Leopard 2
Char Leopard 2 | |
Leopard 2 A5 de l’armée de terre allemande en 2010 | |
Caractéristiques de service | |
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Service | Depuis 1979 |
Conflits | Guerre d'Afghanistan |
Production | |
Concepteur | Krauss-Maffei |
Année de conception | 1970-1977 |
Constructeur | Krauss-Maffei & Maschinenbau Kiel |
Production | plus de 3480 exemplaires |
Caractéristiques générales | |
Équipage | 4 hommes commandant, pilote, tireur et chargeur |
Longueur | 7,72 m (châssis)
9,67 m (canon compris) |
Largeur | 3,7 m |
Hauteur | 2,48 m |
Masse au combat | Leopard 2A4 : 55,1 tonnes
Leopard 2A5 : 59,5 tonnes |
Blindage (épaisseur/inclinaison) | |
Blindage | blindage composite stratifié dont la composition varie selon les versions.
Blindage espacé ou rapporté de série ou en option suivant les variantes. |
Armement | |
Armement principal | 1 x canon à âme lisse Rh 120 de 120 mm approvisionné à raison de 42 obus.
A0 à A5 : L/44 |
Armement secondaire | 2 x mitrailleuses de 7,62mm MG3 (coaxiale et sur tourelle), 4 750 coups 2 x 8 pots lance-fumigènes (de chaque côté de la tourelle) |
Mobilité | |
Moteur | MTU MB 873 à 12 cylindres |
Puissance | 1500 ch (1103,2 kW) à 2600 tr/min |
Transmission | Renk HSWL 354 (automatique à 4 rapports avant et 2 rapports arrière) |
Suspension | barre de torsion avec amortisseurs hydrauliques |
Vitesse sur route | 68 à 72 km/h sur route 45 km/h tout-terrain, 31 km/h en marche-arrière. |
Puissance massique | de 27,2 à 24,9 ch/tonne suivant les modèles |
Réservoir | 1 160 ℓ |
Autonomie | 500 km
A6 : 450 km |
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Le Char Leopard 2 est un char de combat principal allemand de troisième génération.
Historique
Au début des années 1970, suite à l'abandon du programme MBT-70 germano-américain (destiné au départ à fournir aux deux pays une plate-forme de char d'assaut commune), l'Allemagne de l'Ouest, toujours désireuse de remplacer le Leopard 1, demande aux groupes Porsche, Krauss-Maffei et Wegmann de travailler sur le projet.
Les bases de départ vont être le prototype Keiler et le programme MBT-70. La motorisation, le chenillage, le système de roulement seront repris du MBT-70 et l'architecture générale du Keiler. La seule question qui se pose est de savoir si le calibre du canon sera 105 mm ou 120 mm. De 1972 à 1976, plusieurs prototypes sont construits selon différentes configurations, 17 au total, plus deux versions appelées AV tendant vers le projet du M1 américain en vue d'une unification des éléments (tourelle avec un blindage composite, renforcement de la suspension, télémètre laser et non optique). Les essais terminés, la version AV est retenue (avec son blindage non composite mais perforé) et servant de base pour la production par les entreprises Krauss-Maffei et Mak en huit lots (2 950 chars construits entre 1979 et 1992).
En 1988, un programme de modernisation est mis en place pour donner naissance à la version A5 : déplacement du viseur panoramique du chef de char, augmentation du blindage sur l'avant de la tourelle et sur le train de roulement, mise en place d'une caméra thermique pour le commandant (le tireur en avait déjà une, qui pouvait être recopiée pour le commandant), système de navigation GPS/inertiel. Sur la version A6, le canon de 120 mm L/44 est remplacé par la version 120 mm L/55 de la firme Rheinmetall, plus longue. Cette version est également dotée d'une protection NBC ainsi que d'une vision nuit.
Le prix unitaire d'un char Leopard 2 a été évalué à 5,3 millions de dollars en mars 2006[1].
Blindage
Le Léopard 2 possède un blindage composite de troisième génération protégeant le glacis ainsi que la face avant et les flancs de la tourelle (sauf la nuque et le toit). Les premières versions du Léopard 2 avaient un blindage stratifié, c'est-à-dire composé de différentes plaques d'acier de différente dureté empilées les unes sur les autres. Certaines plaques étaient percées de trous pour faire dévier les obus-flèche lors de l'impact tout en sauvant du poids, cette formule sera utilisée 10 ans plus tard sur le char français Leclerc.
Actuellement, les chars Léopard 2 possèdent un blindage similaire au blindage Chobham anglais. Il s'agit toujours d'un blindage stratifié mais cette fois à base de matériaux composites. Bien que la composition exacte soit inconnue, le blindage du Léopard 2 serait composé de différents types d'acier, de titane, de plastique, de caoutchouc, de tungstène, de kevlar et de céramique.
À partir de la version A5 apparue en 1995, le Léopard 2 fut équipé d'un blindage incliné supplémentaire dans le but de renforcer sa protection contre les obus flèche et les charges creuses. Ce blindage supplémentaire en acier est démontable et recouvre une partie de la tourelle à la manière d'un blindage espacé. Pour se protéger des éclats, l'intérieur de la tourelle est entièrement tapissée de kevlar.
Le Léopard 2A4 "Evolution", le Léopard 2A6 PSO et le Léopard 2A7+ possèdent des kits protection supplémentaires AMAP spécialisés dans chaque type de menace. Les modules AMAP (Advanced Modular Armor Protection) sont l'évolution du blindage rapporté MEXAS, fabriqué par la firme allemande IBD Deisenroth Engineering.
Durant la seconde guerre d'Afghanistan les Léopard 2A6M canadiens furent équipés de grilles anti-RPG appelées aussi blindage cage protégeant les flancs, le compartiment moteur et la tourelle, tandis que les Léopard 2A5 danois furent recouvert du système de camouflage Barracuda suédois conçu pour diminuer la signature thermique du véhicule.
Munitions
Ce tableau résume la gamme de munitions de 120 mm produites par l'Allemagne pour le canon Rheinmetall équipant le Léopard 2[2]. À noter que le canon du Léopard 2 est compatible avec d'autres munitions de 120 mm conformes aux normes OTAN.
Désignation | Type | Masse totale de la munition | Masse du projectile | Vitesse initiale | Pénétration | Introduction | Autres informations | |
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DM 11 | obus explosif à fragmentation | 29 kg | 19 kg | 950 m/s (L44)[3] 1 100 m/s (L55) | 10 mm d'acier homogène laminé | 2009 | obus explosif à détonation programmable, utilisé aussi par l'USMC | |
DM 12 | obus à charge creuse | 23 kg | 13,5 kg | 1 140 m/s | 600 mm d'acier homogène laminé à n'importe quelle distance | avant 1985 | produit sous licence aux USA sous le nom de M830 et au Japon sous le nom de JM-12 | |
DM 13 | obus flèche | n.c | 4,44 kg | 1 650 m/s | 390 mm d'acier homogène laminé à 2 000 m | 1979 | première munition utilisée par le canon Rheinmetall de 120 mm en 1979, très vite devenue obsolète | |
DM 18 | munition d'entraînement | 23 kg | n.c | 1 140 m/s | n.c | avant 1985 | version d'entraînement de l'obus à charge creuse DM 12, projectile de couleur bleue en alliage acier/aluminium dépourvu d'explosif | |
DM 23 | obus flèche | n.c | n.c | 1 650 m/s | 470 mm d'acier homogène laminé à 2000 m | 1983 | version plus longue et plus affinée par rapport au DM 13, nouveau combustible propulsif et tête creuse pour une meilleure stabilisation en vol | |
DM 33 | obus flèche | 19 kg | 7,3 kg | 1 650 m/s | 550 mm d'acier homogène laminé à 2 000 m | 1987 | produit sous licence pour le Type 90 sous le nom de JM-33 | |
DM 38 | munition d'entraînement | n.c | n.c | n.c | n.c | n.c | version d'entraînement de l'obus flèche DM 33 stabilisée par un empennage de forme conique | |
DM 43 | obus flèche | 19,5 kg | ~ 4 kg (pénétrateur) | 1 740 m/s (L44) 1 790 m/s (L52) | 590 mm d'acier homogène laminé à 2 000 m | 1994 | obus flèche en tungstène développé conjointement par l'Allemagne et la France, désigné OFL 120 F1 dans l'armée de terre française. | |
DM 48 | munition d'entraînement | n.c | n.c | n.c | n.c | n.c | version d'entraînement de l'obus flèche DM 43 stabilisée par un empennage de forme conique | |
DM 53 | obus flèche | 21,4 kg | 8,35 kg | 1 670 m/s (L44) 1 750 m/s (L55) | 700 mm d'acier homogène laminé à 2 000 m (L44) 760 mm d'acier homogène laminé à 2 000 m (L55) | 1999 | affiche une bonne capacité de pénétration même après avoir traversé un blindage réactif. Compatible avec des canons de 120 mm longs de 44 ou de 55 calibres | |
DM 63 | obus flèche | 21,4 kg | 8,35 kg | 1 755 m/s (L55) | 720 mm d'acier homogène laminé à 2 000 m (L55) | 2006 | projectile en tungstène optimisé pour être tiré par le canon Rheinmetall d'une longueur de 55 calibres |
Conception classique
Malgré ses indéniables qualités (notamment la robustesse de la boîte de vitesses), la masse plutôt élevée, quoique restant dans la moyenne, les dimensions importantes et l'équipage classique à quatre hommes (absence de chargement automatique) montrent que ce char est ancré dans une vision plus classique que les chars soviétiques de la même époque, ou encore, des chars Type 90 et Leclerc conçus une décennie plus tard.
Cela peut être un avantage, car un membre d'équipage de plus (le chargeur) est une personne de plus pour effectuer les réparations éventuelles, sans parler de la maintenance moins complexe (blindé plus simple). Cette vision est d'ailleurs partagée avec les chars contemporains M1A2 et Challenger 2. Mais cela entraîne aussi certains inconvénients, qui font que ce poste est généralement supprimé sur les chars plus récents comme le Leclerc français, le Type 90 japonais ou le T-90 russe.
Variantes
Plus de 3 200 chars ont été construits jusqu'en 2007, toutes versions et licences à l'étranger incluses.
- Version A1 : installation de caméra thermique pour le tireur (WBG), amélioration du réseau électrique, suppression de l'anémomètre, suppression de la mitrailleuse en tourelle, modification du compartiment stockage des munitions, déplacement de l'orifice de remplissage en carburant, rehausse de 5 cm de l'épiscope du chef de char. 750 exemplaires produits de 1982 à 1984.
- Version A2 : modernisation des 380 exemplaires A0 suivant la version A1.
- Version A3 : remplacement du poste radio, raccourcissement des antennes, nouveau camouflage. 300 exemplaires produits de 1984 à 1985.
- Version A4 : calculateur numérique et non plus analogique de la conduite de tir, système anti-incendie pour la tourelle. 370 exemplaires produits entre 1985-1986. 250 exemplaires produits entre 1988 et 1990 avec comme modifications supplémentaires : augmentation du blindage sur le front et les côtés de la tourelle et du châssis, nouvelles chenilles, amélioration des préblindages des trains de roulement, trappe latérale de chargement des munitions supprimée. À noter que la masse passe à 56,5 tonnes. 75 autres exemplaires produits de 1991 à 1992 avec d'autres modifications mineures.
- Version NL : version produite pour l'armée néerlandaise à 445 exemplaires de 1982 à 1986 sur la base de la version A1 avec des éléments de nationalité néerlandaise (radio suivant standard local, épiscope, mitrailleuse du toit de la tourelle, pots fumigènes).
- Version char 87 Leo (Suisse) : version construite sous licence par les Suisses à 380 exemplaires de 1987 à 1993 sur la base de la version A4 avec des éléments de nationalité suisse (pots d'échappement "silencieux", mitrailleuse de coupole "mitr de char 7.5 mm 51/71", 16 lance-pots nébulogènes 7.6 cm 87, attaches sur tourelle des crampons à glace pour les chenilles, emplacement des filets à camouflage sur tourelle).
- Version A5 : cette version comporte des modifications importantes sur la base de chars déjà construits (porte sur 225 unités du parc allemand entre 2000 et 2003) visant à rajeunir le Leopard 2 et à éliminer certains défauts de conception. La masse du char passe alors à un peu moins de 60 tonnes, due essentiellement à la motorisation électrique de la tourelle et au rajout de blindage sur celle-ci ainsi que sur les flancs au niveau du train de roulement. Le viseur commandant (PERI) qui était à droite du commandant, est maintenant à gauche. Il se voit adjoindre une caméra thermique (TIM) et un moniteur qui permet d'afficher le TIM, ou les voies jour (HZF) ou nuit (WBG) du viseur tireur(EMES).
- Version A6 : dernière version en date portant sur l'amélioration de 405 Leopard 2 A5, et des 185 Leopard 2 NL, entre 2001 et 2005, par le remplacement du canon de 120 mm L44 par la version L55. Ce canon permet d'utiliser une nouvelle munition Kinetic Energy (LKE) plus rapide.
- Version Stridsvagn 122 : version suédoise (120 exemplaires livrés) avec des composants de nationalité suédoise pour la compatibilité, la possibilité de tirer des munitions israéliennes (plus efficaces contre l'infanterie à découvert), remplacement des suspensions (dû encore au rajout de blindage qui fait monter la masse à 63 tonnes).
- Version E : version espagnole basée sur la version A6, fabriquée sous licence à 219 exemplaires.
- Version HEL* : version grecque basée sur la version A6, produite sous licence à 140 exemplaires.
- Version A6 Ex : version destinée à l'exportation (version A6 avec une nouvelle motorisation permettant un réservoir d'une capacité plus grande).
- Version A6M basée sur le A6 mais possède une meilleure protection contre les mines.
- Version A6 PSO : peace support operation, équipé d'une pelle à l'avant, ce char est destiné aux opérations de combat en localité, première observation en 2006.
- Version A7+ : présenté en 2010 au salon européen Eurosatory, cette version est dédiée aux conflits de basse intensité et aussi bien à ceux de haute intensité. Le blindage a été remis à jour et protège totalement le char contre les IED et les projectiles à charge creuse. La version 2A7+ peut tirer des obus brisants programmables et il est aussi équipé d'une mitrailleuse télé-opérée depuis l'intérieur du véhicule. 200 de ces véhicules ont été vendus à l'Arabie saoudite[4] mais le gouvernement allemand a mis son veto à ces ventes en 2014.
- Version NG : modernisation proposée par la firme turque Aselsan (Next Generation).
Opérateurs
Le Léopard 2 est l’actuel char ouest-européen de loin le plus exporté depuis les années 1980, en grande partie grâce aux surplus dus à la diminution des forces armées en Europe :
- Autriche : 115 exemplaires d'occasion reçus depuis 1997.
- Allemagne : 2 145 exemplaires reçus entre 1979 et 1992, 457 en service en 2007, 395 prévus en 2012 dont plus de 260 en ligne.
- Canada : 120 exemplaires, dont 20 exemplaires A6M loués en 2007 et 100 Léopard 2 (20 Léopard 2A6 et 80 Léopard 2A4) achetés aux Pays-Bas.
- Chili : 118 d'occasion commandés en 2006.
- Espagne : 327 exemplaires, dont 108 Léopard 2A4 transférés depuis l'Allemagne reçus en 1998 et 219 Léopard 2E reçus depuis 2003.
- Danemark : 57 en service en 2006.
- Finlande : 124 exemplaires version A4 d'occasion reçus. 20 convertit en poseurs de ponts et engins de génie de combat. 12 démontés servant de pièces de rechange. Un char a été perdu. 91 sont opérationnels.
- Grèce : 353 exemplaires reçus à partir de 2006, dont 183 d'occasion.
- Indonésie : 104 exemplaires d'occasion livré en novembre 2012.
- Pays-Bas : 445 exemplaires reçus, 180 en service en 2006.
- Suisse : 380 exemplaires appelés localement Pz 87, remplaçant le char 55 (Pz 55).
- Pologne : 128 exemplaires d'occasion[5].
- Singapour : 66 exemplaires commandés en 2007.
- Suède : 280 exemplaires, dont 160 d'occasion.
- Norvège : 54 exemplaires d'occasion.
- Turquie : 298 exemplaires d'occasion.
- Portugal : 37 exemplaires d'occasion - Signature du protocole de réception le 26 septembre 2007[6]
- Qatar : 62 exemplaires[7]
Dans la culture populaire
- Dans le jeu vidéo de stratégie Empire Earth : le joueur peut construire des chars Léopards dans ses usines durant l'ère atomique - Moderne (époque 12).
- Dans le FPS de simulation militaire Arma III, un des chars de la faction "indépendante" (AAF), nommé "MBT-52 Kuma", est basé sur le Léopard 2.
Notes
- « Le Leopard 2 », sur diorama-militaire-ho.over-blog.com
- (de) Munition der deutschen 120 mm Panzerkanone Rheinmetall
- Fait référence à la longueur du canon en calibres
- (de)« Der Leopard 2 A7+ von Krauss-Maffei Wegmann - Der perfekte Panzer für den arabischen Frühling », sur www.youtube.com
- http://www.opex360.com/2012/08/05/la-pologne-envisage-lacquisition-dun-millier-de-chars-anders/
- (pt) Exercito Português
- Le Qatar achète 62 chars LEOPARD 2 à l’Allemagne, qatarinfos.net, 18 avril 2013
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
- (en) Leopard 2