Compagnie départementale du Haut-Rhin pour la recherche de houille

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Début du rapport de la Société industrielle de Mulhouse sur la compagnie départementale du Haut-Rhin pour la recherche de nouvelle mines de houille.

La compagnie départementale du Haut-Rhin pour la recherche de nouvelles mines de houille est une société minière anonyme qui a réalisé de nombreuses recherches entre 1822 et 1832 dans le bassin houiller stéphanien sous-vosgien, plus précisément dans le sud du Haut-Rhin dont une partie deviendra le Territoire de Belfort ainsi que dans le bassin houiller de la vallée de Villé, dans l'espoir de trouver une continuité au gisement de houille exploité dans les mines de Ronchamp depuis le milieu du XVIIIe siècle.

Les travaux sont souvent abandonnés avant d'atteindre le terrain houiller et offrent des résultats négatifs ou peu convaincants. Néanmoins, cette campagne de recherche permette de mieux connaitre le sous-sol du département et de conclure que les sources d'énergie doivent y être importées.

Localisation

Carte des communes françaises d'Alsace et limitrophes.
  • Sous-vosgien-stéphanien
  • Vallée de Villé
  • Zones prospectées par la compagnie
  • Les deux zones de recherche sont principalement situées en Alsace, la principale est située au sud du Haut-Rhin dont la moitié dans ce qui deviendra le Territoire de Belfort, l'autre est situé au nord de département, dans la vallée de Villé.

    Le gisement exploré est le prolongement de celui de Ronchamp, tous deux appartiennent au même bassin Permien[1].

    Contexte

    Au début du XIXe siècle, le département français du Haut-Rhin qui est très industrialisé (coton, sidérurgie et construction mécanique), souffre d'une difficulté d’approvisionnement énergétique en raison du coût du bois et du charbon de Ronchamp[2].

    C'est alors que plusieurs industriels, ingénieurs et responsables politiques locaux approuvent la nécessité de rechercher de la houille sur le territoire départemental. Par le passé, plusieurs personnes isolées ont déjà tentés des recherches pour découvrir du charbon, mais toute ces tentatives sont restées infructueuses soit par manque de moyen soi par manque de connaissance[3].

    Histoire

    Gravure en noir et blanc : le bâtiment de la mine est doté d'une cheminée et tour pyramidale au milieu d'un paysage champêtre.
    Le puits Saint-Louis est le principal charbonnage de Ronchamp dans les années 1820 et 1830.

    En novembre 1820, les ingénieurs Parrot et Voltz ont réalisé chacun un travail de recherche sur les régions pouvant receler de la houille et le coût d'éventuelles prospections. Tous deux désignent la zone située entre Ronchamp et Romagny, ils suggèrent que les industriels alsaciens s'associent pour mener à bien les travaux[3].

    En 1821, une première association est créée par les deux sociétés Wesserling MM. Gros Davillier Roman et Cie, soucieuses de l'économie du département et de ses biens publics[4]. Un appel est alors lancé à l'intention des industriels locaux, 90 actions sont alors vendues. La société anonyme Saglio Humann et Gast est créée le avec une valeur d'action de 600 francs. La compagnie porte le nom d'un maître de forges d'Audincourt qui a déjà mené des prospections pour la recherche de houille qui s'est allié à la société départemental[5]. Le 2 mars, Monsieur Nœtinguer est nommé directeur des travaux de recherches.

    Le , la « Compagnie pour la recherche de nouvelles mines de houille dans le département du Haut-Rhin et ceux limitrophes » est officiellement constituée avec un nombre d'actions augmenté à 125 et un capital social de 75 000 francs, parmi les actionnaires se trouvent des membres de grandes familles industrielles alsaciennes comme les Dollfus et les Kœchlin (les deux ayant une histoire liée aux houillères de Ronchamp)[6].

    Le après sa nomination, le directeur établit un rapport sur les anciens travaux, pour rembourser la compagnie Saglio Humann et Gast et pour étudier les futures zones à explorer. Monsieur Fourneyron, sortant de l'école des mines, est nommé directeur adjoint[7]. Dans ce rapport, Monsieur Nœtinguer explique que le charbon est présent uniquement en des points précis et isolés au pied de la partie orientale du massif des Vosges, sans apparaître à la surface du sol[8]. Selon lui, les deux zones les plus favorables sont situées entre Romagny et Auxelles-Bas, mais aussi Giromagny et Masevaux. Il cite également les terrains à la limite est de la concession de Ronchamp, mais aussi ceux autour des communes de Roppe, Burbach-le-Haut, Uffholtz et Saint-Hippolyte, ces dernières étant situées sur la route entre les mines de Ronchamp-Champagney et plusieurs établissements industriels alsaciens, elles sont donc stratégiques pour concurrencer les mines saônoises[9].

    Un autre rapport rédigé par Monsieur Fourneyron reconnaît la probable existence de la houille à Étueffont, Rougegoutte et d'autres villages cités par son supérieur. En revanche, il s'oppose à continuer les travaux vers Buebach et d'Illfurth qui n’appartiennent pas au bassin houiller. Il est pour augmenter les surveillances des chantiers et accorder des primes d'encouragements aux ouvriers comme Monsieur Nœtinguer[10].

    Le , la compagnie a déjà dépensé un tiers de la valeur de ses actions, le 31 octobre suivant, le conseil décide de faire appel aux deux tiers restant pour continuer les travaux[11]. Le , Monsieur Nœtinguer résilie son contrat de directeur et d’actionnaire, mais il continue d'assurer sa fonction pendant six mois[12].

    Le , le conseil décide à l'unanimité de reconstituer la compagnie pour trois ans en offrant la possibilité à de nouveaux actionnaires de se présenter[13]. En 1825, les travaux reprennent sous la direction de Monsieur Mallat, ancien élève de l'école des mines de Saint-Étienne, il a comme adjoint Monsieur Blim. La même année, le travail de nuit est supprimé[14]. En mars 1827, Monsieur Blim remplace Monsieur Mallat au poste de directeur[15]. Au mois de juin suivant, la société est reconstituée pour trois ans, huit actionnaires quittent la compagnie[16].

    La société s'intéresse ensuite au bassin houiller de la vallée de Villé où il existe deux concessions :

    Les deux concessions appartiennent à Monsieur Cuny depuis le [17].

    Monsieur Nœtinguer crée la compagnie du Bas-Rhin, basée à Colmar qui entreprend des recherches en dehors des concessions et des affleurements, sans succès. Le , le conseil de la compagnie du Haut-Rhin et Monsieur Cuny s'accordent pour des recherches dans les deux concessions et de partager les bénéfices en cas de mise en exploitation. Le matériel de recherches est repris sur les anciens sondages réalisés dans le sud du Haut-Rhin[18]. Malgré toutes les recherches effectuées, seules des veinules de houille inexploitables sont rencontrées. La compagnie est mise en liquidation le puis dissoute, tout le matériel, les archives et le budget restant sont donnés au département et à la Société industrielle de Mulhouse qui rédige son rapport sur l'histoire de la société en 1834[19].

    Au total, la compagnie a dépensé 109 580,87 francs pour ses travaux de recherches qui, bien que négatifs ou peu convaincants, permettent de mieux connaître le sous-sol du département et de conclure que les sources d'énergie doivent y être importées[20] mais aussi que les gisements houillers qui bordent le massif des Vosges n'égalent pas l'importance de celui exploité par les houillères de Ronchamp[19].

    Travaux

    Chevalet de bois surmonté d'une poulie où passe un câble déroulé par un treuil à bras
    Exemple de machinerie pouvant être utilisée pour les sondages.

    Travaux de la compagnie Struch

    Depuis 1806, cette compagnie prospecte les environs d'Uffholtz. Elle découvre de l'anthracite à deux endroits distincts. Au lieu-dit Schmidtenrang, trois couches de schiste anthraciteux respectivement de 2 mètres, 0,5 mètre et 0,5 mètre sont découvertes parallèles les unes aux autres avec un pendage de 45° vers le nord-est[21]. Au lieu-dit Holzmacher, une couche anthraciteux de 6 mètres d'épaisseur et d'un pendage de 45° à 50° vers le nord est découverte. Plusieurs puits et galeries sont entrepris dans ce gisement, 50 000 francs y sont dépensés jusqu'en 1824. Une fusion faillit avoir lieu avec la société départementale, mais annulée faute d’accord[22].

    Puits de la société Saglio Humann et Gast

    La compagnie a creusé plusieurs puits sur différents terrains qu'elle a acquis. Un premier puits, situé à Étueffont-Bas, traverse de banc de grès et de schistes houillers et quelques feuillets de houille avant de rencontrer dérangement de couche et d'être abandonné[23]. Un second puits, creusé à Étueffont-Haut, est abandonné pour les mêmes raisons après avoir traversé 78 mètres de grès rouges. Un troisième puits est creusé à Romagny[24].

    Un quatrième puits est creusé dans le grès à Grosmagny, mais il est abandonné, car le terrain ancien trop proche réduit les chances de trouver du charbon[24].

    Un autre puits creusé à Rougegoutte est arrêté dans le même type de roche à faible profondeur. L'enfoncement moyen de ces différents puits est de 12,19 mètres[24].

    Sondage d'Étueffont-Bas

    La société Saglio Humann et Gast décide d'entreprendre un sondage sur la commune d'Étueffont avant 1822 à 243,84 mètres de l'ancien puits, le directeur pense alors rencontrer le charbon à 73,15 mètres, mais il est abandonné avant d'avoir atteint cette profondeur[24].

    Les travaux sont poursuivis après la fusion avec la société départementale. Il est abandonné le à 73,76 mètres de profondeur suite à accident. Le fonçage n'a alors pas dépassé le grès rouge et la compagnie y a dépensé 3 632,15 francs[25].

    Sondage d'Étueffont-Haut

    Le sondage est creusé dans la même commune à partir du , il atteint le terrain houiller à 115,52 mètres. Le alors que la société a dépensé 12 355,37 francs et que le sondage ne donne plus d’espoir de découvrir du charbon, un accident provoque son abandon[26].

    Sondage de Grosmagny

    Creusé entre le et le , ce sondage établi à Grosmagny atteint la profondeur de 137,82 mètres, sans résultats positifs, il a coûté 8 861,17 francs[26].

    Sondage de Rougegoutte

    Ce sondage creusé à Rougegoutte ente le et le rencontre le terrain de transition après avoir traversé 243,84 mètres de grès rouge[26]. Il est arrêté à 249,61 mètres et a coûté 33 602,10 francs[27]. Il ne rencontre pas le terrain houiller[28].

    Travaux d'Illfurth

    Cette ancienne galerie de 108,51 mètres de long située à Illfurth est reprise en décembre 1822 par la compagnie, elle est abandonnée dès janvier 1823, les ingénieurs estimant qu'elle n'a plus aucune chance de rencontrer de la houille après y avoir dépensé 295,25 francs[27]. De plus, cette galerie est très coûteuse, instable et n'a rencontré que quelques fragments de lignite[29].

    Travail des Passottes

    Le , la compagnie récupère l'ancien puits débuté par la société Saglio Humann et Gast à Étueffont-Bas. Il est approfondi jusqu’au terrain de transition à 14,94 mètres de profondeur avant qu'une galerie ne soit creusée pour retrouver des veines de houille identifiées par le puits, mais c'est un échec et le puits est remblayé dès le . Un petit sondage est alors entrepris à proximité[27] mais il rencontre le terrain de transition à faible profondeur. 6 247,70 francs sont dépensés par les deux sociétés pour ces travaux[30].

    Sondage de Gelbenheim

    Creusé entre le et le , ce sondage atteint la profondeur de 70,31 mètres sans dépasser les couches de grès tertiaires, il a coûté 1 893 francs[30].

    Sondage de Felon

    Ce sondage est creusé sur le territoire de la commune de Felon entre le et le . Alors qu'il est toujours dans le grès rouge à 190,12 mètres sous la surface, il est victime d'un accident qui précipite son abandon après que la compagnie y ait dépensé 16 089,39 francs[30].

    Puits de Romagny

    Le puits est creusé avant 1822 à Romagny[30] par la société Saglio Humann et Gast. Le fonçage est repris par la société départementale le . Une galerie est creusée en suivant l'inclinaison d'une petite couche de houille rencontrée mais les résultats sont décevants et le charbonnage est abandonné en . Ce puits a coûté 2 701,12 francs aux deux compagnies[31].

    Sondage d'Étueffont-Haut II

    Troisième sondage entrepris à Étueffont, il est commencé le , il rencontre le terrain houiller dès 8,53 mètres, mais sans résultats positifs, il est abandonné dans le terrain de transition à 38,40 mètres de profondeur, la compagnie a dépensé 803,05 francs pour ce sondage[31].

    Sondage de Romagny

    Le sondage débute le , il rencontre un terrain présumé d'anthracite, mais sans charbon visible à 117,04 mètres. Après avoir dépensé 4 974,08 francs, la compagnie l'abandonne le après avoir traversé 127,41 mètres de roches[31],[20].

    Sondage d'Erlenbach

    Également appelé sondage de Villé, il est creusé sur la commune d'Albé entre le et le . Après avoir rencontré de faibles veinules de houille, il entre dans le terrain de transition de 9,14 mètres. Il est finalement abandonné à 102,36 mètres après avoir coûté 4 510,60 francs à la compagnie[20].

    Sondage de Fouchy

    La compagnie décide de creuser son dernier sondage à Fouchy, commencé en et achevé le , il est directement passé du grès rouge au terrain de transition à 172,21 mètres. La compagnie a déboursé 13 615,89 francs pour son creusement[20].

    Notes et références

    1. Jean-Jacques Parietti 1999, p. 39.
    2. SIM 1834, p. 205.
    3. a et b SIM 1834, p. 206.
    4. SIM 1834, p. 207.
    5. SIM 1834, p. 211.
    6. SIM 1834, p. 214-216.
    7. SIM 1834, p. 231-232.
    8. SIM 1834, p. 232.
    9. SIM 1834, p. 232-233.
    10. SIM 1834, p. 236.
    11. SIM 1834, p. 246.
    12. SIM 1834, p. 251-252.
    13. SIM 1834, p. 254-256.
    14. SIM 1834, p. 265.
    15. SIM 1834, p. 272.
    16. SIM 1834, p. 275.
    17. SIM 1834, p. 281-282.
    18. SIM 1834, p. 282-284.
    19. a et b SIM 1834, p. 285-291.
    20. a b c et d SIM 1834, p. 296.
    21. SIM 1834, p. 253.
    22. SIM 1834, p. 254.
    23. SIM 1834, p. 230-231.
    24. a b c et d SIM 1834, p. 231.
    25. SIM 1834, p. 291.
    26. a b et c SIM 1834, p. 292.
    27. a b et c SIM 1834, p. 293.
    28. Jean-Jacques Parietti 1999, p. 40.
    29. SIM 1834, p. 241.
    30. a b c et d SIM 1834, p. 294.
    31. a b et c SIM 1834, p. 295.

    Voir aussi

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    Articles connexes

    Bibliographie

    Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

    • SIM, Bulletin, vol. 7, Société industrielle de Mulhouse, (lire en ligne), p. 205-298. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    • Jean-Jacques Parietti, Les dossiers de la Houillère 4 : Le puits d'Éboulet, Association des amis du musée de la mine, (présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article