Draâ El Mizan

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Draâ El Mizan
Draâ El Mizan
Vue générale de Draa El Mizan
Noms
Nom arabe algérien ذراع الميزان
Nom kabyle Draε Lmizan / Tacentirt
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Région Kabylie
Wilaya Tizi Ouzou
Daïra Draâ El Mizan
Code postal 15400
Code ONS 1510
Démographie
Population 38 886 hab. (2008[1])
Densité 481 hab./km2
Géographie
Coordonnées 36° 32′ 08″ nord, 3° 50′ 03″ est
Superficie 80,84 km2
Localisation
Localisation de Draâ El Mizan
Localisation de la commune dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
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Draâ El Mizan
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Draâ El Mizan

Draâ El Mizan est une commune de Kabylie, dans la wilaya de Tizi Ouzou en Algérie, située à 42 km au sud-ouest de Tizi Ouzou et à 110 km au sud-est d'Alger.

Géographie

Situation

La commune de Draâ El Mizan est située au sud-ouest de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Localités de la commune

La commune de Draâ El Mizan est composée de dix-neuf localités[2] :

  • Belouadi
  • Bezazoua El Koudia
  • Boufhima
  • Hedjar Boulahya
  • Bouzouar
  • Dra sachem
  • Draâ El Mizan
  • Hennia
  • Ichoukrène
  • Maamar
  • Nedjar
  • Ouled Aïssa
  • Rouachda
  • Sanana
  • Tazerout Aouaoudha
  • Tazerout centre
  • Iherdiouane
  • Ait oumghar.

Toponymie

Le nom a été appliqué par les turcs lors de la construction de leur bordj en 1595. Il dérive de la langue arabe. L'origine de ce nom a été défini simplement et qu'on retrouve dans les écrits de la Revue Africaine à page 426 : « Draa El Mizan, le fléau de la balance, est le nom d’une crête, que l’on appliqua plus tard à la redoute bâtie en 1951, sur les pentes de Tachentirt. »[3] Ce qui laisse supposer que l’appellation ne désigne pas exactement le même endroit pour les turcs et les français. En outre, Tachentirt, évoqué dans l'écrit serait probablement le nom original de l'endroit en question.

Histoire

Période Romaine

De l'année 287 de J.-C. à 297, l'Afrique septentrionale fut déchirée par des révoltes dans lesquelles un peuple qu'on appelle Quinquegentanei joua le principal rôle. Il fallut, pour en venir à bout, la présence de l'empereur Maximien Hercule et l'intervention d'assez nombreuses troupes, romaines ou étrangères[4].

Les Quinquegentiani selon Ammien Marcellin, dans son récit de la guerre de Théodose contre le célèbre rebelle berbère Firmus, sont les cinq peuplades qui composaient la confédération et qui sont : les Tyndenses, Massinissenses, Isaflenses, Jubaleni et Jesalenses. Isaflenses sont les Iflissen (ou les Flissa)[5].

Draa El Mizan, faisant partie des Iflissen, participa donc activement aux révoltes contre Rome. D’après Ammien Marcellin, Firmus s’est réfugié pendant longtemps chez les Iflissen pendant sa rébellion contre Maximien. Le théâtre des guerres entre Firmus et les légions de Théodose se situerait dans l’actuelle Kabylie, mais sans précisions. Dans le cadre de la rébellion de Firmus, les récits d’Ammien Marcellin portent plus essentiellement sur les peuples ou tribus (les Isaflenses, les Jubalenses et leur roi Igmazen[6]) que sur les lieux géographiques peu connus.

Période des dynasties musulmanes arabo-berbères

Période ottomane

La période turque est marquée par un état perpétuel de guerre entre les Turcs et les Kabyles, notamment la tribu des Iflissen (les Flissa) à laquelle appartient Draa El Mizan.

Afin d’obliger les Kabyles à se soumettre à leur pouvoir, les Turcs implantèrent aux environs de 1594 des garnisons dans des bordjs (forteresses) à la périphérie des montagnes de Kabylie. Elles étaient situées à Bouira, Boghni, Draâ El Mizan, les Issers, Bordj Menaiel, Bordj Sebaou et Tizi Ouzou. Ces bordjs n’abritent qu’un effectif réduit de soldats[7].

En 1767, les tribus des Iflissen (les Flissa) se sont mis en état d’insurrection contre les Turcs par un refus de payer l'impôt. Le Pacha Mohamed Ben Osman fait marcher contre eux 1 100 hommes de milice turque commandés par l’Aga, les Iflissen se soulèvent alors de façon sporadique. ils font défaire l’Aga qui perdit plus de 300 hommes. Le pacha Mohamed Ben Osman, que cet échec avait rendu furieux, envoya l’année suivante (1768) un camp plus nombreux et en donna le commandement au bey de Constantine. Malgré ce déploiement de forces, les Turcs furent encore battus, l’aga a été tué ainsi que 1 200 hommes. Les succès obtenus par les Iflissen propagèrent la révolte à toute la Kabylie[8].

En 1796, dans la vallée kabyle de Boghni, où la guerre entre les kabyles et les turcs avait sévi plus qu'ailleurs, Bey Mohammed fait construire sans poudre le fort de Boghni, aux environs duquel s'élève le poste de Draa El Mizan ; il put, sur les terres enveloppant le bordj, installer une tribu de nègres affranchis, les «Abids», qu'il appela de la Mitidja, et qui, n'existant que par lui, restèrent tout à sa dévotion. Plus tard, l’endroit gardera l’appellation, par référence à cet épisode, de Tighilt Laabid (le col des nègres), aux alentours de l’actuelle Aïn Zaouia (10 km à l’est de la ville de Draa El Mizan)[9].

Colonisation française

En 1844, le général Bugeaud, après avoir incendié et rasé toute la tribu des nezlioua, vint camper à Draa El Mizan[10].

L'insurrection contre la présence coloniale française, à Draa El Mizan, est conduite par Cherif Boubaghla, à partir de 1851[11]. Ce dernier fait ruiner les propriétés d'un marabout fidèle à la France (Sid Ali Chérif) pour marquer son opposition à la présence française. Une colonne sous les ordres du Général Jacques Camou a été envoyée pour mater la révolte de Boubaghla cette même année et ce dernier se réfugia dans les villages voisins[12].

Lorsque Cherif Boubaghla est mort en 1854, Si-El Hadj Amar avait succédé à son autorité sur les Kabyles. En août 1856, il attaqua les troupes françaises stationnées à Draa El Mizan; mais on avait eu avis de sa marche à Alger, et sa troupe, poussée par le lieutenant Beauprètre, avec les troupes du fort et les contingents des tribus, fut mise en déroute. Cependant l'insurrection était flagrante chez les Guechtoula, qui occupent le pied du Djurjura, sous le méridien de Dellys, au-dessus de Draa El Mizan et de Boghni[13].

En mars 1871, toutes les tribus de la Kabylie sont engagées aux côtés de Cheikh El Mokrani dans l'insurrection de 1871 et Draa El Mizan ne fût pas du reste[14].

L'agitation politique qui caractérisa l'Algérie au début du XXe siècle siècle ne laisse pas Draa El Mizan à l'écart. De 1937 à 1954, la commune mixte de Draa El Mizan comptera de nombreux responsables politiques ayant brillé dans le Parti du Peuple Algérien (PPA) comme : Bestani Belkacem, Krim Belkacem, Aouchiche Mohand et Ali Ami[15].

La commune a connu plusieurs fortes protestations et batailles pour l'indépendance de l'Algérie. Elle a été parmi les premières régions en Kabylie à annoncer la guerre le 1er novembre 1954. Krim Belkacem secondé par Amar Ouamrane, Saïd Mohammedi et Salah Zaâmoum, les opérations militaires ont lieu surtout à Azazga et Draâ El Mizan[16]. Durant la nuit du «Toussaint rouge», un garde-champêtre est tué et plusieurs dépôt de liège et tabacs brûlés.

Du 22 juillet à fin octobre 1959, le général Challe dans un vaste plan qui porte son nom (Plan Challe) visant la rébellion algérienne dans l'ensemble du territoire, déclenche l'opération jumelles et va toucher toute la Kabylie. L’objectif était de déloger et d’éliminer les rebelles qui sont sous les ordres de Mohand Oulhadj qui a remplacé le colonel Amirouche Aït Hamouda à la tête de la zone 3. Dans la commune mixte de Draa El Mizan, les maquisards se trouvent dans les maquis de Draa El Mizan, Beauprêtre (Ain Zaouia), Tizi Gheniff, Camp de maréchal (Tadmait).

Après l'Indépenance

L'affaire du « maquis de Draa El Mizan » en 1963

Au mois d’août 1963, le pouvoir d'Alger annonce l'arrestation d'un groupe d’opposition armé de tendance marxiste constitué d'une trentaine de citoyens dans les maquis de Draa El Mizan (wilaya de Tizi Ouzou)[17]. Le maquis de Draa El Mizan a été constitué – dans des conditions mal définies- par Abderrazak Abdelkader (descendant de l'émir Abd el-Kader). Ce dernier a été arrêté par l’ANP au mois d’août 1963[18]. Les autorités algériennes accusent Israël d'être derrière le maquis de Draa El Mizan[19]. Abderazak Abdelkader est accusé de sionisme et, pour étayer leurs accusations, les autorités déclarent qu'il aurait publié, trois ans auparavant, un article dans lequel il critiquait le côté rétrograde de certains pays arabes[20].

Économie

Notes et références

  1. Evolution intercensitaire de la population sur le site de la wilaya de Tizi Ouzou. Consulté le 25/02/2011
  2. Journal officiel de la République Algérienne, 19 décembre 1984. Décret no 84-365, fixant la composition, la consistance et les limites territoriale des communes. Wilaya de Tizi Ouzou, p. 1504 à 1510.
  3. « Revue africaine, Journal des travaux de la société historique Algérienne' '», Tome Sixième, Chez Bastide, Libraire-Éditeur, 1862, Alger, page 426 (disponible ici
  4. L'Athenaeum français: journal universel de la littérature, de la science et des beaux arts. Première Année 1852, page 150
  5. Ammien Marcellin, Jornandès, Frontin( Les Stratagèmes), Végèce, Modestus, traduction en français sous la direction de Paul Nisard, J.J. Dubochet, Le chevalier et Comp. Éditeurs, Paris , 1849
  6. Ammien Marcellin, op. cité, p. 323-324
  7. «ARTICLES DE LINGUISTIQUE BERBÈRE, Textes de Werner Vycichl», Kamal Naït-Zerrad, Éditions l’Harmattan, ISBN 2-7475-2706-9, juillet 2002, page 241)
  8. Adrien Berrugger, «Les époques militaires de la grande Kabylie», Bastide, Libraire-Éditeur, Paris, 1875, page 124
  9. «Revue des deux Mondes», XXXVI Année. – Seconde Période, Tome soixante-deuxième, Paris 1866, p. 124-125
  10. «Revue africaine, Journal des travaux de la société historique Algérienne», Tome Sixième, Chez Bastide, Libraire-Éditeur, 1862, Alger, page 426.
  11. Kamel Bouchama, «Algérie, terre de foi et de culture », Éditions Houma, 2000, ISBN 9961664949
  12. Adrien Berbrugger : «Les époques militaires de la grande Kabylie», Chez Bastide, Libraire-Éditeur, 1857, p. 34 -38
  13. H, Fabre De Navacelle: «Précis des Guerres Du Second Empire», Éditions Plon, Nourrit Et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, rue Garancière 10, Paris, 1887 p. 304-305
  14. Maurice Wahl, «L'Algérie», Librairie Germer Baillère et Cie, PARIS , 1882, p. 164-165
  15. Benjamin Stora : « DICTIONNAIRE BIOGRAPHIQUE DES MILITANTS NATIONALISTES ALGÉRIENS », Éditions l'Harmattan, (ISBN 2-85802-543-3)[à vérifier : La somme de contrôle devrait être 6 et non 3, demandé le 13 mai 2024]
  16. Achour Cheurfi, «La révolution algérienne, 1954-1962: dictionnaire biographique», Casbah éditions, 2004, page
  17. Jean Morizot, Les Kabyles : propos d'un témoin, 1985 - 279 pages
  18. Catherine Simon, Algérie, les années pieds-rouges, La Découverte 2011, p. 107
  19. «Cahiers de l'Orient contemporain Volume 20», Centre d'Étude de l'Orient Contemporain de l'Institut d'Études Islamiques de l'Université de Paris, Paris 1963, page 179
  20. Gerard Challiand, « Chaliand, un itinéraire combattant: Afrique, Asie, Amérique latine », Éditions Karthala, 1997, (ISBN 2-86537-679-6) page 56

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes