Quatre poèmes, op. 3 (Roussel)
Quatre poèmes op. 3 (L 3) | |
Première page du Départ, op. 3 no 1 (éd. Rouart-Lerolle, Douze mélodies, 1921). | |
Genre | Mélodies |
---|---|
Musique | Albert Roussel |
Texte | Henri de Régnier |
Langue originale | français |
Effectif | chant et piano |
Durée approximative | 13 min |
Dates de composition | septembre-octobre 1903 |
Dédicataire | Mme Jeanne Raunay (no 1)Mlle Mary Garden (no 2)M. Maurice Bagès (no 3)Mme Albert Groz (no 4) |
Création | Société nationale de musique, Paris ( France) |
Interprètes | Jane Bathori (soprano),Alfred Cortot (piano). |
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Quatre poèmes, op. 3, est le premier recueil de mélodies pour chant et piano d'Albert Roussel, composé en 1903 sur des poèmes d'Henri de Régnier.
Présentation
[modifier | modifier le code]Textes
[modifier | modifier le code]Les textes des quatre mélodies sont d'Henri de Régnier : Roussel puise également dans sa poésie la matière des Quatre poèmes, op. 8 et de La Menace, op. 9[1].
Les poèmes sont extraits du recueil Les Médailles d'argile, publié en 1900 au Mercure de France[2].
Mélodies
[modifier | modifier le code]Albert Roussel compose ses Quatre poèmes en septembre et octobre 1903[1],[3] :
- « Le départ » — Assez lent, à
— dédié à Mme Jeanne Raunay ; - « Vœu » — Modéré, à quatre temps () — dédié à Mlle Mary Garden ;
- « Le jardin mouillé » — Modéré, doux et léger, à
— dédié à M. Maurice Bagès ; - « Madrigal lyrique » — Très modéré, à
et
alternés — dédié à Mme Albert Groz.
La partition est publiée par Rouart-Lerolle en 1910[2].
Création
[modifier | modifier le code]Les Quatre poèmes sont créés par Jane Bathori, accompagnée par Alfred Cortot au piano, lors d'un concert de la Société nationale de musique, le à Paris[1], salle Pleyel[2].
Analyse
[modifier | modifier le code]Les mélodies portent le numéro d'opus 3 et, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par la musicologue Nicole Labelle, le numéro L 3[4].
Guy Sacre ne considère pas les Quatre poèmes, op. 3 et op. 8, comme des cycles de mélodies mais « des recueils, à peine unis par la poésie de Régnier. À peine, car il n'est pas de poète plus versatile, dans le fond comme dans la forme[5] ».
Le départ
[modifier | modifier le code]Le premier poème, Le départ, évoque les « regrets du marin résolu qui a pour toujours quitté l'aimée[6] ».
Damien Top remarque que le thème de la mer ne pouvait qu'attirer Roussel, ancien élève de l'École navale, et souligne combien « l'itération rythmique traduit [...] bien le jeu des vagues[7] ».
Gilles Cantagrel voit dans cette mélodie la houle bercer le voyageur mélancolique, « sur une pulsation de croches à
», et note qu'une « formule rythmique syncopée introduite par une quinte descendante accuse ce mouvement de flux et de reflux du sentiment amoureux ; varié, il se retournera un moment à l'annonce d'une mort heureuse, l'amour au cœur[6] ».
Vœu
[modifier | modifier le code]Le deuxième poème, Vœu, est en rêve l'offrande à l'aimée « d'un paysage et de « la grande voix sourde de la mer qui se lamente »[6] ».
La mélodie présente un « récitatif flexible, par instants rompu en quasi parlando ». Pour Gilles Cantagrel, « les légers mouvements chromatiques de l'accompagnement et les triolets, souvent en trois-pour-deux, suggèrent quelque vague-à-l'âme latent sous l'apparente douceur[6] ».
Le jardin mouillé
[modifier | modifier le code]La troisième mélodie, Le Jardin mouillé, est « un joyau de l'œuvre de Roussel, et un sommet de la mélodie française[8] ».
Le poème est constitué de cinq quatrains, traités par le compositeur en « autant de petites scènes impressionnistes [dont] l'unité sonore [...] est assurée par un continuum de doubles croches staccato égrenant les minutieuses gouttes d'eau [...] régulièrement ponctuées par des quartes et des quintes creuses ». Gilles Cantagrel remarque que l'émotion croît (tempo plus animé, intervalles plus grands, harmonie plus modulante) jusqu'à la strophe médiane, « où il semblerait qu'une présence vienne briser la solitude mélancolique de celui à qui il ne reste plus qu'à se replier dans le silence[6] ».
Dans cette œuvre contemporaine des Jardins sous la pluie de Debussy, Damien Top admire le portrait tracé, « dont les gouttelettes ruissellent si délicatement[7] ».
Madrigal lyrique
[modifier | modifier le code]La dernière mélodie du cahier, Madrigal lyrique, rend hommage, en de « longues phrases alanguies », à « la belle inaccessible dans une déclamation très modérée[6] ». Trois cellules rythmiques au piano (croches, triolets, doubles croches) contrastent de façon plus ou moins serrées, « changeantes comme les climats du poème et les modulations qui donnent l'impression d'une improvisation[6] ».
La durée moyenne d'exécution de l'ensemble du cahier est de quatorze minutes environ[9].
Discographie
[modifier | modifier le code]- Albert Roussel : les mélodies (intégrale) — Marie Devellereau (soprano), Yann Beuron (ténor), Laurent Naouri (baryton), Billy Eidi (piano), Timpani 2C2064 (2001)
- Albert Roussel Edition (CD 8) — Kurt Ollmann (en) (baryton), Dalton Baldwin (piano), Erato 0190295489168 (2019)[10]
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Ouvrages généraux
[modifier | modifier le code]- Gilles Cantagrel, « Albert Roussel », dans Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dir.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1), p. 571-577.
Monographies
[modifier | modifier le code]- Caroline Bouju, « Catalogue des œuvres », dans École normale de musique de Paris, Jean Austin (dir.), Albert Roussel, Paris, Actes Sud, , 125 p. (ISBN 2-86943-102-3), p. 46–95.
- Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p.
- Damien Top, Albert Roussel : Un marin musicien, Biarritz, Séguier, coll. « Carré Musique », , 170 p. (ISBN 2-84049-194-X).
- Damien Top, Albert Roussel, Paris, Bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 53), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-062-0).
Notes discographiques
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- Bouju 1987, p. 71.
- Labelle 1992, p. 8.
- Top 2000, p. 50.
- Labelle 1992, p. 7.
- Sacre 2001, p. 6.
- Cantagrel 1994, p. 573.
- Top 2016, p. 41.
- Sacre 2001, p. 7.
- (en) Adrian Corleonis, « Poèmes (4) for voice & piano, Op. | Details », sur AllMusic (consulté le )
- Pierre Jean Tribot, « Albert Roussel, le coffret aux trésors », sur Crescendo Magazine, (consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives à la musique :