David Sagno

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David Sagno
Criminel
Information
Nom de naissance David Sagno
Naissance (49 ans)
Dugny (Seine-Saint-Denis)
Nationalité Français
Surnom Le Tueur du Pont de Neuilly
Condamnation
Sentence 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une période de sûreté de 20 ans
Actions criminelles Meurtres
Victimes 2
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Ile-de-France
Ville Neuilly-sur-Seine
Arrestation

David Sagno, né le à Dugny[1], est un criminel français.

En et , Sagno a tué deux femmes, faisant soupçonner Marc Machin dès le premier meurtre. Il se dénonce le , afin de soulager sa conscience et disculpe Marc Machin, qui est acquitté le .

Emprisonné en , David Sagno est condamné, le , à 30 ans de réclusion criminelle dont 20 ans de sûreté.

Biographie

David Sagno naît le à Dugny, dans une famille de neuf enfants. Né de manière prématurée, il est décrit comme étant un "enfant timide", et est souvent considéré comme « attardé ». Il assiste à des scènes de violence conjugale, voit sa mère battue par son père et ne trouve pas sa place à l'école.

En 1991, à l'âge de 16 ans, David Sagno devient alcoolique et perd tous ses emplois, malgré l'entraide de ses frères et sœurs puis devient rapidement un SDF.

En 1994, David Sagno exerce son service militaire qu"il pratique dans la marine, jusqu'à ce que ce dernier s'achève, en 1995[2],[3].

Le , la veille de ses 21 ans, David Sagno poignarde une femme de 44 ans, dans un cinéma de Brest, à l'aide d'un couteau. Sagno laisse sa victime en vie puis s'en va. Il passe la nuit à boire de l'alcool, avant de se dénoncer le lendemain. David Sagno est, de ce fait, placé en détention provisoire (c'est son premier séjour en prison), mais est finalement libéré de prison[1],[3].

Entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, David Sagno perd tous ses emplois et se voit contraint de dormir dans des parkings souterrains. Ne supportant plus d'être un sans domicile fixe, Sagno décide de devenir, selon ses propos, un « serial killer » (comme il le dira en garde à vue)[1].

Son engrenage criminel commence en , alors qu'il a 27 ans.

Parcours criminel

Le , à l'aube, David Sagno se rend sur le pont de Neuilly afin d'aborder Marie-Agnès Bedot, 45 ans. Arrivé sur les lieux, Sagno se jette sur elle puis la poignarde à l'aide d'une arme blanche par deux fois dans le haut du thorax. À la suite des coups portés sur sa victime, Sagno la viole. Mme Bedot meurt de ses blessures et David Sagno lui vole quelques économies. À la suite de son crime, Sagno prend la fuite. Le corps sans vie de Marie-Agnès Bedot est retrouvé le matin même, sur le pont de Neuilly, vers 10h du matin.

Le , une infirmière, qui était passée sur les lieux du crime vers 7h35, affirme avoir vu « un jeune homme de type européen, les cheveux courts en arrière noirs ou bruns, portant notamment un blouson de cuir marron clair type aviateur avec un col en fourrure beige » d'après le signalement qu'elle donne aux policiers. Selon ses propos, ce dernier lui aurait proposé de lui « sucer la chatte ». La diffusion de son témoignage dans tous les commissariats de la région parisienne donne vite des résultats : un policier de Suresnes se rappelle une phrase similaire prononcée dans une affaire d'agression sexuelle commise dans le hall d'un immeuble en par un jeune homme nommé Marc Machin, qui a « déjà un casier judiciaire chargé : vols en réunion, violences, dégradation de bien public et deux agressions sexuelles » et qui « mène une vie dissolue, sans horaires fixes comme ses deux copains, embrumée par l'alcool et le cannabis ».

Le , Les policiers se rendent au domicile de Marc Machin et y découvrent un blouson de cuir marron avec un col doublé de fourrure synthétique. Marc Machin est arrêté et conduit au 36 quai des Orfèvres afin de subir un interrogatoire sur le meurtre de Marie-Agnès Bedot[1]. Placé en garde à vue, Machin affirme avoir deux témoins qui peuvent lui fournir un alibi pour la nuit du crime, mais ses deux amis, marginaux comme lui, se montrent incapables de confirmer ses dires. De plus l'infirmière l'identifie de « façon quasi-formelle » alors qu'il pose seul et revêtu du fameux blouson, derrière une vitre sans tain. Machin se retrouve face à Jean-Claude Mulès, un policier très réputé, expert des aveux. Afin d'obtenir des aveux du gardé à vue, Mulès parle avec Machin de son enfance. Devinant que Machin a été victime d’abus sexuels, Mulès lui promet une détention de 5 ans de prison et Marc Machin passe aux aveux, bien qu'il soit incapable de décrire directement le meurtre. Machin renouvelle ses aveux, face au juge d’instruction, afin d'arrêter l'interrogatoire. Il déclarera par la suite qu'il a dit au policier ce que celui-ci voulait entendre sortir de sa bouche. Une fois placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Nanterre, Marc Machin se reprend et affirme être innocent, en expliquant au juge d'instruction comment s'est déroulée sa garde à vue et les pressions exercées sur lui.

David Sagno, cependant, n'est pas inquiété du meurtre de Marie-Agnès Bedot. Il est également loin de se douter que Marc Machin vient d'être placé en détention à sa place. Libre, Sagno continue d'être un SDF, cherchant à être incarcéré pour avoir de quoi "manger", "vivre" et "dormir". L'enquête sur le meurtre de Mme Bedot est alors clôt et a un suspect faisant office de "coupable idéal".

Le , au petit matin, David Sagno aborde une autre femme sur le pont de Neuilly, Maria-Judite Araujo, âgée de 48 ans. Sagno se jette sur elle puis lui frappe la tête, à l'aide d'un tesson de bouteille. À la suite du coup porté sur sa victime, Sagno la viole puis s'en va. À la suite de ses blessures, Mme Araujo agonise puis meurt quelques secondes plus tard. Le corps sans vie de Maria-Judite Araujo est découvert le jour même, tout comme le corps de Mme Bedot quelques mois plus tôt. Bien que les similitudes entre les meurtres de Marie-Agnès Bedot et Maria-Judite Araujo soient troublantes, le juge d'instruction refuse de joindre les deux dossiers, du fait que l'arme du crime ne soit pas la même dans les deux affaires. De plus, le premier meurtre a déjà un "assassin présumé", Marc Machin, qui est en prison lors du second meurtre. Les vêtements de Marie-Agnès Bedot (la première victime) sont cependant examinés, en vue d'une expertise ADN.

En , les résultats du test ADN démontrent que l'ADN retrouvé n'est pas celui de Marc Machin, sur les lieux du crime que le corps de Marie-Agnès Bedot. Cependant, le témoignage de l'infirmière, sept mois plus tôt, ne joue pas en sa faveur. De plus, le fait que Machin soit connu en tant que "délinquant sexuel" fait de lui un "coupable idéal". Marc Machin reste donc en prison. En revanche, les scellés du second cadavre demeurent inexploités, malgré les demandes répétées des proches de Marc Machin, qui croient en son innocence[1].

En , David Sagno aborde une femme de 47 ans dans un parking de Neuilly-sur-Seine. Sagno se jette sur elle puis se livre à des attouchements à l'aide de ses doigts. Laissée vivante, la victime porte plainte et permet d'arrêter David Sagno. Placé en détention provisoire pour agression sexuelle, son ADN est prélevé et enregistré au Fichier national automatisé des empreintes génétiques. Cependant, le prélèvement ADN de Sagno ne permet aucune incrimination contre lui vis-à-vis de ses meurtres, du fait que le premier ait un "coupable" et que le second soit inexploité[1].

En 2003, David Sagno est libéré de prison, après quelques mois de détention. Dès sa libération de prison, Sagno est hébergé par l'une de ses connaissances. Il souhaite alors d'abandonner sa vie criminelle et de se ranger des faits d'agressions sexuelles[4].

Entre-temps, le , Marc Machin est condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot. Sa peine est alourdie en appel, le  : 18 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté de 12 ans. Marc Machin forme ensuite un pourvoi en cassation, mais ce dernier est rejeté[5].

En 2005, Sagno est de nouveau placé en détention provisoire, pour avoir tenté d'étrangler une prostituée de 62 ans. Il est jugé devant le Tribunal correctionnel pour agression avec violence et bénéficie d'une peine clémente : 3 ans de prison ferme.

Début 2008, David Sagno est libéré de prison. Il est libre, mais redevient un SDF, du fait que son hébergeuse a refusé de lui pardonner sa dernière agression avec violence. Ne supportant plus d'errer dans des parkings souterrains, Sagno décide alors de se dénoncer, après plusieurs hésitations[1].

Aveux

Le , David Sagno, alors âgé de 33 ans, entre dans le commissariat de La Défense et vient se constituer prisonnier en s'accusant des deux meurtres pour soulager sa conscience. Il fait des aveux circonstanciés en donnant des détails précis aux policiers qui l'entendent, même si certains éléments de ses déclarations et son comportement froid et détaché par rapport à l'horreur de son récit questionnent un peu les enquêteurs sur son discernement et son état de santé mentale. Ils se demandent si Sagno n'a pas pu entendre tous les détails qu'il donne des meurtres par l'intermédiaire de la presse, ou s'il n'a pas pu parler avec Machin étant donné que les 2 hommes ont fréquenté le même établissement pénitentiaire. Mais après quelques hésitations, Sagno admet ne pas connaître Machin et ne jamais lui avoir parlé au cours d'une très brève confrontation entre les 2 suspects. Sagno ira même jusqu'à demander pardon à Marc Machin d'avoir écopé à sa place. L'enquête de personnalité va montrer qu'il est atteint d'une forme de dédoublement de personnalité (il s'est inventé un double), et qu'il s'intéresse de très près à l'ésotérisme et aux croyances rituelles (il dit avoir léché le sang des victimes par terre pour se sentir fort). Malgré son état de SDF et sa forte consommation d'alcool depuis l'adolescence, les policiers découvrent qu'il est néanmoins cultivé, s'exprime bien et fréquente assidûment les bibliothèques.

Le , David Sagno est mis en examen pour les meurtres de Marie-Agnès Bedot et de Maria-Judith Araujo, commis avec préméditation, et placé en détention provisoire. Inculpé d'assassinats, Sagno est examiné par des experts psychiatres pendant sa détention. Ceux-ci estiment que même si ses facultés ont pu être altérées pendant ces actes odieux, David Sagno est accessible à une sanction pénale.

Le , Rachida Dati, garde des sceaux, saisit la commission de révision des condamnations pénales et, le , Marc Machin est libéré de prison, après près de 7 ans de détention à tort. La condamnation de Marc Machin est annulée par la Cour de révision, le [6].

L'ADN de David Sagno est prélevé et correspond à celui retrouvé sur les corps des deux victimes. Sagno passe 4 ans en prison, avant d'être jugé.

Procès et condamnation

Le , début le procès de David Sagno débute devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine. Il est alors âgé de 37 ans et il encourt la prison à perpétuité et jusqu'à 22 ans de peine de sûreté. Lors du procès, Marc Machin est présent et témoigne de son innocence afin que cette dernière lui soit "enfin" reconnue. Machin est, cependant, heureux que Sagno ait finit par se dénoncer afin de "soulager sa consience" et de libérer Marc Machin.

Le , David Sagno est reconnu coupable des deux assassinats de Marie-Agnès Bedot et de Maria-Judith Araujo. Il bénéficie, cependant, de circonstances atténuantes et est condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une période de sûreté de 20 ans[7].

Détenu depuis , Sagno pourra demander une libération conditionnelle à partir de .

Suite

Le , Marc Machin est acquitté. La cour d'appel examine le sa demande de dommages de 2 millions d'euros faite à l’État pour les 2 126 jours passés derrière les barreaux. Il obtient, en 2014, 663 320 € d'indemnisation, l'une des plus fortes sommes jamais octroyée pour une erreur judiciaire[8]. Il dilapidera cet argent en quelques années et se retrouvera en prison à plusieurs reprises[9].

Documentaires télévisés

  • « Marc Machin, les meurtres du pont de Neuilly » le dans Faites entrer l'accusé présenté par Frédérique Lantieri sur France 2.
  • « Psychose sur le pont de Neuilly » (premier reportage) dans « ... en Ile-de-France » le 14, 21 et , 3, 10 et dans Crimes sur NRJ 12.
  • « Affaire Marc Machin : les meurtres du pont de Neuilly » (premier reportage) le 15, 22 et , et et dans Chroniques criminelles sur NT1.
  • « Spéciale erreurs judiciaires » (premier reportage) dans l'émission Présumé Innocent sur D8

Notes et références

  1. a b c d e f et g Faites entrer l'accusé, « Marc Machin, les meurtres du pont de Neuilly », sur Fela 5v pl, (consulté le )
  2. Le 21 février 2012 à 07h00, « La lente dérive criminelle de David Sagno », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  3. a et b Le JDD, « "Rituels mythiques" sur le pont de Neuilly », sur lejdd.fr (consulté le )
  4. Le 21 février 2012 à 07h00, « La lente dérive criminelle de David Sagno », sur leparisien.fr, (consulté le )
  5. « Marc Machin : retour sur une erreur judiciaire en sept étapes », sur Franceinfo, (consulté le )
  6. « Arrêt n° 1437 du 13 avril 2010 (09-84.531) - Cour de cassation - Chambre criminelle - Cour de révision | Cour de cassation », sur www.courdecassation.fr (consulté le )
  7. « Marc Machin acquitté à l'issue de son procès en révision », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Marc Machin, victime d'une erreur judiciaire, obtient 663 320 euros », sur Le Monde.fr (consulté le )
  9. Valérie Mahaut, « Affaire Marc Machin : «Il n’a pas mûri», estime son avocat », sur leparisien.fr, (consulté le )

Liens externes