Vol Tuninter 1153
Vol Tuninter 1153 | |||
ATR 72-202 de Tuninter | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
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Date | |||
Type | Collision contre l'eau à la suite d'un amerrissage | ||
Causes | Erreur de pilotage à la suite d'une erreur de maintenance (insertion d'un indicateur de quantité de kérosène erroné) | ||
Site | 23,5 kilomètres au nord-est du cap Gallo (Sicile) | ||
Coordonnées | 38° 24′ 16″ nord, 13° 27′ 30″ est | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | ATR 72-202 | ||
Compagnie | Tuninter | ||
No d'identification | TS-LBB | ||
Lieu d'origine | Aéroport de Bari | ||
Lieu de destination | Aéroport international de Djerba-Zarzis | ||
Phase | Vol | ||
Passagers | 35 (33 adultes et 2 enfants) | ||
Équipage | 4 | ||
Morts | 16 | ||
Survivants | 23 | ||
Géolocalisation sur la carte : Italie
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Le vol Tuninter 1153 connaît un amerrissage d'urgence le au large de la Sicile (mer Méditerranée). Il s'agit du premier et actuellement seul accident grave pour les compagnies aériennes tunisiennes.
Appareil
L'appareil en cause est un ATR 72-202 qui avait effectué son premier vol le et fut livré à Tuninter le .
Il avait subi quatre inspections dont la dernière le à Catane selon les autorités de la sécurité aérienne italienne[1]. Ces inspections n'ont révélé aucun problème particulier.
Vol
Le vol 1153 décolle de Bari (Italie) à destination de Djerba avec à son bord quatre membres d'équipage tunisiens et 35 passagers de nationalité italienne[2] à l'exception d'un mécanicien de la compagnie qui voyage comme passager et n'est pas en service durant le vol[3]. Les deux moteurs s'éteignent à 15 h 24. « Les moteurs ont perdu leur puissance et j'ai été obligé d'amerrir » explique le commandant Chafik Gharbi — 25 ans d'expérience dont dix avec Tuninter[2] — qui figure parmi les rescapés[4]. L'équipage contacte à 15 h 30 la tour de contrôle de l'aéroport de Palerme et demande à effectuer un atterrissage d'urgence[1].
L'autorisation est accordée mais l'appareil n'a pas le temps d'y arriver et le commandant amerrit selon un angle parfait de 9°, ce qui contribua à ce qu'il y ait autant de survivants. Néanmoins l'avion se scinde en trois en frappant la surface de la mer à 15 h 40, à une distance d'une vingtaine de kilomètres au nord-est des côtes du cap Gallo.
Bilan
L'appareil est détruit au moment de l'impact alors que le nez, la queue de l'appareil ainsi que les deux boîtes noires coulent à environ 1 500 mètres de profondeur[4]. En revanche, les deux moteurs de l'avion, demeurés en surface, sont récupérés et transportés dans le port de Palerme[3].
Parmi les 39 personnes à bord, seize sont mortes dont deux enfants de deux et huit ans et deux membres d'équipage[3]. Trois victimes — le mécanicien de bord et deux passagers[3] — ne sont pas retrouvées[1]. Les autopsies pratiquées par la suite ont révélé que beaucoup de passagers sont morts lors de l'impact[5], mais également que huit d'entre eux ont survécu à leurs blessures mais se sont noyés par la suite car ils ne pouvaient pas s'extraire de l'appareil[6]. Parmi les survivants, six sont dans un état grave. Les trois corps manquants sont remontés lors des opérations de récupération de l'épave, entre le 27 août et le 2 septembre[6].
Les secours arrivent rapidement après avoir été prévenus par l'équipage : des vedettes et des hélicoptères sont dépêchés sur les lieux pour porter secours aux passagers, dont plusieurs réussissent à s'extraire du fuselage et à grimper sur les ailes de l'avion restées à la surface plusieurs heures après l'accident[4] car vides de carburant. À l'arrivée des vedettes, les plongeurs extraient les passagers restés du fuselage blanc et transfèrent les survivants à bord des vedettes[1]. L'agence de presse Tunis Afrique Presse a indiqué que des unités de l'armée et de l'aviation tunisiennes sont dépêchées sur le lieu de l'accident pour participer aux opérations de sauvetage[2].
Causes
L'enquête menée par des experts italiens, tunisiens et français montre que lors du vol précédent reliant Tunis à Bari, l'avion s'est posé à Bari avec 305 kilos de kérosène[7]. Ce niveau aurait dû générer une alarme indiquant une quantité trop faible de carburant mais la jauge indiquait que les réservoirs de l'ATR 72 contenaient encore 2 300 kilos de kérosène[7]. L'équipage décide donc de n'ajouter que 265 kilos de carburant supplémentaires pour se rendre à Djerba. Mais cela représente en réalité que 570 kilos de kérosène — ce qui est loin d'être suffisant pour effectuer le trajet — alors que la jauge indique 2 700 kilos. De plus, aucune alarme indiquant que le niveau de carburant est trop bas ne retentit pendant le vol[7]. La cause de cette défaillance est l'installation sur l'ATR 72 d'une jauge prévue pour un avion plus petit : l'ATR 42[7]. Cette jauge non adaptée indique donc une quantité de carburant erronée. Les deux moteurs s'éteignirent lorsqu'il n'y eut plus de kérosène et l'avion plongea au large des côtes siciliennes. L'enquête a aussi démontré que si l'équipage avait mis immédiatement les hélices « en drapeau » (orientation des pales) et réduit la vitesse, l'avion aurait pu gagner Palerme en long vol plané ; mais l'équipage a perdu du temps en essayant plusieurs fois de faire redémarrer les moteurs.
Procès
Le , au terme d'un procès tenu devant un tribunal de Palerme, où tous les accusés sont jugés par contumace, le pilote et le copilote sont condamnés à dix ans de prison ; le directeur général de Tuninter, Moncef Zouari, et le directeur technique Zouhair Chétouane sont condamnés à neuf ans de prison ; deux responsables de la manutention et un mécanicien à huit ans de prison[8]. Il a notamment été reproché à l'équipage de ne pas avoir tenté de rejoindre Palerme[9]. Accueilli avec satisfaction par les familles des victimes et les rescapés, ce verdict provoque des réactions indignées en Tunisie[8]. La Fédération internationale des associations de pilotes de ligne déplore également les sentences prononcées le 7 avril[10].
Ce procès constitue une première dans l'histoire de l'aviation car il conduit à une condamnation des dirigeants d'une compagnie à de la prison ferme[8]. Dans le même temps, le constructeur franco-italien de l'appareil est acquitté, malgré le fait que des pièces calibrées pour un type d'appareil pouvaient être montées sur un autre, ce qui n'est généralement pas possible[8].
Tuninter — rebaptisée entre-temps Sevenair — avait indemnisé les victimes avant le procès à hauteur de 22 millions de dinars[8].
Médias
L'accident fait l'objet d'un épisode de la série documentaire télévisée Air Crash (sixième épisode de la saison 7 : « Amerrissage en catastrophe »). Cet accident est également reconstitué avec détail sur YouTube[11].
Références
- « Tragédie au large de Palerme », sur lalibre.be, (consulté le ).
- « 23 survivants dans l'amerrissage de l'avion ATR-72 de la compagnie Tuninter », Tunis Afrique Presse, 6 août 2005.
- « Accident d'avion en Sicile : le bilan s'alourdit », LCI, 7 août 2005.
- « Un ATR-72 tunisien amerrit au large de Palerme », Le Courrier du Vietnam, 8 août 2005.
- (en) « Sicily air crash team check fuel », sur bbc.com, (consulté le ).
- (en) « Final Report »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [PDF], sur ansv.it.
- « Accident d'un avion ATR 72-202 de Tuninter. Large de Palerme, Italie - 6 août 2005 », sur 1001crash.com (consulté le ).
- Samy Ghorbal, « Tuninter fera appel », Jeune Afrique, 10 avril 2009.
- (en) John Hooper, « Tunisian pilot who prayed as his plane went down jailed in Italy », sur guardian.co.uk, (consulté le ).
- « Accident de l'ATR tunisien : la Fédération internationale des pilotes de ligne déplore le verdict italien »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur tempsreel.nouvelobs.com, .
- (en) [vidéo] « All Engines Shut Down in Mid-Flight - Falling Fast into the Mediterranean Sea (With Real Audio) », sur YouTube.