Yves de Daruvar

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Yves de Daruvar (en hongrois, daruvári Kacskovics Imre[1]), né le à Constantinople (Turquie) et mort le à Clamart (France)[2], est un militaire et haut fonctionnaire français.

Il est compagnon de la Libération, dernier représentant vivant à la fin de sa vie issu de la 2e Division blindée du général Leclerc.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et études[modifier | modifier le code]

Yves Djemschid Imre de Daruvar est le fils d'un ancien officier de l'armée austro-hongroise, issu d'une vieille famille magyare, et d'une mère austro-française, secrétaire à l'ambassade d'Iran en France[3].

Il dit avoir été, à 16 ans, « fasciné par l'Allemagne de Hitler »[4]. Il « vire sa cuti » après avoir lu Dieu est-il Français ? de Friedrich Sieburg[4].

Il devient interne au lycée Janson-de-Sailly, puis au Lycée Louis-le-Grand, et il se destine à tenter le concours de l'École coloniale lorsqu'éclate la guerre. Il n'y est finalement reçu qu'en alors qu'il est déjà loin. En , n'étant pas de nationalité française, il n'est pas admis à s'engager, et on lui conseille de rejoindre plutôt Bordeaux. Il s'y rend alors à vélo, le trajet durant du 12 au [3].

Engagement[modifier | modifier le code]

Une fois arrivé, il cherche à gagner le Maroc pour s'y engager.

Il embarque clandestinement le à Saint-Jean-de-Luz sur le Batory, convoyant des soldats polonais en Angleterre. C'est à Londres qu'il s'engage dans les Forces françaises libres le [3].

D'abord affecté au bataillon de chasseurs de Camberley, il débarque à Pointe-Noire en . Il rejoint le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) à Largeau et participe entre février et à la première campagne du Fezzan sous les ordres du général Leclerc. Il se distingue lors de la 2e campagne du Fezzan en prenant Gatroun. En 1943, il est des campagnes de Tripolitaine et de Tunisie, où il dirige des patrouilles nocturnes afin de collecter des renseignements sur les mouvements ennemis. Le , au Djebel Garci, il est blessé à la tête, puis plus gravement aux jambes quatre jours plus tard. Hospitalisé à Héliopolis (Égypte), Yves de Daruvar interrompt son traitement pour rejoindre comme aspirant le Régiment de Marche du Tchad (RMT) pour ne pas être absent de la prochaine campagne de France, qui s'annonce proche. Il débarque en Normandie en , où, à sa demande, il prend le commandement de la 1re section de combat de la 10e compagnie du RMT. Sa section s'illustre notamment dans des combats à Ancelot. Le , le lieutenant Yves de Daruvar est aux côtés du général Leclerc lorsque la 2e DB fait irruption dans Paris[5]. Le , il est gravement blessé aux jambes, ce qui lui ne permet plus de poursuivre les combats[3].

Il est naturalisé français en [3].

Après la guerre[modifier | modifier le code]

À partir de 1945, il est membre de l’Association des écrivains combattants[6].

Après sa naturalisation, il suit des cours à l’École coloniale, où il en ressort major de sa promotion. Il profite d'une bourse pour étudier six mois aux États-Unis. Il entame ensuite une carrière au sein de l’administration coloniale (Madagascar, Mauritanie, Côte d’Ivoire et Cameroun). En 1947, il prend part à la « répression sanglante » de l'insurrection malgache de 1947[7]. Il est ensuite nommé directeur par intérim de l'office du tourisme de l'Afrique-Occidentale française (dont le siège est à Dakar) de 1958 à 1959, puis secrétaire général de la Côte française des Somalis de 1959 à 1962. Du au , il occupe les fonctions de haut-commissaire de la République aux Comores.

Il intègre ensuite le Commissariat à l'énergie atomique en 1963 en tant qu'adjoint au chef des relations extérieures[8]. Il y achève sa carrière professionnelle. Il prend sa retraite en 1981[3].

Il a appartenu au comité central de la Ligue internationale contre l'antisémitisme (LICA)[9].

Il est nommé membre du conseil de l'ordre de la Libération par décret du .

Mort[modifier | modifier le code]

Il meurt le à Clamart, à l’âge de 97 ans, de vieillesse.

Décorations[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • De Londres à la Tunisie : carnet de route de la France libre (préf. François Ingold), Paris, Charles-Lavauzelle, , 230 + 165 (BNF 3419536, présentation en ligne)
  • Le Destin dramatique de la Hongrie : Trianon ou la Hongrie écartelée, Paris, Albatros, (réimpr. 1989), 253 p. (BNF 35326142)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (hu) Lajos Szakolczay, « „Ha egy mű akár egyetlen szelvényével is érvényes – korszerű” » [« Si une œuvre est valide même par une seule de ses dimensions, elle est contemporaine »], Kortárs, Budapest, vol. 41, no 6,‎ (ISSN 0023-415X, lire en ligne) : un paragraphe sur ses œuvres choisies dans (hu) György Fehér (dir.), Yves de Daruvár, Budapest, Fondation Lakitelek, , 139 p. (ISBN 963-7908-09-9).
  2. « Décès d'un Compagnon de la Libération: ils ne sont plus que cinq », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr (consulté le )
  3. a b c d e et f « Yves de Daruvar », sur Ordredelaliberation.fr (consulté le )
  4. a et b [1], sur lavie.fr, 1er juin 2010
  5. Éric Branda, « Et Leclerc sauva Paris », sur Valeursactuelles.com, (consulté le )
  6. L'Écrivain combattant, mai 2011, no 121, p. 3.
  7. Antoine Flandrin, « Mort du compagnon de la Libération, Yves de Daruvar », sur Lemonde.fr, (consulté le ).
  8. Lettre de Royaumont, mai 1964, p.16.
  9. [2], sur abonnes.lemonde.fr, 23 novembre 1973
  10. « Décret du 10 avril 2015 portant élévation », sur Legifrance.gouv.fr, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]