AMC Schneider P16

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AMC Schneider P16
Image illustrative de l’article AMC Schneider P16
AMC P16 du 18e régiment de dragons vers 1936.
Caractéristiques de service
Type Automitrailleuse de combat
Service 1931 - 1942
Utilisateurs Drapeau de la France France
Conflits Seconde Guerre mondiale
Production
Concepteur Citroën-Kégresse
Année de conception 1925-1929
Constructeur Schneider
Production 1928-1931
Unités produites 4 + 96
Variantes Schneider 16 CV
Schneider P16
Caractéristiques générales
Équipage 3
Longueur 4,815 m[1],[2]
Largeur 1,75 m[1],[2]
Hauteur 2,475 m[1],[2]
Masse au combat 6,3 t
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Blindage 11,5 mm
Armement
Armement principal Canon SA 18 de 37 mm (100 coups[3])
Armement secondaire Mitrailleuse MAC 31 de 7,5 mm coaxiale (3 000 coups[3])
Mobilité
Moteur 4 cylindres Panhard PK4-E3
Puissance 60 ch
Vitesse sur route 47 à 50 km/h
Pente franchissable 40%
Puissance massique 9,5 ch/t
Autonomie 250 km

La Schneider P16 est une automitrailleuse française de l'entre-deux-guerres, produite par Schneider. Conçue dans les années 1920 pour la cavalerie française, sa formule semi-chenillée (système Kégresse) lui donne une bonne mobilité pour l'époque. Faute de mieux, elle combat pendant la bataille de France en 1940.

Historique[modifier | modifier le code]

Vue de côté de la version de pré-série de l'automitrailleuse Schneider-Kégresse
Schneider P16 de pré-série.

Elle dérive de l'automitrailleuse Citroën P4T (it), automitrailleuse peu fiable équipée de chenilles Kégresse et conçue par Citroën. Citroën agrandit son véhicule et le propose à la cavalerie[4], répondant ainsi à deux spécifications de 1923 et 1924. Un prototype non terminé, à propulseur (chenillé) P7T avec un blindage en bois, est testé en mai 1925 à la commission d'expérimentation de matériel automobile de Vincennes. La commission constate les progrès offert par le véhicule[5] et quatre premiers exemplaires sont commandés en juin 1925[4]. Il s'agit d'exemplaires de pré-série, dénommés Schneider 16 CV[1], ou parfois M28[4],[note 1]. Citroën ne disposant pas de la capacité de produire, le contrat est transféré à Schneider. La production du modèle de série débute en 1930 et 96 sont produits[6]. La dernière est livrée en 1931[1]. La désignation officielle du modèle de série, parfois désigné M29[4],[note 1], est AMC Schneider P16, du nom du propulseur (chenillé) Kégresse P16 qui équipe les véhicules de pré-série, bien que le propulseur P16 a été remplacé par un P17 sur les véhicules de série[7].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'automitrailleuse a un équipage de trois hommes[4], un chef de voiture, qui fait également fonction de pointeur et tireur en tourelle, un conducteur et un inverseur[1].

L'armement, concentré en tourelle, est un canon de 37 mm et une mitrailleuse. Les modèles de pré-série les portent en opposition, la mitrailleuse étant alors une Hotchkiss de 8 mm[8]. Sur les modèles de série les deux armes sont jumelées et la mitrailleuse est une MAC 31 de 7,5 mm[9],[3]. L'engin dispose également d'une mitrailleuse de rechange conservée à l'intérieur[1]. Avant l'attaque allemande de mai 1940, les canons de 37 reçoivent un cache-flamme (en) qui leur donne une allure plus moderne[7].

Le moteur de la version M29 est un Panhard PK4-E3 sans soupape, à 4 cylindres de 85 × 140 mm, d'une puissance maximale de 60 ch[1],[10]. Blindée à 11,5 mm maximum et pesant 6,3 t en ordre de marche[1],[11], l'AMC P16 peut atteindre environ 50 km/h, pour une vitesse moyenne sur route de 30 km/h[1],[3],[12]. Le moteur consomme 45 l d'essence au 100 km (43 l au 100 km avec du Benzol)[1],[10]. La Schneider-Kégresse emporte 125 l d'essence en deux réservoirs séparés et son autonomie pratique est de 250 km[1],[2].

L'automitrailleuse Schneider peut monter des pentes de 40%[3],[12]. Un rouleau placé à l'avant améliore les capacités de franchissement du véhicule[13],[14].

Service[modifier | modifier le code]

Photographie de cinq automitrailleuses Schneider-Kégresse défilant devant des immeubles parisiens
AMC P16 du 3e GAM à Paris le .

En 1931, la Schneider P16 est classée automitrailleuse de combat, bien que ses capacités soient légèrement inférieures à celles demandées par la cavalerie[15]. Elle entre en service dans les escadrons d'automitrailleuses de cavalerie puis en 1933 dans les groupes d'automitrailleuses (1er, 2e, 3e, 4e et 5e GAM)[16],[17],[18],[19],[20]. En vue de la création de la 1re division légère mécanique, le 18e régiment de dragons reçoit en 1934 des AMC P16[21] tandis que le 4e GAM devient 4e régiment de cuirassiers[19].

En 1934, la 3e compagnie d'automitrailleuses de la garde républicaine mobile reçoit 14 Schneider P16. Elles quittent la gendarmerie en 1937 pour la Tunisie, rejoignant le 4e régiment de chasseurs d'Afrique[22].

Remplacée dans les divisions légères mécaniques par le SOMUA S35 à partir de 1937, la Schneider P16 est déclassée comme automitrailleuse de reconnaissance (AMR)[6],[15],[23]. Les P16 des DLM rejoignent les régiments destinés à former des groupes de reconnaissance de division d'infanterie (GRDI) : le 6e GAM[24],[25], le 7e GAM[réf. souhaitée], le 9e régiment de dragons[26], le 7e régiment de chasseurs[13] et le 11e régiment de chasseurs[26].

En mai 1940, elles doivent être remplacées par des chars de cavalerie Hotchkiss H39 mais 54 sont toujours affectées dans les 1er, 3e, 4e, 6e et 7e GRDI ainsi qu'au 2e régiment de chasseurs d'Afrique portés en Tunisie[6],[27]. Quelques unités reformées en juin 1940 après Dunkerque, comme le 8e régiment de cuirassiers, reçoivent des P16 obsolètes, rapidement perdues[28]. Les P16 stationnées en Afrique du Nord sont transférées en mai 1941 au 3e régiment de chasseurs d'Afrique puis en juillet au 5e RCA d'Oran. Leur dernier service actif a lieu lors de la campagne de Tunisie en 1942[22].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b Les appellations M23 (automitrailleuse P4T), M28 (automitrailleuse 16CV) ou M29 (automitrailleuse P16) n'ont jamais été utilisées par l'Armée ou par les constructeurs. Elles seraient issues d'un manuel d'identification allemand des années 1930, voir Danjou 2010, p. 24.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k et l François Vauvillier, « Automitrailleuse de cavalerie, puis de combat, déclassée en AMR Schneider P16 », Histoire de guerre, blindés et matériel, no 100 « Tous les blindés de l'Armée française 1914-1940 »,‎ , p. 63 & 65.
  2. a b c et d Notice d'entretien, p. 26.
  3. a b c d et e Laurent Tirone, Yannis Kadari, Yann Mahé et Hubert Cance, « AMC Schneider-Kégresse P16 », Trucks & Tanks, no Hors série 5 « Les engins de combat de l'armée française en 1940 »,‎ , p. 10-11 (ISSN 2100-9414).
  4. a b c d et e Touzin 1979, p. 37.
  5. Danjou 2010, p. 33.
  6. a b et c François Vauvillier, « Notre cavalerie mécanique à son apogée le 10 mai 1940 », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 75,‎ , p. 40-58.
  7. a et b Touzin 1979, p. 39.
  8. Touzin 1979, p. 38.
  9. Danjou 2010, p. 36.
  10. a et b Notice d'entretien, p. 10.
  11. Notice d'entretien, p. 25.
  12. a et b Notice d'entretien, p. 7.
  13. a et b « En vitesse et en blindage : le 1er GRDI dans la campagne de mai 1940 », Histoire de guerre, blindés et matériel, no 78,‎ , p. 8-20.
  14. Notice d'entretien, p. 15.
  15. a et b Danjou 2010, p. 42.
  16. Vauvillier 2005, p. 48.
  17. Vauvillier 2005, p. 50.
  18. Vauvillier 2005, p. 55-56.
  19. a et b Vauvillier 2005, p. 42.
  20. Vauvillier 2005, p. 64.
  21. Vauvillier 2005, p. 46.
  22. a et b Danjou 2010, p. 47.
  23. Danjou 2010, p. 43.
  24. Érik Barbanson, « Les AMR Schneider P16 au chevalier de Pierrefonds », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 89,‎ , p. 60-64.
  25. Érik Barbanson, « 6e GAM (Groupe d’Autos-Mitrailleuses) », sur Picardie 1939-1945, (consulté le ).
  26. a et b Vauvillier 2005, p. 65.
  27. François Vauvillier, Les automitrailleuses de reconnaissance, t. 2 : L'AMR 35 Renault : ses concurrentes et ses dérivés, Paris, Histoire & Collections, coll. « Les matériels de l'armée française », , 65 p. (ISBN 2-915239-70-3), p. 63.
  28. Danjou 2010, p. 46.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Touzin, Les véhicules blindés français, 1900-1944, Paris, E.P.A., , 256 p. (ISBN 2-85120-094-1).
  • François Vauvillier, Les automitrailleuses de reconnaissance, t. 1 : L'AMR 33 Renault : ses précurseurs, ses concurrentes et ses dérivés, Histoire & Collections, coll. « Les matériels de l'armée française », , 65 p. (ISBN 2-915239-67-3).
  • Pascal Danjou, Les Autos Mitrailleuses Citroën Kegresse, Éditions du Barbotin, coll. « Trackstory » (no 12), , 64 p. (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Ministère de la guerre, Direction de l'artillerie, 2e bureau, Auto-mitrailleuse Schneider : notice d'entretien, de réparation et de conduite, documentation complémentaire, Charles-Lavauzelle & Cie, , lire en ligne sur Gallica.