Héléna Fournier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Hélène Fournier)
Héléna Fournier
Portrait illustré de Héléna Fournier, réalisé par Mary Christides (2023)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 89 ans)
RochecorbonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
PellautVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Tours (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Membre de
Conflit
Lieux de détention
Distinction

Héléna Fournier, née Héléna Pellault le à Cussay en Indre-et-Loire et morte le , est une figure de la résistance d'Indre-et-Loire[1], où elle joue un rôle actif d'aide aux passages clandestins de la ligne de démarcation qui sépare en deux le département du début de l'été 1940 au . Elle est déportée à Auschwitz le dans le convoi des 31000 dont elle est la seule rescapée des vingt Tourangelles déportées dans ce convoi.

Biographie[modifier | modifier le code]

Née le à Cussay en Indre-et-Loire, Héléna Antoinette Louise Pellault est la fille d'un maréchal-ferrant, socialiste et laïque. Elle se marie et prend le nom de son mari, Fournier[2]. Le couple tient une épicerie à Tours au 98, rue Febvotte.

Rôle dans la Résistance[modifier | modifier le code]

Pendant la Seconde Guerre mondiale elle s'engage dans le réseau résistant Libé-Nord. L'épicerie qu'elle tient sert de lieu de transmission de messages circulant dans le réseau. Elle héberge et aide des personnes clandestines, en fuite ou recherchées pour leur activité dans la Résistance.

Le convoi des 31000[modifier | modifier le code]

Elle est arrêtée sur dénonciation le . Elle est emmenée à la prison de Tours où le matricule 1183 lui est attribué. Elle y reste jusqu'au , en compagnie de vingt autres Tourangelles. Elles sont ensuite emmenées au camp allemand de Romainville[3],[4] en Seine-Saint-Denis dans la commune des Lilas. Elle y est détenue avec Élisabeth Le Port. Les prisonnières sont transférées au camp de Royallieu, puis sont déportées au camp d'Auschwitz dans le convoi dit des 31000[5],[6] du , qui comprend 230 femmes et 1 530 hommes[1],[7],[8].

Détention à Birkenau et à Ravensbrück[modifier | modifier le code]

Elle est détenue avec ses campagnes tourangelles à Birkenau.

Auschwitz - Baraquements et barrières du camp d'Auschwitz.

Rachel Deniau, Mary Gabb qui meurt le jour de son arrivée à Birkenau, Germaine Jaunay et Élisabeth Le Port entre autres l'accompagnent. Élisabeth Le Port la décrit comme peu partageuse dans sa correspondance[1]. Alors qu'elle tente de réconforter Germaine Jaunay, cette dernière lui rétorque « Pourquoi rentrer, pour être battue? ». Quant à Rachel Deniau, son nom figure sur la stèle en mémoire des déportés à Amboise, et une rue porte son nom à La Croix-en-Touraine. Après son arrivée à Birkenau, elle contracte le typhus et travaille dans les commandos. En , elle reste la seule Française des commandos de Birkenau, les autres étant détenues à Raïsko, camp annexe situé à proximité, ou sont mortes. Elle réussit à se faire admettre au revier, nom allemand du baraquement destiné aux prisonniers malades des camps, comme nettoyeuse grâce à Marie-Claude Vaillant-Couturier. Le , elle est transférée au camp de Ravensbrück, puis au camp de Mauthausen le .

Femmes au travail au camp de Ravensbrück en 1939.

Liste de Tourangelles déportées avec Héléna Fournier[1][modifier | modifier le code]

  • Francisca Goutayer, dite Cica, matricule 31780, serveuse au restaurant Parisien à Tours, dénoncée par Antoinette Bibault, morte au revier de Birkenau en [1],[9].
  • Marie Louise Gabb, née Thomas le à Amboise[10] et morte le [8].
  • Rachel Deniau, matricule 31773, née le à la Croix-de-Bléré, factrice, morte au revier de Birkenau le [11].
  • Germaine Jaunay, matricule 31782, née Mouzé le à Francueil, au lieu-dit « La Bergerie », tante de Rachel Deniau, morte au revier de Birkenau âgée de 53 ans[12].
  • Marcelle Laurillou, née Mardelle le  à Perrusson, dénoncée par une femme dénommée Email, morte de dysenterie le à Birkenau[14].
  • Emilia Kérisit, dites Léa, matricule 31783, née Baliteau le à Jaunay-Clan, infirmière, coopère souvent avec Jeanne Goupille dans les réseaux d'aide aux personnes clandestines, arrêtée le . Diagnostiquée malade du typhus en avril, elle est assommée par une tortionnaire et meurt le [16].
  • Germaine Maurice, matricule 31788, née le à Vou, morte d'une pneumonie au revier de Birkenau le [17]
  • Yvonne B., morte pendant la course de sélection du . Originaire d'Indre et Loire, et femme d'un fermier prisonnier de guerre, elle ne révèle pas sa grossesse par peur de voir sa liaison avec un autre homme découverte[8].

Retour à Tours[modifier | modifier le code]

Elle revient à Tours le . Elle est la seule survivante des vingt Tourangelles déportées, et assumera la charge d'annoncer aux familles le décès et les conditions de détention de leurs proches[18] au camp de Birkenau.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

En 2021, pour honorer la mémoire d'Héléna Fournier, la ville de Tours donne son nom à une rue[19].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Sylvie Poulliquen, Femmes de l'ombre en tourraine, France, 37260 Monts, PCBO éditions, , 175 p. (ISBN 978-2-35042-050-9), p. 27, 58 et 60 à 61
  2. a et b « Héléna FOURNIER, née Pellault – 31793 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
  3. Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville : un camp allemand en France, 1940-1944, Talandier, , 144 p. (ISBN 978-2-84734-217-8)
  4. « Hommage au Convoi des 31000 | Romainville », sur www.ville-romainville.fr (consulté le )
  5. a et b (en) Diane Leach, « Riding Into a Nightmare: 'A Train in Winter' », PopMatters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Patrick Marnham, « Clearing the Fog », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  7. john phelan, « The Women of Convoy 31000. », (consulté le )
  8. a b et c Caroline Moorehed (trad. de l'anglais), Un train en hiver, Paris, Le Cherche Midi, , 592 p. (ISBN 978-2-266-25872-2)
  9. « Mémoire Vive – Franciska, dite “Cica”, GOUTAYER – 31780 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  10. « Mémoire Vive – Marie Louise GABB, née Thomas – (31… ?) », sur www.memoirevive.org (consulté le )
  11. « Mémoire Vive – Rachel DENIAU – 31773 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  12. « Mémoire Vive – Germaine JAUNAY, née Mouzé – 31782 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  13. « Mémoire Vive – Elisabeth LE PORT – (31786 ?) », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  14. « Mémoire Vive – Marcelle LAURILLOU, née Mardelle – 31785 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  15. « Mémoire Vive – Raymonde SERGENT, née Delalande – 31790 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  16. « Mémoire Vive – Émilia, dite “Léa”, KÉRISIT, née Baliteau – 31783 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  17. « Mémoire Vive – Germaine MAURICE – 31788 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
  18. a et b Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, éditions de Minuit, (ISBN 978-2-7073-0290-8)
  19. « Tours : une rue a désormais le nom d'Héléna Fournier, résistante et rescapée d'Auschwitz », sur La Nouvelle République, (consulté le ).