierre Ouvrard, L'Harmattan, 2002 ainsi qu'un article de Jean Rouaud paru dans l'Humanité.

Voir aussi

Liens internes

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