Dialectique du maître et de l'esclave

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La dialectique du maître et de l'esclave (en allemand : Herrschaft und Knechtschaft) renvoie à un passage célèbre de la Phénoménologie de l'Esprit de Georg Wilhelm Friedrich Hegel dans lequel le philosophe explore l'instabilité essentielle de la relation de domination du maître à son esclave.

Concept[modifier | modifier le code]

Hegel définit l'esclave comme celui qui, par son travail, transforme la Nature. Il remarque qu'en travaillant, il accède à l'objet dans son côté actif. Le maître, qui pour sa part ne travaille pas mais fait réaliser, vit immédiatement dans la jouissance de l'objet consommable : il ne connaît que son aspect passif. Il apparaît que l'esclave, travaillant (réalisant) à transformer le monde humain, se transforme lui-même et revendique son autonomie au monde naturel dans sa transformation humaine du monde, tandis que le maître se rend étranger à son monde, qu'il ne reconnaît plus dans la reconnaissance qu'en fait l'esclave[1].

Ainsi, l'esclave, en s'appuyant sur le produit de son travail, peut renverser le rapport de domination pour se retrouver dans l'accomplissement du monde humain : l'égalité. La dialectique du maître et de l'esclave se base sur la thèse paradoxale selon laquelle le travail aliéné de l'esclave est la voie de sa libération[2]. Il est nécessaire pour le maître de reconnaître l'autre (l'esclave) s'il veut se connaître lui-même[3].

Le conflit est inhérent à la condition humaine. Hegel dit d'ailleurs de la naissance de l'enfant qu'elle est « la mort des parents ».

Deux êtres humains entretiennent donc des relations tendues, il y a donc conflit et l'un d'eux va accepter de prendre des risques et va devenir le maître : « la vie vaut ce que nous sommes capables de risquer pour elle ». Il n'y a de liberté que par l'acte même de libération : celui qui ne veut pas risquer sa vie risque fort la servitude. Cependant, une fois maître, l'individu devient passif/inactif. C'est son esclave qui travaille, qui s'accomplit. Ainsi le maître devient dépendant du travail de son esclave, il devient l'esclave de son esclave, car c'est en travaillant qu'on atteint la liberté.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alexandre Kojève, Introduction À la Lecture de Hegel: Leçons Sur La Phénoménologie de L'esprit, Professées de 1933 À 1939 À L'École Des Hautes-études, Réunies Et Pub. Par Raymond Queneau, Gallimard, (lire en ligne)
  2. France Farago, Frédéric Guillaud, Maël Lemoine et Cyril Morana, Philosophie, terminales L, ES, S, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0276-2, lire en ligne)
  3. Collectif, Les autres et moi, Larousse, (ISBN 978-2-03-598139-4, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hegel, Phénoménologie de l'esprit.
  • A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Leçon sur la phénoménologie de Hegel, France, Gallimard, 1947.
  • Olivier Tinland, Hegel, Maîtrise et servitude, phénoménologie de l'esprit B, IV, A, Ellipses, 2003.

Articles connexes[modifier | modifier le code]