Gui de Cavaillon

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Gui de Cavaillon[1] (fl. -)[1] est un troubadour de langue d'oc, identifié à Guionet[1],[2] et Esperdut[1],[3]. Il est peut-être l'auteur anonyme de la seconde partie de la Chanson de la croisade albigeoise[1],[4]. Il semble également devoir être identifié à Guido (de Cabanas)[1],[5]. Après avoir été considéré comme un pseudonyme de Gui de Cavaillon, Cabrit est maintenant identifié à Guilhem Aldebert Cabrit[6]. Gui de Cavaillon est notamment l'auteur d'une chanson tensos, et d'un sirventès, en collaboration avec Pons de Monlaur[7].

Biographie[modifier | modifier le code]

Gui (« Guy ») naît vers [8],[9] dans le marquisat de Provence. Il est issu de la famille de seigneurs de Cavaillon[9]. Il est le fils Bertran (« Bertrand ») de Cavaillon auquel le comte Raymond V de Toulouse confia d'importantes missions diplomatiques[10]. Il a deux frères : Jaufre[10] (« Geoffroy »)[11] et Amelh[10] (« Amiel »)[11].

Gui est un chevalier[11]. En , il est témoin de deux privilèges au monastère de La Celle, délivrés à Montpellier et à Brignoles[12]. En , il est le garant d'Alphonse II dans son traité avec le comte Guillaume II de Forcalquier prévoyant l'union de leurs deux comtés[12]. En de la même année, il est garantie de la charte de mariage de Pierre II d'Aragon et Marie de Montpellier[12]. En de la même année, il est témoin, à Marseille, du testament par lequel Alphonse II et son frère aîné Pierre II se nomment héritiers réciproques[12]. En à Arles, il assiste aux arbitrages et pactes par lesquels le comte de Provence entend mettre fin aux luttes qui opposent les seigneurs de la Cité à ceux du Vieux-Bourg[12].

Partisan fidèle du comte Raymond VII de Toulouse, Gui est à ses côtés depuis [11]. En , il accompagne le Raymond VI de Toulouse et son fils, futur Raymond VII à Rome où se tient le quatrième concile du Latran[13]. En , il participe au siège de Beaucaire[12]. Vers , il est viguier de Raymond VI[14]. En , aux côtés de Raymond VII, il défend Castelnaudary, encerclée par les troupes d'Amaury VI de Montfort[12],[15]. Gui est envoyé en ambassade tant auprès du roi Philippe II de France que du pape Honoré III[11]. Vers , il reçoit de Raymond VII le titre de vicomte de Cavaillon[16]. À partir de , il entre dans un procès avec l'évêque de Cavaillon au sujet de leurs droits respectifs sur la Roquette, Saint-Phalès et Saint-Ferréol[17],[18]. En , Gui fait partie des vingt otages remis à Thibaut IV de Champagne en garantie des clauses du traité de Paris prévoyant la destruction des murs de Toulouse[19],[11]. On perd sa trace jusque vers - où on le retrouve comme frère à la commanderie templière de Saint-Gilles[14].

La Vida de Gui de Cavaillon le présente ainsi[11] :

« Fo un gentils bars de Proensa, seigner de Cavalhon, larcs hom e cortes, et avinens cavalliers, e mout amatz de domnas e per totas gens ; e bons cavaliers d'armas e bons guerrers. E fetz bonas tensons e bonas coblas d'amor et de solatz. »

—  Anonyme , Vida.

« Il était noble baron de Provence, seigneur de Cavaillon, courtois et gracieux chevalier, très aimé des dames et recherché de tous, bon chevalier et bon guerrier. Il fit de belles chansons et de beaux poèmes d'amour et de divertissement. »

— Hélène Maignan (trad.), Vie.

La seconde partie de la Chanson de la Croisade relate les exploits de Gui de Cavaillon. En , au cours du siège de Beaucaire, place forte défendue par les croisés, il veille avec succès à la garde du bélier, fabriqué pour abattre le donjon, aux côtés de la milice de Vallabrègues[20]. Après la prise de la forteresse, monté sur un cheval arabe, il repousse une attaque des Français[21] ; il abat Guillaume de Berlit, un chevalier champenois, que les partisans du comte de Toulouse s'empressent de pendre sur un olivier en fleurs[21].

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • Ben avetz auzit qu'en Ricas Novas ditz de mi[22] (PC 192,1) : échange avec son ami, Peire Bremon Ricas Novas[23] ;
  • Doas coblas farai en aquest so[22] (PC 192,2) : échange avec son collègue, Bertran Folco d'Avignon[23] ;
  • Mantel vil de croi fil, a mon dan vos comprei[24] (PC 192,3)
  • Seigneiras e cavals armatz[24] (PC 192,4) : échange avec son rival, Guillaume Ier des Baux-Orange[23] ;
  • Seigner coms, saber volria[24] (PC 192,5) : échange avec le comte Raymond VII de Toulouse[23] ;
  • Vos que·m semblatz dels corals amadors[24] (PC 192,6)

Diminutif de Gui, Guionet est un senhal peut-être utilisé pour les œuvres de jeunesse de Gui de Cavaillon[25].

Sobriquet humoristique, Esperdut (« le perdu ») est un autre senhal de Gui de Cavaillon[25] :

Domaine[modifier | modifier le code]

Gui de Cavaillon possède un domaine en coseigneurie avec frères[19]. Il comprend :

Héraldique[modifier | modifier le code]

Nul sceau de Gui de Cavaillon ne nous est parvenu[27]. Nous savons que le lion ornait le champ de ses armes[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Taylor 2015, s.v. PC 192 : Gui de Cavaillon, p. 417.
  2. Taylor 2015, s.v. PC 238 : Guionet, p. 435.
  3. a b et c Taylor 2015, s.v. PC 142 : Esperdut, p. 394.
  4. Taylor 2015, 18.6 : Canso de la Crozada, p. 186.
  5. Taylor 2015, s.v. PC 197 : Guigo (de Cabanas), p. 420.
  6. Taylor 2015, s.v. PC 105 : Cabrit, p. 381.
  7. Camille Chabaneau Les biographies des troubadours en langue provençale page 140
  8. Aurell 2001, p. 9.
  9. a et b Carraz 2005, p. 414.
  10. a b et c Aurell 2001, p. 20.
  11. a b c d e f et g Maignan 2022, p. 190, n. 60.
  12. a b c d e f et g Aurell 2001, p. 14.
  13. Aurell 2001, p. 21.
  14. a et b Carraz 2005, p. 415.
  15. Aurell 2001, p. 28.
  16. Aurell 2001, p. 29.
  17. Maignan 2022, p. 190.
  18. Aurell 2001, p. 30.
  19. a b c d e et f Aurell 2001, p. 13.
  20. Aurell 2001, p. 22.
  21. a et b Aurell 2001, p. 23.
  22. a et b Heintze, Schöning et Seemann 2004, p. 119, col. 2.
  23. a b c et d Taylor 2015, s.v. PC 192 : Gui de Cavaillon, no 2400, p. 418.
  24. a b c et d Heintze, Schöning et Seemann 2004, p. 120, col. 1.
  25. a et b Aurell 2001, p. 10.
  26. a et b Heintze, Schöning et Seemann 2004, p. 90, col. 1.
  27. a et b Aurell 1990, p. 27.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Aurell 1990] Martin Aurell, « Autour de l'identité héraldique de la noblesse provençale au XIIIe siècle », Médiévales, no 19,‎ , p. 17-27 (OCLC 754127723, DOI 10.3406/medi.1990.1179, HAL halshs-00753745). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Aurell 2001] Martin Aurell, « Le troubadour Gui de Cavaillon (v. 1175v. 1229) : un acteur nobiliaire de la croisade albigeoise », dans Les voies de l'hérésie : le groupe aristocratique en Languedoc (XIe – XIIIe siècles), t. II : Avant et après la croisade : seigneurs et seigneuries (actes du 8e Colloque d'histoire médiévale du Centre d'études cathares – René Nelli, tenu à Carcassonne du au ), Carcassonne, Centre de valorisation du patrimoine médiéval, coll. « Heresis » (no 8), , 1re éd., 258 p., 24 cm (OCLC 468511193, BNF 37632281, SUDOC 058943099), p. 9-36. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Carraz 2005] Damien Carraz (préf. Alain Demurger), L'ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône (-) : ordres militaires, croisades et sociétés méridionales (texte remanié de la thèse doctorat en histoire soutenue à l'université Lyon-II en ), Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Histoire et archéologie médiévales » (no 17), (réimpr. ), 1re éd., 662 p., 15,5 × 24 cm (ISBN 978-2-7297-0781-1, EAN 9782729707811, OCLC 470421403, BNF 40087529, SUDOC 095201246, présentation en ligne, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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  • [Guida 1973] (it) Saverio Guida, « L'attività poetica di Gui de Cavaillon durante la crociata albigese », Cultura neolatina, t. 33,‎ , p. 235-271.
  • [Heintze, Schöning et Seemann 2004] (de) Michael Heintze, Udo Schöning et Frank Seemann, Trobadorlyrik in deutscher Übersetzung : ein bibliographisches Repertorium (-), Tübingen, M. Niemeyer, coll. « Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie » (no 322), , 1re éd., LX-320 p., 16 × 23,6 cm (ISBN 3-484-52322-0, EAN 9783484523227, OCLC 470436178, BNF 39997691, DOI 10.1515/9783110933857, SUDOC 080302238, présentation en ligne, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Maignan 2022] Hélène Maignan, « Les archives médiévales de Cavaillon dans le fonds municipal », dans Simone Balossino et François Guyonnet (dir.), Cavaillon au Moyen Âge (actes du colloque tenu à Cavaillon du au ), Avignon, Éditions universitaires d'Avignon, coll. « En-jeux », , 1re éd., 375 p., 15 × 21 cm (ISBN 978-2-35768-152-1, EAN 9782357681521, OCLC 1334646716, BNF 47050512, DOI 10.4000/books.eua.6245, SUDOC 263390675, présentation en ligne, lire en ligne Accès libre), chap. 6, p. 163-214. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Poe 1995] (en) Elizabeth Wilson Poe, « Suppressing the memory of the Crusade : the manuscript tradition of the poems of Gui de Cavaillon », Tenso, vol. 10, no 2,‎ , p. 139-157 (OCLC 6006462539, DOI 10.1353/ten.1995.0014).
  • [Taylor 2015] (en) Robert A. Taylor, A bibliographical guide to the study of troubadours and old Occitan literature, Kalamazoo, Medieval Institute Publications, Western Michigan University, coll. « Research in medieval and early modern culture », , 1re éd., XVII-565 p., 24 cm (ISBN 978-1-58044-215-2, EAN 9781580442152, OCLC 1030989211, DOI 10.2307/j.ctvvncb3, JSTOR j.ctvvncb3, SUDOC 225747219, présentation en ligne, lire en ligne Accès libre). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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Liens externes[modifier | modifier le code]