Stislas de Weitenmühle

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Stislas de Weitenmühle
Sceau de Stislas de Weitenmühle 1382
Biographie
Décès
Nom de naissance
Stislaus von Weitmühl
Activités
Famille
Statut

Stislas de Weitenmühle (Stislaus von Weitmühl en allemand ; Stislaw von der Witen Mulen en moyen-haut-allemand), mort en 1402, est un chevalier, grand-bailli d'Alsace (1386-1390) également à plusieurs reprises sous-bailli depuis 1352, ainsi que prêvot impérial de Haguenau. Il est le représentant fidèle de l'empereur Charles IV, puis de Venceslas en Alsace et se fait leur plénipotentiaire dans diverses résolutions de conflits ainsi que pour diverses charges souveraines dans la région.

Biographie[modifier | modifier le code]

Stislas[1] de Weitenmühle est issu de la famille noble bohémienne des Weitenmühle. Cinq frères Krabitz von Weitmühl sont venus de Bohème avec l'empereur Charles IV en Alsace au milieu du XIVe siècle pour l'administrer[2],[3].

L'empereur les dote d'un fief, celui laissé sans héritier direct par la mort en 1358 de Cunon de Wasigenstein, fils d'Engelhart de Wasigenstein, Schultheiss (prêvot impérial)[4] de Haguenau en 1314, qui avait lui-même hérité du fief des Marschall du château de Haguenau[5],[6]. Le fief est donné le à ces cinq frères, puis régulièrement reconfirmé[7]. Il consiste en divers biens haguenoviens, quelques maisons et moulins sis notamment au sein du château et en ville.

En 1352, Stislas de Weitenmühle apparait ainsi pour la première fois dans la région comme sous-bailli dans une charte de l'empereur Charles IV pour l'abbaye de Wissembourg. Il est alors lieutenant du bailli Hugues, comte de Hohenberg (1350-1353).

En 1357, de nouveau en cette fonction sous la direction de Bourcard, burgrave de Magdebourg, il prend et incendie sur l'ordre de l'empereur les villes de Seltz et Hagenbach avec les seigneurs d'Ochsenstein, les villes de Strasbourg, Haguenau et Wissembourg.

Au cours de l'année 1360, Stislas est cité dans plusieurs règlements de paix dans la région. Le , l'empereur lui donne l'ordre de se rendre en Italie pour régler un conflit entre Jean Galéas et le marquis Jean de Montferrat[8]. Le , il est de nouveau Schultheiss de Haguenau, et cité dans le contexte des traités de paix d'Erstein entre l'évêque, la ville de Strasbourg et les autres villes d'Alsace[9],[10],[11],[12],[13]. Le , il est l'intermédiaire entre la ville de Strasbourg et Henri de Fleckenstein le Jeune, et entre cette même ville et Reimbold de Fegersheim, tous deux bourgeois de Strasbourg[8],[14]. Il est alors cité en tant que « Landvogt », mais il n'est proprement que sous-bailli, de nouveau sous la direction de Bourcard de Magdebourg.

Le , Stislas, alors de nouveau sous-bailli d'Alsace, figure dans le traité d'alliance que firent à Colmar les États de l'Alsace contre les Anglais.

En 1370, de nouveau il est cité comme « bailli », mais il est véritablement sous-bailli, ainsi que « vicaire » du duc Venceslas de Luxembourg, frère de l'empereur, à qui le bailliage d'Alsace était alors mis en gage[15],[16].

Le , Charles IV écrit de Prague à Ulrich de Fénétrange, Landvogt d'Alsace, et aux villes d’Alsace, pour se joindre à Eberhard, comte de Wurtemberg, Landvogt de la Souabe inférieure, aux administrateurs de l'évêché et à la ville de Strasbourg, pour combattre les voleurs et les ennemis de la paix publique. Stislas de Weitenmühle devait porter la bannière de l'empire.

Le , il est nommé par l'empereur administrateur de l'évêché, du fait de la situation très endettée où l'avait mis l'évêque Jean de Lichtenberg.

En 1386, Venceslas fait mention de Stislas de Weitenmühle et de son fils Dietrich comme bailli d'Alsace, au sujet des juifs proscrits par lui à Colmar et dans d'autres lieux[17]. Jusque fin , Stislas et Dietrich assure un binôme père et fils en tant que bailli et sous-bailli d'Alsace. Dietrich occupe également pendant cette période la fonction de Schultheiss de Haguenau. La carrière politique de Stislas s'achève ainsi en 1390, et son fils Dietrich prend le relais.

Détail des fonctions[modifier | modifier le code]

  • 1352-1353 : sous-bailli d'Alsace
  • 1355-1356 : Schultheiss de Haguenau
  • 1355-1357 : sous-bailli d'Alsace
  • 1360 : Schultheiss de Haguenau
  • 1359-1363 : sous-bailli d'Alsace
  • 1367 : Schultheiss de Haguenau
  • 1369-1370 : sous-bailli d'Alsace
  • 1376-1377 : sous-bailli d'Alsace
  • 1381 : bourgeois de Strasbourg (Ausbürger)[18]
  • [19]-  : Schultheiss de Haguenau et sous-bailli d'Alsace
  • 1386-1390 : grand-bailli d'Alsace

Descendance et mort[modifier | modifier le code]

Avec Benignosa vom Huse[20], fille du Schultheiss de Mulhouse Dietrich vom Huse (1358-1360), veuve dès 1403 et au moins jusqu'en 1415, il a cinq fils et une fille : Dietrich, Martin, Wenceslas, Hans, Peter et Anna. Il meurt dans l'année 1402 ; son fils le plus âge resté en Alsace Hans hérite de son fief châtelain de Haguenau le [21].

Moulin de Dislach (Dischlachmühle)[modifier | modifier le code]

Moulin de Dislach à Haguenau
Moulin de Dislach à Haguenau

Haguenau comptait plusieurs moulins sur la Moder au Moyen-Âge et jusqu'au XIXe siècle. Mentionné dès le XIIIe siècle, le moulin Dischlach faisait partie d’un ensemble de six moulins médiévaux intra-muros, situés sur les deux bras de la Moder qui formaient l'île où se trouvait le château impérial. Le moulin Dischlach est construit à l'endroit où ils confluaient.

Dislach est la déformation du nom de Stislas : en effet, le moulin faisait partie du fief donné à Stislas en 1359, ce qui en fait le propriétaire du moulin. Celui-ci portait également le nom de Engelhardsmühle, du nom de père de Cunon de Wasigenstein, propriétaire du fief dont a hérité Stislas.

Les vestiges aujourd'hui visibles sur le Cours de la Décapole datent du XIXe siècle et comptent une roue à aube, des pans de murs et de fondations, mais aussi une partie du mécanisme de transmission. Avant sa démolition en 1978, le moulin a encore abrité une menuiserie. Ses vestiges ont été mis en valeur en 1980 sous le mandat du maire André Traband. Le cour a été rénové de 2007 à 2008.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ce prénom est d'origine bohémienne : Sdislaw, et se rencontre sous les formes Stislau, Stislaw, Dislaw, Tyßlaus, Sdislaw, Styslaus, Tißlaw, Bislaw. Un zèle francisant pourrait le faire transcrire par un Stanislas assez anachronique.
  2. Batt 1881, p. 339-340, et XVIII (généalogie).
  3. Kindler von Knobloch 1885, p. 68-69.
  4. En allemand, le terme est Schultheiss, en français écoutète.
  5. Batt 1881, p. 330-331 & 339-342.
  6. « Am Kaysersberg - JJ 42 / 1 | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  7. « Am Haguenau - JJ 225 / 44 | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  8. a et b Batt 1881, p. 337.
  9. Batt 1881, p. 336.
  10. Becker 1905, p. 248.
  11. Urkundenbuch des Stadt Strassburg : 5. Band. Politische Urkunden von 1332 bis 1380, (lire en ligne), chap. n°508, p. 425-427.
  12. « Ad 67 - G 128/1 | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  13. « Am Colmar - AA 52 / 5 | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  14. Schoepflin 1974, p. 234.
  15. « Gages », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  16. « Pfandherrschaft », sur Histoire du Saint-Empire – regards franco-allemands (consulté le )
  17. « Am Strasbourg-AVES - AA 107 / 37 | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  18. « Ausbürger — DHIALSACE », sur dhialsace.bnu.fr (consulté le )
  19. « Am Haguenau - AA 225 / 28 | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  20. « Benignosa vom Huse | SIGILLA », sur www.sigilla.org (consulté le )
  21. Batt 1881, p. 347.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • (de) Franz Batt, Das Eigenthum zu Hagenau im Elsass, vol. 1-2, Colmar, , p. 335-353.
  • Georges Bischoff, Noblesse, pouvoirs et société. Les pays antérieurs de l'Autriche (milieu XIVème - milieu XVIème siècle) (thèse en Histoire médiévale), Université de Strasbourg, , « Mobilité », p. 328-333.
  • (de) Joseph Becker, Geschichte der Reichslandvogtei im Elsass von ihrer Einrichtung bis zum Übergang an Frankreich (1273-1648), Strasbourg, Schlesier und Schweikhardt, , 267 p.
  • Victor Guerber, Histoire politique et religieuse de Haguenau, Rixheim, A. Sutter, , 2 vol.
  • (de) Julius Kindler von Knobloch, Der alte Adel im Oberelsass, Berlin, Julius Sittenfeld, (lire en ligne), p. 104-105.
  • (de) Julius Kindler von Knobloch, Das Goldene Buch von Strassburg, vol. 12, Jahrbuch der heraldischen Gesellschaft Adler in Wien, , 90 p. (lire en ligne), p. 68-69.
  • Ernest Meininger, « L'ancienne noblesse de Mulhouse », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, vol. 44,‎ , p. 65-169, ici p. 158.
  • Ernest Meininger, Les prévôts impériaux de Mulhouse, Mulhouse, Veuve Bader & Cie, , 59 p.
  • (de) Peter Moraw (de), « Die deutschen Könige des späten Mittelalters und das Oberrheingebiet - personengeschichtlich betrachtet », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, vol. 141 (nouvelle série 102),‎ , p. 1-20, ici 17-18.
  • (de) Roman von Procházka (de), Collegium Carolinum (Institut) (de), Ergänzungsband. Genealogisches Handbuch erloschener Herrenstandsfamilien, Munich, R. Oldenbourg, , 238 p. (ISBN 3-486-54051-3), « Weitmühl, von Weitmühle », p. 150.
  • Jean-Daniel Schoepflin (trad. du latin par Louis-Waldemar Ravenez, préf. Jean-Pierre Klein), L'Alsace illustrée, ou recherches sur l'Alsace... [« Alsatia illustrata »], t. V : Villes impériales. Généalogies, Paris, Palais-Royal, (1re éd. 1852), 901 p. (lire en ligne), « Généalogies historiques - Landvogt d'Alsace », p. 554-561.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]