Société d'anthropologie de Paris

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Société d'anthropologie de Paris
Histoire
Fondation
Cadre
Sigle
SAPVoir et modifier les données sur Wikidata
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Fondateur
19 personnes dont Paul Broca
Président
Aurélien Mounier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Publication
Site web
Identifiants
RNA
SIREN

La Société d’anthropologie de Paris (SAP) est une société savante fondée en 1859 par 19 personnalités scientifiques, dont Paul Broca. Son rayonnement s’impose rapidement, parallèlement à l’accroissement du nombre de ses membres. Reconnue d’utilité publique le , elle a pour but l’étude de l’histoire naturelle de l’Homme, c’est-à-dire l’origine et la diversité biologique de l’espèce humaine.

Les moyens d’action de la Société d’Anthropologie de Paris sont principalement la publication d’une revue scientifique internationale, les Bulletins et mémoires de la société d'anthropologie de Paris, ainsi que l’organisation d’une réunion scientifique annuelle, elle aussi de dimension internationale. Depuis 2021, la revue a décidé de confier la diffusion de ses bulletins et mémoires à OpenEdition Journals, avec un accès gratuit en intégralité dès la publication des manuscrits sans engendrer de frais de publication pour les auteurs (open access diamant). La SAP distribue également des prix scientifiques et tient chaque année, en jumelage avec la réunion scientifique, une conférence grand public.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation, membres fondateurs et membres de la première heure[modifier | modifier le code]

La Société d’Anthropologie de Paris (SAP) est fondée le 7 juillet 1859 à Paris. Son siège est au Musée de l’Homme. Elle a pour premier président E. Martin-Magron, chirurgien à l’hôpital de Bicêtre. Les 19 membres fondateurs sont Adrien Antelme, Jules Béclard, Jacques Bertillon, Pierre Paul Broca, Charles-Édouard Brown-Séquard, Henri de Castelnau[n 1], Camille Dareste, Louis Delasiauve, Eugène Follin, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Ernest Godard, Louis Pierre Gratiolet, Gabriel Grimaux de Caux[n 2], Jean-Casimir Lemercier[n 3], E. Martin-Magron, Étienne Rambaud, Charles Robin et Aristide Verneuil[1].

La même année, Ernest Berchon et Jean André Napoléon Périer (Joanny Périer)[n 4] deviennent membres eux aussi. Ils sont rejoints par Jacques Boucher de Perthes en 1860, Franz Ignace Pruner-Bey en 1861, Alexis Dureau[n 5], Paul Sébillot et Félix de Saulcy en 1863, Séverine Duchinska en 1865, Gabriel de Mortillet en 1866, Gustave Chauvet et Ernest-Théodore Hamy en 1867, François Daleau en 1875, Félix-Henri de Ranse, Arthur Chervin, Cyprien Issaurat en 1877[1].

Paul Broca (1824-1880) en reste le secrétaire général jusqu’à sa mort. Il est l'un des pères de l’anthropologie dans son acception “moderne”, c'est-à-dire, selon ses propres mots, s’intéressant à “l'étude du groupe humain dans son ensemble, dans ses détails, et dans ses rapports avec le reste de la nature”. Professeur de médecine, chirurgien et pathologiste, il identifie (dans l’aire qui porte désormais son nom) la localisation cérébrale du langage. Soucieux de quantification, il invente de nombreux instruments et indices anthropométriques ; il développe l’anatomie comparée des primates et est le premier à étudier l’Homme de Cro-Magnon (découvert en 1868). Il est parfois le reflet des préjugés de son temps (il croit en la hiérarchie des “races”) mais est aussi un homme engagé, évolutionniste convaincu, lié aux libres-penseurs, anti-esclavagiste et sénateur de la gauche républicaine.

La société d’anthropologie est la plus ancienne du monde à porter ce nom, signifiant que l’Homme est au cœur de ses préoccupations. Au départ, elle regroupe des disciplines qui ont acquis depuis leur propre autonomie (préhistoire, ethnographie, médecine légale, démographie, sociologie, etc.). Elle ne traite maintenant que d’anthropologie biologique mais elle a gardé sa position centrale, au carrefour des autres sciences. Sa spécificité est de placer  l’Homme biologique, au cœur de sa démarche qui est, avant tout, une approche inter-disciplinaire. Au cours de son existence, elle a su aussi, et c’est la preuve de sa vitalité, accueillir des approches nouvelles (biologie moléculaire, génétique et paléogénétique, imagerie tri-dimensionnelle, archéologie funéraire, auxologie, alimentation, etc.).

Lors de l'exposition universelle de 1900 à Paris, le docteur Léon Azoulay[2] effectue des enregistrements sonores de parlers et de musiques du monde entier, sur 411 cylindres de cires[3]. Une partie de ces documents linguistiques et ethnographiques est consultable[4].

Organisation[modifier | modifier le code]

Présidents[modifier | modifier le code]

Secrétaires[modifier | modifier le code]

Membres célèbres[modifier | modifier le code]

Fondations et prix[modifier | modifier le code]

Prix Godard

En 1865, Ernest Godard (membre fondateur) lègue une somme pour la fondation du « Prix Godard » par la Société d'anthropologie de Paris, récompensant des recherches originales sur l'anthropologie[10],[11]. Son testament indique que « Ce prix sera donné au meilleur mémoire sur un sujet se rattachant à l'anthropologie ; aucun sujet de prix ne sera proposé. » Il est décerné tous les deux ans, le jour de la séance solennelle de la Société. Sa valeur est de 500 francs. Les membres qui composent le Comité central de la Société d'anthropologie sont seuls exclus du concours. Tout travail couronné par une autre société avant son dépôt à la Société d'anthropologie, est aussi exclu. Il est décerné pour la première fois en 1865[12].

Prix Broca

Il y a aussi le prix Broca, fondé par Mme Broca en 1881, destiné à récompenser le meilleur mémoire sur une question d'anatomie humaine, d'anatomie comparée ou de physiologie se rattachant à l'anthropologie. Il est décerné tous les deux ans, le jour de la séance solennelle de la Société, et sa valeur est de 4 500 francs[13].

Prix Bertillon

Le prix Bertillon est décerné au meilleur travail envoyé sur une matière concernant l'anthropologie et, notamment, la démographie. Décerné tous les trois ans, le jour d'une séance solennelle de la Société, il a une valeur de 500 francs. Il est décerné pour la première fois en 1889[14].

La Société d'Anthropologie de Paris décerne toujours des prix récompensant des travaux de chercheurs en anthropologie. Depuis 2010, les anciens prix ont été supprimés et remplacés par deux nouveaux prix remis chaque année. Ces prix sont les suivants :

  • Le prix de la Société d'Anthropologie de Paris : Ce prix vise à récompenser un travail de thèse en anthropologie biologique, soutenu pendant l’année qui précède la date limite de candidature au prix. Cette thèse peut être rédigée en français ou en anglais. Ce prix est doté d’une récompense dont le montant, variable, est fixé chaque année par le Conseil d’Administration de la Société d'anthropologie. Le ou la lauréat/e du prix de la Société d’Anthropologie de Paris s’engage à publier aux bulletins et mémoires un résumé détaillé de sa thèse.
  • Le prix du meilleur poster : Ce prix est honorifique et récompense la meilleure communication affichée présentée pendant les journées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour Henri de Castelnau (29 mars 1813 - fin mars 1894), voir « Henri de Castelnau », sur cths.fr (consulté en ).
    Ne pas confondre avec Henri-Pierre Castelnau (1814-1890), militaire.
  2. Pour Jean Gabriel Isaac Grimaud de Caux (1800-1881), voir :
    • « Gabriel Grimaud de Caux (1800-1881) », sur data.bnf.fr (consulté en )
    • Gabriel Grimaud de Caux, Un épisode du passage de la république (Variété rouge) à Venise, , 38 p. (lire en ligne [sur books.google.mw])
    • Gabriel Grimaud de Caux, Physiologie de l'espèce, histoire de la génération de l'homme, Paris, Librairie encyclographique, , 12 pl. + 439 (lire en ligne [sur gallica]).
  3. Pour Jean-Casimir Lemercier (31 janvier 1795-21 septembre 1868), chirurgien, voir :
    • E. de Saint-Maurice Cabany (dir.), Notice nécrologique sur M. le Dr Jean-Casimir Lemercier, médecin et bibliographe (extrait de : Le nécrologe universel du XIXe siècle, 3e série), Paris, Musée biographique universel.
  4. a et b Pour Jean André Napoléon Périer (1806-1880, aussi appelé Joanny Périer), voir :
  5. a et b Alexis Dureau (1831-1904) est médecin et bibliothécaire de l’Académie de médecine. Voir :
  6. Pour Louis Gaussin (1821-1886), ingénieur hydrographe, voir [Guiot & Guigueno] Hélène Guiot et Vincent Guigueno, « Louis Gaussin (1821-1886) : hydrographe, linguiste, donateur » (communication au colloque « Hydrographier les lointains », musée du quai Branly-Jacques Chirac, 19 novembre 2020), Annales hydrographiques, vol. 1, 7e série, no 780,‎ , p. 9-26 (lire en ligne [PDF] sur diffusion.shom.fr, consulté en ).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b [Clermontel & Clermontel 2015] Danièle Clermontel et Jean-Claude Clermontel, Histoire scientifique, technologique et économique de la France, t. 2 : le XIXe siècle, éd. Edilivre (lire en ligne [PDF] sur pavemare.fr), « Sciences », p. 7.
  2. « Eliaou Azoulay », Base biographique, sur biusante.parisdescartes.fr (consulté en ).
  3. [Azoulay 1902] Léon Azoulay, « Liste des phonogrammes composant le Musée phonographique de la Société d'Anthropologie », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, t. 3, 5e série,‎ , p. 652-666 (lire en ligne [sur persee]).
  4. « Enregistrements sonores inédits collectés lors de l'exposition universelle de Paris en 1900 par le Docteur Léon Azoulay (linguiste français) de la Société d'Anthropologie de Paris (SAP) », 353 éléments, sur archives.crem-cnrs.fr, Archives sonores CNRS Musée de l'Homme (Centre de Recherche en Ethnomusicologie, LESC UMR 7186 (consulté en ).
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad et ae « Vie de la Société », 1891, p. xviii.
  6. « Mort de Ploix », L'Anthropologie, t. 6, no 1,‎ , p. 226-227 (lire en ligne [sur gallica]).
  7. « Société d'Anthropologie de Paris », Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VIIe Série, t. 9, no fascicule 1-3,‎ , p. 7 (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Statistique des Indiens de l'Amérique du Nord », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, vol. 3, no 1,‎ , p. 659–661 (DOI 10.3406/bmsap.1868.9891, lire en ligne [sur persee]).
  9. [Trucchio 2020] Aldo Trucchio, « Louis Simonin, ingénieur mineur et expert de la « race rouge » », Tangence, no 123 « Huronie représentée : mythologies et appropriations »,‎ , p. 71-85 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  10. [1865] M. Simonot, « Rapport sur le prix Ernest Godard », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, t. 6,‎ , p. 299-332 (lire en ligne [sur gallica]).
  11. « Biographie d'Ernest Godard », Chapitre 5 : Les voyages préparatoires / Godard, membre de nombreuses sociétés savantes, sur ernestgodard.wordpress.com (consulté en ).
  12. « Vie de la Société », 1891, p. xv.
  13. « Vie de la Société », 1891, p. xvi.
  14. « Vie de la Société », 1891, p. xvii.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Wartelle 2004] Jean-Claude Wartelle, « La Société d’Anthropologie de Paris de 1859 à 1920 », Revue d'histoire des sciences humaines, no 10,‎ , p. 125–171 (ISBN 2-912601-26-6, DOI 10.3917/rhsh.010.0125).
  • « Vie de la Société », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, t. 2, 4e série,‎ , p. 7-57 (voir p. xviii) (lire en ligne [sur persee]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]