Utilisateur:Leonard Fibonacci/Pierre à Rome

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

« Seules les légendes sur la passion de saint Pierre mentionnent à propos de la mort de l'apôtre ou de sa sépulture, la Naumachie, l'Obélisque et le Térébinthe », nous dit Louis Duchesne. Laissons de côté le Térébinthe qui est un monument qui d'après le pseudo-Marcellus était proche de la sépulture de Pierre, mais qui ne fait que correspondre à l'endroit où les chrétiens de Rome croyaient que Pierre avait été inhumé. Ajoutons une autre indication que Duchesne a négligée, bien qu'il le mentionne brièvement aussi. Si Pierre a bien été emmené dans une naumachie pour être mis à mort, l'endroit où il a été exécuté se trouve in montem, càd soit sur le sommet d'une colline, soit sur un point élevé de son versant à un endroit où il était visible de la foule qui est décrite dans les Actes de Pierre. Surtout distinguons l'endroit où il a été exécuté et l'endroit où les chrétiens croyaient qu'il avait été inhumé. La versio du pseudo-Linus des Actes de Pierre indique elle aussi que Pierre a été emmené dans une Naumachie.

Naumachie et in montem ne correspondent pas du tout au cirque de Caligula et de Néron qui selon la tradition de l'église de Rome serait l'endroit où Simon-Pierre a été exécuté.

Exécution de Pierre, Naumachie et Mont[modifier | modifier le code]

Naumachie[modifier | modifier le code]

Suétone : L'ancienne Naumachie sous Titus[modifier | modifier le code]

Vers 79-80

Après avoir inauguré l'amphithéâtre (Colisée cf Lester Grabbe) et construit promptement des thermes (Thermes de Titus) autour de cet édifice, il y donna un splendide et riche spectacle. Il fit représenter aussi une bataille navale dans l'ancienne naumachie; il y ajouta des gladiateurs, et cinq mille bêtes de toute espèce combattirent le même jour.

Au moment de la mise en service du Colisée, "l'ancienne Naumachie" est clairement située sur le site où le Colisée a été construit, à l'extrémité sud-est du Forum. Càd ce qui est appelé dans d'autres sources "l'étang de Néron" et pas dans le Cirque de Caligula et de Néron au Vatican, qui n'est en aucun cas une Naumachie. La construction du Colisée a commencé vers 72. Avant cette date, c'est là que se situait la Naumachie de Rome, à 3,5 km à vol d'oiseau du Cirque de Caligula et de Néron.

Martial : Colisée et étangs de Néron[modifier | modifier le code]

Là où le radieux colosse voit les astres de près ; où s'élèvent, au milieu de la voie publique, de gigantesques machines, brillait l'odieux palais d'un farouche tyran, et ce palais, à lui seul, remplissait Rome entière : là où s'offre aux yeux la masse imposante d'un magnifique Amphithéâtre, étaient tes étangs de Néron ; là où nous admirons les Thermes, si promptement construits par la munificence de César, un parc fastueux avait usurpé la place des cabanes de quelques malheureux ; là où le portique de Claudius déploie un vaste abri contre le soleil, était l'extrémité du palais qui a disparu. Rome est rendue à elle-même ; et sous ton empire, César, les lieux qui avaient été les délices d'un tyran sont devenus les délices du peuple.

Naumachie, Obélisque et Mont[modifier | modifier le code]

« Seules les légendes sur la passion de saint Pierre mentionnent à propos de la mort de l'apôtre ou de sa sépulture, la Naumachie, l'Obélisque et le Térébinthe. Et, chose singulière, ces trois noms ne sont pas toujours demeurés attachés aux mêmes monuments ou au même endroit de la région Vaticane. Je montrerai qu'ils ont voyagé, sans que cependant, comme on peut bien le croire, les monuments eux-mêmes aient changé de place (p. 317). »

Il existe deux grandes versions des Actes de Pierre « il subsiste deux rédactions principales, dont l'une se pare du nom de Linus, l'autre circule sous celui de Marcellus (p. 320). » On pourrait croire que les indications sur l'endroit du martyr et celui de la sépulture « fondée sur la connaissance des lieux s'accordent en tout point. Cela n'est vrai qu'en partie » écrit Louis Duchesne.

D'après le pseudo-Linus « la crucifixion de saint Pierre eut lieu ad locum gui vocatur Naumachiae iuxta obèliscum Neronis, in montem (p. 320). » Traduction : « au lieu où est la naumachie près de l'obélisque de Néron sur la montagne »

Le pseudo-Linus ne s'intéresse pas à la sépulture « il semble même désapprouver le culte dont elle est l'objet. Cet auteur n'est pas d'une orthodoxie bien épurée : les discours qu'il fait tenir à saint Pierre mourant ont une touche gnostique ou manichéenne un peu inquiétante. En tout cas il ne donne aucune indication topographique relative à la sépulture. »

Correction plus orthodoxe par Marcellus[modifier | modifier le code]

« Marcellus, lui, est un bon chrétien; pour la tombe apostolique et son culte, il n'a que du respect. Dans, son récit la Naumachie est nommée d'abord comme devant être le théâtre du supplice commun de saint Pierre et de saint Paul. Celui-ci est ensuite séparé de son collègue et conduit sur la voie d'Ostie. Saint Pierre est crucifié; après quoi on l'enterre sub terebinthum, iuxta Naumachiam, in locum qui appellatur Vaticanus. Après un enlèvement, le corps saint est replacé dans son tombeau définitif, in Vaticano Naumachiae (p. 320-321). »

Naumachie[modifier | modifier le code]

« Il est assurément singulier que le cirque soit qualifié de naumachie. L'erreur est, je crois, imputable au pseudo-Linus, à qui le pseudo-Marcellus l'aura empruntée. Elle n'est pas bien grave (p. 321). » Pour l'auteur très orthodoxe (Louis Duchesne), il ne peut s'agir que d'une erreur. Reste à expliquer comment on peut confondre un cirque pour les course de chars avec une naumachie pour les combats navals. Mais surtout, il faudrait expliquer pourquoi le pseudo-Marcellus qui donne des indications topographiques différentes sur d'autres points, maintient lui aussi cette grosse erreur, alors qu'il peut facilement vérifier que le cirque de Caligula et de Néron n'est pas une naumachie. Surtout que le Liber pontificalis reprend lui aussi cette localisation de l'exécution dans la naumachie (p. 321).

Tombe de Pierre : Temple d'Apollon, palais de Néron[modifier | modifier le code]

« Dans le Liber pontificalis les indications topographiques se multiplient. Il n'y en a pas moins de six, dont quatre sont nouvelles. Saint Pierre est enterré via Aurelia, in templum Apollinis, iuxta locum ubi crucifiants est, iuxta palatium Neronianum, in Valicanum, iuxta territorium Triumphalem. L'auteur, qui a sous les yeux le texte de saint Jérôme, y copie le groupe de mots in Vaticanum iuxta viam Triumphalem, en remplaçant toutefois viam par territorium. »

« Outre les indications des voies, le Liber pontificalis nous en fournit d'autres: il dit que le tombeau de saint Pierre était dans un temple d'Apollon et près d'un palais de Néron (p. 317). »

Sur le mont[modifier | modifier le code]

Selon les Actes de Pierre les points de repères pour le lieu de l'exécution de Simon-Pierre :

  • C'est une exécution publique
  • Il y a de nombreux spectateurs
  • Il y a de nombreux autres condamnés sur place qui écoutent le discours de Pierre et disent amen à la fin de son discours ;
  • Il est emmené dans une naumachie
  • Il est exécuté sur un mont
  • Il y a une obélisque pas loin

Le pseudo-Linus ne dit rien au sujet du lieu de la sépulture et semble même désapprouver le culte rendu à Pierre à l'endroit du Trophée situé au Vatican.

La naumachie est clairement le stagnum de Néron, le "mont" est vraisemblablement le mont Palatin. Le cirque de Caligula et de Néron n'est pas du tout une naumachie, on ne voit pas à quoi pourrait faire référence l'indication "au mont". Tout est parfaitement plat sur le cirque lui même, mais tout autant dans les alentours.

Mont Palatin[modifier | modifier le code]

La colline du Palatin est une des sept que compte Rome. C'est une des parties plus anciennes de la ville. Haute de 70 mètres, elle donne d'un coté sur le Forum Romain et de l'autre sur le Cirque Maxime.

Exécution de Pierre et Naumachie[modifier | modifier le code]

Les soldats l'emmenèrent jusqu'à un endroit appelé naumachie située sur une colline près de l'obélisque de Néron.

Le stagnum au centre de la Domus Aurea dans lequel était donné des Naumachies au moins de 64 à 72, mais peut-être aussi avant 64 depuis la construction du palais de Néron appelé Transitus.

La naumachie ([nomaʃi], en latin naumachia, en grec ancien ναυμαχία / naumachía, littéralement « combat naval »[1]) désigne dans le monde romain un spectacle représentant une bataille navale, ou le bassin, ou plus largement l'édifice, dans lequel un tel spectacle se tenait.« Sous Néron, cette naumachie était un amphithéâtre destiné à des spectacles représentants des batailles de navires. » Les Naumachies ont eu plusieurs emplacements successifs depuis la Naumachie de César, celles d'Auguste et de Néron. Après l'incendie de Rome, Néron fit construire un étang (Stagnum Neronis) au sein même de sa Domus aurea, emplacement sur lequel a été construit le Colisée, alors que Vespasien et Titus étaient tous les deux censeurs dit Pline le Jeune (72). « Là où s'offre aux yeux la masse imposante d'un magnifique Amphithéâtre, étaient tes étangs de Néron », à côté du « radieux colosse » et des Thermes de Titus « si promptement construit », nous dit Martial (De Spect. 2, 5-6)[2]. Néron y a donné des naumachies[3]. Dans la Vie de Titus, lorsqu'il relate l'inauguration du Colisée, Suétone indique que Titus « y donna un splendide et riche spectacle. Il fit représenter aussi une bataille navale dans l'ancienne naumachie. » Ce qui indique clairement que la Naumachie depuis l'incendie de Rome (64) jusqu'au début de la construction du Colisée se situait à l'emplacement où a été construit cet amphithéâtre et donc à l'extrémité sud-est du Forum, au delà du « parc fastueux » construit par Néron sur lequel ont été construit les Thermes de Titus vers 80. Dans sa Vie de Néron (XXVII, 1), Suétone indique que quelquefois Néron soupait en public dans cette naumachie qu'il faisait alors fermer. La salle à manger tournante qu'il s'était fait construire au bas du mont Palatin donnait directement sur l'étang appelé aussi naumachie en raison des spectacles navals qui y étaient donnés.

« La principale pièce était ronde, et jour et nuit elle tournait sans relâche pour imiter le mouvement du monde. » Cette salle à manger rotative qui occupait la partie supérieure d'une construction circulaire de plus de 11 mètres, a été découverte en 2009 sur le site appelé aujourd’hui la Vigna Barberini du mont Palatin[4].

« pièce d'eau, semblable à une mer bordée d'édifices qui paraissaient former autant de villes »

"Domus Transitoria" puis la "Domus Aurea" selon Suétone[modifier | modifier le code]

« Il étendit son palais depuis le mont Palatin jusqu'aux Esquilies. Il l'appela d'abord Domus Transitoria ("le Passage"). Mais, le feu l'ayant consumé, il le rebâtit, et l'appela "la Maison dorée". Pour en faire connaître l'étendue et la magnificence, il suffira de dire (2) que, dans le vestibule, la statue colossale de Néron s'élevait de cent vingt pieds de haut; que les portiques à trois rangs de colonnes avaient un mille de longueur; qu'il renfermait une pièce d'eau, semblable à une mer bordée d'édifices qui paraissaient former autant de villes; qu'on y voyait des champs de blé, des vignobles, des pâturages, des forêts peuplées de troupeaux et d'animaux sauvages de toute espèce. (3) Dans les diverses parties de l'édifice, tout était doré et enrichi de pierreries et de coquillages à grosses perles. Les salles à manger avaient pour plafonds des tablettes d'ivoire mobiles, qui, par différents tuyaux, répandaient sur les convives des parfums et des fleurs. La principale pièce était ronde, et jour et nuit elle tournait sans relâche pour imiter le mouvement du monde. Les bains étaient alimentés par les eaux de la mer et par celles d'Albula. »

Cette salle à manger rotative qui occupait la partie supérieure d'une construction circulaire de plus de 11 mètres, a été découverte en 2009 sur le site appelé aujourd’hui la Vigna Barberini du mont Palatin[5].

Obélisque[modifier | modifier le code]

Il y avait de très nombreux obélisques à Rome.

Cet obélisque là reseemble fort à celui du cirque de Caligula et de Néron : « 21. Après avoir accompli ces exploits, Néron fit annoncer les jeux du cirque ; il y apporta les couronnes qu'ils lui avaient values et les autres qu'il avait gagnées aux courses de chars, et les attacha à l'obélisque égyptien ; ces couronnes étaient au nombre de mille huit cent huit. Après cela, il conduisit des chars. » Bien que cela puisse aussi avoir eu lieu au cirque Maximus où il y avait aussi un obélisque, comme dans de nombreux cirques de Rome. Il y avait aussi une centaine d'obélisques sur un site du champ de Mars et dans plusieurs autres endroits.

Citations[modifier | modifier le code]

Maurice Goguel[modifier | modifier le code]

Dans L'Église primitive de Maurice Goguel on peut lire : "D'après les théoriciens du catholicisme, Pierre ayant été le premier évêque de Rome, ses successeurs ont hérité de la mission qui lui avait été confiée et du privilège qui lui avait été accordé. Dans quelle mesure cette théorie correspond-elle aux faits ? C'est là un problème que les préoccupations confessionnelles et anticonfessionnelles ont troublé et qui est souvent tranché, dans un sens ou dans l'autre, d'une manière sommaire pour ne pas dire brutale. Il faudrait un gros livre pour l'examiner. Il ne sera pas possible de faire plus ici qu'indiquer comment il se pose et que prendre à son sujet une position de principe. Il faut d'abord rechercher, quand, comment et dans quelles conditions s'est établie la primauté de l'Église de Rome et de son évêque et examiner si sa justification par le Tu es Petrus est concomitante de son apparition. S'il en était ainsi, la parole de Jésus (ou la parole attribuée à Jésus) pourrait avoir été un des facteurs déterminants de sa formation. Un des éléments qui permettront de répondre à cette question sera l'examen du Tu es Petrus lui-même, la fixation de son sens et la détermination de son origine réelle[6]."

"Cette primauté de l'Eglise de Rome repose-t-elle sur le fait qu'elle avait le sentiment d'avoir eu Pierre et Paul pour fondateurs ou pour premiers évêques ou, au moins, d'avoir été honorée par leur martyre ? Ou bien la tradition sur Pierre et Paul est-elle une légende par laquelle on aurait, après coup, expliqué l'autorité de fait dont jouissait l'Eglise de Rome et dont il resterait à chercher quelle était l'origine réelle[7] ?"

"Il est bien difficile de penser qu'il puisse y avoir là une tradition historique. On a bien plutôt l'impression d'être en présence d'un développement rhétorique utilisant quelques données fournies par les Épîtres ou par les Actes (...) Comment, dans ces conditions, écarter l'idée que ni sur Paul ni sur Pierre, Clément n'a rien su directement, mais qu'il est entièrement sous la dépendance des Épîtres"[8].

Peter Lampe[modifier | modifier le code]

« Au plus tard au milieu du deuxième siècle, … les chrétiens ont identifié un simple tombeau dans la nécropole du Vatican comme étant le lieu de sépulture de l’apôtre Pierre. C’est tout ce qui peut être dit de manière scientifique et responsable sur l’histoire de ce tombeau avant l’an 160 de notre ère. »

Jürgen Zangenberg[modifier | modifier le code]

Jürgen Zangenberg a fait remarquer : « Depuis que les fouilles archéologiques ont débuté sous la basilique Saint-Pierre dans les années 40 et qu’elles se sont terminées par l’annonce officielle du pape Pie XII en 1953 que les vrais restes de Saint Pierre avaient été trouvés, de nombreux érudits n’ont cessé de douter de l’importance de ces découvertes. » Avant de poursuivre que « même le plus grand défenseur de l’authenticité de la découverte ne peut nier que les anciens tombeaux ont peu, voir pas de caractéristiques chrétiennes bien claires. Les tombeaux du premier et du deuxième siècle de notre ère ressemblent beaucoup aux simples enterrements de personnes normales dans les quartiers voisins de Rome ». De plus, les chrétiens romains n’ont fait preuve d’aucun intérêt envers le site « jusqu’à l’an 160 environ », lorsqu’ils construisirent « un monument simple qui se composait d’une niche et d’une cour (le Tropaion Gaii). »

Toutefois pour Zangenberg ce monument est un simple « trophée » qui ne pouvait pas marquer l'emplacement du tombeau de Pierre, « puisque le souvenir du […] lieu d’enterrement d’origine de Pierre avait été perdu à l’époque où le Tropaion fut érigé. Le Tropaion n’a pas été le résultat du développement d’un lieu de sépulture chrétien mais a été intégré à une rue de sépulture de classe moyenne non chrétienne ».

D’après Zangenberg, ce n’est pas avant l’époque de Constantin que « le site fut pris par les chrétiens de manière ferme et définitive, effaçant ainsi toutes traces antérieures d’enterrements dans la zone située à proximité du Tropaion ».

Guigneberg[modifier | modifier le code]

" La primauté de Pierre, op.cit . page 276 ; " La tradition relative à la mort de Pierre à Rome n'est, dans ses origines, qu'hésitations, incertitudes, contradictions; des auteurs qui devraient en savoir long sur elle, tels Justin et Irénée, n'en disent rien et il me paraît invraisemblable qu'elle repose sur un authentique fait historique. " La sépulture de Pierre, p. 6;

Guignebert, " C'est pourquoi, tout considéré, je conclus que le témoignage de Clément romain, touchant la mort de Pierre à Rome reste très incertain ; c'est le mieux qu'on en puisse penser ; et qu'il y a toutes les chances pour qu'il ne signifie pas du tout ce qu'on y prétend trouver. Tout seul, il est incapable de justifier la tradition".

"La première partie de cette étude nous a conduits à une affirmation très nette et que nous avons le droit de croire inébranlable : S. Pierre n'a poinnt reçu du Christ un pouvoir de juridiction sur ses frères ; durant l'âge apostolique, ce pouvoir ne lui a jamais été reconnu (...) Et tout d'abord, voici quelques certitudes : il est impossible d'accepter que Pierre soit venu dans la ville pour y fonder l'Eglise ; il est impossible qu'il y ait paru avant l'année 63, date à laquelle Paul disparaît de l'histoire ; il est impossible qu'il en ait gouverné la communauté durant 25 ans ; la légende de Simon, qui l'y conduit avant 63, n'a aucune consistance (...)

S'il est exact que le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable, il n'est sans doute pas matériellement impossible que l'Apôtre ait terminé sa carrière dans la Ville, mais, dans l'état actuel de notre documentation, pas un texte ne l'atteste d'une manière satisfaisante, et tous les textes, mis ensemble, ne parviennent pas à s'accorder pour en fonder seulement une vraisemblance acceptable (...) J'entends bien qu'il répugne à la foi catholique romaine de ne pas être instruite de ce qu'elle considère comme l'essentiel sur l'homme qui a fini par occuper une telle place dans l'Eglise qu'elle ne saurait, sans en paraître ébranlée dans quelques-uns de ses fondements, ne point le distinguer des obscurs Apôtres galiléens qui furent pourtant ses égaux ; mais ce sont là considérations étrangères à l'histoire.

  • Guignebert Charles : la primauté de Pierre et la venue de Pierre à Rome, pp-- 365-379

La lettre de Gaïus[modifier | modifier le code]

Caïus qui vivait sous Zéphyrin, évêque de Rome [199-217 ou 201-219]. Dans un écrit où il argumente contre Proclus qui se vantait que sa patrie possédait la tombe de l'apôtre Philippe et de l'apôtre Jean Caïus écrit « parle des lieux où furent déposés les saintes dépouilles des deux apôtres; il dit :

« Je puis montrer les trophées des apôtres. Va au Vatican ou sur la voie d'Ostie ; tu trouveras les trophées (Tropaion) des fondateurs de cette église »[9]. »

Tropaion[modifier | modifier le code]

Au tout début du IIIe siècle, le mot utilisé pour désigner le monument élevé en l'honneur du martyr de Pierre est Tropaion. Cette lettre est la première mention littéraire qui fait un lien entre l'apôtre Simon-Pierre et la ville de Rome.

Or, un Tropaion (du grec τρόπαιον), en latin tropaeum, est dans l’Antiquité gréco-romaine un trophée au sens littéral, c’est-à-dire un monument destiné à commémorer une victoire militaire. À l’origine, il s’agissait d’un arbre élagué et taillé en forme de croix auquel on suspendait les armes des vaincus. Le tropaion ou tropaeum était laissé sur l’emplacement du champ de bataille.

Au cours des siècles, le tropaoin est devenu un monument de brique ou de pierre. Certains tropaia ont été érigés non plus sur place mais dans des lieux symboliques tels que Delphes, Olympie ou Rome afin de souligner la notion de triomphe. Dans tous les cas, les tropaia étaient dédiés au dieu ou à la divinité qui avait permis la victoire.

Pour une part de la critique, cela montre que ce monument commémorait un événement, peut-être l'exécution de Pierre, mais qu'il ne servait pas à indiquer où il avait été inhumé, probablement parce que ce lieu était inconnu des chrétiens.

Mention codée et reconstitution du périple de Pierre[modifier | modifier le code]

La lettre de Caïus date de la fin du IIe siècle ou au tout début du IIIe siècle. Les Actes de Pierre sont probablement datés de 180. Avant la publication de cet écrit le seul élément qui pourrait laisser penser que Pierre est allé à Rome est une mention énigmatique dans la Première épître de Pierre (5 : 13) dans laquelle il transmet les salutations des membres de l’Église de Babylone. Babylone désignerait la ville de Rome dans une formule codée. Admettons un instant, mais alors pourquoi Pierre doit-il utiliser une formule codée pour parler de la ville de Rome ?

Toujours est-il que Paul de Tarse ignore tout de l'action de Pierre à Rome. Cela est particulièrement clair dans son Épître aux Romains, écrite vers 55, dans laquelle les salutations sont particulièrement longues et détaillées. Paul connaît Pierre directement et personnellement. Dans une de ses lettres, il explique qu'avant de rencontrer Jacques le Juste lors de son premier retour à Jérusalem trois ans après en être parti, il a d'abord été introduit auprès de Pierre — qu'il appelle toujours de son surnom araméen "Kephas". Dans l'Épître aux Galates il explique pourquoi il « lui a résisté en face » à Antioche parce qu'il voulait que les adeptes du mouvement venus du polythéisme "judaïsent". C'est en tout cas ce qu'écrit Paul. Dans les Actes des Apôtres lorsque Paul vient à Jérusalem pour la réunion que l'on appelle Concile de Jérusalem, c'est Pierre qui expose la question qui s'est posée à Antioche et que Paul et sa délégation sont venus exposer. Pierre est un personnage considérable dans le mouvement. Paul le désigne comme l'une des trois « colonnes » qui dirigent le mouvement avec Jacques le Juste et Jean de Zébédée. Si Pierre avait joué un rôle, même secondaire, dans la fondation de l'église, ou plutôt des églises de Rome, est-il vraisemblable que Paul n'en ai pas dit un mot dans sa lettre aux Romains, alors qu'il salue entre-autres ceux de l'église qui se réunit dans la maison d'Aquila, ainsi que ceux de la maison de Narcisse et ceux de la maison d'Aristobule et même Pudens et Claudia chez qui la tradition ultérieure dis que Pierre a résidé et où se serait trouvé le siège de Pierre qui a été exposé pendant des siècles au Vatican ?

Dans les Actes des Apôtres qui figurent dans le Nouveau Testament, Pierre qui est décrit comme passant partout ne met pas un seul pied à Rome, ni ne manifeste l'intention de s'y rendre. Les Actes écrits dans les années 80-90 couvrent pourtant la période qui va de la crucifixion de Jésus jusqu'à environ 62 et se terminent justement à Rome où Paul reste deux ans. Mais manifestement, de 60 à 62 Pierre n'est toujours pas à Rome. Est-il vraisemblable que s'il s'y était trouvé Paul et les Actes n'en ait pas dit un mot ? C'est d'autant plus étrange que cherchant une date et un motif d'exécution, un très grand nombre d'écrivains chrétiens ont fait de Pierre un des « chrétiens » messianistes que Néron a exécuté en les accusant d'être les auteurs du grand incendie de Rome en été 64. Pierre ne serait-il venu à Rome que pour être exécuté ?

De même Clément de Rome signale lapidairement dans une lettre que Pierre a fini lui aussi exécuté[10]. Mais il ne l'associe pas à la ville de Rome, ni pour la fondation de l'église de Rome dont il est pourtant l'évêque, ni pour le lieu de son exécution. L'Épître de Clément aux Corinthiens est écrite vers 95, c'est-à-dire 25 ou 30 ans après la date supposée de la mort de Pierre. C'est pourtant la première mention de cette mort, mais elle n'indique pas la ville où il a été exécuté. Pourquoi l'évêque Clément de Rome n'a pas utilisé le prestige attaché à la personne de Pierre pour asseoir un peu plus l'autorité de son église en rappelant les liens entre Pierre et Rome ? Dans toute sa lettre, il cherche pourtant à asseoir son autorité afin de justifier son intervention dans les affaires de l'église de Corinthe pour ramener le calme et l'ordre dans une église en proie à des troubles qu'il est bien difficile d'identifier, alors qu'il n'y a aucune raison que l'évêque de Rome ait une quelconque légitimité pour intervenir dans les affaires d'une église d'une autre ville.

Dans ses sept lettres Ignace d'Antioche n'écrit qu'une seule fois le nom de Pierre associé à Paul dans sa lettre aux Romains (IV, 2).

Dans l'Apologie des Chrétiens qu'il écrit vers 165 à l'empereur et au Sénat Justin de Naplouse citoyen de Rome ne dit pas un mot de l'action de Pierre. Ce texte est pourtant très détaillé et s'adresse à des autorités siégeant dans la ville de Rome. Il parle même de Simon le Magicien qui selon des sources très légendées ultérieures est venu à Rome en même temps que l'apôtre Pierre. Dans ces sources, Simon impressionne les Romains en volant au dessus de la ville de Rome, mais alors qu'il a prévu de faire une démonstration de ses pouvoirs devant l'empereur, Pierre et Paul présents ensemble à Rome arrive à le faire chuter en adressant une prière à Dieu. Justin se contente de dire à l'empereur que si Simon est lui aussi appelé chrétien c'est pourtant pour lui un hérétique, mais il ne dit pas un mot de Pierre censé avoir polémiqué avec lui devant Néron.

Selon Guigneberg « La tradition relative à la mort de Pierre à Rome n'est, dans ses origines, qu'hésitations, incertitudes, contradictions; des auteurs qui devraient en savoir long sur elle, tels Justin et Irénée, n'en disent rien et il me paraît invraisemblable qu'elle repose sur un authentique fait historique. (La sépulture de Pierre, p. 6). »

Dans une de ses lettres, Paul explique qu'avant de rencontrer Jacques le Juste lors de son premier retour à Jérusalem trois ans après en être parti, il a d'abord été introduit auprès de Pierre — qu'il appelle toujours de son surnom araméen "Kephas". La date de ce départ est en général placé en 36/37, alors que Ponce Pilate a été renvoyé à Rome pour qu'il s'explique auprès de l'empereur. Pierre était donc à Jérusalem en 39/40 et il est très probablement resté en Syrie-Palestine depuis la crucifixion de Jésus jusqu'à ce moment. La première partie des Actes des Apôtres est considéré comme émanant d'un Document pétrinien écrit dans cette région. Dans cette source, après la lapidation d'Étienne que Paul a approuvé et dans la quelle il a joué un rôle difficile à cerner laquelle, il part en direction du pays de Damas, afin de continuer à poursuivre les partisans de Jésus. Peu après ce départ de Paul Pierre se rend en Samarie où il se confronte à Simon le Magicien. Dans la littérature pseudo-clémentine la même séquence est décrite : répression du mouvement par Paul appelé du pseudonyme symbolique : « l'homme ennemi », envoi de Pierre en Samarie où il affronte Simon à Césarée maritime. Mais dans cet écrit il part pour un périple dans la province de Syrie qui le conduit jusqu'à Antioche. Les deux récits sont totalement compatibles et il est tout à fait possible que Pierre soit revenu à Jérusalem 3 ans plus tard, lui permettant de recevoir Paul qui revenait de son voyage en Arabie.

Quelques années plus tard, Paul et Pierre sont de nouveau ensemble à Antioche et à Jérusalem dans une plage de temps située entre 50 et 54. Grâce à une lettre de Paul, on sait que Pierre est aussi allé à Thessalonique.

Actes de Pierre[modifier | modifier le code]

Les Actes de Pierre et Paul sont dérivés d'une suite d'écrits censés raconter les Actes de Pierre. La première version de ces Actes qui a servi de base à l'écriture des autres versions, a vraisemblablement été écrite par Leucius Charinus et faisait partie d'un "gros livre" appelé l'Itinéraire des Apôtres, qui comprenait les itinéraires ou les Actes de Pierre, de Jean, d'André, de Thomas et de Paul (cf. Photios de Constantinople). Cette version est complètement perdue. L'Itinéraire de Pierre a vraisemblablement servi pour élaborer l'Écrit de base des écrits pseudo-clémentins dans le dernier quart du IIe siècle, peut-être dans le cadre de la mission des Elkasaïtes venus d'Apamée pour tenter de rapprocher les deux mouvements. Sur la base de cette version, c'est peut-être aussi dans cette période ou juste après qu'ont été écrit la première version des Actes de Pierre et de Simon, probablement la version dite du pseudo-Linus qui n'est connue que par des fragments en Copte. Ils ont ensuite été remaniés à plusieurs reprises pour donner les Actes de Pierre en latin qui ont été reconstitués (Actes de Verceil). Il a donc existé au moins trois versions successives de ce texte, sinon quatre. Selon Epiphane de Salamine, Leucius Charinus était un disciple de l'apôtre Jean d'Éphèse.

Finalement, un auteur de la Grande Église écrira les Actes de Pierre et Paul du Pseudo-Marcellus et c'est cette version là qui sera retenue comme orthodoxe.

Ignace d'Antioche[modifier | modifier le code]

Dans ses sept lettres Ignace n'écrit qu'une seule fois le nom de Pierre associé à Paul dans sa lettre aux Romains (IV, 2):

2. Flattez plutôt les bêtes, pour qu’elles soient mon tombeau, et qu’elles ne laissent rien de mon corps, pour que, dans mon dernier sommeil, je ne sois à charge à personne. C’est alors que je serai vraiment disciple de Jésus Christ, quand le monde ne verra même plus mon corps. Implorez le Christ pour moi, pour que, par l’instrument des bêtes, je sois une victime offerte à Dieu. Je ne vous donne pas des ordres comme Pierre et Paul : eux, ils étaient libres, et moi jusqu’à présent un esclave. Mais si je souffre, je serai un affranchi de Jésus Christ et je renaîtrai en lui, libre. Maintenant enchaîné, j’apprends à ne rien désirer.

Eusèbe de Césarée[modifier | modifier le code]

Livre II[modifier | modifier le code]

CHAPITRE XIV [PRÉDICATION DE L'APÔTRE PIERRE A ROME][modifier | modifier le code]

Le père et l'artisan de tous ces maux fut Simon [le Magicien], A cette époque la puissance malfaisante, haineuse du bien, et ennemie du salut des hommes, le suscita comme un digne adversaire des grands et saints apôtres de notre Sauveur.
[...]
[4] Alors le magicien dont nous parlons eut les yeux de l'esprit éblouis comme par une lumière divine et miraculeuse, dès qu'en Judée il fut convaincu de ses entreprises criminelles par l'apôtre Pierre : il fit donc un grand voyage d'outre-mer et s'enfuit d'Orient en Occident, croyant que là seulement il pourrait vivre à sa guise.
[5] Il vint à Rome et la puissance qui était établie dans cette ville l'y assista pour de grands prodiges. Ses affaires allèrent rapidement si bien qu'il fut, ainsi qu'un dieu, honoré d'une statue par les gens de ce pays.
[6] Sa prospérité ne fut pas de longue durée ; tout au début du même règne de Claude, la Providence divine dans son entière bonté et son amour immense pour les hommes, conduisit par la main à Rome, comme contre ce fléau du monde, Pierre, le courageux et grand apôtre qui surpassait tous les autres par sa vertu : ainsi qu'un vaillant capitaine des armées de Dieu, il venait muni d'armes célestes et apportait d'Orient aux hommes d'Occident la marchandise précieuse de la lumière spirituelle. Il prêcha la lumière elle-même et le Verbe sauveur des âmes, annonçant le royaume des cieux.

C'est un peu court pour quelqu'un qui dispose de multiples sources et notamment Papias, Hégésippe, Ignace d'Antioche, Clément de Rome, Justin de Naplouse, Clément de Rome, Marcion, Irénée de Lyon, Valentin, ainsi que des auteurs païens qu'il cite parfois, etc...

CHAPITRE XXV [DE LA PERSÉCUTION DE NÉRON SOUS LEQUEL PIERRE ET PAUL FURENT HONORÉS, A ROME, DU MARTYRE POUR LA RELIGION][modifier | modifier le code]

Néron ayant affermi son pouvoir, allait aux entreprises impies et préparait ses armes contre la religion du Dieu de l'univers.Néron ayant affermi son pouvoir, allait aux entreprises impies et préparait ses armes contre la religion du Dieu de l'univers. [...]

[4] Le romain Tertullien nous le rappelle à son tour en ces termes :
« Ouvrez vos annales. Vous y verrez que Néron, le premier, persécuta cette croyance au moment où, l'Orient soumis, il exerçait à Rome surtout sa férocité contre tout le monde. Nous nous faisons gloire d'une condamnation dont un tel homme est le promoteur. Quiconque le connaît pourra penser que, si elle n'était un grand bien, une chose n'eût pas été condamnée par Néron. »
[5] Ainsi donc celui qui a l'honneur d'être proclamé le premier ennemi de Dieu se signala par le supplice des apôtres. L'histoire raconte que, sous son règne, Paul fut décapité et Pierre crucifié à Rome, et l'appellation de Pierre et de Paul attribuée jusqu'à ce temps aux cimetières de cette ville confirme ce récit. [6] Ce fait, du reste, nous est encore garanti par Gaïus, homme ecclésiastique, qui vivait sous Zéphyrin, évêque de Rome [199-217]. Dans un écrit où il argumente contre Proclus, le chef de la secte des Cataphrygiens, il parle des lieux où furent déposés les saintes dépouilles des deux apôtres; il dit :
« [7] Je puis montrer les trophées des apôtres. Va au 215 Vaticanum ou sur la voie d'Ostie ; tu trouveras les trophées des fondateurs de cette église ».

Livre III[modifier | modifier le code]

2. Qui, le premier, a présidé à l'Église des Romains

Après le martyre de Pierre et de Paul, Lin, le premier, obtint l'épiscopat de l'Église de Rome. En écrivant de Rome à Timothée, Paul fait mention de lui dans la salutation à la fin de l'épître.

Exécution de Pierre et Naumachie[modifier | modifier le code]

Les soldats l'emmenèrent jusqu'à un endroit appelé naumachie située sur une colline près de l'obélisque de Néron.

La naumachie, tableau d'Ulpiano Checa (1894), 125,6 cm × 200,5 cm

La naumachie ([nomaʃi], en latin naumachia, en grec ancien ναυμαχία / naumachía, littéralement « combat naval »[11]) désigne dans le monde romain un spectacle représentant une bataille navale, ou le bassin, ou plus largement l'édifice, dans lequel un tel spectacle se tenait.« Sous Néron, cette naumachie était un amphithéâtre destiné à des spectacles représentants des batailles de navires. » Les Naumachies ont eu plusieurs emplacements successifs depuis la Naumachie de César, celles d'Auguste et de Néron. Après l'incendie de Rome, Néron fit construire un étang au sein même de sa Domus aurea, emplacement sur lequel a été construit le Colisée à partir de 72, alors que Vespasien et Titus étaient tous les deux censeurs dit Pline le Jeune. Ce que relate Martial (De Spect. 2, 5-6)[12]. Néron y a donné des naumachies[13].

Petit historique des naumachies[modifier | modifier le code]

La naumachie, spectacle d'un combat naval avant d'être un lieu puis un édifice
  • Les naumachies, selon les "Service archéologique de la ville de Lyon"

Le mot naumachia vient du grec ναυμαχια qui désigne le combat naval. En latin, il est employé à partir du règne de Tibère pour parler du spectacle naval, là où les textes antérieurs utilisent des expressions comme proelium navalis ou pugna navalis (voire spectaculum preolii navalis). La naumachie est donc avant tout un spectacle reproduisant la guerre sur mer.

Le terme de naumachie désigne à la fois un spectacle de combat naval et l’édifice qui accueille ce même spectacle. À l’évocation du mot, vient à l’esprit une arène et des navires de guerre livrant un combat mortel.

I. Les naumachies, un spectacle non figé[modifier | modifier le code]

A. Les spectacles aquatiques non-violents[modifier | modifier le code]

D'autres spectacles nautiques, plus anciens, moins coûteux, existèrent parallèlement, comme la "Joute nautique[14]" ou le "Simulacre de bataille[15]".

B. L’ère des grandes naumachies[modifier | modifier le code]

En un siècle il n’y eut que trois naumachies. Pour la première fois des navires de guerre de haute mer se retrouvèrent à l’intérieur des terres. Elles furent en effet une projection sur un bassin d’une pezomachie, donnant à un affrontement entre condamnés à mort une ampleur démesurée.

La première d’entre elles fut celle de César lors de son quadruple triomphe et l’inauguration du temple de Vénus Genitrix. Elle se tint à Rome en 46 av. J. C. Un espace fut donc aménagé sur le Champ de Mars pour accueillir les 2000 combattants et les 4000 rameurs embarqués sur plusieurs dizaines de navires de guerre. Cette bataille-spectacle symbolisait un affrontement entre égyptiens et thyréens, évoquant ainsi à la fois les victoires de César sur ce coin du monde et la domination de Rome sur les mers.

La seconde grande naumachie fut celle d’Auguste à l’occasion de l’inauguration du temple de Mars Ultor en 2 avant J.-C. Là également un bassin de 19,1 ha fut aménagé pour accueillir les 3000 hommes et les 30 navires dans une zone de Rome peu urbanisée, le Trastevere. Le bassin devait être alimenté par l’aqueduc Alsietina. L’affrontement symbolisait la bataille de Salamine entre grecs et perses. Le thème était en adéquation avec la politique extérieure d’Auguste. La dernière des grandes naumachies est celle de Claude sur le lac Fucin en 52 après J.C, où la célèbre phrase attribuée à tort aux gladiateurs fut prononcée : Ave César, Morituri te salutante. Véritable apogée des grandes naumachies, cette dernière mit aux prises deux flottes de 50 bâtiments et plus de 10 000 naumaques. Le spectacle avait rejoint la réalité. Cette fois, l’évocation mettait aux prises siciliens et rhodiens. Les grandes naumachies s'arrêtent avec les Julio-Claudiens.

Naumachie de César[modifier | modifier le code]

La naumachie de César[A 1],[16] en un lieu que Suétone nomme Codeta Minor et dont la localisation exacte sur le Champ de Mars est encore aujourd'hui un objet d'hypothèses[17], fut sans doute une simple fosse creusée dans la berge du Tibre. C'était un aménagement non pérenne, selon les usages romains de la République, qui n'admettaient que des constructions provisoires pour les représentations occasionnées par les cérémonies publiques (le premier édifice de spectacle en dur n'apparaît que quelques années avant avec le théâtre de Pompée)[18]. César projetait d'ailleurs d'en combler l'emplacement[A 2], ce que le Sénat décida de faire en 43 av. J.-C.[A 3].

Naumachie d'Auguste[modifier | modifier le code]

En revanche, la naumachie d'Auguste est mieux connue[19],[20] : dans les Res Gestæ[A 4], Auguste lui-même indique que le bassin mesurait 1 800 pieds romain sur 1 200 (soit environ 533 × 355 m). On sait par Pline[A 5] qu'au centre de ce bassin, très probablement de forme rectangulaire, se trouvait une île reliée à la berge par un pont : c'est peut-être là que prenaient place les spectateurs privilégiés.

Compte tenu de la taille de ce bassin et des dimensions d'une trirème (35 × 4,90 m environ), la trentaine de navires utilisés ne dut guère être en mesure de manœuvrer sur le plan d'eau. En outre, sachant que l'effectif d'une trirème romaine était d'environ 170 rameurs et 50 à 60 soldats embarqués, un rapide calcul permet de conclure que pour atteindre un chiffre de 3 000 hommes, les navires de la naumachie d'Auguste durent porter nettement plus de combattants qu'une vraie flotte. Le spectacle reposa donc moins sur les évolutions des navires que sur leur présence même dans le vaste bassin artificiel et sur le combat au corps à corps qui s'y déroulait.

Selon Frontin[A 6], l'alimentation en eau de la naumachie d'Auguste et des jardins voisins du quartier Trans Tiberim fut la principale raison de la construction de l'Aqua Alsietina : une large conduite découverte sur les pentes du Janicule au-dessus du monastère S. Cosimato constitue ainsi le principal témoignage archéologique sur la localisation de la naumachie, de l'aqueduc ainsi que du bois des Césars[21]. Plusieurs hypothèses concurrentes existent sur la localisation exacte du monument : Filippo Coarelli la situe à proximité du temple de Fors Fortuna, déesse de la Chance, associée dans la mystique césarienne aux succès providentiels de César, et aussi déesse des eaux fécondantes, d'où son rapport avec le bassin d'Auguste[22] ; la dernière hypothèse en date le situe entre la Via Aurelia au nord et l'église S. Francesco a Ripa au sud-est, dans la boucle du Tibre. Le viaduc républicain mis au jour dans la Via Aurelia près de S. Crisogono pourrait alors avoir servi de canal de décharge pour le bassin.

La durée de vie du bassin augustéen fut relativement courte : il fut entouré et peut-être en partie remplacé dès le règne d'Auguste[A 7] par le nemus Cæsarum (Bois sacré des Césars), plus tard rebaptisé « Bois de Gaius et Lucius »[A 8]. Cette vaste zone fut probablement envahie de constructions dès la fin du Ier siècle.

Stagnum Neronis[modifier | modifier le code]

Après l'incendie de Rome, Néron fit construire un étang au sein même de sa Domus aurea, emplacement sur lequel a été construit le Colisée à partir de 72. À l'occasion de la censure commune de Vespasien et Titus dit Pline le Jeune. Ce que relate Martial (De Spect. 2, 5-6)[23]. Il y aurait donné des naumachies[24].


Dans sa Vie de Néron (XXVII, 1), Suétone indique que « quelquefois [Néron]] soupait en public, soit dans la naumachie qu'il faisait fermer, soit au Champ de Mars ou dans le grand cirque »


Naumachie de Trajan[modifier | modifier le code]

Trajan, parmi ses constructions fastueuses, inaugure le dernier bassin spécialement dédié aux naumachies, identifié à la Naumachia Vaticana répertoriée dans les documents du Bas-Empire.

Seul le calendrier des Fastes d'Ostie nous apprend que Trajan inaugura en 109 une naumachie, donc un bassin destiné à des combats navals qui durèrent du 19 au 24 novembre 109[25]. Cet édifice a été retrouvé au XVIIIe siècle dans la plaine du Vatican, au nord du château Saint-Ange entre les via Alberico et via Cola di Rienzo. Des fouilles ultérieures ont permis d'en repérer le plan, en forme de rectangle orienté nord-sud, arrondi aux angles, large de 120 mètres et long pour ce qui est repéré d'au moins 300 mètres[26]. Il était muni de gradins et sa surface, si on admet une proportion raisonnable entre sa largeur et sa longueur, devait représenter environ 1/6e de celle de la naumachie d'Auguste. En l'absence de textes, on pourrait croire qu'il ne fut utilisé que sous Trajan.

Cependant, si on en croit certaines sources du Bas-Empire[A 9] et la persistance au Moyen Âge, dans la zone du monument, du toponyme naumachie ou dalmachia, cette naumachie était encore debout au Ve siècle. Par ailleurs, la présence de gradins sur son pourtour suppose la présentation de spectacles réguliers. Dans la mesure où selon les Fastes d'Ostie, le spectacle qui marqua l'inauguration de l'édifice mit aux prises 127 paires de gladiateurs[27], on peut penser que comme à l'amphithéâtre, le caractère plus réduit de l'espace disponible sur le bassin de Trajan amena à simplifier le décor naval tout en insistant sur la qualité des combats singuliers, livrés désormais par de vrais gladiateurs et non par une masse de prisonniers sans entraînement. Sous cette forme, et disposant désormais d'un site spécifique, la naumachie put subsister plusieurs siècles sans que nos sources sur les spectacles, d'ailleurs moins nombreuses à partir de l'époque antonine, les jugent digne de mention : elles avaient perdu leur caractère exceptionnel et impressionnant.

Localisation du "Trophée"[modifier | modifier le code]

On peut noter aussi une bizarrerie supplémentaire, c'est qu'au IVe siècle le Trophée est donnée comme étant situé sur deux rues différentes qui de plus ne sont pas la Via Cornelia où était situé ce "Trophée", alors que les deux auteurs s'étaient obligatoirement rendus sur ce Trophée considérée comme la tombe de Pierre. Ainsi saint-Jérôme, dans Sur les hommes illustres situe ce tombeau par rapport à la Via Triomphalis. Or selon Louis Duchesne, celui-ci n'est pas situé sur la Triomphalis, mais sur la Via Cornelia. De même le Liber pontificalis, le situe Via Aurelia, ce qui est faux là aussi.

Voir

Catacumbas[modifier | modifier le code]

Catacombe de Saint Sébastien[modifier | modifier le code]

Avec le temps, saint Sébastien – l'un des martyrs enseveli en ce lieu – a fini par donner son nom au cimetière qui, à l'origine, était appelé "ad catacumbas", c'est-à-dire "près de la combe", en raison des carrières de pouzzolane qui existaient dans la région. Le toponyme "catacombe" a été ensuite étendu, pour indiquer directement les cimetières chrétiens souterrains. L'ensemble était aussi connu comme memoria Apostolorum, du fait qu'on y vénérait les apôtres saint Pierre et saint Paul. Un mur sur lequel ont pu être déchiffrés des centaines de graffiti, qui sont des invocations à Pierre et à Paul, vénérés en ce lieu autour de l'an 250.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sources antiques[modifier | modifier le code]

  1. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Sue
  2. Suétone, César, 44
  3. Dion Cassius, livre XLV, 17
  4. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Aug
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, 16, 200
  6. Frontin, De aquis urbis Romæ, 11, 1-2 : opus naumachiæ.
  7. Suétone, Auguste, 43, 1
  8. Dion Cassius, 66, 25, 3
  9. Curiosum urbis Romae regionum XIIII de 357; ; Notitia urbis Romae de 354

Références[modifier | modifier le code]

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « naumachie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Manuel Royo, Urbe media l'expression du centre urbain sous les Flaviens, in Philippe Rodriguez, Pouvoir et territoire I, Antiquité-Moyen Âge: actes du colloque, p. 186.
  3. Lawrence Richardson jr., A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, 1992, The Johns Hopkins University Press, Londres et Baltimore, p. 367-368.
  4. Voir à ce sujet l'article de Françoise Villedieu, Une construction néronienne mise au jour sur le site de la Vigna Barberini : la cenatio rotunda de la Domus Aurea ? (CNRS Aix-Rome)
  5. Voir à ce sujet l'article de Françoise Villedieu, Une construction néronienne mise au jour sur le site de la Vigna Barberini : la cenatio rotunda de la Domus Aurea ? (CNRS Aix-Rome).
  6. Maurice Goguel, L'Église primitive, Paris 1947, p. 184-185.
  7. Maurice Goguel, L'Église primitive, Paris 1947, p. 167.
  8. Maurice Goguel, L'Église primitive, Paris 1947, p. 207-208.
  9. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 25, 7.
  10. « Mais laissons les exemples des anciens, et […] prenons les généreux exemples que nous ont donnés des hommes de notre génération. C’est à cause de la jalousie et de l’envie que les plus grands et les plus justes d’entre eux, les colonnes, ont subi la persécution et combattu jusqu’à la mort. Oui, regardons les saints Apôtres : Pierre, victime d’une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s’en est allé au séjour de la gloire, où l’avait conduit son mérite. C’est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience : chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu’aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c’est ainsi qu’il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience. »
  11. Informations lexicographiques et étymologiques de « naumachie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  12. Manuel Royo, Urbe media l'expression du centre urbain sous les Flaviens, in Philippe Rodriguez, Pouvoir et territoire I, Antiquité-Moyen Âge: actes du colloque, p. 186.
  13. Lawrence Richardson jr., A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, 1992, The Johns Hopkins University Press, Londres et Baltimore, p. 367-368.
  14. La joute nautique : il s’agit d’une ancienne pratique à laquelle s’adonnaient les hommes jeunes à bord de barques, sur un lac, un fleuve ou la mer et face à un public. Ce sport, ce spectacle, pouvait éventuellement être une évocation historique. Il reste qu’elle était, comme elle l'est encore de nos jours, un plaisir inoffensif. La régate : elle trouve son origine dans la Grèce du Ve av. J. C. Les navires de guerre se livraient à une course de vitesse. Évidemment, la course avait un objectif d’entrainement militaire. Elles intervenaient dans un cadre funéraire ou commémoratif. Elles furent attestées en Gaule romaine également.
  15. Le simulacre de bataille : indubitablement, l’origine et le but ne pouvaient être que l’entrainement militaire. La pratique est peut-être née lors des guerres puniques. Cet entrainement pouvait avoir lieu en pleine mer, ce qui permettaient aux commandants d’escadre de se retrouver en conditions réelles, ou dans la rade d’un port, ce qui demeurait intéressant car même si l’espace était exigu le port permettait à des observateurs d’analyser la manœuvre.
  16. (Liberati 1966, p. 338)
  17. Platner et Ashby 1929, articles Codeta Minor, Naumachia Caesaris
  18. Pierre Grimal, La civilisation romaine, Flammarion, Paris, 1981, réédité en 1998, (ISBN 2-080-81101-0), p. 247 ; Jérôme Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, Hachette, 1939, réédition 2002, (ISBN 201279078X), p. 269
  19. (Liberati 1966, p. 337)
  20. Platner et Ashby 1929, article Naumachia Augusti
  21. (Coarelli 1994, p. 244)
  22. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Berlan
  23. Manuel Royo, Urbe media l'expression du centre urbain sous les Flaviens, in Philippe Rodriguez, Pouvoir et territoire I, Antiquité-Moyen Âge: actes du colloque, p. 186.
  24. Lawrence Richardson jr., A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, 1992, The Johns Hopkins University Press, Londres et Baltimore, p. 367-368.
  25. (Carcopino 1932, p. 375)
  26. (Coarelli 1994, p. 252)
  27. (Carcopino 1932, p. 376)