Tartessos

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 28 décembre 2014 à 17:24 et modifiée en dernier par Berdea (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Aire de diffusion de la civilisation de Tartessos

Tartessos est le nom donné par les Grecs à la première civilisation dont ils eurent connaissance en Occident. Héritière de la civilisation andalouse des mégalithes qui s’est développée dans le triangle formé par les villes actuelles de Huelva, Séville et San Fernando sur la côte sud-ouest de la péninsule Ibérique, elle eut pour axe le fleuve Tartessos, appelé Baetis par les Romains et Ouad el Kebir ("la grande rivière") par les Arabes (aujourd'hui Guadalquivir). Les habitants de Tartessos parlaient une langue et élaborèrent une écriture différentes de celles des peuples voisins, et connurent l'influence culturelle des Phéniciens et des Égyptiens par le biais des Phéniciens. Ils sont peut-être apparentés aux Berbères.

Situation

Lion ailé de bronze, certainement décor d'un trône (700-575 av. J.-C.)

Il n'est pas certain qu'il ait existé une ville de ce nom. La capitale du territoire d'expansion de la civilisation de Tartessos était probablement Turpa, l’actuel Port de Santa María, à l’embouchure du Guadalete. Est-ce Tartessos ? Si Tartessos est différente de Turpa, actuellement on en ignore l'emplacement, bien que soient parfaitement documentés d'autres sites le long du Guadalquivir, mais quoi qu'il en soit, la racine « tr » de « Turpa » relie ce nom à toutes les variantes de la dénomination Tartessos. Par ailleurs Turdetana est le nom latin de la province romaine d'Andalousie. Cette ville et sa civilisation existaient probablement dès avant l'an 1000 av. J.-C., vivant du commerce, de la métallurgie et de la pêche.

L'arrivée des Phéniciens et l'établissement de leur comptoir de Gadir (l'actuelle Cadix), stimulèrent certainement l'extension de leur commerce vers l'intérieur et l'intensification de l'exploitation des mines de cuivre et d'argent (Tartessos devint le principal producteur de bronze et d'argent de la Méditerranée) de même que la navigation vers les îles Cassiterides (mot venant du grec «kassiteros» étain), désignant les îles Britanniques ou, plus concrètement, les Sorlingues, d'où ils importaient l'étain nécessaire à la fabrication du bronze, même s'ils l'obtenaient déjà par lavage des sables en contenant.

Histoire de la cité

Les Tartessiens avaient une monarchie et des lois écrites sur des tables de bronze, depuis des temps immémoriaux puisqu'Hérodote parle de 6000 ans. Habis en fut le roi civilisateur. Fils de Gargoris, fondateur d’une dynastie qui se termine avec Arganthonios, du VIIe au VIe siècles av. J.-C., et dont le territoire s’étend tout le long du cours du Guadalquivir, Habis en est le roi-fondateur, ami des Grecs et protecteur des Phocéens. La légende de ce dernier rappelle celle de Géryon, pasteur de taureaux, mort par la volonté d'Héraclès. Il y figure comme inventeur de l'agriculture, celui qui attela les bœufs à la charrue, et organisa la société en établissant la domination d'une aristocratie.

Au VIe siècle av. J.-C., Tartessos disparaît brusquement de l'Histoire, certainement balayée par Carthage qui lui fit indubitablement payer son alliance avec les Grecs après la bataille d'Alalia. Selon certains, elle fut reconstruite, dans des circonstances assez obscures, sous le nom de Carpia. Les Romains appelèrent toute la baie de Cadix « Tartessius Sinus », mais le royaume avait déjà cessé d’exister.

Lorsque le voyageur Pausanias le Périégète visita la Grèce au IIe siècle (6, XIX, 2), il vit deux chambres dans le sanctuaire d'Olympie, que les gens d’Élis affirmèrent réalisées avec le bronze de Tartessos :

« Ils disent que Tartessos est un fleuve en terre ibérique qui se jette dans la mer par deux bouches et qu’entre ces deux bouches se trouve une ville du même nom. Le fleuve, qui est le plus grand d’Ibérie, et connaît la marée, est appelé plus récemment Baetis, et que d’aucuns pensent que Tartessos fut l’ancien nom de Carpia, une ville des Ibères »

— Pausanias le Périégète

.

La cité disparue

Le trésor d'El Carambolo

Si Tartessos n'est pas Turpa, alors les fondations de Tartessos sont perdues, probablement enfouies sous les sables qui ont comblé les anciens estuaires entre les dunes près de l’actuelle embouchure, unique, du Guadalquivir. Le delta du fleuve a été graduellement bloqué par une immense langue de sable qui s’étend du Rio Tinto, près de Palos de la Frontera jusqu'à la rive opposée à Sanlucar de Barrameda. Le site est maintenant protégé, formant le parc national de Doñana.

Le nom de El Carpio survit en un lieu situé dans un méandre du Guadalquivir. Quoi qu'il en soit, ce nom a été associé à son monument le plus caractéristique, une tour mauresque érigée en 1325 par le constructeur de l'Alcázar de Séville.

Dans la Bible, Tartessos est évoquée sous le nom de Tarsis, ou Tarshish. C'est le seul lieu de la Méditerranée occidentale à y être évoqué, et c'est au large de ses côtes que serait situé l'épisode de Jonas et du "gros poisson" (souvent supposé être une baleine)[1].

Bien qu'il y ait de nombreux vestiges archéologiques dans le sud de l'Espagne, comme le trésor d'El Carambolo, que l'on considère appartenir à la culture de Tartessos, la ville elle-même n'a jamais été retrouvée.

Le documentaire de la chaîne National Geographic : (en) Finding Atlantis avec le Dr. Richard Freund, sorti en mars 2011, associe clairement Tartessos à l'Atlantide. Des images aériennes du delta ensablé y révèlent une structure rectangulaire qui pourrait être un temple. Et dans les environs une centaine de pierres gravées de 3 cercles concentriques percés décrivent exactement la cité engloutie décrite par Platon. Certaines théories proposent alors que ces cercles soient d'origine plus récente.

Notes et références

  1. Jonas chapitre 2 verset 1. Tarsis est mentionnée ch.1, v.3.

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • (es) L. Abad, Consideraciones en torno a Tartessos y los orígenes de la cultura ibérica, Archivo Español de Arqueología n°52, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (es) Jaime Alvar et José María Blázquez, Los enigmas de Tartessos, Madrid, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (es) J. M. A. Blazquez, Tartessos y Los Origenes de la Colonizacion Fenicia en Occidente, Université de Salamanque, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (es) J. Chocomeli Galán, En busca de Tartessos, Valencia,
  • (es) F. Gonzalez de Canales Cerisola, Del Occidente Mítico Griego a Tarsis-Tarteso –Fuentes escritas y documentación arqueológica-, Madrid, Biblioteca Nueva, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (es) F. Gonzalez de Canales, J. Llompart et L. Serrano, El Emporio Fenicio-Precolonial de Huelva, ca. 900-770 a.C., Madrid, Biblioteca Nueva, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (fr) Michel Gras, Pierre Rouillard et Javier Teixidor, L'univers Phénicien, Paris, Hachette, Document utilisé pour la rédaction de l’article

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes