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Arapaima (d) 24 septembre 2010 à 18:45 (CEST) Mémoires sur la Guerre d'Indépendance des Confédérés par Heros von Borcke (Philadelphie 1867).

CHAPITRE 2[modifier | modifier le code]

(Bataille de Seven Pines et expédition de Pamunkey)

Carte montrant la progression de l'armée du Potomac (nordiste) jusque sous les murs de Richmond . Noter les 4 rivières parallèles qui eurent un rôle tactique important : du sud au nord la James River , la Chickahominy , la Pamunkey , la Mattapony et la Rappahannock. Leur nom reviendra souvent (avec celui du Potomac) dans les mémoires de Von Borcke : lignes de démarcation , obstacles plus ou moins faciles à franchir selon leur niveau...
Bataille de Seven Pines[modifier | modifier le code]

31 mai 1862 . La bataille doit son nom, écrit von Borcke, "à 7 grands pins qui se dressaient au cœur du champ de bataille, à l’endroit où la bataille fit rage". Le terrain (une vaste plaine couverte de bois, de landes et de tourbières) est défavorable en soi et a été rendu encore plus impraticable par les récentes pluies, qui ont été torrentielles; les chemins sont transformés en bourbiers. La cavalerie est donc placée en réserve, mais, note von Borcke, Stuart se porte partout sur le front, et conseille, encourage, exhorte les hommes. Le Prussien, qui, pour son baptême du feu en Amérique, "garde, dit-il , une position d’observateur, n’ayant pas encore de statut officiel dans l’armée confédérée" note que les sudistes lui semblent [1]aligner 30 000 hommes environ (contre 45 000 du côté fédéral) et que le général James Longstreet est à l’aile droite et a pris position sur une éminence qui lui assure une bonne vision du champ de bataille.

Stuart confie à von Borcke sa première mission : il s’agit simplement de porter un message au colonel Fitzhugh Lee (le fils de Robert E. Lee). Le Prussien ,alors qu’il passe tout près d'une ambulance stationnée bien en évidence, est soudain assourdi par une terrible explosion et couvert de terre et de boue : l'ambulance vient d’être touchée par un coup au but....C’est la 1° fois, note von Borcke, qu’il est frôlé par la mort, et une étrange impression l’envahit : "ce n’était pas de la peur, dit-il, mais une compréhension soudaine du pouvoir de destruction que la guerre déchaîne sans pitié".

von Borcke revient indemne auprès de Stuart, qui l'emmène soudain à un point du front où les confédérés, à court de munitions, ralentissent leur progression régulière contre les positions fédérales, et ont même tendance à reculer. Par menaces et exhortations, Stuart oblige les soldats à faire face, sous la grêle de balles et de mitraille, jusqu'à ce qu'une brigade de réserve (des Virginiens) arrive en renfort : hurlant leur rebel yell et drapeau en tête, ils s’élancent sur les nordistes, les refoulent et prennent leurs tranchées malgré la canonnade ennemie. Stuart et von Brocke, emportés par leur élan, se joignent à la mêlée et font 9 prisonniers : 8 hommes de troupe et un lieutenant-colonel. Von Borcke convoie ensuite les prisonniers vers l'arrière, et il voit pour la première fois les blessés se traîner vers les ambulances : "Il était terrible, écrit-il, de voir de tous côtés les blessés quittant le champ de bataille : ici un homme la tête en sang, là un autre avec un bras , ou une jambe broyée, rougissant le sentier de son sang. Et, dans les ambulances, les gémissements et les cris des grands blessés m’ont serré le cœur Je n'avais pas alors l'habitude de ce genre de spectacle... [2]".

Le soir tombe sur la victoire confédérée , et, note von Borcke en rentrant au cantonnement en compagnie de Stuart "le soleil couchant illumine d'une pourpre splendide le vaste et sanglant champ de bataille semé de blessés et de morts ennemis, et d'autant de braves soldats confédérés". Sur les chemins transformés en fondrières et sur la lande traîtresse et gorgée de boue, s'étend un inextricable embarras de chariots : ceux qui sont chargés de blessés et ceux qui viennent apporter des vivres et des munitions se disputent le passage, et les jurons des charretiers se mêlent aux cris des blessés...De plus les citadins de Richmond ont envoyé leurs calèches chercher les blessés, et ces légères voitures vite brisées, et leurs attelages affolés, ajoutent au chaos...

Mais Stuart , ayant jaugé von Borcke au cours de la journée, lui demande s'il veut bien devenir son "volunteer aide-de-camp" , et le Prussien accepte avec joie.

von Borcke note dans son carnet quelques observations pertinentes [3]  : il a compris que tout a débuté quand le général confédéré Joseph E. Johnston décide de chasser 2 corps d'armée fédéraux qui étaient isolés par la montée des eaux au sud de la Chickahominy, et que la bataille de Seven Pines marque l’arrêt de la progression de la Campagne Péninsulaire qui a amené les fédéraux sous MacClellan à 6 miles des murs de Richmond. Il a remarqué que la sortie confédérée (par ailleurs rendue difficile par le gros orage survenu la veille), a été fort mal mal coordonnée, et pour ce prussien, l'incurie de certains officiers supérieurs confédérés est patente et révoltante. Quoiqu'il en soit, malgré la résistance notable des fédéraux à Fair Oaks, la bataille de Seven Pines ( au prix de fortes pertes de part et d’autre : 11 000 en tout, dont 2 000 morts sur le terrain) a sauvé Richmond, et Robert E. Lee remplace Johnston (qui a été blessé) et prend énergiquement en main la campagne.


Le lendemain, samedi 1° juin 1862, Stuart et von Borcke retournent dès l'aube sur le champ de bataille : apparemment les nordistes essaient timidement de reprendre les hostilités, le canon tonne ça et là. La route est absolument horrible, note von Borcke : des centaines de chariots sont immobilisés, certains renversés, leurs attelages noyés dans les fossés et les trous d'eau, et les blessés qu'ils contiennent gémissent et crient... Sur la ligne de front, les cadavres d'hommes et de chevaux s'accumulent en tas. Les armes et les pièces d'équipement jonchent le sol , et les sudistes les récupèrent systématiquement. Une brigade de Caroline du Sud occupe les tranchées tenues hier par les nordistes, et les hommes, à côté des cadavres, dévorent joyeusement les provisions abandonnées en grandes quantités par l'ennemi.

Pendant la bataille de Seven Pines , les ballons du Pr Thaddeus Lowe n'ont pu voler que le 1° juin à cause du mauvais temps. Pour certains, ils n'ont pas révêlé grand chose : le champ de bataille était trop boisé. Au contraire, selon l'article de Wp fr Union Army Balloon Corps , le prince de Joinville félicita Lowe "pour avoir sauvé la journée"...

Stuart, à cheval et accompagné de von Borcke, examine le terrain à la lunette. Les canons ennemis ouvrent soudain le feu, et leurs obus encadrent les 2 officiers. Leur tir, manifestement bien guidé, se rapproche, devient de plus en plus précis Se voyant repéré, Stuart décide de partir au grand galop pour l'aile droite. Mais il faut traverser une lande à découvert, et jamais encore von Borcke n'a galopé aussi vite sur un aussi mauvais terrain, et n'a senti les obus et leurs éclats passer aussi près. Il apprendra par la suite que toute une batterie nordiste les visait, et qu'un "scout" (un observateur) , grimpé au faite d'un des pins géants, renseignait les pointeurs de la batterie; mais un "sharp-shooter" (tireur d'élite) sudiste, d’un tir à longue distance bien ajusté, lui a réglé son compte.

La canonnade des fédéraux cesse dans l’après-midi , et von Borcke , couvert de boue, arrive avec Stuart à l'aile droite, où l'état-major sudiste se réunit . Stuart présente le Prussien. James Longstreet est là : trapu, taciturne, modestement habillé (il ne se distingue que par ses grands éperons mexicains et sa petite épée...), celui que Lee appelle "his war-horse" (son destrier), est aussi impavide sous le feu ennemi que Stuart est porté à charger au galop. Jefferson Davis arrive, et von Borcke note son altière simplicité. Le président de la Confédération félicite le Prussien , demande à voir son épée ( épée que von Borcke appelle "mon excellente lame de Damas, ma vieille et éprouvée amie... ") , l'admire et lui dit qu'il est heureux d'avoir "une si bonne épée et un homme aussi valeureux dans son armée... ". Mais le canon tonne encore ...Une contre-attaque ennemie ? Non , ce sont les artilleurs sudistes qui visent les ballons d'observation nordistes.

Les jours suivants sont calmes; il n’y a pas grand chose à manger : porc et pain de maïs, plus des fraises des bois ramassées sur place...Von Borcke accompagne Stuart lors de petites reconnaissances.

Mais le 8 juin au soir, Stuart, seul avec son aide de camp, part en expédition vers les lignes ennemies. Ils avancent tous deux dans les bois sombres , et l'on n'entend que le coassement des rainettes et le cri du « whip-poor-will » [4]. von Borcke vérifie les amorces de son gros revolver, et Stuart lui dit à voix basse qu’en principe les nordistes ne font pas de patrouilles la nuit, mais que s'ils en rencontrent une, seule l'arme blanche sera utilisée. Les deux hommes parviennent à la chaumière d'une famille d'Irlandais qui à la solde de Stuart : un espion doit y venir pour faire son rapport au général sudiste. Les heures passent, la tension monte, l'espion ne vient pas. Juste avant l'aube, Stuart décide d'aller chez l'espion. La progression dans les bois obscurs reprend. Ils arrivent une chaumière, y pénètrent : l'espion est là, si malade qu'il n'a pu aller au rendez-vous. Après avoir obtenu les renseignements qu'il recherchait, Stuart repart vers les lignes sudistes. Le soleil se lève alors, et les clairons nordistes sonnent la diane à 400 pas de là. Stuart et von Borcke reviennent sans encombre au camp des Confédérés.

====== L' expédition Pamunkey [5] ===== : le 12 juin 1862 à 2 h. du matin, 2500 cavaliers d'élite et deux canons de l'artillerie montée sudiste s'ébranlent vers les positions de l'armée de McClellan. Près de Hanover Court House, les sudistes défont les avant-postes de cavalerie sudiste (lors des engagements, écrit von Borcke, "dans la poussière soulevée par la mêlée et la course , les coups de revolver et de carabine lancent des éclairs") et pénètrent au cœur de l'armée de McClellan. Ils passent tout près du quartier général nordiste, (une belle maison entourée de grandes tentes blanches[6]) et sèment la désolation sur leur passage : ils prennent et incendient le camp de la cavalerie, 3 péniches chargées de provisions à quai sur la rivière Pamunkey, et un convoi de chariots qui amenait des délicatesses aux généraux nordistes. Dans les flammes, écrit von Borcke, "les bouchons des bouteilles de champagne sautent en pure perte , et les boites de havanes répandent dans les airs leur délicieuse odeur...". Les raiders, qui mettent en fuite la cavalerie ennemie et que l’infanterie nordiste poursuit en vain, détruisent aussi la voie ferrée qui approvisionne le camp nordiste, et, comme le train arrive alors, ils l'attaquent. von Borcke prête son blunderbus" ("tromblon", en fait un fusil de chasse de très gros calibre) au capitaine Farley, qui l’utilise pour neutraliser le conducteur de la locomotive, mais le chauffeur en mourant appuie à fond sur l'accélérateur. Les cavaliers sudistes suivent alors le train en fusillant les soldats nordistes complètement désemparés dans les wagons découverts. von Borcke lui-même, oubliant la réserve qu'il observait jusque là, se laisse emporter par la frénésie guerrière, il galope le long du train, et vide son cinq coups sur les nordistes massés dans les wagons. Et quand la poursuite s'arrête, un cavalier sudiste lui tend une bouteille de champagne en lui disant : "Captain, vous avez drôlement pris chaud aujourd'hui, à la bonne votre !... ".

L'avance reprend, et les cavaliers gris s'arrêtent à 10 h du soir, prennent 1 heure de repos, puis parviennent à la rivière Chickahominy à l’aube . Mais elle roule à plein bords, gonflée par les dernières pluies...Stuart commande alors la fabrication de deux ponts sur lesquels on fera passer les selles, l'équipement, et finalement les petits canons, pendant que les chevaux dessellés seront menés à la nage sur l'autre bord. En nageant d'une main et en tenant la crinière d’un cheval de l'autre, von Borcke fera passer, dit-il, 65 chevaux sur l'autre rive. A midi, tout le monde a traversé, y compris les 500 prisonniers et des centaines de chevaux et de mules pris à l'ennemi, et les sudistes.détruisent les passerelles derrière eux.

Enfin, après 2 jours et 2 nuits en selle, et en ayant accompli la prouesse de traverser aussi les marais de la Chickahominy, les raiders sudistes sont de retour à Richmond le 15 juin au matin, sous les hourras de la population. von Borcke écrit qu'après avoir pansé sa fidèle jument, il se couche et dort 48 heures d'affilée.

Outre la récolte de précieux renseignements sur l'organisation et la position des corps d'armée nordistes, le raid de Stuart eut un effet psychologique indéniable sur les belligérants [7] . D'ailleurs les journaux, note von Bocke, aussi bien ceux de l'Union que ceux de Dixieland en firent leurs gros titres.

Les jours suivants les raiders se reposent. Stuart retrouve sa famille dans une petite maison, sous les roses, le chèvre-feuille et les fleurs de magnolia. von Borcke devient l'ami de la famille, il note que Mme Stuart est la fille du colonel de cavalerie nordiste Philipp St-George Cooke, lui aussi issu de West-Point , et Stuart assure en plaisantant qu’il aimerait bien ramener son beau-père comme prisonnier. Le Prussien a la joie de figurer en bonne place dans le rapport rédigé par Stuart, et de recevoir sa "commission" (nomination officielle) au grade de capitaine de cavalerie de l'armée confédérée.

Et le 25 juin l’ordre de se remettre en selle arrive.

CHAPITRE 3[modifier | modifier le code]

(Bataille de Mechanicsville et de Coal Harbour – Chevauchée sur le champ de bataille - Succès à White House – Réflexions sur les batailles devant Richmond)

Le raid de Stuart, écrit von Borcke,a permis à Lee d’apprendre que McClellan a fortifié son aile droite, en l’appuyant sur la bourgade de Mechanicsville. Le général Lee fait donc venir à marches forcées(et en secret) de la vallée de Shenandoah la puissante brigade d’infanterie de Stonewall Jackson : renforcée d’une autre brigade d’infanterie et de la cavalerie de Stuart, elle sera chargée d’enfoncer l’aile droite de McClellan, laissant à Lee la latitude d’attaquer ensuite le centre, et de repousser définitivement les unionistes vers le nord, loin de Richmond.

Le 26 juin 1862 à 5 heures du soir les cavaleries nordistes et sudistes commencent à escarmoucher. Stuart confie à von Borcke une mission dangereuse : le Prussien et un détachement sudiste vont défier la cavalerie ennemie. Les nordistes se lancent à leur poursuite, et les hommes de von Borcke amènent l’ennemi, au terme d’une folle galopade, dans un traquenard : les canons de l’artillerie montée de [[John Pelham ( qui est devenu un ami de von Borcke) attendent dans un chemin creux. Les artilleurs laissent passer les sudistes puis fauchent les nordistes, dont la débandade est complète. Cependant la brigade Stonewall avance, refoule les unionistes pourtant bien retranchés. A la nuit, les sudistes bivouaquent sur le terrain conquis.

Le 27 juin à l’aube la bataille reprend, et se déplace vers le bourg de Coal Harbour, où se sont retranchés, dit von Borcke, 60 000 unionistes. A l’aile gauche des confédérés, la cavalerie de Stuart engage plusieurs fois la cavalerie US et , note von Borcke , « nous sommes vainqueurs chaque fois, comme c’était alors habituel pour nous [8] » Ainsi, les cavaliers confédérés se trouvent nez-à-nez avec un régiment de lanciers unionistes rangés en bataille dans leurs beaux uniformes neufs (bleus à parements jaunes), pointes des lances et pennons colorés brillant au soleil. Les sudistes chargent en poussant leur cri de guerre (le fameux « ‘’rebel yell’’ »), et les unionistes leur tournent le dos avec ensemble et prennent tous la fuite en jetant leurs lances. von Borcke, qui note que les bords du chemin étaient jonchés de lances, estime que sur les 700 cavaliers nordistes seulement une vingtaine a gardé ses lances « arme très efficace entre les mains de celui qui sait s’en servir, note-t-il, la lance n’est qu’une absurdité encombrante pour un soldat inexpérimenté ».

A 3 h. de l’après-midi, un duel d’artillerie fait rage, 150 canons tonnent sans répit, John Pelham et son artillerie montée essaient de rendre coup pour coup, mais les cavaliers sudistes sont décimés. D’autant que Stuart, pour montrer à l’ennemi que ses cavaliers méprisent le danger, leur donne l’ordre de rester alignés et immobiles face à la canonnade, pendant qu’il confère avec le colonel Fitzhugh Lee. "Nous dûmes, écrit von Borcke, rester en place pendant de longues minutes sous ce diabolique orage de mitraille, qui crépitait sur le sol desséché ou volait en hurlant autour de nous, à droite et à gauche…Une épreuve plutôt sévère : charger l’ennemi ou galoper calmement sous le feu de l’ennemi n’est rien à côté de l’obligation de rester immobile en face de plusieurs batteries d’où, à chaque bouffée de fumée, on peut raisonnablement s’attendre à voir venir sa mort". Pendant que les cavaliers attendent, rangés comme à la parade, que Stuart ne donne l’ordre de faire mouvement, les projectiles ennemis fauchent plusieurs hommes, en particulier le voisin de von Borcke, un capitaine avec qui il venait juste de converser : il est mis en pièces par un obus ennemi qui éclate juste au-dessus d’eux ("il est incompréhensible que je n’aie pas été atteint" note le Prussien). Et après avoir ainsi bien donné l’exemple, "la longue file de cavaliers, écrit von Borcke, part au grand trot et disparaît derrière les crêtes d’amicales collines [9] "…

A 6h du soir, Stuart envoie von Borcke porter à un régiment l’ordre d’attaquer une batterie ennemie, postée très en avance et dont le tir est meurtrier. Le Prussien doit traverser un véritable orage d’acier; il néglige les conseils d’un groupe d’artilleurs qui lui crient de venir se mettre avec eux à l’abri d’une ravine, et fonce. Il est soudain jeté à terre avec son cheval, mais monture et cavaliers se relèvent et repartent : ils ont été renversés en plein galop par le vent d’un boulet de gros calibre.

A 7 h. du soir la bataille est gagnée pour les Confédérés, la cavalerie poursuit jusqu’à la nuit noire les colonnes ennemies en fuite. Et von Borcke note qu’ « au retour il fallait faire attention de ne pas piétiner les innombrables blessés qui couvraient le champ de bataille, d’autant plus que beaucoup s’étaient traînés jusqu’au bord de la route pour être plus facilement recueillis par une éventuelle ambulance. Il était triste d’entendre leurs cris et leurs gémissements sans pouvoir même leur donner un verre d’eau…Il n’y a pas de plus triste spectacle que celui d’un champ de bataille après le combat… ».

Pendant la nuit, alors que von Borke dort sous la tente de Stuart, une main le réveille. Il saisit son épée, demande qui va là . « Général Jackson , répond Stonewall, je viens parler à Jeb Stuart » . von Borcke laisse les deux généraux discuter, assis sur ses couvertures, et sort de la tente. Dans la nuit noire, à peine éclairée ça et là par les feux de bivouac rougeoyants, les cris des blessés abandonnés et les gémissements des mourants résonnent sinistrement…

A l’aube du 28 juin, la cavalerie de Stuart fait mouvement vers White House, où il paraît que les entrepôts abandonnés par les unionistes regorgent de provisions de toutes sortes. Mais le cheval de von Borcke, renversé la veille en pleine course par le vent d’un boulet, ne peut se lever. von Borcke, obligé de rester sur place, aide Fitzhugh Lee à trier les nombreux prisonniers Parmi eux un « major de l’artillerie unioniste, ex-ami de Stuart et de Fitz-Lee, avec qui il a servi avant la guerre [10] d’abord furieux de se retrouver prisonnier se révèle homme du monde et agréable convive lorsque les 2 officiers confédérés l’invitent à partager leur maigre repas. von Borcke visite ensuite attentivement le champ de bataille avec l’œil d’un professionnel  : on lui a rapporté que de furieux duels à la baïonnette ont eu lieu lors de l’assaut des retranchements unionistes, en particulier entre les Texans et les zouaves de New-York. Mû par un souci de technicien, von Borcke cherche parmi les amoncellements de corps ceux qui portent le pantalon rouge, examine attentivement les cadavres. Ils ne portent pratiquement jamais de blessures causées par arme blanche uniquement, et le prussien en infère que la baïonnette n’a dû être utilisée en fait que pour achever l’ennemi d’abord touché par un coup de feu… Parmi les morts empilés sur 3 ou 4 rangs d’épaisseur devant les redoutes ennemies, von Borcke remarque deux cadavres serrés l’un contre l’autre : un homme mûr aux cheveux blancs rougis de sang et un tout jeune garçon aux cheveux blonds, touché, lui, en pleine poitrine… Le Prussien retrouve parmi les morts un géant du Mississipi , un soldat de Stonewall Jakson, dont la haute taille et la prestance faisaient hier l’admiration de tous ; le colosse est d’autant plus facilement reconnaissable qu’il portait une veste en peau d’ours, une balle lui a fait un tout petit trou dans la poitrine…Et la comparaison avec une moisson semée de coquelicots (les pantalons rouges) s’impose à son esprit [11] Par ailleurs une rumeur se répand au campement des confédérés : les nordistes auraient empoisonné les puits avant de prendre la fuite…von Borcke enquête et conclut que les malades ont en fait ingurgité, non de l’eau empoisonnée, mais de l’alcool de pomme mal distillé.

Le 29 juin, en chevauchant sous de splendides frondaisons de chêne et de « hickory » (acajou)XXXXXXXXXXXXXX , von Borcke parvient après la bataille à la plantation White House, une magnifique propriété (malheureusement saccagée et incendiée par les unionistes en fuite) appartenant à William HF (Rooney) Lee, fils du général Lee,.et sise au bord de la Pamunkey Mc Clellan y avait établi son quartier général et les bâtiments servaient de dépôt à l’intendance unioniste. Des quantités invraisemblables d’équipement militaire et de provisions ont été abandonnées par les nordistes, qui ont cependant essayé de tout détruire par le feu en abandonnant les lieux. Les sudistes récupèrent tout ce qu’ils peuvent, sans négliger l’épicerie de luxe qui abonde : "jamais je n’ai vu autant de provisions accumulées, note von Borcke, et jamais je n’aurais pensé qu’une armée d’invasion s’encombre de tant de luxe inutile… ". Et il énumère les "delicatessen" : montagnes de jambons, piles de caisses d’oranges et citrons, huitres en conserves, glace, vins fins , cigares etc… Des tonneaux d’œufs frais conservés dans le sel ont été exposés au feu , et leur contenu se trouve cuit à point et prêt à être dégusté…Il y a même à la gare des wagons et des locomotives neuves, et des barges chargées de provisions sont amarrées à l’estacade …

Lors de son inspection, von Borcke découvre dans un des pavillons le corps d’un beau jeune homme, un officier supérieur tué récemment et fort bien embaumé « Ni Stuart ni moi, note von Borcke, n’accordâmes foi à la rumeur selon laquelle il s’agissait d’un prince de la maison d’Orléans, qui faisait partie de la suite de McClellan. » [12]

Pendant que Stuart et ses cavaliers s’occupent de faire passer dans les entrepôts sudistes l’énorme butin abandonné par les unionistes, Lee continue à refouler l’ennemi vers la James River. Il fait transmettre à Stuart l’ordre de longer la Chickahominy pour prendre les unionistes en tenaille. A Forge Bridge, les unionistes essaient de leur barrer le passage, mais l’artillerie montée de [[John Pelham déboule, , leur ouvre le passage, et les cavaliers gris repartent à la poursuite des fédéraux. Pendant une halte, les officiers de Stuart se mettent à l’ombre sous un cerisier chargé de fruits, mais les branches sont trop hautes. Ils disent alors au Prussien : "Capitaine , vous qui chargez si bien sabre au clair, ne pouvez-vous rien faire ? " et von Borcke écrit qu’il monte sur l’arbre et leur abat quelques branches chargées de fruits [13] Cependant le canon tonne sur Malvern Hill, les cavaliers sautent en selle et repartent. Mais leurs chevaux épuisés ne les amènent sur place qu’après que les unionistes aient fait retraite sous la protection de leurs canonnières tirant depuis la James River. Von Borcke note qu’à Malvern Hill fut constatée pour la I° fois depuis le début de la guerre le pouvoir destructeur d’une concentration d’artillerie judicieusement placée et utilisée : "l’armée de McClellan ne dut son salut, écrit-il, qu’à 60 canons, qui, bien placés en son centre, déversèrent la panique et la mort sur nos colonnes d’assaut .Cette canonnade eut un effet plus désastreux que tout ce qui avait été produit jusqu’ici par l’artillerie. Nos pertes furent très lourdes, et je puis dire que si (à Malvern Hill)nous avons été victorieux, c’est que l’ennemi, mal renseigné, s’est retiré, pensant avoir perdu la bataille alors qu’il avait en fait remporté un éclatant succès".

Von Borcke conclut le chapitre par une synthèse de la campagne [14] , la bataille des Sept Jours devant Richmond : "La lutte commença, écrit-il, le 26 juin à Mechanicsville et se termina le 2 juillet à Malvern Hill. McClellan, dont les forces s’étendaient en demi-cercle autour de Richmond, à travers la rivière Chickahominy (depuis la James River jusqu’à la redoute de Mechanicsville) fut complètement battu sur sa droite, en 2 jours, par Jackson Le restant de son armée fut rabattu du nord de la Chickahominy au sud, où, après les batailles de Fraser’s farm le 29 juin, de Willis’ Church le 30, et pour finir de Malvern Hill, il dut rapidement faire retraite jusqu’à son inexpugnable refuge de Westover [15], sur la James River. Là, une grosse flottille de canonnières le protégea de toute attaque de notre part, l’approvisionna largement et lui apporta munitions et renforts. La retraite de McClellan fut un modèle, et on doit reconnaître qu’il l’a menée avec beaucoup d’habileté, en arrêtant en particulier à Malvern Hill nos troupes jusque là victorieuses. Mais s’il est arrivé à sauver son armée, c’est surtout parce que certains généraux confédérés ont fait preuve d’une inexcusable lenteur, et ont même désobéi aux ordres. La faute n’en est aucunement attribuable à la tactique de général Lee. Nos pertes (tant blessés que tués) se sont montées à environ 9000 hommes ; celles de l’ennemi à 16 500, sans compter plusieurs milliers de prisonniers. Le butin (artillerie, munitions, armes légères surtout, équipement et provisions ) qui tomba entre nos mais fut énorme [16] ".

CHAPITRE 4[modifier | modifier le code]

(Voyage à Richmond - Expédition sur la James River - Un prisonnier du 9° de cavalerie de Virginie - Pêche et chasse - Dimanche au QG de Hanover Court-House - Vie de camp - Escarmouches et reconnaissances - Crotale et grenouilles - Départ de Dundee).  

Le lendemain de la bataille de Malvern Hill , la pluie détrempe le campement et il est dur de se lever après une nuit couché dans la boue. A la faveur des orages, un espion qui devait être pendu au matin a réussi à s’échapper pendant la nuit.von Borcke dit ne pas en être fâché : "il avait plus de 60 ans, et il nous avait suivi toute la journée sur sa misérable mule, les mains liées derrière le dos, avec une telle expression de terreur sur sa face livide que j’estimai pour ma part qu’il avait été assez puni…".

Stuart envoie von Borcke en (per)mission à Richmond ; le long de la route boueuse des bois magnifiques d’arbres plus que centenaires ont été fracassés et transformé en abattis géants par l’artillerie lourde fédérale. Et tout le long de la route s’étalent les couvertures, les sacs, les armes etc… abandonnés par les unionistes en fuite. A Richmond, où von Borcke arrive le soir, règne une joie intense mais contenue. Pas de feux d’artifices, pas de fêtes populaires, remarque-t-il : tout le monde savait qu’évidemment les confédérés lèveraient la menace pesant sur leur capitale. Le Prussien gagne son hôtel, se lave et se couche enfin dans un lit, "ce qu’on ne peut qu’apprécier, écrit-il, après avoir pendant plusieurs nuits dormi par terre sans se déshabiller". L'occupant de la chambre voisine est le général McCall, un fédéral fait prisonnier quelques jours auparavant.

Les canonnières ("gun-boats") fédérales à vapeur (ici l' USS Cairo , en 1862) en service sur les fleuves combinaient faible tirant d'eau, rapidité (15 noeuds en pointe), et puissant armement. De leur apparence (faible hauteur sur l'eau, blindage) et du patronyme d'un de leurs concepteurs (Samuel Pook) dérivait leur surnom : "Pook turtles" (tortues de Pook)


Von Borcke est de retour le jour suivant à l’armée. Lee, qui a installé son QG à la ferme Phillips [17]multiplie les conseils de guerre : ses généraux hésitent à attaquer le camp retranché fédéral de Harrison's Landing (que von Borcke appelle "Westover") , défendu par une formidable artillerie et par les canonnières fédérales dont les énormes canons écrasent tout ce qui bouge sur les rives de la James River.

D’ailleurs le soir du 6 juin 1863 Stuart fait monter en selle 2 de ses régiments (le 4° et le 9°) : avec 6 canons de son artillerie montée, il va monter une embuscade contre ces canonnières. Von Borcke, qui a été retenu, quitte le camp une heure plus tard et les suit. Il trotte tranquillement dans la nuit tiède, parfumée et illuminée de lucioles, quand il tombe nez à nez avec un cavalier, monté sur un superbe cheval et portant l’uniforme fédéral. von Borcke dégaine immédiatement son revolver, demande à l’homme de s’identifier ; l’autre se rend, et lui dit être du 8° Illinois (nordiste) . Von Borcke, content d’avoir fait un prisonnier, et pensant déjà que le magnifique cheval est à lui , ramène l’homme au milieu du régiment de Virginiens. Il est très étonné d’entendre les rires éclater de toutes parts : son prisonnier est en fait un cavalier sudiste, qui a jeté ses haillons pour revêtir un bel uniforme neuf malheureusement unioniste ; il a dit être de l’Illinois car il avait pris l’accent tudesque de von Borcke pour l’accent du nord, et avait cru bon ensuite d’entretenir la méprise … Stuart, les jours suivants, ne se privera pas de demander à son ami von Borcke combien de prisonniers virginiens il a fait aujourd’hui. Mais, note von Borcke les méprises de ce genre sont courantes, tant les sudistes manquent d’uniformes, et beaucoup d’entre eux sont ainsi morts par erreur [18]

Stuart arrive donc sur les berges de la James et monte une embuscade aux canonnières fédérales omniprésentes : deux de ses régiments et 6 pièces de son artillerie montée (commandées par le capitaine Stephen D. Lee) se postent, et la chance les sert bientôt : un convoi de chalands remonte le courant, et passe à une centaine de mètres d’eux. Canonniers et cavaliers ouvrent le feu à volonté sur les péniches chargées d’hommes et d’équipements; un des transports coule. Les canonnières fédérales accourent à toute vapeur à l’aide des péniches, et envoient un déluge de projectiles sur la berge ; mais les sudistes ont déjà attelé leurs canons [19], et pris le large, artilleurs comme cavaliers sont à un mile de là et tous rient d’entendre les gros obus des fédéraux éclater au loin.

Par ailleurs, note von Borcke, les banquets de White House aux dépens des provisions abandonnées par les yankees sont bien loin : si l’odeur obsédante des cadavres mal enterrés un peu partout ne coupe pas l’appétit, il faut gratter longuement dans les champs pour trouver quelques oignons et patates…

Le 10 juillet, alors que McClellan a décidé de rembarquer ses troupes, la cavalerie reçoit l’ordre de faire mouvement sur Hanover Court House, à l’opposé de Richmond. Stuart et von Borcke galopent ensemble vers la capitale, heureux de revoir la civilisation, et font halte chez l’espion irlandais, dont la femme leur offre des mûres et du lait. A Richmond le prussien se fait tailler un bel uniforme d’officier de cavalerie confédéré ( sans oublier le chapeau à plume d’autruche , comme Stuart) et entame pour quelques jours une vie agréable de garnison. Il avoue avoir vraiment plaisir à galoper en compagnie des dames de Virginie, qui sont pour la plupart d’admirables cavalières "pour qui, dit-il, il n’y a pas de barrière trop haute ou de fossé trop large… ".

Le 17 juillet a lieu une grande parade [20], suivie d’une charmante garden-party improvisée dans le camp.

Au cantonnement de Atlee Station, les parties de chasse et de pêche se succèdent. En entrant dans l’eau pour pêcher la perche et le poisson-chat, Von Borcke fait connaissance avec les avides sangsues virginiennes. Le « petit lièvre » de Virginie abonde ; mais c’est la chasse à l’écureuil gris (gibier méfiant qui procure un excellent entraînement au tir instinctif) qui ravit von Borcke ; d’ailleurs sa chair est très délicate, si l’on passe sur la ressemblance du met avec un rat…Ainsi, lorqu’un invité (un britannique, Lord Edward St Maur ) survient à l’improviste, on lui sert un pâté d’écureuil rapidement préparé par le cuisinier noir avec la chasse de von Borcke, et le lord s'en régale sans savoir de quoi il est fait.

Le dimanche 19 juillet, un service divin a lieu sous les frondaisons des arbres gigantesques, et des centaines de guerriers barbus écoutent avec recueillement le prêche du chapelain du 1° régiment de cavalerie de Virginie.  

Le 21 juillet 1862, le régiment de von Borcke (8 000 hommes, cavaliers et artilleurs montés) déloge et s’installe sur les terrains de Hanover Court House. Le prussien, tout en rappelant "qu’ici tout bâtiment vieux de plus de 100 ans est une antiquité", rappelle qu’effectivement Hanover Court House fait partie du patrimoine culturel de la Virginie, et que ces murs vénérables ont entendu les plaidoiries de Patrick Henry , le fameux indépendentiste virginien du 18° siècle. Et les tentes blanches alignées , les chevaux qui paissent dans les prés au bord du ruisseau, les oriflammes claquant dans la brise composent un tableau qui réjouit le cœur du guerrier prussien.

Le 23 juillet ses amis ont préparé pour l'anniversaire de von Borcke (il a 27 ans) une sympathique cérémonie. Mais la cavalerie fédérale sort de son cantonnement voisin de Frederickburg, et au lieu de choquer les verres, il faut repousser l'ennemi, et même le poursuivre. Au petit matin, après le bivouac, von Borcke constate que certains de ses effets personnels de valeur ont disparu de ses fontes , et il attribue d’emblée le vol à "un de ces noirs qui suivent le camp, et traînent toujours en grand nombre autour du cantonnement"…Mais le prussien s’adresse une consolation de reître : "aujourd’hui vous perdez quelque chose de valeur, écrit-il, et le lendemain vous le récupérez, et avec usure, sur l’ennemi; l’essentiel de mes affaires avait effectivement été pris à l’ennemi…".

Le soir du 24 juillet Stuart et ses hommes sont arrivés prés de Fredericksburg et prennent quelques heures de repos avant le coup de main prévu sur les positions ennemies. Mais un orage terrible crève, et les rivières Mat, Ta, Po, et Ni (qui se rassemblent pour former la Mattaponi [21] , explique von Borcke) gonflent et risquent de couper le chemin de la retraite aux confédérés. L’attaque est annulée, les confédérés font demi-tour et reviennent à leur point de départ; et Stuart, von Brocke et un officier finissent le voyage en essayant un nouveau moyen de locomotion : une draisine à balancier propulsée le long de la voie ferrée par deux noirs.

Pour les officiers sudistes, les mondanités reprennent ensuite pendant quelques jours dans le cadre enchanteur des grandes plantations. Mais un dimanche soir, alors qu’ils prennent le frais sous la vérandah couverte de roses d’une maison de maître, un incendie débute dans les communs. Les ouvriers et les serviteurs noirs de leurs hôtes sont absents, et les officiers se lancent tous au secours des animaux enfermés dans les étables en feu, et font office de pompiers. Et une fois l’incendie éteint von Borcke rit avec les autres, noircis et roussis, lorsque Stuart (moqueur à son habitude) raconte aux dames qu’il a vu l’hercule prussien sortir des étables, emportant une mule sous un bras et deux cochons sous l’autre bras…

Apparemment sous ce climat un moment agréable a souvent son revers : le 29 juillet une magnifique revue, qui a attiré la société élégante locale, est gâchée en fin de journée par un ouragan qui déracine des milliers d’arbres, arrache les toits des maisons, et naturellement aplatit le camp. Mais le lendemain Stuart reçoit d’excellentes nouvelles : il est nommé major general, et reçoit le commandement d’une brigade de 15 000 cavaliers d’élite (avec Wade Hampton III, Fitzhugh Lee et Robertson sous ses ordres) et de 3 batteries d’artillerie montée. Et il remet à von Borcke très ému sa commission (promotion officielle au grade) de major et adjutant-general de cavalerie.

Le 4 aout von Borcke fait partie de la colonne qui va harceler à nouveau Fredericksburg. Sur le trajet, la population accueille les soldats avec bonheur, on capture un parti de maraudeurs yankees, et un vieux noir est fou de joie lorsqu’on lui rend la montre d’argent que les jay hawkers lui avaient volé.

Le soir du 5 août, au bivouac, après une journée caniculaire, von Borcke étend sa couverture par terre et appuie sa tête sur un vieux tronc. Il est réveillé par un contact froid sur la main. Il se dresse et découvre un crotale de 4 pieds (1m20) de long dressé à ses pieds et secouant son cascabel ; il dégaine alors son épée et tranche le serpent en deux [22] et, comme il est ému par cette "attaque inopinée" (et vexé par les éclats de rire de ses amis accourus au bruit) il continue, dit-il, à hacher à coups d’épée le serpent dont les tronçons n’arrêtent pas de se tortiller .

von Borcke profite de l’incident du crotale pour donner en note (et à l’imparfait) quelques détails sur son épée bien-aimée : "cette lame de Damas était une épée droite à double tranchant, de dimensions « tremendous » (formidable) et d’excellente trempe, que j’avais commencé à porter dès le début de ma carrière militaire, dans les Cuirassiers Prussiens de la Garde. Elle était plus connue que moi dans l’armée confédérée, et plus d’un de ceux qui ne pouvaient arriver à prononcer mon nom me désignait comme « le prussien à la grosse épée ». Stuart m’écrivit, alors que j’étais forcé à l’immobilité par ma blessure : « Mon cher Von , je ne peux dire combien vous et votre large lame m’avez manqué à Gettysburg  [23]" …

Arrivés prés de Fredericksburg, le long de la "turnpike" (grand- route pavée de planches) appelée Telegraph Road qui conduit directement à Richmond, von Borcke, qui fait office d’éclaireur, découvre l’arrière-garde d’une colonne ennemie de 8000 fédéraux, commandée par les généraux Hatch et Gibbon, en route pour attaquer Hanover Junction et détruire la voie ferrée stratégique des confédérés. Les confédérés se jettent sur l’arrière-garde, la taillent en pièce , et attaquent ensuite la colonne elle-même. Après un moment de panique, les fédéraux se ressaisissent, font volte-face, mettent leur artillerie en batterie, et "leurs longues lignes de tirailleurs avancent (sur nous) avec un bel ensemble". D’ailleurs les nordistes utilisent de nouveaux projectiles : des obus de petit calibre (une livre) , qui font un bruit strident parfaitement désagréable , et des balles "explosives (la nouvelle balle Minié) qui claquent fort sur les obstacles, note von Borcke, mais paraissent peu efficaces [24] " . Et, comme lui et Stuart font assaut de démonstrations de bravoure, c’est au tour du prussien de rire aux éclats quand Stuart (d’habitude impavide quand un obus ou un gros boulet arrive) ne peut s’empêcher de saluer d'une ample courbette le passage strident d’un minuscule obus d’une livre. Voyant qu’il a semé le désordre dans la colonne, Stuart donne l’ordre de faire retraite, et von Borcke va transmettre son ordre aux cavaliers de garde auprès des chariots capturés aux nordistes. Mais il doit passer devant une ligne de tirailleurs nordistes, en terrain découvert, à 150 pas de distance. Heureusement son cheval file comme le vent, et aucune balle (il en entend plusieurs siffler autour de lui) n’atteint le prussien.

De retour à Hanover Court House, les confédérés apprennent que le nouveau commandant en chef fédéral , le général John Pope ( le remplaçant de McClellan) masse son armée de Virginie (unioniste) à Culpepper pour reprendre l’attaque contre Richmond. Stuart reçoit une dépêche : il est convoqué par Jackson à Gordonsville, et s’y rend, seul, par le train. Pendant ce temps ses officiers profitent de la vie : rencontres avec les gentlemen locaux, "longues promenades à cheval avec nos « lady friends » , écrit von Borcke, partie de chasses dans les marécages pour tirer la grenouille-taureau au revolver..."

La grenouille-taureau , gibier de choix chassé au revolver dans les marais par les officiers confédérés. "J'en ai mangé 2 fois : la chair de leurs cuisses est délicieuse et ressemble à du poulet tendre , écrit von Borcke, mais je n’ai pu surmonter ma répugnance, ce qui faisait bien rire mes amis qui s’en régalaient à tous leurs breakfeasts".

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Cependant Scott, le serviteur noir de von Borcke réussit à lui soutirer une permission et une bonne somme d’argent sous prétexte que sa femme est malade, et il disparaît définitivement avec la majeure partie de la garde-robe du major : "exaspérante illustration du caractère traître et ingrat des noirs", note von Borcke, qui intitule le paragraphe "Negro ingratitude and treachery".

Stuart, après avoir combattu avec Jackson lors de la bataille de Cedar Mountain le 9 août 1862 [25] revient et fait bouger ses troupes : le 15 août, les officiers font leurs adieux à leurs hôtes, et Mme Stuart fait jurer solennellement à von Borcke qu’il veillera sur son mari, et l’empêchera de s’exposer inutilement.

CHAPITRE 5[modifier | modifier le code]

(Ouverture de la campagne d’été en Virginie – Aventure à Verdiersville – I° bataille de cavalerie de Brandy Station – Combat à Cunningham’s Ford – Gros combat d’artillerie entre les rivières Hazel et Rapahannock – Passage de cette dernière, et marche jusqu’à Warrenton et Cattlett’s Station- Engagement d’artillerie – Nouvelle traversée de la Rappahannock – Combats à Waterloo Bridge – Marche sur Salem et Bristoe – Capture du grand entrepôt fédéral - Combat à Manassas Plains – Combats préliminaires à la 2° bataille de Manassas - La 2° bataille de Manassas – De la 2° bataille de Manassas à l’invasion du Maryland. [26])

16 août 1862. "Quand il retourne au combat après un repos inaccoutumé, écrit von Borcke, le soldat sent dans sa poitrine la force et la légèreté". Le régiment part en train pour Gordonsville : les chevaux sont alignés dans les « stock-cars, et (note avec étonnement le Prussien) comme les hommes de troupe ont envahi tous les wagons, et même les toits des voitures, les officiers montent dans le tender et s’y empilent comme ils peuvent. On discute et on chante, note von Borcke, et on admire le paysage pour autant que les nuages de fumée crachée par la locomotive le laissent voir. La nuit tombe et à l’aube les officiers se regardent et éclatent de rire : la fumée et la suie les ont "transformés en Ethiopiens !".

17 août. Le régiment débarque à Orange Court House, où Robert E. Lee réunit son armée. Stonewall Jackson invite les officiers à sa table : elle est admirablement garnie car les planteurs des environs l’inondent de provisions. En fin d’après-midi Stuart emmène von Borcke, un lieutenant et 2 ‘’scouts (éclaireurs) en reconnaissance sur Clark’s Mountain. Von Borcke note que l’un des scouts est John Singleton Mosby , "celui-là même qui, dit-il, deviendra plus tard fameux pour ses actions de guérilla ". La vue sur le camp fédéral dans la plaine de Culpeper est superbe : les bois touffus le long des berges de la Rapidan et de la Rappahannock, « et dans le lointain, écrit von Borcke, la brume bleuâtre qui surmonte les Blue Mountains forme au coucher du soleil un charmant contraste avec la splendeur du ciel. On peut voir les militaires s’activer dans la vallée. Au-dessus de plusieurs milliers de tentes, la fumée des feux de camp s’élève, toute droite dans l’air calme. Des régiments font des marches et contre-marches, et de longues files de chariots, escortés par des détachements de cavalerie aux gais pennons et guidons, s’étirent sur les routes. Les fédéraux semblent préparer un mouvement rétrograde ».

Le 19 août à l’aube, à Verdiersville, dans le brouillard. Les 5 confédérés ont dormi par terre, à côté de leurs chevaux non dessellés, dans le jardin d’une maison voisine du ‘’turnpike (la grand-route à péage) couvert de planches. Ils sont en train de rouler leurs couvertures quand ils entendent un régiment de cavalerie qui approche au trot. Ils entrevoient les cavaliers de tête dans la brume et pensent que ce sont les leurs, qu’ils attendaient. Stuart envoie les 2 scouts prévenir les cavaliers qu’ils sont là. Mais les scouts sont accueillis par une salve de coups de revolvers, tournent bride, et reviennent au grand galop, suivis par tout un escadron : les arrivants sont des fédéraux. Les deux scouts continuent à fuir au galop, Stuart saute sur sa bête, franchit la barrière d’un saut de haute école et prend le large; le lieutenant le suit. Von Borcke court à son cheval, détache les rênes nouées à la clôture, mais le cheval prend peur, se cabre, plonge, lui échappe. Le dragon prussien saute en selle en voltige, mais il n’a pas les rênes en main, et un demi-cercle de cavaliers, revolver au poing, l’approche, l’entoure, un major lui crie de se rendre. von Borcke sort du jardin puis, d’une grande claque sur la tête, il fait volter son cheval, l’éperonne à fond, et le voilà dégagé, et au galop sous une pluie de balles. Les yankees se lancent à sa poursuite au grand galop. Leur chef, qui est en tête, tire trois fois sur le prussien à bout portant (une balle traverse même sa veste) , sans le toucher. Les nordistes abandonnent la poursuite après un mile de galop effréné, alors que, écrit von Borke, il n’avait que ses genoux pour guider sa bête.

von Borcke retrouve ensuite Mosby [27] » , puis ses autres compagnons. Ils s’arrêtent pour souffler, et rient aux éclats en voyant au loin les yankees qui emportent fièrement les effets de Stuart : son beau chapeau neuf à plume d’autruche et son sac, qui contenait des cartes et des papiers [28]. Le premier conducteur de chariot d’intendance rencontré se fait un plaisir de fournir un chapeau à Stuart, mais la nouvelle se répand comme une traînée de poudre, et quand ils arrivent au camp, des centaines de voix gouailleuses les saluent, leur demandent ce qu’ils ont fait de leur équipement et s’enquièrent tout spécialement du chapeau neuf de Stuart.

20 août 1862. von Borcke et ses amis sont heureux de repartir au combat et espèrent bien se venger de leur dernière mésaventure : les nordistes se sont (comme l'avait prévu Jeb Stuart) retirés sur l'autre rive de la Rappahannock , mais ils ont laissé sur la rive sud un important corps de cavalerie, qu'il faut refouler.

A l'aube, la cavalerie confédérée, après avoir passé à gué la rivière Rapidan (ce qui n'est pas facile, en particulier pour les canons, car le cours d'eau est assez profond) se divise en deux : Lee va vers Kelly's Ford, et Stuart vers Stevensburg, un village distant d'un mile de Brandy Station, qui sera le point de jonction des deux colonnes. La colonne Stuart entre la première en contact avec l'ennemi, qu'elle refoule vigoureusement et poursuit sur 1 mile. La population du petit village de Stevensburg "qui, dit von Borcke, n'a pas vu de soldats confédérés depuis longtemps et qui a été fort maltraitée par les nordistes sort des maisons en criant de joie. Beaucoup se jettent à genoux pour remercier Dieu, et une vénérable dame demande à embrasser notre étendard, et le sanctifie de ses larmes. Et des vieillards et des enfants prennent des fusils et veulent suivre les soldats malgré les remontrances".

Les nordistes se sont renforcés à 2 miles de Stevenburg, près d'une immense forêt, et envoient un escadron de leur cavalerie qui met pied à terre et commence un intense "bushwacking" [29] contre les confédérés, sur une ligne d'1 mile de long. Les confédérés répondent par la même tactique, puis chargent le centre ennemi et le dispersent. von Borcke sort de la mêlée avec un excellent cheval d'officier et son harnachement complet ( mais le cheval sera blessé très peu de temps après...) . Les nordistes battent en retraite très rapidement et Stuart les poursuit, mais avec un régiment (le 7°) seulement, afin de ne pas épuiser toute sa cavalerie : le reste du corps suit au trot.

Peu de temps après, les confédérés, du sommet d'une éminence près de Brandy Station, voient en contrebas la cavalerie ennemie : "un splendide spectacle, écrit von Borcke : 3 500 cavaliers bien ordonnés en ligne de bataille dans la plaine ouverte, armes brillant au soleil et étendards flottant au vent...".

Lors de la 1° bataille de Brandy Station , von Borcke s'est vu en reître dans un tableau de Philips Wouwerman (1660)


Les confédérés impatients attendent leur renforts, et les escarmoucheurs commencent à tirailler de part et d'autre. von Borcke a pris l'étendard des mains du porte-drapeau, et naturellement il attire l’attention des tireurs d’élite ennemis "  l'ennemi a de très bons tireurs, note von Borcke : à 800 yards (700 m environ) de distance, ils sont capables de toucher notre drapeau". Comme les renforts n'arrivent pas, Stuart prend le drapeau et ordonne à von Borcke d'aller lui-même les chercher. von Borcke les trouve, les rameute à grands cris et les ramène au grand galop. Les confédérés chargent alors tous ensemble en hurlant leur cri de guerre , le "rebel yell". "Je suis, écrit von Borcke, à la place d'honneur, en avant du régiment, et me sens comme possédé. L'ennemi nous reçoit, comme d'habitude, par une fusillade nourrie, et bien des hommes vident leur selle, mais quelques secondes plus tard nous sommes au milieu des ennemis, et leurs belles lignes se désagrègent, ils prennent la fuite. J'ai la satisfaction de sauver ma vie d'un magnifique coup d'épée : au moment même ou un cavalier ennemi allait faire feu sur moi, je lui allonge un coup droit de taille à la base du cou, ce qui le décapite quasiment". Un escadron ennemi débouche à ce moment sur le flanc droit des confédérés; voyant le danger, von Borcke rallie environ 80 de ses hommes et se lance sur eux. Les ennemis ralentissent, lâchent une volée, et, voyant qu'ils ne peuvent arrêter la ruée des confédérés, tournent bride, prennent la fuite, et se font mettre en pièces par leurs poursuivants. D'autres duels de cavalerie se succèdent, tous à l'avantage des confédérés. Finalement les rescapés de la cavalerie fédérale se jettent dans la Rappahannock, la traversent en hâte et se mettent sous la protection de leurs artilleurs et de leurs fantassins.

"Plein de bonheur, je quittai le champ de bataille, écrit von Borcke, et j'essuyai le sang qui tachait la lame de mon épée en la passant sur la crinière de mon cheval. Le général Stuart me félicita chaudement, et encore aujourd'hui le souvenir de cette charge est l'un des meilleurs que j'aie gardé de la guerre de Sécession. La rencontre avait été (comme dans les tableaux du maître hollandais Philips Wouwerman) une vraie bataille de cavalerie, face à face et au sabre, ce qui est devenu très rare dans la guerre moderne. Les journaux yankees m'ont décrit d'une manière amusante, disant que le charge des rebels avait été menée par un géant monté sur un cheval gigantesque, un sauvage qui avait terrorisé leurs troupes en brandissant au-dessus de sa tête une épée aussi longue et large qu'une planche de palissade".

Le reste de la journée, on enterre les morts et on soigne les blessés. von Borcke s'occupe personnellement d'un collègue, le capitaine Edmond Burke, qui a reçu une balle dans la jambe alors qu'il chargeait, botte à botte avec le prussien. Fitz Lee (le fils du général Robert Lee) et son régiment ont de leur côté vaillamment chargé les nordistes, et les ont eux aussi mis en fuite.

Et von Borcke conclut sa narration de la I° bataille de Brandy Station : "Nous bivouaquons sur le champ de bataille, qui est maintenant un désert semé ça et là d'os blanchis. Bien des batailles se sont déroulées à cet endroit, qui est désormais un lieu historique. Plus tard les Virginiens, en ramassant les débris d'obus, les balles et les armes brisées qui ont si souvent jonché ce sol, se souviendront avec orgueil des hauts faits de leurs ancêtres.".

21 août 1862  : "Pendant la nuit, écrit von Borcke, une forte partie de notre armée était arrivée à Brandy Station, et dès l’aube les canons de Jackson, tonnant les premiers, nous apprennent que ce vieux Stonewall est au travail". Pendant le petit-déjeuner ("café" de seigle torréfié, pain, et miel sauvage) auquel Lee a invité ses officiers, Stuart, von Borcke et le colonel Rosser reçoivent l’ordre de traverser la Rappahannock avec 2 régiments de cavalerie et de l’artillerie pour reconnaître la berge opposée, que les canons de Jackson viennent de nettoyer. Les Confédérés passent le gué de Cunningham’s Ford, et von Borcke, détaché en avant avec 60 hommes pour explorer la berge montueuse et boisée, constate les dégâts causés parmi les nordistes par les artilleurs de Jackson : un caisson unioniste en particulier a été touché par un coup au but, et les survivants ont jeté leurs armes et leur équipement pour fuir, abandonnant leurs cadavres et leurs blessés…Mais les nordistes se sont ressaisis, ils reviennent en force et engagent les artilleurs et le 5° Cavalerie de Virginie de Rosser : les batteries nordistes se positionnent, et l’infanterie envoie 2 lignes de tirailleurs au pas de course. Il est temps pour les sudistes de se retirer. Stuart ordonne à Von Borcke de galoper jusqu’à Rosser pour l’avertir du mouvement, mais au retour le prussien doit repasser devant la ligne de tireurs d’élite nordistes qui se sont rapprochés. Il a déjà essuyé leur feu , mais cette fois ils sont à moins de 100 yards… "Il n’est guère agréable, écrit von Borcke, de servir, sur une longue distance, de cible à des tireurs d’élite, et de compter, à chaque foulée de son cheval, les chances qu’on a de passer devant eux sans être touché" Les fédéraux sont si près que von Borcke peut entendre les exhortations de leur officier, "qui conseille à ses hommes de viser tranquillement, et de descendre cet impudent d’officier rebelle".von Borcke se jette dans un champ de maïs, dont les hautes tiges le cachent à la vue des ennemis, mais il les entend qui se rameutent derrière lui en hurlant. Il arrive au bord de la Rappahannock , mais constate que les fédéraux sont déjà au gué. Il ne lui reste plus qu’à éperonner son cheval et à se jeter "d’un saut formidable, dit-il, dans le courant profond, et à traverser à la nage, pendant qu’une grêle de balles frappe l’eau autour de moi". Le major prussien est accueilli avec des hourras sur l’autre rive, où Rosser et ses hommes parviennent aussi quelques heures plus tard, non sans avoir perdu plusieurs de ses hommes et 2 de ses officiers : il lui a fallu se tailler un passage dans les rangs nordistes.

Après le retour de la reconnaissance , le duel d’artillerie reprend par-dessus la Rappahannock et dure toute la journée, sans résultat notable [30]. Les nordistes utilisent de nouveaux obus qui sifflent en passant avec un sifflement aigu comme celui d’un "mocking bird" (oiseau Moqueur) , et "nos braves garçons sans souci ,note von Borcke, s’amusent à imiter ces mélodieux projectiles d’un bout de nos lignes à l’autre".

A l’occasion de la description de sa traversée périlleuse de la Rappahannock (une parmi tant d’autres) von Borcke écrit en note quelques lignes en souvenir de son brave cheval : "lui, dont la rapidité m’avait déjà sauvé à Verdiersville, mon excellent virginien d’un noir de jais, de taille moyenne, plein de sang et fortement bâti. C’est le cheval le plus vif et le meilleur sauteur que j’aie jamais monté. Sur lui, je pouvais tirer de ma selle aussi bien qu’à pied : il semblait comprendre qu’il lui fallait s’immobiliser, et se campait pour me permettre d’assurer mon coup, puis reprenait sa course à toute allure…".

22 août . Dès l'aube 2000 cavaliers sudistes, avec leur artillerie montée, sont en selle, et traversent la rivière Hazel, en direction d’un gué en amont sur la Rappahannock : Wellford's Ford. Ils ont pour mission d’y attirer encore une fois l’attention des nordistes, puis de s’éclipser et de partir opérer un raid. Au bord du gué les cavaliers confédérés soutiennent un bon moment le feu d'une troupe nordiste supérieure en nombre et en armement (qui leur tue de nombreux hommes) puis, quand les nordistes sont fixés et que Stonewall Jackson est arrivé en renfort, ils s'éclipsent, traversent la Rappahannock 8 miles en amont, à Waterloo Bridge, et arrivent à Warrenton, où ils sont reçus avec joie par la population. Ils ont contourné l'aile droite des fédéraux, et sont maintenant derrière les lignes ennemies : ils ont l'intention de capturer John Pope en personne, le général en chef des troupes fédérales, qui a son QG à Catlett's Station, sur la ligne ferroviaire "Orange and Alexandria Railroad".

Le soir approche, et un énorme orage crève, transformant les sentiers en torrents et estompant tout les repères derrière un rideau de pluie. Mais la fureur des éléments favorise les confédérés : toutes les sentinelles nordistes sont cueillies les unes après les autres par les éclaireurs, sans qu'aucune ait pu donner l'alarme. Les sudistes approchent ainsi en tapinois du camp ennemi.

Cependant von Borcke, toujours hyperactif, est parti à l'arrière de la colonne pour y transmettre un ordre, et au retour il lui "arrive, dit-il, une très amusante aventure". Alors qu’il passe devant une maison, il distingue un uniforme nordiste derrière les rideaux. Il court à l'entrée de la maison, ordonne qu'on lui ouvre, entend qu'à l'intérieur on traîne des meubles contre la porte, se rue contre elle, l'enfonce, et se trouve en présence d'un lieutenant nordiste, un beau jeune homme paralysé par la peur. Il sort son revolver, le braque sur le lieutenant, lui ordonne de se rendre. Mais une belle jeune femme apparaît, tenant un plateau chargé de verres et d'une bouteille, et elle s'interpose entre les deux hommes. Faisant mine de vouloir absolument offrir à boire au prussien, elle manœuvre pour que le nordiste, en s'abritant derrière elle, puisse se rapprocher d'une porte-fenêtre qui donne sur la campagne. von Borcke arme pointe alors son revolver sur la poitrine du jeune homme et tonitrue : "Madame, si vous ne pouvez vous séparez de cet ennemi de votre patrie, je vais vous le laisser, mais mort !". La jeune femme laisse alors von Borcke capturer le lieutenant, et il l’emmène malgré ses supplications et ses pleurs.

Sous les torrents de pluie et les roulements de tonnerre qui dissimulent parfaitement leur avance, les cavaliers sudistes s’alignent face au camp de l’état-major de John Pope , camp qui s’étend sur un mile le long de la voie ferrée. Au coup de clairon, ils foncent sur le camp, et sèment la terreur et la mort parmi les nordistes totalement surpris. von Borcke a pour mission d'aller directement à la tente de Pope, et de le capturer. Mais il se trouve que le général en chef des fédéraux est parti en reconnaissance : il avait d’ailleurs promis à qui voulait l'entendre, rappelle von Borcke, "qu'il tiendrait souvent ses conseils de guerre en selle [31]" . Le prussien ne peut capturer que les cartes, papiers, affaires personnelles, chevaux etc de Pope...Il garde à titre de prise de guerre personnelle une excellente paire de jumelles.

Cependant dans le camp fédéral "la scène, écrit von Borcke, était devenue fort excitante, et la confusion (qui est toujours la conséquence d’une attaque de nuit) était arrivée à son comble. Les troupes fédérales placées de l’autre côté de la voie ferrée (qui nous était moins facilement accessible) avaient récupéré de leur panique et, aidées de quelques compagnies de ceux qui se font appeler Bucktail Rifles [32] se mettent à diriger un feu nourri sur nos hommes qui, dispersés dans le camp, sont en train de piller et de brûler de tout leur cœur. Derrière nous nos réserves s’activaient à incendier les immenses dépôts, les wagons des trains et le pont du chemin de fer; et les flammes, s’élevant en même temps de cent points différents, rougissaient le ciel nocturne sombre et nuageux. Il était difficile de distinguer l’ami de l’ennemi. Les coups de feu partaient de tous les côtés, les balles sifflaient dans tous les sens, on ne savait ni qui frapper ni sur qui tirer, on ne savait pas si celui qui galopait là était nordiste ou sudiste". ...

CHAPITRE 10[modifier | modifier le code]

(Changement de base - Passage de la Shenandoah - Combats à Loudun et Fauquier - Passage de la Rappahannock - Combats entre les rivières Hazel et Rappahannock - QG près de Culpepper Court-House - Mon départ pour Richmond - Combats à Pothouse et Aldie - Réception à Middleburg.)

"Le général George McClellan, écrit von Borcke, aprés la levée de 400 000 volontaires engagés pour 9 mois, porta son armée du Potomac à 140 000 hommes , tous bien équipés, et se décida a avancer, ignorant que le commandement allait lui être retiré par le gouvernement de Washington". L'aile droite fédérale fait mine d'envahir la Virginie en passant le Potomac à Harpers Ferry, mais en fait l'invasion par le gros des troupes nordistes a lieu 15 miles en aval, près de la petite ville de Berlin [33]. Mais Lee, "bien renseigné, assure von Borcke, par sa cavalerie sur les mouvements de l'ennemi", commence en même temps à faire un mouvement parallèle, de l'autre côté des Blue Ridge Mountains ( dans les Appalaches du Sud), en direction de Front Royal; il a même un jour d'avance. Longstreet est à l'avant-garde et Jackson à l'arrière-garde garde les cols : les passes de Snicker, Ashby, et Chester. Quant à la cavalerie, sous Stuart, elle passera à Snicker's Pass, après avoir retardé et dérouté l'ennemi, et protégé le flanc (gauche ???) de l'armée confédérée.

Cependant les cavaliers de Stuart, toute nostalgie abolie, chevauchent gaiement [34] sous le vent du nord qui en cette fin d'octobre 1862 succède à la pluie : à Smithfield, accompagnés au banjo par Sweeney, ils prennent le temps de pousser une sérénade sous les fenêtres de l'accorte veuve qui avait reçu von Borcke. Il gèle sec quand ils arrivent tard dans la soirée à Berryville. Un habitant invite Stuart et sa suite à entrer chez lui, et ils mangent son jambon de Virginie devant un bon feu. Puis à minuit ils vont coucher dehors ( "attitude de principe,dit von Borcke, pour montrer notre solidarité avec la troupe") sous de vieux locust-trees [35] , La nuit est glaciale, claire, venteuse et étoilée. On fait de grands feux pour ne pas geler, et on s'endort. En plein nuit, tout le monde est soudain réveillé par un grand fracas : le pied d'un des vieux robiniers à moitié secs a pris feu, s'est consumé, et l'arbre , entraîné par la bise, vient de s'écrouler, heureusement sans écraser personne.

A l'aube, quand la diane sonne, tout est couvert de givre, et "les officiers frissonnants de notre famille militaire" (comme von Borcke appelle l'état-major de Stuart), sont tout heureux d'être invités à un solide breakfast chaud par un planteur du voisinage. D'ailleurs le chef de popote, le majestueux médecin-major du régiment, en profite pour acheter sur place une bonne quantité de jambons et de lard, provisions qui malheureusement "furent toutes, assure von Borcke, volées dans les 2 heures suivantes par quelques unes des canailles noires que nous traînions à notre suite".

Le soleil de l'été indien ("une saison particulièrement agréable en Amérique" note von Borcke) brille sur la rivière Shenandoah, qui coule majestueusement entre des falaises hautes de plusieurs centaines de pieds , ou sous le dais formé par les arbres rougeoyants qui couvrent ses rives , arbres immenses au point qu'ils entrelacent leurs branches au-dessus d'elle. "Le jaune pâle des noisetiers, dépeint von Borcke, contrastent avec le pourpre profond des chênes américains et des érables, et les vignes vierges apportent toutes les teintes du rose délavé au rouge vif. Dès le pied de la rive opposéee les contreforts des Blue Ridge élèvent leurs pentes boisées, et notre avant-garde est en train de s'y enfoncer, alors que le gros des troupes traverse la rivière, cependant que ça et là un soldat isolé fait boire son cheval, ou examine tranquillement ses armes.". ( IMG de gué + été indien...???????????????????).

Quand von Borcke arrive au sommet de la montagne, au col de Snicker's Gap, la scène est moins bucolique : les sudistes viennent de repousser une sévère attaque de la cavalerie nordiste, et les cadavres d'hommes et de chevaux jonchent la route. Il s'agissait d'une reconnaissance en force lancée par le gros de l'armée nordiste, qui n'avance lui-même que trés lentement [36], et n'a pas dépassé Leesburg. Les sudistes continuent à progresser dans le splendide paysage automnal de la région de Loudun [37], au milieu des champs de maïs, des vergers chargés de fruits et des fermes opulentes. On bivouaque à Upperville, où l'on trouve, tant pour les hommes que pour les animaux, abondance de vivres, et à trés bas prix : ici la guerre n'a pas exercé trop de ravages. von Borcke s'élève alors contre l'inefficacité du service central d'intendance de l'armée de Virginie XXXXXXX : il maintient ses troupes dans la pénurie, car il amène les appprovisionnements de Richmond par train jusqu'à Staunton , puis par Winchester en convois de chariots sur plus de 100 miles, alors qu'une contrée fertile est toute proche, et que ses ressources intactes seront utilisées par l'ennemi. Il suffit , s'insurge von Borcke, "d'avoir vu, et souffert avec les autres, les terribles privations des 2 dernières années de guerre, causées par la négligence et la mauvaise administration..." pour connaître les causes de la défaite du sud.

Le Dr Eliason, chirurgien-major du régiment, habite justement Uppervile, et il invite ses amis officiers. Et von Borcke s'attendrit sur la fille du chirurgien, qui est aveugle, sans savoir, dit-il, qu'il allait revenir dans cette famille XXXX mois plus tard, et dans des circonstances terribles pour lui.

Le 31 octobre, une heure après le lever du soleil, Stuart et ses officiers sortent de la maison du Dr Eliason, enfourchent leurs chevaux, galopent jusqu'au bivouac de leur troupe "et remuent leurs hommes : puisque Messieurs les Yankees ne nous trouvent pas, c'est nous qui allons les chercher.." jubile von Borcke. Et en avant vers Union (une petite ville entre Upperville et Leesburg) , "où l'on est sûr de les trouver". Arrivés à Union vers midi, Stuart lance des patrouilles, et apprend bientôt qu'il ya un gros corps de cavalerie fédérale à Aldie, mais qu'un escadron ennemi est arrêté à la ferme Pothouse, bien plus prés. Les cavaliers confédérés prennent des chemins de traverse, arrivent à la ferme, et se jettent sur les nordistes en poussant "leur cri de guerre Confédéré" [38]. Il s'agissait, dit von Borcke, "d'un escadron du 3° de Cavalerie de l'Indiana, un régiment que nous savions solide et courageux pour l'avoir souvent engagé auparavant". Mais là la surprise est complête, et aprés une brève mais courageuse résistance, les fédéraux survivants prennent la fuite. von Borcke n'a pu résister, dit-il, à se joindre à l'attaque et il est des premiers, avec le capitaine Farley, à poursuivre le commandant de l'escadron ennemi qui fuit à bride abattue devant eux. Quand ils lui crient de se rendre, l'officier fédéral se tourne et leur répond à coups de revolver . Aussi von Borcke éperonne son cheval pour le rattrapper, et , écrit-il, " je me dressais sur mes étriers pour lui asséner un grand coup de mon sabre, quand le revolver de Farley tonna, et le fugitif, touché dans le dos, tomba de son cheval dans la poussière".

Un peu plus tard, aprés la fin de l'engagement, von Borcke revient en arrière et retrouve dans le fossé l'officier ennemi, qui agonise. Il descend de cheval, l'assoit contre une barrière, et est trés étonné d'entendre le nordiste délirer : il se plaint, dit von Borcke, "que les rebelles qui l'ont tué veulent aussi le voler, et il jette sa montre, son argent et ses effets personnels sur la route, j'ai de la peine à les rassembler et à les lui rendre". von Borcke est encore plus surpris, lorsque l'officier le supplie de lui donner encore à boire : le bidon du blessé (un modèle spécial, de grande contenance) contient de l'eau-de-vie de pomme ! Et le chirurgien appelé en urgence , le Dr Eliason lui-même, qui vient se pencher sur le blessé, dit au major prussien  :" Cet homme est blessé à mort, et de plus en état de profonde ébriété. Il était du reste déjà intoxiqué avant d'avoir été blessé...". Quand le lendemain matin von Borcke ira à l'hôpital prendre des nouvelles du blessé, on lui apprendra qu'il est mort dans la nuit, sans être sorti de son ébriété [39] ; le major prussien enverra les effets personnels du mort à sa famille, en Indiana.

von Borcke ajoute ici en note une description de son ami le "capitaine" Farley : " Farley, qui servait Stuart en qualité d'aide-de-camp volontaire, était un jeune homme trés curieux. Il venait de Caroline du Sud, et était entré dans l'armée indépendemment de toute organisation militaire d'état. Stuart lui avait souvent proposé des promotions, mais il les avait toutes refusées, préférant se battre sans être soumis à des responsabilités, ou, comme on dit en Amérique "(pêcher avec) son propre hameçon [40]" . Il avait l'habitude de se lancer, tout seul, dans des patrouilles dangereuses. Il avait tué de sa main plus de 30 ennemis de sa patrie, et n'avait jamais reçu la plus légère blessure, jusqu'à la bataille de Brandy Station , au cours de laquelle un obus mit un terme à ses exploits héroïques en même temps qu'à sa vie. Farley était de taille moyenne, mais trés sec et solidement bâti, et trés endurant. Son visage était ouvert, ses traits tendres et presque féminins; vraiment, il était difficile, en voyant ce garçon au maintien modeste, aux longs cheveux blonds et aux doux yeux bleus, de reconnaitre le terrible dragon qui semait la terreur chez l'ennemi".

  • Captain Farley, who served as a volunteer aide-de-camp on the Staff of General Stuart, was a very remarkable young man. He was by birth a South Carolinian, but he entered the service quite independently of all State military organisations. Promotions and commissions had been frequently offered him by the General, but he refused them all, preferring to be bound to no particular line of duty, but to fight, to use an American phrase, " on his own hook." He was accustomed to go entirely alone upon the most dangerous scouting expeditions. With his own hand he had killed more than thirty of his country's enemies, and had never received the slightest injury, until June 1863, when, in the great cavalry battle at Brandy Station, a shell from a Federal battery terminated his heroic exploits with his life. Captain Farley was of medium stature, but he was sinewy, and strongly built, and capable of great endurance. His expression of countenance was singularly winning, and had something of feminine tenderness; indeed, it seemed difficult to believe that this boy, with the long fair hair, the mild blue eyes, the soft voice and modest mien, was the daring dragoon whose appearance in battle was always terrible to the foe.

La charge menée par von Borcke et Farley a emmené l'avant-garde confédérée jusqu'aux positions du gros de la cavalerie fédérale, au village d'[[Aldie. Les fédéraux s'ébranlent pour contre-attaquer, et von Borcke, qui a fait demi-tour et rejoint son régiment, les voit du haut d'une éminence : au nombre de plusieurs milliers, ils avancent en formation parfaite dans la plaine.

Les canons de Pelham, rapidement mis en batterie, ouvrent alors le feu sur les fédéraux, dont les batteries ripostent âprement. Les charges et les contre-charges de cavalerie se succédent, acharnées et indécises. Cependant à la nuit les nordistes lâchent pied et se réfugient dans les bois; et ils font bientôt retraite vers Leesburg. "Notre artillerie montée, écrit von Borcke, sous l'intrépide et énergique John Pelham (que j'ai eu si souvent l'occasion de mentionner dans ces mémoires) a rendu comme d'habitude d'admirables services en détruisant plusieurs canons ennemis, et a contribué grandement, par la terreur qu'il semait dans leurs colonnes, au résultat final du combat".

von Borcke ajoute ici en note quelques lignes sur John Pelham : "La fameuse "artillerie montée de Stuart" était composée de volontaires de plusieurs nationalités  : Anglais, Français, Allemands, Espagnols, et Américains. Beaucoup ne jouissaient pas de la meilleure réputation en arrivant sous notre drapeau, mais ils se distinguaient sur tous les champs de bataille, ils furent bientôt considérés dans l'armée comme un corps d'élite, et c'était un honneur recherché d'apartenir à leur corps. J'ai souvent vu ces hommes servir leurs pièces au plus fort du combat, riant, chantant, et plaisantant, sans prendre garde du tout aux dégats crées dans leurs rangs par la canonnade et la mousquetterie. Ils étaient absolument dévoués à leur chef Pelham, surnommé "le gamin héroïque"." Et von Borcke ajoute que ces artilleurs, le sachant ami intime de Pelham, le saluaient (que ce soit au combat ou sur la route) de hourras ou de quelques mots amicaux en Anglais, en Français ou en Allemand, et qu'il reçut nombre de leurs lettres ( plus ou moins bien écrites, mais touchantes) aprés la mort de son ami, alors qu'il était lui-même gravement blessé...

  • The famous " Stuart Horse Artillery " was made up of volunteers of many nationalities, and embraced Englishmen, Frenchmen, Germans, Spaniards, and Americans. Many of these men had not brought to the standard under which they served an immaculate reputation, but they distinguished themselves on every field of battle, and established such an enviable character for daring and good conduct that the body was soon regarded as a corps cFilite by the whole army, and it came to be considered an honour to be one of them. I have often seen these men serving their pieces in the hottest of the right, laughing, singing, and joking each other, utterly regardless of the destruction which cannon-shot and musket-ball were making in their ranks. They were devoted to their young chief, John Pelham, whom an English writer, Captain Chesney, justly styles " the boy hero".

Dans la soirée les confédérés, restés maîtres du terrain, quittent Aldie pour entrer à Middleburg. Stuart a demandé à von Borcke de galoper en avant pour faire apprêter le cantonnement. "Middleburg, écrit von Borcke, est une charmante localité de 1500 habitants qui, étant proche des positions fédérales, a beaucoup souffert du fait des honteuses atrocités commises par [[Milroy et Geary, ces voleurs yankees ". Les confédérés sont donc accueillis en libérateurs, et les dames et jeunes filles s'attroupent pour fêter le fameux général Stuart . Comme elles embrassent les basques de son uniforme et ses gants, il leur déclare : "Mesdames, ces baisers feraient mieux d'aller sur mes joues !...". Il est alors submergé.

Références[modifier | modifier le code]

  1. von Borcke a déjà plusieurs années de service dans l’armée prussienne en tant qu’officier : on peut donc penser que ses estimations sont proches de la réalité
  2. à Gettysburg , le 3 juillet 1863 Arthur Fremantle officier et étranger comme von Borcke, ému par les innombrables blessés, décrira lui aussi leur cohorte qui cherche à rejoindre les ambulances à l'arrière...
  3. il ne fera ensuite une semblable synthèse des évènements qu'à la fin du chapitre 3. Sur les causes probables de cette abstention, voir la note fin § 3
  4. "whip-poor-will" : onomatopée désignant l'engoulevent américain Caprimulgus vociferus. Son cri nocturne assez sinistre ressemble à la phrase « wip-poor-will » ("fouette le pauvre Will")
  5. plus connue comme "Jeb Stuart's first ride around McClellan'a army" (" la 1° cavalcade de Jeb Stuart autour de l'armée du Potomac) "
  6. vraisemblablement"White House" , propriété de la famille Lee, où von Borcke reviendra plus tard
  7. selon Wp english , McClellan fut démoralisé par la boucherie de la bataille de Seven Pines , par l'apparition des la "cavalerie à pied" ( voir l'article de WP english "Foot cavalry") de Stonewall Jackson, et par le raid de Jeb Stuart . Il souffrait aussi de forts accès de fièvre...
  8. les historiens de l’ACW s’accordent pour penser que la cavalerie nordiste n’a été au niveau de la cavalerie confédérée qu’après la bataille de Brandy Station ( XXXX juin 1863)
  9. von Borcke donne là l’un des premiers exemples notables de la conduite bravache de Stuart. Il aura l’occasion d’en décrire de nombreux autres, et son attitude vis à vis de son chef finira par passer au fil des mois de l’admiration inconditionnelle à l’exaspération, sans qu’il se départisse cependant d’une fidélité et d’une obéissance absolue à son chef
  10. von Borcke ne donne pas son nom
  11. la comparaison sera souvent utilisée en France 52 ans plus tard, au début de la guerre de 14-18, avant que l’uniforme bleu-horizon ne soit adopté…
  12. sur la participation des princes francais à la Guerre de Sécession XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
  13. von Borcke utilise une périphrase pour faire comprendre que c’est à la demande de ses amis pressés par la soif et la faim qu’il a dégainé son épée pour une aussi futile besogne : couper les branches d’un cerisier…[[ Faulkner ( cf XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX) montre pourtant un ex-officier de cavalerie sudiste fier de manier son sabre devant sa famille, pour couper les branches nécessaires à la confection d’une ombrière…
  14. c’est malheureusement (après celle du chapitre 2) la dernière fois que von Borcke écrit ce type de conclusion synthétique, soit qu’il s’estime ensuite incompétent - soit que les tracas quotidiens du service, qu’il assumera comme officier supérieur, l’aient empêché de prendre le recul nécessaire - soit qu’il observe un devoir de réserve – soit qu’il ait réalisé que des analyses trop lucides et des critiques écrites pouvaient lui être nuisibles : il avait vu comme l’espionite règnait…
  15. connu aujourd'hui comme "Harrison's Landing"
  16. von Borcke n'a donc pas vraiment participé à la fin de la Campagne Péninsulaire : privé de monture, il arrive à White House après le départ de McClellan - il accompagne ensuite Stuart qui (selon von Borcke) surveille la mise en sûreté du butin, puis opère des marches et contremarches à la poursuite des unionistes en retraite - et enfin les cavaliers gris arrivent alors que la bataille de Malvern Hill est terminée. von Borcke a cependant bien compris que Malvern Hill fut une grave défaite pour les sudistes (Lee lança son armée à l'assaut d'une position très puissamment dotée d'artillerie) - mais il ne mentionne pas l'erreur importante commise ensuite par Jeb Stuart : en tirant avec un seul petit canon de son artillerie montée depuis la hauteur de Evelington Heights sur le camp retranché unioniste de Harrison's Landing, il provoque une réaction immédiate de l'ennemi, qui monte occuper la hauteur
  17. chose curieuse, von Borcke ne mentionne pas que cette ferme appartient à une figure notable de la confédération : Edmund Ruffin , agronome, propriétaire d'esclaves, ardent défenseur du mode de vie sudiste traditionnel, qui est dit avoir tiré le premier coup de canon sur Fort Sumter (déclenchant ainsi symboliquement la Guerre de Sécession) et qui se suicida après la reddition de Lee à Appomatox. Par ailleurs le départ du Prussien pour Richmond a dû l'empêcher d'assister à une bourde notable de Jeb Stuart : le bouillant général monte sur Evelington Heights (une hauteur dépendant de la ferme Phillips et qui domine le camp de Harrison's Landing) avec un des canons de John Pelham (artilleur) et fait tirer quelques boulets sur les fédéraux. Ces derniers, ainsi avertis de l'importance stratégique de la colline, répliquent sans tarder en montant occuper la hauteur (voir articles de WP english  : "Edmund Ruffin" et "Battle of Malvern Hill" )
  18. , Le lieutenant-colonel anglais Arthur Fremantle , lui aussi, dit plusieurs fois dans son journal qu’il est choqué par l’indifférence dont les soldats confédérés font preuve vis-à-vis de l’uniforme
  19. la manœuvre est appelée limbering up et s’effectue en quelques minutes. Voir l’article John Pelham (artilleur) de WP française et l'article "Horse artillery" de Wp english]]
  20. qui préfigure celles qui auront lieu le 5 juin 1863 , puis le 8 juin, à Inlet Station, près de Brandy Station , et pour lesquelles Stuart sera si critiqué…
  21. laquelle conflue avec la Pamunkey pour former la rivière York
  22. ce qui prouve que le prussien est un homme d’épée : dans les mêmes circonstances, un américain aurait certainement plutôt déchargé sur le serpent le fusil de chasse placé à ses côtés pour la nuit …
  23. on sait que Stuart, emporté dans son raid vers Washington, n'est arrivé qu'à la fin de la bataille de Gettysburg , ce qui lui a été vivement reproché... Peut-être voulait-il dire "pendant la retraite et la fin de la campagne de Gettysburg..."
  24. erreur de von Borcke : la nouvelle balle Minié , plus rapide, plus précise, plus puissante et plus vulnérante permêt en outre des tirs à une cadence rapide et à très longue distance...
  25. von Borcke ne mentionne pas pour quelles raisons il n'a pas accompagné Stuart, manquant ainsi d'assister à la Bataille de Cedar Mountain , première défaite de l' éphémère Armée de Virginie (unioniste) conduite par John Pope ...
  26. il s'agit d'un gros chapitre : von Borcke décrit d'un trait toute la campagne de Virginie Septentrionale (août et septembre 1862) à la fin de laquelle [John Pope]] n'aura que le recours, après la seconde bataille de Bull Run de faire rentrer ses troupes à Washington, D.C.
  27. apparemment von Borcke ne savait pas que Mosby avait été l’organisateur du fameux "raid de Stuart autour de l’armée de McClellan" (appelé par von Borcke "expédition du Pamunkey"). Par ailleurs, selon l’article de WP english sur John Mosby , le scout (qui avait été capturé par les fédéraux puis rapidement relâché après quelques jours seulement de détention) avait fait son rapport le 19 juillet à Lee en personne : pendant sa détention à Hampton Roads il avait observé l’arrivée des renforts commandés par Ambrose Burnside , et ces révélations poussèrent Lee a se mettre rapidement en campagne avant que l’énorme appareil de combat nordiste ne s’organise et ne se mette en branle. Von Borcke, qui a chevauché avec Mosby pendant 48 heures, bivouaqué avec lui et échappé aux fédéraux en sa compagnie ne dit rien des activités du maître espion-guérillero…A-t-il été laissé dans l’ignorance par Stuart ? En tant que noble chevalier, méprisait-il le guerrier de l’ombre ? Ou était-il simplement jaloux de la faveur spéciale que Lee témoignait à Mosby ?
  28. certes Stuart récupérera la redingote de Pope prise à Cattlett Station, mais (selon l’article de WP english « Northern Virginia Campaign » , parmi ses papiers se trouvait son ordre de marche, qui tomba ainsi entre les mains du service de renseignements des armées nordiste. Stuart dût redoubler d’activité et de pugnacité, à la fois pour se venger et pour empêcher que les fédéraux n’aient le temps d’adopter des contre-mesures tactiques
  29. "buhwacking" : des cavaliers démontent et, de l'abri des fourrés, tiraillent contre les positions ennemies, en les induisant si possible à sortir de lers abris
  30. encore une manœuvre de diversion qui accapare l’attention des nordistes pendant que Lee fait manœuvrer ses troupes
  31. les vantardises de Pope ont indisposé jusqu'à ses propres officiers
  32. Selon Wp english le trophée bucktail( queue blanche du cerf de Virginie ) , qui avait été 50 ans auparavant le signe de reconnaissance des affidés de Tammany Hall , était porté au chapeau par les tireurs d'élite du 13° régiment de Volontaires de Pennsylvanie
  33. aujourd'hui XXXXXXXXXXXXXXXXXX
  34. von Borcke les qualifie de mercurial, ce qu'on peut traduire par "vif-argent" ...
  35. arbres de la famille des Gleditsia ou Robinia (robiniers faux-acacias)
  36. La ciconspection de McClellan était proverbiale - tout comme son respect du soldat (peut-être motivé par des préoccupations électoralistes visant l'élection présidentielle de 1864 ? ) était apprécié des troupes . Lincoln dira d'ailleurs : "Si le général McClellan n'utilise pas l'armée, pourquoi ne la lui emprunterais-je pas ? " (cf article de WPen sur XXXXXXX)
  37. noter la toponymie d'origine française dans cette partie des Appalaches : Loudun, Fauquier, F(r)ont Royal...
  38. appelé par les nordistes rebel yell. "A good yelling regiment ( "un régiment qui gueule bien") était une appréciation élogieuse
  39. Arthur Fremantle offrira sa fiasque de poche, contenant du run (rhum) , au général Longstreet , immédiatement aprés la Bataille de Gettysburg...Les jours précédant la bataille, Lee a fait détruire de nombreux tonneaux de whiskey - von Borcke parle aussi des effets nocifs de l'alcool de pomme, qu'il a constatés aprés la bataille de Seven Pines
  40. voir l'article de Wp en : "Gentleman ranker"