Henri Grossin

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Henri Grossin
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activité
Conjoint
Germaine Réglat
Enfant
Henriette Grossin

Gabriel Auguste Henri Grossin (né le à Paris et décédé le à Marchémoret, en Seine-et-Marne), est un architecte français, actif au Chili entre 1907 et 1914.

Il est mieux connu au Chili sous le nom d'Enrique Grossin, et est lié à des bâtiments emblématiques du Santiago de son époque, comme le palais Claudio Matte, le Musée National de Beaux-Arts (MNBA) ou le Club de l'Union.

Biographie[modifier | modifier le code]

Portrait d'Henri Grossin, militaire.
Monument à la gloire.

Henri Grossin naît à Paris d'une famille originaire du département de l'Aube, près de Troyes, en France. Il est élève à l'École des arts décoratifs de Paris, lorsqu'il s'engage en 1905 pour son service militaire au 228e Régiment d'infanterie. Il est libéré en avec le grade de caporal. À la fin de ses études, il part pour le Chili, probablement en 1907, à 22 ans à peine, où il exerce son métier d'architecte pendant près de 7 ans. Il se marie en 1910 à Santiago avec Germaine Réglat (1888 à Cocumont — 1966 à Santiago), immigrée au Chili avec ses parents au début des années 1890. Ils ont une fille Henriette (1912 à Santiago — 1994 à Bayonne), qui s'est mariée en 1937 avec Jacques Simonet, avocat à Bayonne.

Le , à 29 ans, il se présente au consulat de France à Santiago pour être mobilisé. Il part sur le front fin 1914, où il restera plus de 2 ans dans le 228e régiment d'Infanterie, dans la Somme puis dans la Marne. En juin 1915, il prend le « boyau Von Eulenbourg » et la « Salle des Fêtes » avec son régiment : il est cité à l'ordre de sa Division. Il est blessé sur la butte de Tahure en . Il est souvent affecté à des tâches d'observation.

Il est muté dans l'aviation le dans la 88e Compagnie Aéroportée pour observer et rendre compte des positions ennemies[1]. Il décède le lors d'une reconnaissance en avion (un Caudron G4) au-dessus de Marchémoret, en Seine-et-Marne[2]. il est enterré au cimetière des aviateurs à Ermenonville, dans l'Oise. Le lieutenant Henri Grossin est décoré de la Croix de Guerre avec palme à titre posthume, et fait Chevalier de la Légion d'Honneur par un décret du .

Œuvre[modifier | modifier le code]

Projet gagnant de Grossin pour le bâtiment du Club de l'Union.

Henri Grossin a accompli son œuvre au Chili entre sa 23e et sa 29e année. Il a été l'auteur des plans de la maternité de l'Hôpital San Vicente de Paul, qui a commencé à être bâtie 30 ans après l'inauguration de cet établissement sanitaire, duquel il reste uniquement la chapelle (situé dans le José Joaquín Aguirre). L’œuvre, paralysée pendant des années, a été terminée par l'architecte Ricardo Larraín Bravo[3].

Comme principal collaborateur d'Emilio Jécquier dans le projet que se concrétiserait en 1910 dans le palais de Beaux-Arts, siège du MNBA, Henri Grossin a consolidé sa renommée en Chili. La même année, Henri Grossin participe à un autre projet collaboratif, cette fois avec le sculpteur Guillermo Córdova : le Monument à la gloire, édifié pour la commémoration du centenaire de la Déclaration de l'Indépendance du Chili par la colonie française comme don au pays que les a accueillis[4].

Le palais Matte (rue Compania 1413), qui a été déclaré Monument historique en 1995, appartenait à l'origine à Rafael Barazarte : son style italien et ses cours de marbre ont captivé Claudio Matte, que l'a acheté en 1892, mais a décidé ensuite de le remodeler. On lui a recommandé Henri Grossin, qui en 1910 a fait le projet en unissant les cours autour d'une salle (hall) de distribution avec un puits de lumière, en même temps qu'il a créé des nouveaux salons (bibliothèque, bureau, une salle de jeux et une autre pour des rencontres mondaines). Du logement de Barazarte, il a conservé deux pièces : la salle à manger (avec plafond à caissons, boiserie et cheminée de marbre noir) et la salle de danse (ovale, décorée de gypseries Louis XV, miroirs vénitiens et un parquet à motifs). La demeure a été dotée, en plus, d'un garage pour automobile (un des premiers avec un semblable espace à Santiago) et une salle téléphonique. Le palais Matte appartient aujourd'hui à l'université du Chili, que l'a acheté en .

Parmi les mérites architecturaux de la maison, Gertrudis Muñoz souligne la grande lucarne du hall central cité plus haut, en expliquant que Grossin « a transformé la première cour en une imposante cour à l'échelle monumentale, et a placé un dôme de verre dépoli épais, avec une ornementation de copihues, la fleur de couleur rouge, et les guirlandes vertes des feuilles[5]. »

Un autre bâtiment lié au nom de Grossin, qui aujourd'hui appartient à la déjà citée Maison d'études est l'École d'Ingénierie, située à Beauchef 850, dans l'ancienne rue Benavente. Le , ont commencé les travaux de cet immeuble, dont la conception est confiée à Grossin. Mais pour diverses raisons, notamment techniques, la construction a été retardée. Il fut achevé 5 ans après la mort de Grossin, en 1922, sous la direction de l'architecte Alberto Schade[6],[7].

Pour la construction du nouveau siège du Club de l'Union sur le terrain acheté en 1912, un concours a été organisé entre les huit cabinets importants d'architecture d'alors. La première place a été obtenue par le projet d'Enrique Grossin, qui part à la guerre en 1914, sans voir pu commencer les travaux. La construction a été confiée à Alberto Cruz Montt, qui avait remporté la deuxième place. Cruz Montt incarne finalement un projet différent de celui qu'il y avait présenté et incorpore des éléments du projet de Grossin.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « GROSSIN Gabriel - Mémoire des hommes : Base des Personnels de l'aéronautique militaire », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  2. « GROSSIN Gabriel - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  3. (es) « Hospital San Vicente de Paul », sur Archivo Fotográfico de la Dirección de Arquitectura, s/f (consulté le ).
  4. (es) « Pedro Emilio Zamorano y Patricia Herrera Styles », sur Dirección de Bibliotecas, Archivos y Museos, Museo Nacional de Bellas Artes, Museo Nacional de Bellas Artes: Historia de de su patrimonio escultórico, (consulté le ), p. 63.
  5. (es) Getrudis Muñoz, Anales de la Universidad de Chile, , chap. 107-108.
  6. (es) Patricio Cofré A., « Facultad de Universidad de Chile en Beauchef comienza a cambiar su cara en septiembre », sur La Tercera, (consulté le ), p. 50.
  7. (es) « Escuela de Ingeniería Universidad de Chile », sur Archivo Fotográfico de la Dirección de Arquitectura, s/f (consulté le ).