Eliakum Zunser

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Eliakum Zunser
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Eliakum Zunser (Eliakim Badchen, Elikum Tsunzer), né le et décédé le , est un poète, compositeur et badchen juif lituanien de langue yiddish, qui vécut la dernière partie de sa vie aux États-Unis. En 1905, un article du The New York Times lui rend hommage en le nommant père de la poésie yiddish[1]. Seul un quart de ses quelque 600 chansons lui ont survécu. Il influença et fut influencé par les Broderzinger et Velvel Zbarzher, bien qu'il soit peu probable qu'ils se soient rencontrés.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Vilna, dans une famille pauvre, il commence à travailler en tressant des lacets à Kovno, où il participe au mouvement du Moussar du pieux et moraliste rabbin Israël de Salant. Plus tard, il est attiré par la Haskala, le mouvement des Lumières juif et adopte un judaïsme orthodoxe moderne qui rejette la superstition.

Enrôlé de force dans l'armée russe, juste avant son vingtième anniversaire, il est rapidement libéré à la suite de la révocation par le tsar Alexandre II de la sévère loi de conscription. La détresse des recrues juives, ou cantonistes sera un sujet majeur dans ses premières poésies et chansons.

Solomon Liptzin (1901-1995), auteur et professeur de littérature yiddish à l'université de Tel Aviv et au Technion de Haïfa, décrit les chansons de Zunser comme formées de mots simples avec des airs faciles à retenir, chantant le destin mélancolique et les quelques joies des masses peu éduquées et écrit que ses chansons transmises de bouche à oreille…jusqu'à devenir familières à tous les Juifs parlant yiddish[2].

En 1861, il publie un recueil de chansons intitulé Shirim Khadoshim, le premier d'une série d'environ 50 publications pendant sa vie. À cette époque, selon Liptzin, il est principalement un Maskil (propagateur de la Haskala), intéressé à instruire et à venir en aide à son peuple. Cependant, sa vie va prendre un tour tragique : non seulement sa femme meurt du choléra, mais dans la décennie qui suit, ses neuf enfants aussi, et il devient toujours d'après Liptzin un prophète de malheur, avertissant ses coreligionnaires de ne pas s'aventurer sur la séduisante route des Lumières occidentales et de l'assimilation[3]...

Quand le malheur s'abat sur la communauté juive sous la forme de réactions violentes antisémites et de pogroms après l'assassinat d'Alexandre II, il devient un consolateur et un sioniste militant, affilié aux Amants de Sion et au Bikou, écrivant des chansons comme "Die Sokhe" (La charrue) ou "Shivath Zion" (Retour à Sion).

Zunser émigre à New York en 1889, travaille comme imprimeur[4] Cependant la vie à New York est peu propice à son talent et il écrira peu après son arrivée en Amérique, et plutôt des poèmes que des chansons. En route vers le Nouveau Monde, il écrit le prometteur Colomb et Washington; une fois là-bas, il poursuit avec "Dos Goldene Land" (La terre d'or) et "Der Greener" (Le blanc-bec) beaucoup plus désillusionnés. Son sionisme se manifeste dans une chanson pressant les Juifs à abandonner le colportage et à devenir fermiers.

Zunser évite la misère dans ses vieux jours grâce à un spectacle de bienfaisance à son profit au Cooper Union le , qui récolte suffisamment d'argent pour lui assurer une pension. Il meurt le et est enterré au Washington Cemetery à Brooklyn[5].

« Il était loin d'être un chanteur. Sa voix n'était pas musicale. Mais le ton triste qui émanait de lui, le beau yiddish, les mélodies poignantes. Cela était incomparable[6]. »

Œuvres[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. (en): East Side Honors Poet of its Masses; The New York Times du 31 mars 1905; page: 7
  2. (en): Solomon Liptzin: A History of Yiddish Literature; éditeur: Jonathan David Publishers; Middle Village; NY; 1972; page: 48; (ISBN 0824601246 et 978-0824601249)
  3. (en): Solomon Liptzin: A History of Yiddish Literature; éditeur: Jonathan David Publishers; Middle Village; NY; 1972; page: 49; (ISBN 0824601246 et 978-0824601249)
  4. (en): Hutchins Hapgood: The Spirit of the Ghetto: Studies of the Jewish Quarter in New York; 1902; chapitre 4
  5. (en): East Side Mourns Zunser - Reserves of Two Precincts Called to Order the Poet's Funeral; The New York Times du 25 septembre 1913; page: 6
  6. (yi)Elyokum Tsunzers verk (L'œuvre d'Elyokum Zunser). Critique page: 18; volume 1

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en): Tsunzer, Elyokem; site du: Yivo Encyclopedia of Jews in Eastern Europe
  • (en): Solomon Liptzin: Eliakum Zunser: poet of his people; éditeur: iterary Licensing, LLC; 2012; (ISBN 1258250314 et 978-1258250317)
  • (en): M. Bassin: Anthology: Five Hundred Years Yiddish Poetry; New York; 1917; (ASIN B00L2PG15A)
  • (de): Salomon Wininger: Große Jüdische National-Biographie; volume 6; éditeur: Druck 'Orient'; 1925; (ASIN B0000BLWVT)

Liens externes[modifier | modifier le code]