Verne Edquist

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Verne Edquist
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Biographie
Naissance
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Fairy Glen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 89 ans)
TorontoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Verne Edquist (nom complet Charles Verne Edquist), né le à Fairy Glen (Saskatchewan) et mort le à Toronto, est un accordeur et technicien spécialisé dans le réglage des pianos de concert. Il est connu pour avoir collaboré durant de nombreuses années avec le pianiste Glenn Gould, notamment sur le piano Steinway CD-318 du musicien. Au cours de sa carrière, il a également œuvré sur des pianos joués par aussi Duke Ellington, Arthur Rubinstein ou Liberace.

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles Verne Edquist est né à Fairy Glen, un hameau situé dans le Saskatchewan. Les premières années de vie sont difficiles pour l'enfant et sa famille. Son père, un immigré suédois, est renvoyé en Suède lorsque Verne Edquist est encore un enfant. De plus, la petite sœur de Verne Edquist meurt en bas âge[1],[2].

Verne Edquist né avec une cataracte congénitale aux deux yeux qui le rend quasiment aveugle. Malgré une opération qui améliore sa vue, il reste malvoyant et handicapé tout au long de sa vie[1],[2].

Après plusieurs déménagements et en plein crise de la Grande Dépression, Verne Edquist est envoyé en par sa mère dans un établissement d'éducation spécialisé à Brantford, l'école pour aveugles de l'Ontario[1],[2],[3]. C'est dans cette école qu'il découvre le piano et l'accordage de cet instrument[Note 1],[1]. Son professeur découvre également que Verne Edquist possède l'oreille absolue[2],[3].

Verne Edquist suit des cours dans son établissement pour devenir accordeur[3]. Conscient des capacités de l'adolescent, son professeur l'encourage dans cette voie et lui permet de travailler chez des particuliers[2]. Verne Edquist acquiert ainsi de l'expérience et peut s'acheter ses premiers outils avec l'argent gagné[Note 2],[2]. Une fois diplômé, il s'installe à Toronto et est engagé chez un facteur de pianos pour accorder les instruments neufs[1],[2].

Verne Edquist poursuit sa carrière dans le milieu de l'accordage et du réglage des pianos. Les premières années sont toutefois difficiles. Licencié, le jeune homme doit notamment travailler pendant un temps de manière indépendante chez les particuliers, démarchant ses clients en faisant du porte à porte[2].

En , la situation de Verne Edquist s'améliore. Il est embauché chez le facteur Heintzman & Co et ses qualités pour l'accordage sont remarquées[2].

En , ses aptitudes lui permettent d'être embauché et promu technicien responsable d'instruments de concert au sein de la chaîne de magasins Eaton[2],[3].

Pendant plusieurs années, Verne Edquist est sollicité pour accorder les pianos situés au domicile de Glenn Gould (notamment un Chickering de et le Steinway CD-174). Craignant la réputation d'exigence extrême du pianiste canadien, Verne Edquist refuse un temps puis finis par accepter. À partir de cette date, Verne Edquist devient le principal collaborateur de Glenn Gould pour travailler sur ses pianos. À ce titre, il est notamment en charge des réglages et de l'accordage du Steinway CD-318 de l'artiste[1],[2],[3].

Verne Edquist meurt le à Toronto de troubles rénaux[1].

Accordeur et technicien de pianos[modifier | modifier le code]

Généralités[modifier | modifier le code]

Verne Edquist disposait de facultés auditives très poussées et était reconnu par ses pairs et les musiciens pour sa capacité à trouver des réglages très précis des instruments. Outre l'oreille absolue, il était capable de reconnaître précisément les sonorités pianos de différentes marques[Note 3],[Note 4],[1]. Verne Edquist était également réputé pour son travail minutieux, fin et soigneux avec les instruments[2].

Durant ses premières années professionnelles, Verne Edquist se construit une gamme d'outils très large. Il détourne les outils d'autres professions pour les adapter à l'accordage et au réglage des pianos. Il emprunte par exemple les outils de précisions des dentistes et des opticiens ou la pierre à savon des soudeurs qui lui sert de lubrifiant sec[2].

Accordeur de pianos réputé, Verne Edquist a travaillé et collaboré avec de nombreux pianistes célèbres. Outre sa collaboration et son amitié avec Glenn Gould, le canadien est connu pour son activité auprès de Duke Ellington, Arthur Rubinstein, Emil Gilels, Victor Borge ou Liberace[1],[3].

Collaboration avec Glenn Gould[modifier | modifier le code]

Verne Edquist se fait remarquer par Glenn Gould lorsque l'entreprise Eaton lui demande d'accorder le Chickering de en . Le piano est dans un mauvais état et Verne Edquist refuse de travailler sur l'instrument. Il conseille toutefois certains travaux sur l'instrument afin de le remettre dans des conditions techniques saines[1],[2].

Pendant plusieurs années, Glenn Gould et son entourage approchent Verne Edquist afin qu'il accorde et règle les instruments du pianiste canadien[Note 5]. Toutefois, craignant la réputation d'exigence extrême de Gould, l'accordeur refuse systématiquement ces offres. Toutefois, il finit par accepter de devenir l'accordeur principal de Glenn Gould, notamment après l'insistance de Steinway & Sons. La collaboration entre les deux hommes durera pendant 20 ans, jusqu'à la mort du pianiste en [3],[2].

Pour ses instruments, Glenn Gould recherchait une sonorité très cristalline, à la manière d'un clavecin, que Verne Edquist parvenait à obtenir malgré l'aspect percussif du piano[1].

Bien que les accordeurs travaillent généralement avant les sessions d'enregistrement, Glenn Gould souhaitait que Verne Edquist reste également durant les sessions au cas où un réglage supplémentaire soit nécessaire[2].

Après la chute du Steinway CD-318 en , Glenn Gould délaisse progressivement les instruments Steinway au profit de pianos Yamaha[4]. L'entreprise nippone travaillant avec ses propres accordeurs et Verne Edquist désapprouvant les méthodes de fabrication et de travail suivies par Yamaha, la collaboration professionnelle entre Verne Edquist et Glenn Gould diminue à partir de cette époque[1],[2].

Les deux hommes se respectent humainement et sont également amis[3],[2]. Toutefois, sur la fin de sa vie, Verne Edquist porte un regard parfois amer sur Glenn Gould, regrettant notamment le manque de reconnaissance professionnelle de la part du pianiste[2].

Travail sur le Steinway CD-318[modifier | modifier le code]

Losrque Glenn Gould commence à utiliser le CD-318 pour ses enregistrements, Verne Edquist est chargé par le musicien de régler l'instrument afin qu'il développe une sonorité plus cristalline, à la manière de celle obtenue sur le Chickering & Sons[1].

En , le CD-318 tombe lors d'un transport[5],[6]. L'instrument présente d'importants dégâts, notamment des cassures et des fissures au niveau de la table d'harmonie et du cadre[5],[6]. Après une première restauration dans les ateliers new yorkais de Steinway & Sons sous la direction de Franz Mohr[7], le piano est racheté par Glenn Gould qui demande alors à Verne Edquist de travailler sur l'instrument pour tenter de retrouver la sonorité antérieure de l'instrument[4],[6]. Malheureusement, l'accordeur canadien ne parvient pas à trouver un réglage du piano qui satisfasse pleine le pianiste[5],[4].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Verne Edquist était marié[Note 6]. Le couple avait quatre enfants, trois garçons et une fille[1],[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À 13 ans, Verne Edquist se trouve à l'infirmerie, malade de la scarlatine. Il y entend un piano en train d'être accordé et décide de suivre des cours d'accordage une fois rétabli[1],[2].
  2. Verne Edquist peut notamment s'acheter une clé d'accord, une pince effilée, une jauge pour mesurer le diamètre des cordes et un diapason[2].
  3. Katie Hafner raconte par exemple en anecdote le fait que Verne Edquist pouvait reconnaître le son d'un piano Yamaha qui jouait en arrière plan lors d'une conversation téléphonique[1].
  4. Katie Hafner rapporte que les capacités auditives de Verne Edquist, en particulier l'oreille absolue, sont possiblement liées à une forme de synesthésie[2].
  5. Le premier piano de Glenn Gould pour lequel un accordage est demandé à Verne Edquist est un Chickering de [1]. Ultérieurement, c'est sur le Steinway CD-174 que les compétences de Verne Edquist sont demandées[3].
  6. La femme de Verne Edquist meurt en , quelques jours après lui[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r (en) James Barron, « Verne Edquist, Virtuoso Piano Tuner, Is Dead at 89 », The New York Times,‎ (lire en ligne Accès libre)
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v et w (en) Katie Hafner, « Verne Edquist (1931-2020) – Glenn Gould’s Piano Man : An Appreciation by Katie Hafner » Accès libre, sur Glenn Gould Foundation,
  3. a b c d e f g h et i Philippe Gault, « Verne Edquist, l’accordeur et ami de Glenn Gould est mort à l’âge de 89 ans », Radio Classique,‎ (lire en ligne Accès libre)
  4. a b et c Leroux (2012), p. 41.
  5. a b et c (en) Zee Huang, « Pianists and their Beloved Pianos : Glenn Gould and his Steinway CD 318 », Vinnie Classroom,‎ (lire en ligne Accès libre)
  6. a b et c (en) Brian Bethune, « Glenn Gould's Steinway », The Canadian Encyclopdia,‎ (lire en ligne Accès libre)
  7. Monsaingeon (2019), p. 301-302.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Georges Leroux, « La recherche de l’instrument idéal. Les pianos de Glenn Gould. : À propos d’un essai de Katie Hafner » [« The Search for the Ideal Instrument. The Pianos of Glenn Gould. On a book by Katie Hafner »] (Compte rendu de Katie Hafner, A Romance on Three Legs. Glenn Gould’s Obsessive Quest for the Perfect Piano, New York, Bloomsbury, 2008, 259 p.), Circuit - Musiques contemporaines, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, vol. 22, no 2 « Glenn Gould et la création »,‎ , p. 37-41 (ISSN 1183-1693 et 1488-9692, DOI 10.7202/1012791ar, lire en ligne Accès libre). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Keyboard Magazine et Glenn Gould (trad. de l'anglais, Interview accordée par Glenn Gould au magazine Keyboard Magazine en ), « Glenn Gould et le piano », dans Bruno Monsaingeon, Glenn Gould : Contrepoint à la ligne et autres écrits, Paris, Éditions Robert Laffont, , 955 p. (ISBN 978-2-221-20017-9), p. 296-312. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article