La Femme abandonnée

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La Femme abandonnée
Image illustrative de l’article La Femme abandonnée
Publication
Auteur Honoré de Balzac
Langue Français
Parution Drapeau de la France France, 1833,
dans La Revue de Paris
Recueil
Scènes de la vie privée de La Comédie humaine
Intrigue
Genre Étude de mœurs
Lieux fictifs Paris
Personnages La vicomtesse de Beauséant
Gaston de Nueil
Nouvelle précédente/suivante

La Femme abandonnée est une nouvelle d’Honoré de Balzac, parue en 1832 dans La Revue de Paris, publiée en volume en 1833 dans le tome II des Scènes de la vie de province des Études de mœurs aux éditions de Madame Béchet. Rééditée en 1839 aux éditions Charpentier, puis en 1842 dans l’édition Furne avec une dédicace à la duchesse d’Abrantès. Elle figure alors dans les Scènes de la vie privée.

Résumé

La vicomtesse de Beauséant, après une aventure malheureuse avec le marquis d'Ajuda-Pinto qui l’a abandonnée, s’est réfugiée dans un château de Basse-Normandie, à Courcelles où elle vit en solitaire.

Désormais murée dans son château de Courcelles, refusant toute invitation, limitant les visites, elle se tient à l’écart du monde. Et pourtant on ne parle que d’elle dans la région. Sa mystérieuse personnalité et les affabulations sur ses aventures lui valent une réputation de personne hors norme. Le jeune Gaston de Nueil, envoyé en convalescence dans sa famille hautement aristocratique, s’ennuie fermement en leur compagnie. Et le jeune homme est très intrigué par cette fameuse vicomtesse dont tout le monde parle mais qu’on ne voit jamais. Il tourne autour de son château, observe, se décide à entrer, et, bien que le valet lui signifie que madame n’est pas visible, il force sa porte. Gaston de Nueil est aussitôt ébloui, intimidé. Là se trouve le vrai raffinement féminin selon lui. La vicomtesse le reçoit fraîchement, mais elle a gardé tout son pouvoir de séduction et Gaston tombe sous le charme. La vicomtesse résiste avec une fermeté élégante aux innocents témoignages d’amour du jeune homme et, pour lui échapper, part en Suisse où Gaston la rejoint. Les deux amants vivent alors neuf années magnifiques qui font oublier à la vicomtesse sa terreur de l’abandon. Pourtant, on destine Gaston à une jeune fille inintéressante, mais de haute fortune. Il lui faudrait refuser cet arrangement familial. Mais la vicomtesse le provoque, lui montrant son intérêt pour son avenir, faisant valoir leur différence d’âge. Tout cela naturellement, dans l’espoir que Gaston abandonnera l’idée du mariage et lui reviendra. Malheureusement pour elle, Gaston suit le conseil de la vicomtesse et, ultime humiliation, il lui fait connaître sa décision par lettre au lieu de lui rendre visite.

Madame de Beauséant est donc abandonnée pour la deuxième fois. Gaston, lui, comprenant qu'il a sacrifié la passion pour la quiétude bourgeoise, tentera de renouer avec madame de Beauséant, mais en vain. Celle-ci lui renverra cependant sa lettre et menacera même de se défenestrer lorsque Gaston, abandonnant sa femme subitement alors qu'elle s'emploie laborieusement au piano, viendra la solliciter. Sans faire aucun cas de son épouse, qui est un personnage complètement absent da cette nouvelle, il se suicide. Le narrateur nous indique que s'il a agi ainsi, c'est parce qu'il avait sacrifié l'amour pour le confort d'une "situation"[1].

Thème

La nouvelle oppose la passion amoureuse au confort et à la quiétude d'une petite vie bourgeoise monotone.

Pour comprendre l'importance de la vicomtesse de Beauséant dans La Comédie humaine, il faut l'avoir vue évoluer dans le monde parisien. Dans Le Père Goriot, ce personnage était LA référence parisienne, LE Salon où il fallait être invité pour faire partie du « beau linge ». C'est elle qui a initié son parent Eugène de Rastignac aux subtilités de la vie parisienne, lui présentant Delphine de Nucingen, fille cadette du vieux Goriot qu'elle finit par inviter, après bien des refus, le soir même de son bal d'adieu à Paris. Ce bal où elle brille malgré son chagrin sera le dernier avant son exil, car son abandon par le marquis lui sera une humiliation insupportable.

Notes et références

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (it) Loredana Bolzan, « Segreti e bugie: Balzac sul cuore femminile », Rivista di Letterature Moderne e Comparate, Jan-Mar 2005, n° 58 (1), p. 33-57.
  • Janis Glasgow, « Une Esthétique de comparaison: Balzac et George Sand : la Femme abandonnée et Metella », Paris, Nizet, 1978.
  • (en) David W. P. Lewis, « Between the Sheets: The Perils of Courtship by Correspondence in Balzac’s La Femme abandonnée », Nineteenth-Century French Studies, Spring-Summer 1996, n° 24 (3-4), p. 296-305.
  • Anne-Marie Meininger, « La Femme abandonnée, L'Auberge rouge et la duchesse d’Abrantès  », L'Année balzacienne, Paris, Garnier Frères, 1963, p. 65-81.
  • Charles Dantzig, «Dictionnaire égoïste de la littérature française», Le livre de poche 2008 p 71 : «la femme abandonnée» y est citée comme «le Balzac préféré de Marcel Proust», au même titre que «L'illustre Gaudissart»