Minos

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Minos juge aux Enfers, illustration de Gustave Doré pour la Divine Comédie (1861-1865)

Dans la mythologie grecque, Minos (en grec ancien Μίνως / Mínôs), fils de Zeus et d'Europe (la fille d’Agénor), est un roi légendaire de Crète. Son nom a été donné à la civilisation minoenne, qui fleurit en Crète au cours du IIe millénaire av. J.-C.

Mythe

Minos naît en Crète avec ses frères Rhadamanthe et (selon les auteurs) Sarpédon. Il est élevé par Astérion, roi de l'île, à qui Zeus avait confié Europe. D'après le pseudo-Apollodore, il se dispute dans sa jeunesse avec ses frères pour l'amour d'un garçon, Milétos (ou Atymnios).

À la mort d'Astérion, il reçoit le trône de Crète ; il écarte alors ses frères du pouvoir. Il se marie avec Pasiphaé, fille d'Hélios. Il a pour enfants Ariane, Phèdre, Deucalion, Androgée, Glaucos, Catrée, Acacallis et Xénodicé.

Il a également des enfants illégitimes :

  • Euxanthios (avec Dexithéa)
  • Eurymédon, Néphalion, Chrysès, Philolaos (avec Paria)

Il est souvent représenté en roi et prètre de Zeus, venu du mont Ida avec les Dactyles[1]. Parfois on distinguait deux Minos : l'un, fils de Zeus et législateur du monde crétois,et juge des Enfers grecs ; l'autre, fils de Lycastes et petit-fils du précédent, qui aurait également régné sur le monde crétois. Un Minos serait mort en Sicile d'après Diodore où l'on voyait son tombeau, alors qu'il poursuivait Dédale. Une autre tradition assure qu'il serait mort à Kamikos, surpris dans son bain par les filles du Roi Cocalos roi de Sicile, qui l'auraient étouffé[2]. Probablement les deux faits seraient-il vrais, puisque nous ignorons s'il n'y a eu qu'un seul Minos[3]. Les poètes l'ont déifié, pour la vigueur avec laquelle il réprimait la piraterie dans les mers de Grèce[4].

Dans la plus connue de ses légendes, Minos implore Poséidon de lui offrir un superbe animal qu'il lui sacrifiera. À cette demande, Poséidon fait sortir des flots un magnifique taureau blanc que Minos trouve si beau qu'il décide de tromper le dieu : il l'épargne et immole une autre bête. Furieux de l'attitude de Minos, Poséidon rend le taureau fou et le fait dévaster les terres de Crète ; et à cause d' Aphrodite (ou Vénus en romain) Pasiphaé devient folle amoureuse du taureau . Celle-ci demanda alors à Dédale de lui confectionner une statue creuse de vache dans laquelle elle pourrait se placer et s'accoupler avec le taureau. De cet assemblage naquit le Minotaure. Minos, honteux et craignant que le peuple ne découvre ce monstre, confie à Dédale la construction d'un labyrinthe, dans lequel il le fait enfermer pour avoir participé à la création du minotaure. Après la mort d'Androgée, Minos assiégea Athènes et réclama, en guise de tribut, l’envoi de sept jeunes garçons et sept jeunes filles d'Athènes en offrande au Minotaure chaque année. Une année, parmi les sept garçons, il y eut Thésée, le fils d’Égée, roi d’Athènes, qui, sur les conseils d’une des filles de Minos éprise de lui, Ariane, parvint à tuer le monstre, et put quitter le labyrinthe en suivant un fil de laine, qui le guida vers la sortie. Minos, tenant Dédale pour responsable de cette fuite, le fit enfermer avec son fils Icare dans le labyrinthe, d'où ils s'enfuirent grâce aux ailes que Dédale fabriqua.

Ce mythe est parfois interprété comme la fin de la sujétion d’Athènes à la Crète.

De son règne reste l'image d'un souverain juste et bon, que son père prenait souvent comme conseiller ou confident. Après sa mort, il devient juge des Enfers avec Rhadamanthe et Éaque. Il s'occupe tout spécialement des gens qui ont été faussement accusés[5].

Archéologie

Selon une ancienne tentative des MAYA de lecture ne faisant pas l'unanimité dans la communauté scientifique, on trouverait sur une tablette en linéaire A, le groupe Mwi-nu ro-ja, interprété comme désignant le « roi » (ro-ja) Minos (Mwi-nu), dans une langue ancienne indo-iranienne. Le nom Mwi-nu, qui aurait abouti en grec à Minos, serait l'équivalent du Muni sanskrit, c'est-à-dire de l'ascète ou de l'ermite, l'un des caractères de Minos selon la tradition antique. Le titre ro-ja apparaît sur d'autres tablettes avec d'autres anthroponymes et, sur les tables à libation en pierre, toujours dans cette écriture, le même titre accolé au nom du principal dieu, Asirai, a-s-i-rai (qui serait probablement l'équivalent du védique Asura et de l'avestique Ahura)[6]. Les mythologues modernes pensent que Minos était probablement un titre, porté par les rois de Crète. Cette thèse est étayée par le fait qu'il est impossible que Minos petit-fils d'Agénor ait pu être le beau-père de Thésée ; le premier serait l'ancêtre du second.

Notes

  1. Ephore
  2. Pausanias VII 4,5 Schol.Pindar. Nem. IV,95 Hygin. fab. 44 ; Conon Narr 25, Ovide, Ibis,291
  3. Les marbres de Paros indiquent deux règnes distincts.
  4. Dictionnaire de Biographie, d'Histoire, de Géographie,des Antiquités et Institutions, par Ch. Dezobry et Th. Bachelet, Paris, 1889. Dictionnaire Encyclopédique Larousse, dit Nouveau Larousse Illustré, Paris, 1881.
  5. Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne], VI[Où ?].
  6. Voir à ce sujet Hubert La Marle, Linéaire A, la première écriture syllabique de Crète, vol. 4, Paris, Geuthner, 1996-2000.

Sources

Voir aussi

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  • (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, [détail de l’édition], p. 269-275.
  • La Marle (Hubert), Linéaire A, la première écriture de Crète, Geuthner, Paris : vol. 3, 1998, ch. XIV, la royauté et les assemblées, pp. 123-137
  • [1] sur le déchiffrement du linéaire A proposé par Hubert La Marle, et notamment sur la tablette mwi-nu ro-ja