Utilisateur:Jeanne Eyre Karénine/Brouillon

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Histoire de l'édition au Québec[modifier | modifier le code]

L'histoire de l'édition[1] au Québec [2], est relativement peu connue, absorbée par l'Histoire du livre générale qui prend place principalement en France. Pourtant, l'impression des livres au Québec a eu un véritable impact sur le rayonnement de la culture québécoise à travers le monde entier.


La période 1534-1764[modifier | modifier le code]

En 1534 a lieu la découverte du Canada par Jacques Cartier tandis que sa conquête se fait entre 1754 et 1763, se soldant cette année-là par la victoire des britanniques. À cette époque (en 1534), l'édition est inexistante : il n'y a évidemment aucune imprimerie et aucun journaux. Il y a tout de même des textes privés comme des correspondances, des journaux intimes, des récits de voyages ou encore les annales des comités religieux, les journaux de civils qui ont vécu le siège de Québec. Certains écrits seront tout de même publiés en France, notamment les récits de voyage qui suscitent un grand intérêt de la part des français.

Les seuls modifications de ces textes sont faites par l'auteur car à l'époque, ils ne sont pas pensés pour le public. Tous les documents sont manuscrits : la monnaie comme les édits gouvernementaux. Ceci entraîne un grand contrôle des autorités de la métropole car tout passe par l'étranger pour être imprimé. Comme il n'y a pas de presse, il n'y a pas de diffusion et donc pas de littérature. Également, les moins copistes sont inexitants. La seule solution est donc de passer par Paris. Cela ne veut pourtant pas dire qu'il n'y a pas de livres dans la colonie. Ces derniers sont amenés par les communautés religieuses et les aristocrates. Cela coûte cependant très cher de faire venir des livres de France.

La bibliothèque la plus importante de la colonie est celle du Collège des Jésuites qui contient quelques milliers de volumes, ce qui est beaucoup pour l'époque. Les livres circulent peu et quand c'est le cas, seulement par le prêt et par le don, qui sont bien souvent des ouvrages religieux avec dédicaces.


La période 1764-1830[modifier | modifier le code]

En 1764, un évènement important va permettre un premier essor de l'imprimerie québécoise. Brown & Gilmore amènent la première presse à bois à Québec[3]. Le premier atelier d'imprimerie au Québec est né (la première presse à bois du Canada est celle d'Halifax en 1751, amenée par Green). La même année, on note la sortie du premier journal « La Gazette de Québec ». C'est un ouvrage bilingue avec sur les pages de gauche l'anglais et sur celles de droite le français. Le journal est avant-tout au service du gouvernement et comprend des publicités gouvernementales, quelques fois des articles écrits par les imprimeurs, quelques articles et nouvelles de l'étranger et un tout petit encart est réservé à la littérature. C'est aussi à Brown & Gilmore que l'on doit les premières impressions de partitions et le premier poème broché. En 1774 est publié le traité de Versailles ainsi que l'Acte de Québec.

En 1765, on note une interruption soudaine de l'imprimerie car un article paraît et annonce que toutes les impressions doivent maintenant se faire sur du papier timbré, amenant ainsi à une augmentation de 475% du coût de production.

Du côté des autochtones, on a remarqué un autre moyen d'échanger. Leur littérature est beaucoup plus orale et les contes sont donc transmis par l'oralité de génération en génération. C'est en 1766 que le premier ouvrage en langue autochtone est imprimé par un jésuite sur les presses de Brown et Gilmore et il sera tiré à mille exemplaires. Par la suite, d'autres textes seront publiés en langue amérindienne et plus particulièrement des manuels religieux.

Les premiers imprimeurs au Québec sont anglophones notamment à cause de la conquête britannique qui joue un rôle essentiel dans le développement de l'impression québécoise. Tout est importé d'Angleterre, notamment le savoir-faire des imprimeurs qui doit se transmettre. À Montréal, c'est un marseillais, Fleury Mesplet qui installera la première presse. En plus de cela, il amène également sa technique et son savoir de France et publiera surtout des périodiques et almanachs en français. Mesplet partira la Gazette littéraire de Montréal, à l'époque appelée Gazette du commerce et littéraire. Du fait de son éloignement de Québec, la capitale, il demande à avoir plus de liberté, ce qui le fait être craint des autorités qui le mettent en prison. Mais son imprimerie continuera à bien fonctionner pendant son incarcération, notamment grâce à sa femme.

À sa sortie de prison, Mesplet sort un autre périodique, la Gazette de Montréal, qui est cette fois-ci bilingue. D'ailleurs, ce ne sont pas forcément les mêmes articles que l'on trouve dans les deux langues. Il fait également sortir 150 ouvrages en français pour la plupart mais aussi en anglais, en latin ou en mohawk. Il n'a pas de concurrence jusqu'en 1794.

La fonction de l'imprimeur à l'époque est multiple, comme c'est le cas en France : ils peuvent être également journaliste, éditeur ou encore libraire comme Mesplet. Certains ouvrent des cabinets de lecture qui sont des lieux de sociabilité très importants, à mi-chemin entre le salon et la bibliothèque.

La première bibliothèque publique est ouverte à Québec en 1779 par le gouverneur Frederick Haldimand qui cherche à développer l'alphabétisation de la population et plus particulièrement chez les francophones. Malgré le fait qu'elle soit publique, il faut quand même payer pour y avoir accès. La première bibliothèque gouvernementale est ouverte en 1802. Il s'agit de la bibliothèque de la législature qui ne possède quasiment que des ouvrages en anglais. Quant à la vente, 95% des livres venant d'Europe sont déjà reliés et donc plus chers à importer. C'est donc souvent l'imprimeur qui va vendre ces livres car c'est un moyen pour lui d'absorber les coûts de production des journaux. L'imprimeur est donc aussi libraire, bibliothécaire et importateur (de Grande-Bretagne et des USA). Pour des raisons évidentes, les importations d'Europe ne sont pas possible pendant l'hiver. On compense donc par les États-Unis. À cette époque et à cause du régime de Napoléon, le livre français est difficile à obtenir. Après 1815 cependant, le commerce avec la France reprend et c'est souvent le libraire ou l'imprimeur qui se rend en métropole afin de faire les bons choix de livres. L'importation se concentre principalement sur les ouvrages théologiques, scientifique et encyclopédiques ainsi que les manuels scolaires. Au niveau de la littérature, seules des valeurs sûres comme les Fables de La Fontaine sont importées.

Il faut attendre 1804 pour voir le premier moulin à papier arriver à Saint Andrews. Il sera suivi en 1815 de celui à Jacques Cartier puis en 1819 à Port-Neuf. Le papier importé reste cependant de meilleure qualité.

Entre 1764 et 1820, Québec est la ville où il y a le plus de documents imprimés au Canada à raison de 32,5% de la production. Au niveau du Québec, on peut parler de 77%. Par comparaison, Montréal produit 21% d'impression au niveau de la province et 15,4% au niveau du pays.

À partir de 1821, on commence à laisser plus de place à la religion et à la littérature. De plus, le nombre d'imprimeurs augmente énormément grâce à la production de manuels scolaires. Les conditions de travail sont très mauvaises et des femmes et enfants sont embauchés car on peut les sous-payer. La plupart du temps, les imprimeries sont des entreprises familiales et le métier se transmet de père en fils.

Au Québec, la presse est le premier échelon vers la publication littéraire. Apparaissent alors des journaux et revues spécialisées dont des publications littéraires. Fondée en 1818, la revue « L'abeille littéraire[4] » publie des extraits de textes mais qui ne proviennent pas d'auteurs canadiens puisqu'aucun ne soumet de texte.


La période 1830-1895[modifier | modifier le code]

1830 marque un tournant dans l'histoire de l'édition puisque c'est l'année de publication du premier recueil de poésies au Québec, à Montréal précisément. "Épîtres, Satires, Chansons, Epigrammes, Et Autres Pièces de Vers" de Michel Bibaud est publié par Ludger Duvernay, à l’imprimerie de la Minerve, qui un an auparavant a amené la première presse mécanique. Cette année-là marque aussi l'ouverture d'une usine qui fabrique les caractères pour l'impression à Montréal.

Dans ces années-là, la presse publie de plus en plus de poésie qui prend une tournure politique et satirique mais aussi des contes d'inspiration amérindienne.

En 1837, "L'Influence d'un livre" de Philippe Aubert de Gaspé, fils, est le premier roman publié qu Québec. Publier un roman coûte cher car l'imprimeur ne veut pas prendre de risque financier, c'est donc l'auteur qui doit financer sa publication. Une alternative est de publier son roman en plusieurs fascicules même si c'est l'auteur qui est chargé de trouver ses souscripteurs.

Il faut attendre 1852 pour avoir un éditeur dans le sens où on l'entend aujourd'hui, c'est à dire prenant en charge la publication et les publicités autour d'une oeuvre. En effet, George Hypolite Cherrier prend en charge le manuscrit de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau[5] en 1853.

En 1863, Philippe Aubert de Gaspé père, publie son oeuvre Les Anciens Canadiens dans un seul livre qui s'écoulera à plus de mille exemplaires en quelques mois. La deuxième édition est tirée à cinq mille exemplaires en plus d'être traduite en anglais. C'est un succès sans précédent.

Parallèlement, le livre importé commence de plus en plus à être surveillé par le clergé qui monte en puissance. En 1840, des auteurs amérindiens commencent aussi à écrire surtout afin de parler de leur histoire. De plus en plus d'imprimeries ouvrent et l'alphabétisation se fait plus importante.

À partir de 1870, c'est l'état qui finance les publications de manuels scolaires tandis qu'avant 1887, on estime qu'un ouvrage sur quatre reçoit l'aide du gouvernement. De plus, les récompenses de fin d'années à l'école sont des livres et à partir de 1875, des livres canadiens. Avec l'arrivée de l'électricité en 1890, l'impression devient plus facile et plus rapide.

En 1895 est fondée l'École littéraire de Montréal qui marque un tournant dans l'histoire de l'édition québécoise.

Bibliographie[modifier | modifier le code]


  1. Robert ESCARPIT, Philippe SCHUWER, « Édition », URL : www.universalis.fr/encyclopedie/edition/
  2. Jacques Michon, Histoire du l'édition littéraire au Québec au XXe siècle, volume 1, 2 et 3 : La naissance de l'éditeur, 1900-1939, Le temps des éditeurs, 1940-1959, La bataille du livre, 1960-2000, Fides, 1999, 2004, 2010, 1540 p.
  3. Lucie Robert, L'institution du littéraire au Québec, Les Presses de l'Université Laval, coll. « Vie des lettres québécoises », , 272 p.
  4. L'abeille artistique et littéraire, [1], (n°24), URL : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65582496?rk=21459;2
  5. Pierre J.O. Chauveau, Charles Guérin, roman de mœurs canadiennes, Montréal, G.H. Cherrier, (lire sur Wikisource), « Charles Guérin, roman de mœurs canadiennes »