Charles Montagut

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Charles Montagut, né le à Excideuil (Dordogne) et mort le dans l'Océan Atlantique Nord, est un militaire puis négociant et homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles-Gabriel Montagut est le fils de Magdelaine Bettou (1795-1882), fille d'un négociant, et de Jean-Georges Montagut (1782-1842), docteur en médecine[1], neveu de Cabanis et chef de l'opposition libérale de la Dordogne sous la Restauration[2]. Charles est le frère cadet de Marc Montagut et l'oncle maternel d'Henri Chavoix, futurs députés de la Dordogne[3].

Admis à l’École polytechnique en 1837[4], il s'engage ensuite dans l'artillerie, s'élevant progressivement jusqu'au grade de capitaine, qui lui est attribué par une ordonnance royale du [5].

Républicain, il est proche des hommes du National tels qu'Ernest Caylus, Charles Thomas et Léopold Duras. Au lendemain de la Révolution de février 1848, cette proximité lui vaut d'être nommé commissaire de la République dans son département natal. Il rejoint ensuite son régiment à Vincennes avant d'être muté à Oran[2].

Refusant de servir le régime issu du Coup d'État du 2 décembre 1851, il refuse de prononcer le serment obligatoire et doit par conséquent quitter l'armée. Il se retire alors aux États-Unis puis à Bordeaux, où il s'établit comme négociant et où il devient l'une des personnalités girondines de l'opposition républicaine au Second Empire[2],[6].

Le , il épouse à New York Julie de Ruyter (1827-1873), fille de John de Ruyter[7], et belle-sœur d'Ernest Caylus. Leur fille, Julie-Émilie- Magdeleine-Louise Montagut, naît à Bordeaux le .

En 1860, Charles Montagut s'associe à son beau-père, à son beau-frère Caylus, à Charles Thomas et à Léopold Duras pour fonder une société spécialisée dans les affaires de commission et les affaires commerciales générales entre la France et les États-Unis, avec un siège social à New York (E. Caylus, de Ruyter & Co.) et un autre à Bordeaux (C. Thomas, Montagut et Cie), doté d'une succursale à Paris à partir de 1864[8]. Dissoute en 1868, elle est remplacée par la société « C. Montagut et Cie », dont le siège New-Yorkais conserve la raison sociale « E. Caylus, de Ruyter & Co »[9].

Après les revers de la guerre contre l'Allemagne, Montagut décide de participer à la défense du pays et prend le chemin de la capitale qui est sur le point d'être assiégée. Un décret du le nomme sous-chef d'état major de la garde nationale de la Seine[10]. Élevé au grade de lieutenant-colonel, il sert sous les ordres du général Tamisier. Il est présent aux côtés de ce dernier à l'hôtel de ville, lors du soulèvement du 31 octobre 1870 : retenus prisonniers par les insurgés en même temps que la plupart des membres du gouvernement de la Défense nationale, Tamisier et Montagut sont libérés comme eux lors de la reprise des lieux par les bataillons loyalistes de la garde nationale[11].

Le , Montagut est promu colonel chef d'état-major général en remplacement du colonel Ferri-Pisani[12]. Il devient ainsi le chef d'état-major général de la Première armée, sous le commandement direct du général Clément-Thomas, un ami de longue date[13]. Ce dernier ayant donné sa démission le , quelques jours après l'échec de la sortie de Buzenval et la fin du siège, le colonel Montagut se retire également[14]. Cette démission lui évite de servir sous les ordres du général Vinoy, qui vient de succéder au général général Trochu en tant que gouverneur de Paris et avec lequel Montagut est en désaccord, notamment au sujet des permissions de sortie. Celles-ci, accordées en trop grand nombre selon Montagut, auraient en effet entraîné le départ massif des éléments provinciaux et bourgeois les plus disciplinés, renforçant ainsi le poids des révolutionnaires dans les effectifs de la garde nationale[13].

Dans une lettre adressée à Clément-Thomas, le colonel Montagut justifie également sa décision par son opposition politique à la majorité royaliste issue des élections législatives du 8 février[15]. Lui-même avait été candidat en Gironde, où son nom figurait en 7e place sur la liste du Comité républicain, derrière Léon Gambetta, Jules Simon, François-Frédéric Steenackers, Émile Fourcand et Paulet (membre du conseil municipal de Bordeaux)[16]. Il avait alors obtenu 31 372 voix[17] mais n'avait pas été élu.

Revenu à la ville civile, Montagut se porte candidat à un poste de conseiller général de la Gironde dans le 2e canton de Bordeaux, avec le soutien du comité républicain local et des journaux La Gironde, La Tribune et L'Indépendance[18]. Il est élu dès le 1er tour, le [19], avec 2 237 voix, soit 87 % des suffrages mais seulement 32 % des inscrits, l'abstention ayant été très importante[20].

En 1873, la crise financière contraint Charles Montagut à se rendre à New York. Il quitte donc la France au mois de septembre en compagnie de sa femme et de sa fille. Pendant son absence, les républicains de Gironde le choisissent pour être candidat au siège de député rendu vacant par la mort d'Amédée Larrieu[6]. Pour leur retour en France, les Montagut embarquent sur le Ville-du-Havre, qui fait naufrage le . Leur décès ne sera acté, à la requête de leurs héritiers, qu'après un arrêt de la cour d'appel de Paris du [21],[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales de la Dordogne, état civil de la commune d'Excideuil, registre des naissances de 1818 (vue 15 sur 32).
  2. a b et c Féret, p. 462.
  3. Bernard Lachaise, « Montagut François Guillaume Marc », in Sylvie Guillaume et Bernard Lachaise (dir.), Dictionnaire des parlementaires d'Aquitaine sous la Troisième République, Presses universitaires de Bordeaux, 1998, p. 109-111.
  4. Le Moniteur universel, 7 novembre 1837, p. 3.
  5. L'Argus des haras et des remontes, 15 juin 1847, p. 437.
  6. a et b Le Siècle, 11 décembre 1873, p. 2-3.
  7. Archives de Bordeaux, état civil de la 1e section, registre des mariages de 1857, acte no 599 bis (vue 227 sur 312).
  8. Le Moniteur universel, 30 décembre 1863, p. 4.
  9. Le Moniteur universel, 1er juillet 1868, p. 9.
  10. Journal officiel de la République française, 11 septembre 1870, p. 1549.
  11. P. de Montgaillard, La Nuit du 31 octobre 1870 à l'hôtel-de-ville de Paris, Bordeaux, 1871, p. 20.
  12. Journal officiel de la République française, 4 novembre 1870, p. 1681.
  13. a et b Annales de l'Assemblée nationale. Compte-rendu in-extenso des séances. Annexes, t. IX (Enquête sur l'insurrection du 18 mars 1871), Paris, 1872, p. 722-729.
  14. Journal officiel de la République française, 15 février 1871, p. 91.
  15. La Presse, 17 février 1871, p. 1.
  16. Le Moniteur universel, 7 février 1871, p. 3.
  17. Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 15 février 1871, p. 1.
  18. Le Temps, 28 septembre 1871, p. 2.
  19. La France, 10 octobre 1871, p. 3.
  20. Le Temps, 11 octobre 1871, p. 3.
  21. Alfred de Courcy, Une Question de législation et de morale : les veuves des marins disparus, Paris, Anger, 1878, p. 39-42.
  22. Archives de Paris, état civil du 9e arrondissement, registre des décès de 1874, acte no 1163 (vue 20 sur 31).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Édouard Féret, Statistique générale du département de la Gironde, t. III, 1e partie, Bordeaux, 1889, p. 462.
  • Ressource relative à la vie publiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :