Marquage au fer

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Marquage au fer d'un poney galicien

Le marquage au fer est une pratique consistant à appliquer sur une partie du corps un objet chauffé afin d'y laisser une forme particulière et durable, voire définitive.

Pratiqué entre membres d'un groupe ou en manière de tatouage, le marquage s'appelle le branding.

Chez l'animal

Marques en fer.

Origines

À l'origine, tout objet chaud ou brûlant, comme un tison ou un bâton, était utilisé pour marquer un animal. Avec l'essor de l'élevage en Europe au Moyen Âge, le marquage au fer rouge se développe pour identifier le propriétaire des animaux à peaux épaisses comme les vaches ou les chevaux.

Dans l'ouest américain, le marquage au fer se développe avec les cow-boys. L'outil utilisé est composé d'une tige de fer avec à son bout la marque du propriétaire du ranch. Cette marque unique sur les animaux permettait dans l'ouest américain un mélange des troupeaux lors des convoyages, sans risques de pertes lors de leur séparation.

De nos jours

Cheval marqué au fer

Le marquage au fer est moins commun que dans le passé. Cependant, le marquage a toujours des utilisations. En France et en Allemagne, le but principal est le marketing, et la promotion des animaux ainsi identifiés. Le but d'identification, prouver la propriété des animaux perdus ou volés, est devenu caduque avec la généralisation de la puce électronique[1]. D'après une étude de l'université de Göttingen, les acheteurs sont prêts à payer environ 12% plus cher pour un cheval marqué[2].

Aujourd'hui, le marquage à froid est également employé. Ceci implique de plonger le fer dans l'azote liquide -195,79 °Celsius (Les chevaux sont sous sédatif), créant une "marque de brûlure" (semblable à celle créée par une marque chaude). Là se forme une pigmentation de couleur et les racines du poil sont détruites. Le grand avantage de l'azote c'est que les poils repoussent blanc. Au fer rouge les poils ne repoussent pas. Une marque faite à l'azote se voit beaucoup plus le Quarter Horse et le paint sont marqués de cette façon.

En France, le marquage au fer était obligatoire pour les chevaux sortant en compétition d'élevage (cycles classiques) jusqu'en 2005[2]. Dans l'armée, une marque à l'encolure caractérisait les chevaux prématurément réformés[3]. En Camargue, le marquage au fer (appelé ferrade) est toujours utilisé pour identifier les bêtes des manades.

Plusieurs États de l'ouest des États-Unis ont des lois strictes concernant les marques au fer, y compris l'enregistrement de marque et les inspections exigées. Dans beaucoup de cas, une marque sur un animal est considérée à première vue comme une preuve de propriété.

Dans de nombreux pays, le marquage au fer a été remplacé par des étiquettes (boucles) fixées aux oreilles ou encore l'implantation de puces électroniques individualisées.

Chez l'homme

Origine

Le marquage au fer des hommes se pratique dans les contextes de l'esclavage, de la torture et l'emprisonnement et de certains groupes humains.

L'esclavage utilisa abondamment le marquage au fer rouge. La marque était utilisée pour désigner le propriétaire de l'esclave. L'esclave pouvait avoir autant de marques que de propriétaires consécutifs comme peut l'être une tête de bétail. Il devenait ainsi un bien pouvant être acheté et revendu pour toute fin pratique : travaux pénibles, domesticité, ou comme objet d'agrément.

La flétrissure était une peine afflictive et infamante d’Ancien Régime, consistant en une marque au fer rouge sur le condamné.

Le « Code Noir » français de 1685 instaurait le marquage au fer, d'une fleur de lys, comme châtiment envers les esclaves noirs fugitifs ou coupables de vol[4].

Des marques au fer étaient également employées comme punition pour les criminels condamnés, combinant la punition physique, les brûlures étant très douloureuses, avec l'humiliation publique (d'autant plus grande si la marque est sur une partie visible du corps) qui est ici l'intention première. Cette marque était une sorte de casier judiciaire indélébile.

La forme du marquage était souvent choisie comme code pour le crime.

Par exemple dans les prisons militaires canadiennes D pour la désertion, BC (Bad Character) pour le mauvais caractère, la plupart des hommes marqués étaient envoyés dans des colonies éloignées.

En 1810, le Code Pénal français prévoyait le marquage sur l'épaule droite du condamné d'un signe distinctif de sa faute : T pour les travaux forcés, TP pour les travaux à perpétuité et F pour les faussaires. Cette pratique est abolie par la loi du , ce qui conduit la police française à développer l'anthropométrie judiciaire qui débouche sur le bertillonnage mis au point en 1879[5].

Un marquage pouvait être requis lorsqu'une condamnation était réduite légalement, avec ou sans délai, à un statut de prisonnier esclave, comme sur les galères (marqués GAL en France), dans une colonie pénale, ou vendu aux enchères.

Initiation

Généralement volontaire, mais souvent sous une forte pression sociale, le marquage au fer est employé comme forme douloureuse d'initiation testant la résistance et la motivation (rite de passage) du sujet.

De plus, c'est une marque permanente d'adhésion, principalement dans les cercles violents masculins.

Le Branding est ainsi pratiqué par :

Sado-masochisme

Dans des rapports extrêmes de domination et de soumission du BDSM, un esclave volontaire peut désirer ou accepter être marqué pour signifier son appartenance ou son engagement (probablement plus à la pratique qu’au maître).

Esthétiques

Toronto, ON. Modern strike branding by Blair, 2005. Dylan Hayward

Le marquage au fer est aussi une méthode volontaire et personnelle de modification corporelle et entre dans le cadre d'une démarche esthétique, parfois identitaire. La pratique du marquage au fer est généralement nommée branding par les adeptes des modifications corporelles.

Il est courant de rencontrer des porteurs de branding arborant des tatouages, voire d'autres modifications corporelles.
Exemple avec Glen Benton, chanteur du groupe Deicide qui arbore une croix renversée sur le front (signe de rejet du christianisme)

Personnages célèbres

Milady de Winter, personnage de fiction, agent du cardinal de Richelieu dans le roman Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, est marquée d'une fleur de lys, signifiant qu'elle fut voleuse et ainsi condamnée à la peine capitale.

Controverses

Le marquage au fer est controversé, pour des raisons évidentes de douleur ressentie, et peut-être considéré comme un acte de cruauté, ou une « souffrance au nom de la tradition et du marketing ». Chez le cheval, dont la sensibilité à la douleur a été longtemps niée, le marquage au fer rouge entraîne une exposition de la peau à une chaleur de 700 degrés[1]. Les études vétérinaires révèlent que le cheval marqué au fer garde une température corporelle plus élevée de 4°C le jour de son marquage, et de 2 à 4°C les six jours suivants. La partie du corps qui a été marquée présente les lésions typiques d'une brûlure au troisième degrés, avec des chairs nécrosées. De nombreuses oppositions au marquage des animaux au fer ont lieu dans toute l'Europe. En France, la pratique a cessé chez les races Selle français et Anglo-arabe suite à l'utilisation de la puce électronique d'identification, mais elle perdure pour la race Camargue[2]. En Allemagne, une campagne anti-marquage a failli aboutir à son interdiction chez la race du Hanovrien, mais la fédération équestre allemande est parvenue à rassembler une pétition pour la faire conserver[1]. L'utilisation du marquage au fer pour identifier les animaux et les prémunir contre le vol est considérée comme peu fiable, puisque selon la chercheuse Manuela Wulf, 60 % des identifications individuelles de chevaux par un comité d'experts échouent avec le marquage au fer, tandis que la lecture d'une puce électronique est fiable à presque 100 %[2].

Notes et références

  1. a b et c Lessé-Laserre 2014, p. 64
  2. a b c et d Lessé-Laserre 2014, p. 65
  3. Manuel d'hippologie, éditions Charles-Lavauzelle
  4. art 36 et 38 du Code Noir de Louis XIV (1685)
  5. Aux origines de la police scientifique. Alphonse Bertillon, précurseur de la science du crime, Karthala Editions, , p. 169

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Christa Lessé-Laserre, « Marqués au fer », Cheval magazine, no 506,‎ , p. 64-65